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Track-by-track : 15ème Round - Bernard Lavilliers

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Pour le 368ème track-by-track du blog, c'est à nouveau Bernard Lavilliers qui va être à l'honneur. Et, une nouvelle fois, c'est l'un de ses albums de sa période dorée (1975-1983) qui va être décortiqué. Et pour cause, 15ème Round, son cinquième album studio est sorti en 1977. Lavilliers lui-même lui porte une grande estime étant donné qu'il considère que cet album est son premier sur lequel on entend un vrai son de groupe. Lorsque sort 15ème Round, la tâche est rude étant donné qu'il lui faut succéder àLes Barbares, sorti l'année précédente. Mais franchement, cet album, avec cette pochette montrant un nanard viril en débardeur et un gant de boxe et quelque peu caricatural est un excellent cru. Et qui se paie même le luxe d'être encore meilleur que son prédecesseur. En gros, c'est du très très haut niveau qui vous attend. 38 minutes absolument essentielles.

Utopia : C'est bien connu : si Lavilliers a commencéà trouver son style sur Le Stéphanois et qu'il a peaufiné ce style d'albums en albums, il n'empêche qu'il fut pendant longtemps sous l'influence de Léo Ferré. Et ce morceau très engagé en est une belle preuve. Pas de chant ici, mais du spoken word. La phrase la plus puissant étant à mes yeux : vous vous gaviez de projections, de projets sérieux, de futurs, pendant que l'ordre et la répression nous alignaient contre les murs. Et musicalement ? Les deux-tiers environ du morceau sont dominés par les bruits des coups portés par un boxeur sur un sac de frappe ainsi que par les expirations de ce même boxeur. Tout ça disparaît et laisse la place à une nappe de claviers accompagnée par des arpèges de guitare électrique. Puis, les bruits de coups et les expirations reviennent tout en étant quelque peu étouffés par les claviers et la guitare. L'album est idéalement lancé. 

Big Brother : Pareil titre de chanson ne peut que renvoyer automatiquement au 1984 de George Orwell. Roman, je le rappelle, qui est sorti en... 1948. Le titre du roman futuriste de l'écrivain britannique est d'ailleurs explicitement cité vers la fin de la chanson. De ce Big Brother façon Nanard résulte une chanson terrible où se mélangent à merveille les claviers, les solos de guitare électrique ainsi qu'un court mais remarquable solo de saxophone. En ce qui concerne le chant, on évolue dans un registre parlé/chanté. Très très grande chanson. Et faites gaffe à vous, Big Brother is watching you !

Juke Box : Je vais être honnête avec vous : je n'ai jamais eu de certitudes quant au fait de savoir de quoi parle cette chanson. Mon inteprétation est donc extrêmement subjective. Pour moi, malgré un titre qui, à vue de nez, ne semble pas aller en ce sens, cette chanson est autobiographique. Et Nanard y parle de ses années où il était ouvrier à Saint-Etienne. Il y a avait le boulot et, après ça, l'écriture des chansons sur le coin d'un juke box, dans des troquets que l'on imagine pas spécialement bien fréquentés. Et, tout comme sur Les Antimémoires sur Le Stéphanois, Lavilliers dit qu'il aurait pu céder à la facilité et écrire des chansons d'amour pleines de bons sentiments, de départs, de retours, enroulées de violon et d'échos, enfin bref, des chansons qui passent à la radio. Super chanson !

L'Amour Et La Mort : Place à un peu de calme. Et pour cause, cette chanson est une ballade acoustique où guitare sèche (jouée par le Gringo lui-même) et les cordes se taillent la part du lion. D'ailleurs, il est très important de signaler que les arrangements de cordes ne sont pas pompeux pour un kopeck. Mais attention, si la chanson est calme musicalement, elle n'en reste pas moins très sombre au niveau du texte. De quoi parle-t-elle ? Sérieusement, le titre de la chanson parle pour elle. En revanche, dans l'écriture, Lavilliers ne cède pas à la facilité et truffe son texte de multiples métaphores et autres figure de styles. Plus de 5 minutes absolument intouchables. 

Fauve D'Amazone : Chanson qui parle, me semble-t-il, de la déforestation de l'Amazonie et en conséquence, de la disparition des tribus vivant dans la jungle amazonienne. Comme quoi, le sujet ne date pas d'aujourd'hui. Musicalement, après une intro aux accents tribaux jouée par des claviers, la chanson vire dans une sorte de funk-rock du meilleur effet. A la fin de la chanson, une sirène d'ambulance se fait entendre en fond sonore avant que l'on entende plus qu'elle. Excellente chanson. A noter que Nanard, sur le live T'Es Vivant ?, paru l'année suivante, en 1978 donc, en fera une version tout simplement tuante. 

