Il fallait bien que ça arrive un jour : un mauvais album de George Harrison. Et pas un disque un peu secondaire comme Dark Horse, Extra Texture : Read All About It (deux albums que j'aime beaucoup, et surtout le premier, et quand même sous-estimés), ou même d'un disque vraiment médiocre comme Somewhere In England. Non, je parle d'une vraie merde, d'une daube infâme, d'un disque qui pue du Q, de sa pochette à ses morceaux. Ca me tue de le dire, mais mon Beatles préféré a quand même sorti une merde dans sa vie, cet album sorti en 1982, qui sera son dernier pour 5 ans (il reviendra en 1987 avec le remarquable Cloud Nine, qui sera le dernier album studio sorti de son vivant), et qui sera un bide retentissant, tant commercial que critique. C'est en partie ce bide qui causera la semi-retraite de 5 ans d'Harrison. En même temps, on sent qu'il en avait marre et qu'il voulait stopper les machines pendant un moment : il se dégage de cet album une sorte de parfum de bâclage, l'air de dire je fais ce disque parce qu'il faut en faire un, mais vite fait, parce que j'ai autre chose à foutre. Cet album, sorti en 1982, donc, enregistré dans son studio personnel de Friar Park (dans sa résidence qui, jusqu'à la mort de Lennon, était ouverte au public ; ce n'était donc plus le cas en 1982) avec quelques potes (Jon Lord de Deep Purple, Gary Brooker de Procol Harum, Herbie Flowers, Ray Cooper, Jim Keltner, Billy Preston... pour les plus connus), offrant 10 titres pour 39 minutes, ce disque, donc, s'appelle Gone Troppo.
Rien que la pochette donne le ton : ensoleillée, mais chabraque, elle est un collage assez foiré sur lequel on peut même, entre autres informations, lire une recette pour fabriquer...du ciment !! Que fumait Harrison en 1982 ? On sent l'envie de tout plaquer, pour Georgie Boy, la pochette ressemblant à une sorte de carte postale d'Harrison parti au loin. Ce visuel raté, qui me fait penser à celui du RAM de Paul McCartney (1971) mais en version foirée justement, n'a pas aidé les ventes. C'est une des raisons de l'échec du disque, pour beaucoup. Vous auriez envie, vous, d'acheter un disque aussi mal fringué ? Même si on dit toujours qu'il ne faut pas juger un livre sur sa couverture, un film sur son affiche, un album sur sa pochette, il faut reconnaître que, pour une fois, les deux (disque et pochette) vont bien ensemble. J'aime tellement Harrison, je suis tellement écoeuré par ce disque, tellement déçu, aussi, que je n'ai même pas envie de me foutre de la gueule de l'album comme je le fais généralement des disques classés en 'ratages' (ce qui est le cas ici, et comment). Ca me fait vraiment mal d'entendre des trucs tels que That's The Way It Goes, Greece (un instrumental), Circles (une chanson qui daterait de l'ère Beatles, précisément de quand les Beatles étaient en Inde pour se ressourcer à Rishikesh, en 1967/68) ou Baby Don't Run Away. Je ne vois rien à sauver de ce marasme. Rien. A la rigueur, le titre de l'album (qui signifie, en argot australien, 'devenir fou'), qui sonne bien (et est aussi le titre d'une chanson sur l'album).
Gone Troppo est donc un ratage, rien à sauver. Vu le prix de vente, en CD, des albums d'Harrison (minimum 16 euro, maximum 21, voire plus pour All Things Must Pass, The Concert For Bangla Desh et le live japonais des années 90, vu qu'ils sont doubles), je ne saurai suffisamment vous conseiller d'écouter ce disque en l'empruntant dans une médiathèque le possédant, ou en l'écoutant sur le Net, mais ne l'achetez pas, vous dépenseriez inutilement votre pognon. Ce disque devrait être vendu à bas prix (7 €) dans une solderie, ça serait plus logique, vu son niveau... Heureusement que les précédents albums d'Harrison, et surtout ceux de la période 1970/1976, existent, pour prouver qu'il était un grand musicien, parce que quelqu'un découvrant l'ex-Beatles avec Gone Troppo n'aura vraiment pas envie d'en apprendre davantage sur lui. Quel ratage...
FACE A
Wake Up My Love
That's The Way It Goes
I Really Love You
Greece
Gone Troppo
FACE B
Mystical One
Unknown Delight
Baby Don't Run Away
Dream Away
Circles