Et on continue notre petit voyage (bientôt achevé, ceci dit) dans le merveilleux et si accessible (ô ironie) monde de Cluster. On arrive ici à 1974, et au troisième album du groupe allemand constitué de Hans-Joachim Roedelius et de Dieter Moebius. Ce troisième album a été produit par le groupe et par Michael Rother, membre de Neu !, autre groupe ultra important (et tout ausi allemand que Cluster) de la scène ambient/expérimentale/krautrock. Rother est aussi membre de Harmonia, side-project de Cluster. Il est sorti sous une pochette on ne peut plus sobre : un beau lettrage rose bonbon scintillant pour le titre de l'album (ainsi qu'un lettrage bien plus classique pour le nom du groupe) sur fond uniformément noir. Au verso, une photo du duo, l'un assis sur les genoux de l'autre, et les crédits. Zuckerzeit ("le temps du sucre") est le titre de ce troisième album, un album qui renferme 36 minutes (et 10 titres).
Zuckerzeit marque un grand pas en avant par rapport aux deux premiers albums de Cluster. Ceux-ci, que j'ai abordé récemment, étaient très abrasifs, difficiles d'accès (pour le moins !). Celui-ci, tout en étant de l'ambient krautrock, est tout de même un peu plus accessible, on y trouve plus de mélodies (tous les morceaux, cependant, restent entièrement instrumentaux), on sent une certaine influence de la musique pop ici, rien que dans la durée des morceaux (le plus long dure 6 minutes, soit une minute de moins que le plus court des morceaux du premier album ; et le morceau le plus court dure 2,30 minutes, et il y en à en fait deux de cette durée ici, à quelques secondes près), et le titre de l'album en dit long lui aussi, le temps du sucre, des mélodies sucrées et pop. Loin d'être mon préféré du groupe, Zuckerzeit offre du très très bon, et est une belle petite réussite, je dois l'admettre, des morceaux comme Caramel, Hollywood ou Marzipan annoncent un peu les albums suivants (Sowiesoso et les deux disques faits avec Eno).
La production est réussie, on ne s'ennuie pas. L'album est qualifié de vraie réussite dans son genre, Brian Eno s'annoncera fan, et on comprendra aisément que tôt ou tard, il voudra collaborer avec les deux Allemands ; ce qui sera le cas en 1977 et 1978, via un morceau de son Before And After Science (By This River) et deux albums de collaboration totale : Cluster & Eno et After The Heat (ce dernier, sorti en 1978, un petit peu chanté par Eno, est crédité Eno Moebius Roedelius), tous absolument remarquables. Plus réussis que ce Zuckerzeit pourtant loin d'être inintéressant, mais j'ai cependant toujours été un petit peu moins fan de ce disque que des suivants (Sowiesoso et ceux avec Eno), qui marquent pour moi la quintessence absolue de Cluster. Sowiesoso sera d'ailleurs le volet final de mon petit cycle sur ce groupe, en ligne d'ici quelques jours !
FACE A
Hollywood
Caramel
Rote Riki
Rosa
FACE B
Caramba
Fotschi Tong
James
Marzipan
Rotor