Un peu de légèreté dans ce monde de brutes. Il est en effet grand temps de reparler de Metallica. C'est donc parti pour la douceur ultime, le groupe-berceuse par excellence...mais non, je déconne. En même temps, quiconque n'a jamais entendu parler du groupe (ça existe encore, en 2018, quelqu'un qui n'a jamais entendu parler de ce groupe, au fait ? Non, hein ? J'avais bien raison) saura direct, en entendant leur nom, qu'il n'a pas affaire à un groupe de fans de Bob Dylan ou de Leonard Cohen. Metallica a été fondé, en Californie, au début des années 80. Le groupe était alors constitué du chanteur et guitariste rythmique James Hetfield, du guitariste Dave Mustaine, du bassiste Cliff Burton et du batteur Lars Ulrich (un Danois, pour ce que ça importe, mis à part le fait que le groupe a enregistré quelques albums au Danemark). Mustaine, alias le rouquemoute de la mort, est parti peu avant que le groupe n'enregistre son premier album Kill 'Em All en 1983 et sera remplacé par Kirk Hammett (toujours dans le groupe en 2018, comme Hetfield et Ulrich). Les raisons du départ de Mustaine (qui fondera son propre groupe, Megadeth, dans la foulée) sont aléatoires, on parle d'un chien qui l'aurait mordu, ou son chien aurait mordu quelqu'un, il y à aussi le cas de son très mauvais caractère (le mec serait un connard fini à la Ted Nugent) et de son alcoolisme. Bref. Le groupe aligne trois albums majeurs du thrash-metal avant que leur bassiste Cliff Burton ne meure dans un stupide accident de la route en 1986 ou 87. Il est remplacé par Jason Newsted (dont la basse sera totalement effacée du mix de l'album de 1988 ...And Justice For All), qui par la suite, à l'orée des années 2000, sera remplacé par Robert Trujillo, toujours dans le groupe en 2018.
Newsted fut effacé du mix de ...And Justice For All (pourquoi ? On ne sait pas trop ; peut-être par respect pour le regretté Burton, mais même si c'est pour ça, le procédé est indélicat pour le nouveau-venu), album excellent mais à la production quand même vraiment ratée (écoutez comment sonne la batterie, on dirait un gamin tapotant sur ses cuisses avec des cuillères en bois), ce qui le rend épuisant à l'écoute. Trois ans plus tard, sous la houlette de Bob Rock (qui venait alors de produire le Dr. Feelgood de Mötley Crüe, gros succès en 1989, et c'est probablement cette production monstrueuse qui donnera envie à Metallica de bosser avec lui), Metallica va considérablement rattraper la double erreur de la production flinguée et de la basse effacée du mix. Sur Metallica, alias le Black Album, surnommé ainsi pour des raisons étranges (mais non, je déconne, ça paraît évident, non, le surnom de l'album ?), sorti en 1991 (grande année : Guns'n'Roses, Nirvana, Primal Scream, REM, Pearl Jam, Michael Jackson...), on entend bien la basse de Jason Newsted. Et la batterie sonne comme une ribambelle d'explosions atomiques dans un deux-pièces. Ce qui rend le disque épuisant à l'écoute, encore une fois, mais pas pour la même raison. Ici, la production est en effet tellement puissante qu'écouter le disque au casque, à un volume relativement élevé, vous promet de beaux lendemains qui chantent chez l'ORL. 62 minutes (12 titres) puissantes qui font de ce disque un des sommets du hard-rock. On ne parle plus trop de thrash-metal ici, mais de heavy metal tout court, Metallica semble avoir franchi une barrière. Ils reviendront à du thrash par la suite, et s'orienteront même, le temps d'un album à oublier définitivement, dans le nu-metal merdique (St. Anger en 2003), mais ici, c'est du heavy metal, tout simplement.
Immense succès commercial, ce disque est la plus grosse vente d'albums du groupe, et une des plus grosses ventes d'albums de tous les temps. Un vrai robinet à tubes : quasiment la moitié de l'album est constituée de morceaux qui, à l'époque, ont squatté les charts et les ondes FM des radio spécialisées en rock (et un de ces morceaux passe encore de temps à autre à la radio). L'album n'est cependant pas parfait : Through The Never est irritante et basique, et le final de l'album fait intervenir deux titres un peu moyens : The God That Failed et The Struggle Within. Metallica n'a jamais été très fortiche pour finir ses albums (Ride The Lightning et son The Call Of Ktulu excepté), entre Metal Militia, Damage Inc., Dyers' Eve et The Struggle Within, ce sont à chaque fois des morceaux redondants, moyens, dont on se souvient difficilement. Heureusement, sur Metallica, la majorité des morceaux sont d'une toute autre trempe : si Holier Than Thou (un des hits) peut sembler moyen après quelques écoutes, on ne se lasse absolument pas de Enter Sandman, Sad But True, de Wherever I May Roam, My Friends Of Misery et des délicats (venant de Metallica, c'est relatif) The Unforgiven (dont le groupe livrera, sur certains des albums suivants, des suites ratées) et Nothing Else Matters. Ce dernier titre, notamment, est un chef d'oeuvre, le Stairway To Heaven du groupe, et passe encore à la radio. Et pas que sur Ouï FM, mais aussi sur RTL2 ! Une power-ballad comme le groupe avait l'habitude d'en faire (Fade To Black, One), et probablement leur plus belle. Metallica est un disque majeur du hard-rock, un album sombre comme sa pochette, pas parfait mais vraiment réjouissant. Pendant des années, ça sera le dernier grand disque du groupe, la suite sera en effet assez maladroite : Load et sa suite RELoad sont énervants et boursouflés malgré de bons trucs dessus ; St. Anger est à fuir comme une idée de Wauquiez ; Death Magnetic est très bon, mais trop long ; même chose pour Hardwired...To Self Destruct, le dernier en date. Enfin, le live S&M, enregistré avec un orchestre symphonique, en 1999, est excellent, même si le concept ne marche pas sur tous les morceaux joués (mais The Call Of Ktulu y est, notamment, monumental). Je préfère ne pas parler du Lulu fait en collaboration avec Lou Reed. Pour finir, ce disque noir de 1991 est, je le pense vraiment, le dernier grand disque du groupe, le dernier que l'on écoutera sans avoir envie d'en zapper des morceaux, même si, comme je l'ai dit, il y à deux-trois morceaux anodins. Exit Light/Enter Night/Take my hand/We're off to Neverneverland...
FACE A
Enter Sandman
Sad But True
Holier Than Thou
FACE B
The Unforgiven
Wherever I May Roam
Don't Tread On Me
FACE C
Through The Never
Nothing Else Matters
Of Wolf And Man
FACE D
The God That Failed
My Friends Of Misery
The Struggle Within