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"The Dreaming" - Kate Bush

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Dans quelle catégorie ranger cet album ? Ce n'est pas du rock pur et dur, Kate Bush ne peut pas être qualifiée de rockeuse à la Patti Smith. Ce n'est pas non plus de la pop-rock classique, et ce, même si on peut ranger Kate Bush, à la rigueur, dans cette si large catégorie. C'est en fait de l'art-rock, mais je ne vais pas créer une catégorie rien que pour elle et, essentiellement, cet album. Faute de mieux, je range ce disque dans la catégorie du rock expérimental, car expérimental, cet album l'est pas mal, quiconque l'a écouté le sait, et quiconque l'a écouté a sans doute mis du temps à s'en remettre. Quatrième album de Kate Bush, sorti en 1982 (l'année de ma naissance, et le disque est sorti 5 semaines avant moi), The Dreaming fait suite au remarquable Never For Ever (1980) qui avait permis à Kate d'innover quelque peu, d'élargir son champ musical, tout en assurant ses arrières, et qui, en plus, lui offrait un de ses plus gros tubes, toujours diffuséà la radio, Babooshka. Après cet album remarquable, Kate va se décider à produire elle-même, toute seule, comme une grande (elle a 24 ans en 1982), un album, ça sera The Dreaming. Un album souvent considéré comme le sommet de sa carrière ; je suis personnellement persuadé que c'est le suivant, Hounds Of Love (1985) qui l'est, mais The Dreaming vient immédiatement derrière, presque au même plan, ça, c'est clair. 

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Ce qui est clair, aussi, c'est que sous cette sublime pochette montrant Kate sur le point d'embrasser, une petite clé dorée sur la langue, un homme enchaîné (allusion à la chanson Houdini, et une parole de la chanson est imprimée au verso, With a kiss I'd pass the key), lequel homme est son bassiste, Del Palmer, se cache un disque tout sauf commercial, tout sauf évident. L'album sera qualifié d'anticommercial (et se classera tout de même N°3 dans les charts), on parlera même de disque de la folie, de disque du suicide commercial. Cinq singles seront tirés, aucun ne passe encore à la radio, mais l'un d'entre eux fut ma porte d'entrée, il y à longtemps, dans l'univers de la chanteuse : Suspended In Gaffa. Cette chanson, d'ailleurs, enfant, ne me plaisait pas. Rythme atonal, chant saccadé et étrange, voix cheloues (Kate les fait toutes : voix gutturales, stridentes et suraiguës, tout le long de l'album), je n'accrochais pas. C'est une de mes préférées de l'album, maintenant (le refrain, qui démarre avec une grosse voix, se poursuit par une voix classique, et se termine en stridence). Mais je suis encore plus fan de Pull Out The Pin, la quintessence de la douce folie bushienne (sa voix quand elle braille I love life ! I love life ! comme une possédée de Pazuzu, est ahurissante) ; de Sat In Your Lap, au rythme saccadé et bizarre, qui ouvre efficacement l'album ; et du délicat (le refrain, qui cependant se termine brutalement par des voix hargneuses et limite en grunt) Houdini

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Sur There Goes A Tenner ('voici un billet de 10'), sa voix sonne comme un vieux roublard cockney masculin, et le rythme est totalement louche, comme une valse déglinguos. Sur Get Out Of My House, elle sonne (avec quelques paroles en français) comme un concierge d'immeuble pas content et pas commode ; mais on a aussi le délicat, sublime All The Love. Au final, tout du long de ses 42 minutes, The Dreaming heurte parfois, repose parfois, et est une éxpérience musicale assez ahurissante. Ce n'est pas un album que l'on apprivoise au premier abord, et on peut comprendre la réaction des gens de EMI (la maison de disques ayant signé Kate Bush) en écoutant le produit fini. Sur lequel jouent des gens tels que Geoff Downes (des Buggles), Jimmy Baines (de Rainbow, Dio), Ian Bairnson (du Alan Parsons Project), David Gilmour (de Pink Floyd, évidemment, mais ici seulement aux choeurs, et sur un seul titre, Pull Out The Pin), Paddy Bush (frangin de Kate), Del Palmer que j'ai cité plus haut, et sur lequel Kate joue des claviers, du Fairlight CMI et des percussions électroniques. Cinq singles, donc, ont été tirés de l'album. L'album ne sera pas très bien reçu par la presse. Un des Pet Shop Boys, Neil Tennant, dans une chronique pour un magazine (soit il écrivait en plus de son activité musicale, soit on l'avait invitéà le faire), dira qu'apparemment, Kate Bush essaie de ne plus être commerciale. Ce qui est une attitude des plus étranges, on en conviendra. En réalité, elle a juste essayé de faire son truc, comme elle le voulait, d'ouvrir les vannes et de tout envoyer péter, le temps d'un album. Elle devait savoir que le disque ne serait pas bien reçu, mais, aussi, que plusieurs années plus tard on en parlerait sans doute comme d'une de ses réussites majeures. En attendant, elle reviendra trois ans plus tard avec un album prodigieux et un de ses plus gros hits, mais ça, j'en reparle bientôt...

FACE A

Sat In Your Lap

There Goes A Tenner

Pull Out The Pin

Suspended In Gaffa

Leave It Open

FACE B

The Dreaming

Night Of The Swallow

All The Love

Houdini

Get Out Of My House


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