On arrive à la fin du cycle Kate Bush avec un album que j'ai découvert sur le tard (par rapport aux cinq précédents, et premiers car celui-ci est son sixième, albums de la chanteuse), et je regrette vraiment d'avoir attendu tout ce temps d'ignorance avant de tomber enfin dessus. Ce disque, son sixième donc, fait suite au carton plein de Hounds Of Love (1985), lequel est mon préféré d'elle, et probablement son meilleur album. Après ce succès (Running Up That Hill (A Deal With God) a squatté les ondes radio, et continue de le faire, avec la régularité d'un métronome), Kate va attendre 4 ans avant de refaire un disque. Entre temps, elle collaborera avec Peter Gabriel, en 1986, sur son album So, interprétant Don't Give Up en duo avec lui, et elle sort un best-of la même année. Mais il faudra attendre 1989 pour avoir un nouvel album studio, lequel sortira sous une belle pochette en noir & blanc montrant Kate, torse-nu (mais pudiquement cachée par un cadrage photo sobre et une rose), sur fond noir. La pose de Kate, yeux un peu exorbités et bouche cachée par une rose, me fait irrémédiablement penser à la pochette du Red Rose Speedway de Paul McCartney & Wings, mais c'est sans doute involontaire de sa part. Encore que, venant de Kate, tout est possible. L'album dure 42 minutes en vinyle (10 titres), 46 en CD (un morceau supplémentaire, Walk Straight Down The Middle, y est ajouté), et il s'appelle The Sensual World.
Ce disque a été enregistré avec pas mal des musiciens habituels de Kate (notamment Del Palmer, son propre frangin Paddy Bush, David Gilmour sur deux titres, Stuart Elliott, Alan Murphy), mais on notera aussi la participation d'Alan Stivell (harpe celtique), et du Trio Bulgarka, un trio vocal féminin bulgare, sur trois titres. L'album, assez onirique, sera un beau succès, il se classera N°2 dans le UK Albums Charts, ce qui est une très bonne place. Surtout que, tout en étant une totale réussite et un album essentiel, The Sensual World n'est pas le plus accessible des albums de Kate (pas aussi difficile que The Dreaming, clairement pas, mais on est ici à un statut un peu supérieur à la simple pop). C'est un disque intellectuel, exigeant, qu'il faut écouter plusieurs fois, un album assez recherché. Le morceau-titre s'inspire du roman Ulysse de James Joyce (et notamment du long, très long monologue final de Molly Bloom, qui prend plusieurs dizaines de pages en un seul paragraphe), et quiconque a lu Ulysse sait que ce roman n'est pas des plus faciles d'accès (tout en étant immense ; dans les deux sens du terme, vu son épaisseur). Heads We're Dancing parle d'une femme ddansant avec un homme charmant qui s'avère être Hitler. This Woman's Work est un réenregistrement d'une chanson faite pour un film de l'année précédente.
Parler en détail de ce disque risquerait fort de le déflorer totalement (sans faire de jeu de mots, ni douteux, ni en allusion avec la pochette de l'album). Le Trio Bulgarka livre une participation remarquable sur Rocket's Tail, Deeper Understanding et Never Be Mine, trois remarquables chansons, et la chanson-titre et Reaching Out sont, aussi, de vraies merveilles. Dernier album de Kate Bush que j'aborde car c'est le dernier que je connais (je n'ai pas encore eu le temps et la motivation de me pencher sur ce qu'elle a fait ensuite, mais je le ferai un jour, je pense, même si son album suivant, The Red Shoes, est souvent qualifié de déception, voire de ratage), The Sensual World, parfait de bout en bout, est une preuve supplémentaire du talent de cette chanteuse. Un album rigoureusement indispensable !
FACE A
The Sensual World
Love And Anger
The Fog
Reaching Out
Heads We're Dancing
FACE B
Deeper Understanding
Between A Man And A Woman
Never Be Mine
Rocket's Tail
This Woman's Work