Alors...Vous le savez ans doute, si vous suivez ce blog depuis un moment, mais je suis un immense fan de David Bowie. Mais alors vraiment. C'est sans doute dans un épouvantable accès de masochisme que j'ai décidé de refaire la chronique de cet album, mais même si je commence à regretter, parce que je sais que je vais me faire du mal, tant pis, c'est commencé, alors autant aller jusqu'au bout (n'espérez pas de moi que je refasse de sitôt la chronique de Tonight et Never Let Me Down, les deux albums qu'il fera après celui-ci, en revanche ; quand j'aborde ou réaborde un album, je l'écoute avant, et ces deux albums-là, je ne veux plus les écouter du tout, merci bien). Let's Dance, en revanche, ne m'a pas posé trop de problème au moment de la sempiternelle réécoute. Faut dire que ça faisait environ 350 ans que je ne l'avais pas réécouté en entier et d'une traite, ça aide pas mal. Ce disque de 1983 est le premier que Bowie a sorti sur son nouveau label : après des années sur RCA, il avait, en effet, quitté le label au macaron orange pour EMI. Ca s'est accompagné d'un changement radical de look : chevelure blond péroxydé en semi-négligé, costards blancs, saumon ou bleu clair avec cravates... et aussi, évidemment, d'un radical changement d'orientation musicale. Après le glam, après la blue-eyed soul, après l'ambient, après la new-wave, place à de la pop toute conne, teintée de disco et de funk. Quand on est produit par Nile Rodgers, forcément, ça transpire la disco/funk par tous les pores.
Enregistré aux studios Mountain de Montreux (Suisse), là même où Bowie avait enregistréLodger en 1979 (et où ont enregistré AC/DC, Queen, Deep Purple, j'en passe), Let's Dance a été enregistré avec aucun des musiciens habituels de Bowie. En revanche, on trouve Bernard Edwards (bassiste de Chic, le groupe de Nile Rodgers) sur un titre, Nile Rodgers à la guitare, Tony Thompson (de Chic) et Omar Hakim à la batterie, Stan Harrison au saxo, Sammy Figueroa aux percussions, les frangins Frank et George Simms aux choeurs, musiciens qui, pour certains (les Simms, Harrison), participeront au Love On The Beat (1984) de Gainsbourg, album que Serge aurait voulu produit par Rodgers, ayant été fortement impressionné par son boulot sur le disque de Bowie. Un musicien oeuvrant à donf' sur l'album de Bowie n'a pas encore été cité (je ne les ai d'ailleurs pas tous cités), et je vais le faire illico, car cet album a considérablement aidéà sa popularité (1983 est aussi l'année de son premier album, Texas Flood) : Stevie Ray Vaughan, à la guitare lead. Un Texan, pilier du renouveau du blues, tragiquement décédé au début des années 90 dans un accident d'hélicoptère. Bowie l'avait repéré au Festival de Montreux, et lui a proposé de jouer sur son album, Vaughan a été trop content d'accepter, et sa guitare brille de mille feux sur l'ensemble du bouzin (Cat People (Putting Out Fire), China Girl...). J'ai envie de dire que c'est la seule raison valable pour continuer d'écouter cet album qui, sinon, malgré de bonnes chansons, est globalement, comment dire, euh... puant ?
Avant, j'avais classé ce disque dans les ratages, mais si je l'ai déplacé dans la catégorie pop-rock, le tag est laissé. Let's Dance, à sa sortie, a été très mal réceptionné par les fans de Bowie, qui l'ont méprisé comme étant un disque commercial. C'est bien ce qu'il est, mais quel album n'est pas, dans un sens ou dans l'autre, commercial ? Ce qui a le plus gêné les fans, c'est que Bowie, caméléon musical s'il en est, touchait cette fois-ci à un genre musical que ses fans n'hésiteront pas à qualifier d'indigne de lui. Bowie ne sera d'ailleurs, par la suite, pas très tendre avec cette période allant de 1983 à 1987 et Never Let Me Down, il reniera tout simplement ce dernier (et Tonight, 1984, disque de chutes de studio de Let's Dance, enfin, en partie), qualifiant cette période de nadir musical de sa carrière. Let's Dance, qui sera un immense succès commercial, offre tout de même du bon : la reprise du China Girl d'Iggy Pop ; la chanson du film La Féline de Schrader, composée en collaboration avec Giorgio Moroder, Cat People (Putting Out Fire) (même si la version du film est meilleure que celle de l'album) ; la reprise du Criminal World de Metro ; Modern Love ; et le tube Let's Dance, évidemment. 5 titres sur les 8 de l'album (album qui dure une petite quarantaine de minutes, un tantinet moins en fait), voilà qui fait une très belle moyenne. Mais voilà, les 3 titres restants, Ricochet, Without You et Shake It (surtout), sont vraiment mauvais. Et même sur les meilleurs morceaux (Cat People, China Girl, Criminal World), la production disco/pop/funk à la Chic ne cadre pas vraiment avec la voix de Bowie et la guitare bluesy de Vaughan. Ca fait too much. Daté, aussi. Et, oui, atrocement commercial. Mais ce robinet à tubes FM est, malgré tout, un essentiel de la discographie de Bowie, ce qui est paradoxal quand on y pense. Mais difficile d'écouter Bowie sans, de temps en temps, passer par la case 1983. Mieux vaux le Bowie acteur de cette même année : Furyo d'Oshima, immense film...
FACE A
Modern Love
China Girl
Let's Dance
Without You
FACE B
Ricochet
Criminal World
Cat People (Putting Out Fire)
Shake It