Je me suis demandé s'il ne valait pas mieux classer ce disque dans la new-wave et le post-punk, catégorie bien sollicitée en ce moment (via Simple Minds, OMD, Utravox, Tears For Fears que je continue d'aborder aujourd'hui), mais j'ai préféré le mettre dans la pop. Mais c'est limite. D'ailleurs, en fait, non, je le place bien dans la new-wave, ah la la, qu'est-ce que je suis chiant. Tears For Fears, encore. Comme je l'avais dit récemment, j'ai bien l'intention de faire leur discographie, mais comme j'ai démarré celle-ci, récemment d'ailleurs, par leur troisième album (The Seeds Of Love, 1989, sans doute leur meilleur), c'était flingué d'avance pour faire un cycle chronologique. Surtout que le deuxième album que j'ai abordé d'eux est leur deuxième album, Songs From The Big Chair (1985, presque leur meilleur album). Histoire de continuer dans cette chronologie chaotique, autant aborder maintenant leur premier album, sorti en 1983 et baptiséThe Hurting. La suite du cycle sera plus classique : le quatrième, puis le cinquième album, respectivement en quatrième et cinquième chroniques. Enfin, je dis ça, mais si ça se trouve, j'aborderai le cinquième avant le quatrième, vu que j'ai une petite préférence pour lui. On verra bien... Sinon, sorti en 1983, ce premier opus possède un titre étonnant ('la douleur'), et une pochette sobre et également étonnante : un petit enfant assis, recroquevillé, la tête dans les mains, vraisemblablement en pleine crise de pleurs. Une photo qui interpelle et qui, associée au titre de l'album et au nom du groupe (inspiré par la théorie du 'cri primal' du psychanalyste Arthur Janov, le nom signifie 'des pleurs pour des peurs'), sent bon son concept et une certaine prétention.
On ne se mentira pas, l'ambiance générale de ce premier opus est assez triste et sombre, malgré des morceaux musicalement enlevés (les mini hits Pale Shelter et Change, le gros hit Mad World qui a été repris récemment, il y à environ un an, par une chanteuse de TV-crochet dont j'ai oublié le nom, dans une version piano/voix idéale pour se suicider). Mais il suffit de lire les titres des chansons pour sentir que le groupe (Roland Orzabal à la guitare, claviers et chant selon les morceaux ; Curt Smith à la basse, chant selon les morceaux - dont les hits que je viens de citer - et un peu claviers) aime les sujets un peu sombres et adultes. On ne parle pas d'amourettes sous la lune de juin ici, ou du bonheur de rouler vite sur la route avec son scooter. Suffer The Children ('les enfants souffrent'), Watch Me Bleed ('regarde-moi saigner), Mad World ('monde de fou'), The Hurting, Start Of The Breakdown ('commencement de la rupture nerveuse'), Memories Fade ('les souvenirs s'effacent')... Si on rajoute àça des voix posées et sobres, qui chantent justement et sans effets pop, et une production qui, bien que centrée sur les claviers, ne les rend pas omniprésents et caricaturaux (ce qui explique que je ne voulais pas trop classer ce groupe dans la new-wave, et c'est pareil pour Talk Talk, d'ailleurs), on se retrouve, dès ce premier album qui n'est cependant pas le meilleur du groupe, avec une oeuvre de choix, d'une grande et profonde qualité.
Smith et Orzabal (lequel a un faux-côté Benicio Del Toro, je trouve)
C'est un fait, bien rares sont les albums de pop dansante (car The Hurting, quelque part, en est un) de cette époque à soutenir aussi bien le teste ultime, celui du temps et du grand nombre d'écoutes. Ce qui est aussi le cas des quatre albums suivants (deux faits par le duo, et deux sortis sous le nom du groupe, mais faits après le départ de Curt Smith, et signés uniquement Roland Orzabal, je les aborde bientôt), faisant de la discographie de Tears For Fears une des meilleures qui soient. Ici, on a des hits (Pale Shelter, Change, Mad World, trois excellentes chansons, même si Change est incontestablement le morceau le moins époustouflant des 10 de l'album ; c'est le plus facile, le plus évident, le plus pop et superficiel, jusque dans ses paroles), des chansons qui n'en sont pas (des hits) mais sont tout de même remarquables (Start Of The Breakdown, le sinistre The Prisoner, Suffer The Children, le morceau-titre, Ideas As Opiates), une production parfaite et pas trop datée, une ambiance remarquable, une durée pas éreintante (une quarantaine de minutes)... Bref, un excellent premier album, qui augure du meilleur pour la suite !
FACE A
The Hurting
Mad World
Pale Shelter
Ideas As Opiates
Memories Fade
FACE B
Suffer The Children
Watch Me Bleed
Change
The Prisoner
Start Of The Breakdown