N'Appartiens Jamais A Personne : Là, en revanche, pas d'accents quelque peu funk-rock, d'intro quelque peu tribale ou de différents types de percussions. On est à fond dans un rock terrible et saignant. Guitare agressive, basse proéminante et batterie qui cogne sans être assommante. De quoi parle la chanson ? C'est tout simple : la réponse est dans le titre. Bref, une excellente chanson de plus. Et, tout comme Fauve D'Amazone, cette chanson aura droit à une version live tuante sur T'Es Vivant ? ainsi qu'une autre, encore plus tuante sur Live Tour 80

15ème Round : La chanson titre. Et, comme elle l'indique, elle parle d'un boxeur qui est en train de disputer le 15ème et dernier round d'un combat. Rappelons qu'à l'époque, les combat de boxe allaient encore en 15 rounds avant que ce ne soit ramenéà 12 en 1982. Même si un tout dernier combat en 15 rounds a eu lieu en 1989. Bref, la chanson parle donc d'un boxeur au 15ème et dernier round d'un combat et il est épuisé. A de plus en plus de mal à toucher son adversaire au visage et qui, secrètement, rêve de mettre un terme à sa carrière. Musicalement, la chanson alterne les passages calmes et les passages musclés. Les couplets sont, dans un premier temps, rythmés par la guitare sèche et l'harmonica avant que n'interviennent les claviers, les cordes et une batterie discrète. Alors que les refrains (qui ne sont jamais les mêmes au niveau des paroles), quant à eux, sont speeds et laissent la place à la basse, à une batterie plus puissante et aux claviers. Terrible et immense chanson. 

L'Amour Qui Marche : Je me suis toujours posé la question suivante : de quoi cette chanson peut-elle bien parler ? M'est avis qu'elle parle des vies mécaniques que nous menons. Et par vies mécaniques, je veux dire vies routinières qui s'en trouvent toutes chamboulées en cas d'imprévus ou de changements. Mais, je ne suis sûr de rien. Je suis preneur de vos interprétations. Musicalement, la chanson débute par un Lavilliers baragouinant quelque chose dans un dialecte sud-américain (à moins que ce ne soit du portugais, mais j'en doute fortement) avec un fond sonore les percussions de Mahut (qui bossera beaucoup avec Higelin qui était, au passage, un bon pote à Lavilliers), puis elle vire dans une couleur sud-américaine. Et, franchement, cette chanson est aussi peu longue (3 minutes et 5 secondes) qu'excellente. J'adore !

La Danseuse Du Sud : Chanson très certainement autobiographique qui parle d'une fille qui, dans sa jeunesse était danseuse et qui, maintenant que sa carrière est derrière elle, sombre lentement dans l'alcoolisme. Le sujet est donc bien loin d'être joyeux. Par contre, de quel Sud parle-t-on ? Celui de l'Amérique ou celui de la France ? Le texte ne donnant aucun indice nous permettant d'avoir un avis tranché sur la question. Sur le plan musical, la chanson est sans aucun doute la moins marquante du disque. Pour ma part, elle est celle que j'aime le moins, il en faut bien une. Mais attention, cela ne signifie pas que la chanson n'est pas de qualité. Il faut bien comprendre que sur cet album, aucune chanson n'est inférieure à excellente. Je sais, ce n'est pas français ce que je viens de dire, mais ça a au moins le mérite de bien dire ce que ça veut dire !

Lettre Ouverte : Dernière chanson de l'album. Et oui, on y est déjà, malheureusement. Au moment où il a écrit cette chanson, Lavilliers devait sûrement déjà avoir la tête à son prochain disque. Cette lettre ouverte préfigure quand même bien comme il faut la face A de Pouvoirs. Puisque l'on y parle de banques, de comptes en Suisse et de crassiers. Le terme crassier (autre terme pour désigner un terril) étant ici utilisé pour parler des cités HLM. Musicalement, la chanson s'ouvre sur des nappes et des notes de claviers assez oppressantes (tiens, ça ne vous rappelle pas Frères De La Côte sur Pouvoirs ?) avant qu'elles ne soient rejointes, autour de la 45ème seconde, par la batterie et la basse. Puis, la chanson change de visage : les claviers toujours, la basse et les percussions de Mahut se mélangent avant que l'on revienne à la mélodie précédente sur laquelle vient se greffer un long solo de guitare courant jusqu'à la fin de la chanson. Une conclusion parfaite. 

Vous avez pu vous en rendre compte par vous-même : cet album aligne donc dix chansons pour tout autant de réussite. Ce qui fait donc de 15ème Round l'un des meilleurs albums du Gringo de Saint-Etienne. Pour ma part, si je devais établir un top 3 des albums de Lavilliers période 1975-1980, 15ème Round arriverait troisième derrière Pouvoirs et O Gringo. Je n'en doute pas, tous ceux qui aiment Lavilliers ont déjà cet album en leur possession. Par contre, ceux qui ne l'ont pas encore : bougez-vous le cul ! Cet album est absolument indispensable à tout amateur de bonne chanson française et de bon rock français. 

Face A

Utopia

Big Brother

Juke Box

L'Amour Et La Mort

Fauve D'Amazone

Face B

N'Appartiens Jamais A Personne

15ème Round

L'Amour Qui Marche

La Danseuse Du Sud

Lettre Ouverte


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