Quoi de mieux, pour achever ce petit cycle Fleetwood Mac, que de parler de leur premier album live officiel ? Car c'est un fait : si, désormais, on peut trouver en CD des caisses d'albums live de la première époque de Fleetwood Mac (la période blues avec le futur fou Peter Green), ces Live In Boston (en plusieurs volumes) et autres, tous recommandés même si certains possèdent une qualité audio un peu moyenne, il n'empêche que le premier album live officiel de Fleetwood Mac ne sortira qu'en 1980, en tant que double album (compte tenu qu'il dépasse les 80 minutes, il l'est toujours en CD), sous le titre totalement fou, novateur, original et osé qui est le suivant : Live. Les dingues, oser appeler un album live de la sorte, la thèse est osée, et comme toutes les thèses, parfaitement défendable, comme le dirait Antoine (pas le chanteur d'Atoll les opticiens ; mais les cinéphiles auront reconnu le Antoine en question). Bon, trève de conneries. Ce live est sorti en 1980 et propose des titres joués live (enfin, pour la grande majorité, mais pas tous, j'y reviendrai) durant la tournée de l'album Tusk, de 1979. Bref, c'est un live de la seconde période du groupe, évidemment, la période Buckingham/Nicks (1975/1987, puis 1997/...). 18 titres en tout, dont quelques inédits, et au final, peu, bien peu de titres de Tusk : trois seulement, à la suite, comme un passage obligé.
L'album Tusk, double, qui avait coûté bonbon, ne marchera pas des masses à sa sortie, et le groupe se retrouvait avec un mastodonte de 74 minutes et 20 titres à défendre, face aux masses qui, elles, ne voulaient entendre que les tubes des albums Fleetwood Mac 'White' (1975) et Rumours (1977). Lesquels sont, ici, donc, en majorité. Frustrant, ce double live ? Pour les fans absolus de Tusk qui auraient bien aimé plus de chansons de leur album favori (en live, durant la tournée, le groupe interprétera pas mal de morceaux de l'album, pas loin de la moitié, pour info), oui, certainement, mais pour les fans du groupe, certainement pas. Live (ou Fleetwood Mac Live) est un remarquable album, doté d'un son absolument génial et rempli de grands moments, des versions absolument sublimes des meilleures (enfin, d'une partie des meilleures) chansons du groupe. Parmi lesquelles in I'm So Afraid quasiment final, de plus de 8 minutes, solo de guitare grandiosissime de Lindsey Buckingham et interprétation, dans l'ensemble, au cordeau. Sa voix, sur certains passages, imite parfaitement le ton d'un homme au bout du bout du rouleau, comme celui de la chanson. Autres grands moments guitaristiques, Oh Well, unique incursion, sur ce live, du répertoire de la première période (la chanson datant de 1969). Amputé de toute sa seconde partie flamenco, le morceau, ici, dure moins de 4 minutes, et OK, vocalement Buckingham est très différent de Peter Green, mais c'est d'enfer, vraiment. De même que les 9 minutes totalement dingues (sans doute est-ce un peu trop long, mais qu'importe, c'est le showcase de Buckingham) de Not That Funny, un des extraits de Tusk. Les autres extraits de Tusk sont le Over & Over de Christine McVie (très joli, mais je préfère la version studio quand même) et le Sara de Stevie Nicks, 7 minutes au paradis.
Dites donc, un titre de 9 minutes, un de 7, un de 8, ce live est imposant ! Oui, en effet, et il faut savoir que Rhiannon (issu de l'album de 1975) dure aussi 7 minutes et des couillettes. Une excellente chanson de Nicks sur une ancienne sorcière galloise, comme elle l'indique dans la présentation de la chanson. Les grands moments sont légion car ils sont nombreux, sur Live : l'ouverture Monday Morning, agrémentée d'une courte intro guitaristique, est très efficace, Don't Stop assure, Landslide est une pure beauté, grand moment d'émotion... Et on a aussi quelques morceaux qui ne sont, eux, pas vraiment live. Dreams a été enregistré sur scène, à Paris, durant les répétitions d'avant le concert, la balance quoi. One More Night, Fireflies et la reprise du The Farmer's Daughter des Beach Boys sont, eux, enregistrés en simili live, pour l'équipe technique, en répétitions. One More Night de Christine Mc Vie et Fireflies de Nicks sont même des morceaux inédits. Le premier est pas mal, le second, lui, qui relate l'enregistrement difficile de Tusk et ses répercussions sur les relations entre les membres du groupe (qui ont cependant réussi à les surmonter), est une pure splendeur. Et la reprise des Beach Boys (faussement indiquée, dans les notes du livret de la réédition CD, à une chanson écrite pour le groupe par Brian Wilson ; non, c'est une chanson des Beach Boys à la base, et simplement une reprise) est interprétée à la sauce chorale, quasiment a capella, à trois voix entre Buckingham, Nicks et McVie, et c'est 2 minutes de totale félicité auditive, une splendeur absolue qui achève le Live avec un air de revenez-y. Voilà, tout est remarquable sur ce double live de 1980 : les morceaux, leur interprétation, le son, l'ambiance... Même les morceaux à part, ceux enregistrés en balance, vont bien avec le reste, ils se mêlent bien à l'ensemble. Un de mes lives préférés, probablement !
FACE A
Monday Morning
Say You Love Me
Dreams
Oh Well
Over & Over
FACE B
Sara
Not That Funny
Never Going Back Again
Landslide
FACE C
Fireflies
Over My Head
Rhiannon
Don't Let Me Down Again
One More Night
FACE D
Go Your Own Way
Don't Stop
I'm So Afraid
The Farmer's Daughter