Quand j'ai lu le Collector de Phil Man, certains albums que je ne connaissais pas (environ la moitié, un petit peu plus, disons 60% des albums indiqués) m'ont plus donné envie que d'autres. Celui-ci, je voulais direct l'avoir en vinyle, rien que pour sa pochette. Je me suis dit que peu importe si ce n'était pas bon, je le voulais rien que pour sa pochette, et je me le suis procuré, en réédition (un original coûtait trop cher). Sa pochette est ouvrante, et en bas de chaque volets, on a un petit volet supplémentaire pliéà l'intérieur, un rabat proposant la suite du comic-book de la pochette. Car la pochette, dans son intégralité, recto, intérieur gatefold (il faut baisser les deux rabats pour la lecture) et verso, propose quatre pages d'un comic-book dessiné par Neal Adams (de l'écurie DC Comics, et avant ça, Marvel). Et l'album, sinon ? Excellent, je dois bien le dire. C'est le cinquième album d'un groupe britannique du nom de The Groundhogs, qui ont démarréà la fin des années 60 en faisant du blues-rock, avant de passer au hard-rock psychédélique, avec moult claviers. Cet album date de 1972 et il s'appelle Who Will Save The World ? The Mighty Groundhogs ! et son comic-book raconte une histoire totalement loufoque de trois super-héros aux look des musiciens du groupe, qui luttent contre trois super-méchants qui sont des personnifications de la surpopulation, la pollution et des magouilles politicardes. A la fin du comic-book, les super-héros se reconvertissent en musiciens : les Groundhogs. Qui sont Tony McPhee (chant, guitare, mellotron, harmonium, production), Peter Cruikshank (basse) et Ken Pustelnik (batterie).
L'album, 36 minutes pour 8 titres dont un de 10 minutes, The Grey Maze, qui à lui seul justifie totalement l'acquisition de l'album, est une sorte de concept-album, les chansons reprenant, assez sérieusement je dois le dire, les thèmes abordés dans le très rigolo et bien dessiné (Neal Adams, tout de même) comic-book de la pochette. Parmi ces morceaux, un n'est pas signé du groupe, c'est une reprise courte et instrumentale de l'air traditionnel Amazing Grace. Très fortement psychédélique et progressif, mais quasiment plus du tout bluesy par rapport aux débuts, le groupe livre ici un album qui est certes nettement plus connu pour son artwork de dingue que pour ses morceaux, mais n'en demeure pas moins un grand moment de musique pour les oreilles curieuses. Beaucoup de claviers ici, les mellotrons de McPhee sont légion, mais remarquablement bien utilisés, tout du long (Music Is The Food Of Thought, The Grey Maze, longue jam bien psyché-rock sur laquelle le groupe se lâche vraiment). Le chant est très bien, mais McPhee est cependant meilleur instrumentiste que chanteur. Les paroles sont franchement bien foutues, et heureusement présentes sur un insert dans la pochette (pochette qui parodie celle des parutions comic-books, avec fausses publicités à l'appui). Bog Roll Blues est sans doute le morceau le moins réussi de l'ensemble, mais rien de honteux non plus.
Si vous aimez le rock psychédélique et un peu progressif, si vous aimez les curiosités musicales, si vous voulez, de plus, un bel objet à rajouter à votre collection de vinyles dans le cas où vous seriez, comme moi, un vinylophile convaincu, alors ce Who Will Save The World ? The Mighty Groundhogs ! est pour vous. Je ne sais pas si c'est le meilleur album des Marmottes ou un de leurs moins bons, je sais juste que ce disque n'a très certainement pas eu le succès qu'il aurait vraiment mérité. Ce n'est pas le sommet de 1972, ni des années 70, mais c'est un album vraiment excellent et parmi mes découvertes via le bouquin Collector de Manoeuvre (je sais que je vous emmerde probablement avec ça, quasiment tous les albums que j'aborde en ce moment font partie des sélections de ce livre), c'est une des plus marquantes. D'abord rapport à sa pochette, puis ensuite, à son contenu. Un excellent petit album !
FACE A
Earth Is Not Room Enough
Wages Of Peace
Body In Mind
Music Is The Food Of Thought
FACE B
Bog Roll Blues
Death Of The Sun
Amazing Grace
The Grey Maze