En 1979, Eddy Mitchell sort C'Est Bien Fait, son vingtième album en studio. Je le rappelle (même si ça n'est pas forcément utile), depuis 1974 et Rocking In Nashville, Schmoll s'est refait une cerise d'enfer. Et, tous les albums qu'il sort (ce qui inclut celui de 1974) sont de véritables succès. Tous contiennent au moins un grand succès du répertoire Mitchellien. Et, il avait bien besoin de ça, car entre 1968 et 1973, l'ami Eddy en a chié un maximum. On peut tranquillement parler d'une période de grosses vaches maigres. A tel point que, pendant cette période noire, ses anciens albums et les albums des Chaussettes Noires se vendaient foutrement mieux que ses nouveaux albums. Enfin bref, le passé, c'est le passé. Ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est donc cet album de 1979, faisant suite à un Après Minuit assez moyen, malgré la présence de Il Ne Rentre Pas Ce Soir et de la reprise d'After Midnight de J.J. Cale. Soucieux de vous proposer une chronique de qualité, j'ai réécouté cet album juste avant d'en entamer la rédaction. Et, je dois dire que certains défauts m'ont littéralement suaté en pleine poire. Sur le plan musical, malgré une poignée de chansons ratées, cet album est plus abouti que son prédécesseur, en revanche, Eddy et avant et après et surtout... mais sacrebleu... quelles paroles à la con. Alors bien sûr, vous me direz que l'on écoute pas du rock, quelle que soit son origine, pour la pertinence de ses paroles et vous avez raison, mais quand même... Eddy a beaucoup mieux écrit, que ce soit avant ou que ce soit après.
Mais dîtes-moi, est-ce que cet album contient un gros succès du répertoire d'Eddy Mitchell, comme c'était le cas de tous les albums depuis Rocking In Nashville inclus ? Et bien oui, c'est le cas. Et ce n'est pas n'importe quel tube : Tu Peux Préparer Le Café Noir. Tes nuits blanches et même ton mouchoir. Et vous connaissez la suite. Je vais être franc avec vous : s'il y a des tubes d'Eddy que j'adore vraiment, il y en a que je déteste profondément. Et celui-là en fait partie. Je n'ai JAMAIS aimé cette chanson. Désolé pour ceux qui aiment. Et ce sera le seul tube de l'album. Et, on trouve quoi d'autre alors ? Nous avons L'Important C'Est D'Aimer Bien Sa Maman en guise de chanson d'ouverture. Et si musicalement, c'est assez bien branlé, les paroles sont vraiment trop connes pour les passer sous silence. Alors, encore une fois, je sais que l'on écoute pas ce style de musique pour la qualité de ses paroles, mais là, c'est abusé. Et c'est encore pire avec la chanson qui suit, c'est-à-dire Trop C'Est Trop. Musicalement, c'est pas mal du tout (malgré les trop c'est trop... trop (justement) présents), mais les paroles sont d'une connerie insodables. Eddy se montre engagé, mais on frise le ridicule. N'est pas Ferré, Ferrat ou Lavilliers qui veut. Comment Ça Fait ? est sympathique, mais pas plus. Place à présent à une doublette de chansons franchement mauvaises : Chaque Fois et Good-Bye Gene Vincent. La première citée ne laisse absolument aucun souvenir, même si on l'a écoutée dans les cinq minutes qui viennent de passer. L'autre, comme son titre l'indique est un hommage au grand rockeur ricain. Et franchement, qui gueulera si je dis que Gene Vincent méritait un bien meilleur hommage ? Il n'y a absolument rien à sauver de cette chanson. Que ce soit la musique, les paroles ou l'interprétation, tout est mauvais. C'Est Bien Fait, la chanson titre donc, relève le niveau. Et, il fallait bien ça après deux chansons aussi mauvaises. Bon, au niveau des paroles, c'est encore une fois très con, Schmoll faisant le tour des styles musicaux en vogue à l'époque (le disco et la new-wave), mais musicalement, c'est super efficace. Petite Annonce prend le relais. Au niveau des refrains, c'est excellent et c'est très clairement inspiré du rythme en stop-time à un accord du Mannish Boy de Muddy Waters. On pourra s'étonner du fait qu'une chanson d'Eddy Mitchell soit autant inspirée du blues, lui qui est un mordu du rock 'n'roll. Mais bon, vous connaissez la musique : sans blues, pas de rock, alors on finit toujours par retomber dessus. Par contre, les refrains sont incroyablement foirés et super mal chantés. L'Homme-Objet est à l'image de Comment Ça Fait ? : sympathique, mais pas plus. D.I.V.O.R.C.E (prononcez : divorcé. Le titre de la chanson étant du au fait qu'il est épelé lors du refrain) clôture l'album. Et cette chanson est directement liée à l'actualité sentimentale de Schmoll à l'époque. Et à sujet douloureux, musique adaptée à l'évènement. Mais, ce n'est vraiment pas bon du tout.
A la toute fin de ma chronique conscrée àAprès Minuit, je disais qu'après cet album moyen Eddy avait rapidement redressé la barre. Et, j'aurais maintenu mes dires si je n'avais pas réécoutéC'Est Bien Fait avant de vous en proposer la chronique. Seulement, je l'ai réécouté et si cet album est d'un niveau supérieur à celui qui le précède dans la discographie Mitchellienne, on peut dire qu'il est quand même bien loin de casser des briques. Au final, à qui est-il destiné ? Tout simplement aux fans de Schmoll et à personne d'autre.
Face A
L'Important C'Est D'Aimer Bien Sa Maman
Trop C'Est Trop
Comment Ça Fait ?
Chaque Fois
Tu Peux Préparer Le Café Noir
Face B
Good-Bye Gene Vincent
C'Est Bien Fait !
Petite Annonce
L'Homme-Objet
D.I.V.O.R.C.E.