On a fini le cycle Redbone hier, on finit le cycle Man aujourd'hui ; c'est le week-end des liquidations, dites-moi, sur le blog ! J'ai longtemps hésité avant d'aborder cet album de Man (leur neuvième studio), car si je l'aime bien, je dois dire que je ne sais pas trop comment en parler. Sorti en 1974 (le groupe en fera un autre la même année, plus tardivement, Slow Motion, qui fut mon premier du groupe gallois), cet album s'appelle Rhinos, Winos & Lunatics et il dure 37 minutes pour 8 titres. C'est l'album qui a marqué le retour du guitariste et chanteur Deke Leonard (qui n'a apparemment cessé de venir, partir, revenir, repartir du groupe !) et il est sorti sous une pochette assez étrange montrant le groupe, dans un décor bien bordélique (leur studio, leur repaire, la maison de l'un d'entre eux ?), en train de se relaxer dans diverses positions, recto comme verso (pas la même photo, mais de la même séance photo). L'intérieur de pochette ouvrante (photo ci-dessous) montre, d'un côté, une vue d'un bar (ou d'un commerce quelconque) du Kenya, avec de autochtones (mais pas le moindre membre du groupe) et une affiche de Man en concert au Kenya collée au mur ; et de l'autre côté, un long texte chabraque, il ne s'agit pas des paroles des chansons de l'album.
A voir la pochette, notamment le recto, j'ai toujours eu l'impression d'avoir affaire à un bootleg, je ne sais pas pourquoi, sans doute le lettrage un peu cheap, ces teintes dégueulasses... Mais l'album est, évidemment, totalement officiel. Produit par Roy Thomas Baker (connu essentiellement pour être associéà Queen ; mais aussi aux Cars, à Devo, Foreigner, les Stranglers, Cheap Trick, Ozzy Osbourne et les Smashing Pumpkins, entre autres), cet album au titre étrange ("rhinocéros, alcooliques et lunatiques") est assez étrange lui aussi. Il démarre bizarrement, sa face A n'étant pas particulièrement remarquable si ce n'est Four Day Louise qui l'achève, mais sa face B, qui ne contient en fait que deux titres (Intro dure 45 secondes et Exit 1,10 minutes), offre du Man de la plus belle eau, du rock progressif bien inventif, frénétique et endiablé. Encore une fois, je le redis, le chant de Micky Jones est à la limite d'être usant par moments, en tout cas je trouve, mais il colle quand même assez bien au style du groupe.
Ceci étant, Man est un groupe culte et il est clair que de leurs débuts à 1975 et le live Maximum Darkness, tout est excellentissime chez eux. On y trouve, de plus, et ça transpire jusque dans leurs pochettes (Slow Motion reprend, pas vraiment avec autorisation, le personnage culte du magazine américain Mad ; la pochette de Be Good To Yourself At Least Once A Day offre une gigantesque carte en pop-up du Pays De Galles qui justifie à elle seule l'acquisition du vinyle...), un redoutable sens de l'humour montypythonesque. Mais si les albums de Man des années 70 sont recommandés, ce Rhinos, Winos + Lunatics (pour respecter la typographie de pochette) n'est pas le meilleur du lot, il est assez inégal et il convient de bien connaître l'oeuvre du groupe avant de l'écouter, et pas de commencer la découverte de Man par lui. Ca reste, cependant, du très bon niveau, globalement.
FACE A
Taking The Easy Way Out Again
The Thunder And Lightning Kid
California Silks And Satins
Four Day Louise
FACE B
Intro
Kerosene
Scotch Corner
Exit