C'est avec un véritable pincement au coeur que je rédige cette chronique car, une fois qu'elle sera terminée, tous les albums de Georges Brassens auront été abordés ici. C'est bien connu, toutes les meilleures choses ont malheureusement une fin. Mysoginie À Part est le douzième album du moustachu de Sète et succède à la réussite totale qu'était Supplique Pour Être EnterréÀ La Plage De Sète, sorti trois ans plus tôt. Avant de commencer, il est nécessaire de clarifier trois points d'ordre technique. Vous avez vu le chiffre romain sur le recto de la pochette ? Cela vient du fait que Philips, la maison de disques de Tonton avait lancé ce qu'elle a appelé une deuxième collection des albums de Brassens et Mysoginie À Part sera le dixième et dernier à faire partir de cette seconde collection. D'où le dix en chiffre romains. Deuxièmement, cet album fut le premier de Brassens àêtre stéréophonisé, mais comme Tonton n'a jamais voulu réenregistrer les chansons de cet album et celles des précédents en stéréo, soucieux de conserver leur caractère d'origine, Philips s'est donc démerdé comme elle a pu. Et, troisièmement, il existait une première version de l'album dans laquelle les parties de guitare de Barthélémy Rosso étaient moins sobres. Elle fut d'ailleurs commercialisée, mais peu de temps. À la demande de Brassens, Rosso refera ses parties de guitares plus sobrement et cette seconde version sortira. C'est d'ailleurs celle que l'on trouve aujourd'hui, à moins d'avoir un coup de bol phénoménal et de tomber sur les pressages originaux. Mais, je n'ose même pas imaginer le prix. Bon, maintenant que vous êtes bien informés, on va pouvoir regardé ce qui se cache dans cet album.
L'album contient deux succès incontournables de Brassens. Sa chanson titre d'abord : Mysoginie À Part donc. Une chanson dans laquelle Brassens décrit sa compagne comme étant une emmerdeuse (elle m'emmerde vous dis-je) avec bien peu de tact (elle m'emmerde je le répète et quand elle me tape sur le ventre, elle garde ses gants et ça me désoblige, outre que ça dénote un grand manque de tact, ça ne favorise pas tellement le contact), mais finalement, malgréça, il l'aime bien. À savoir que Georges fut bien critiqué en son temps à cause de cette chanson, il lui fut reproché d'être mysogine. On croit rêver ! Bref, cette chanson est terriblement immense et fendarde. Puis Rien À Jeter, qui est une véritable ode à la fidélité. Excellente chanson. Tout est bon chez elle, y a rien à jeter, sur l'île déserte il faut tout emporter. L'album contient également deux poèmes mis en musique. Un de Jean Richepin : Les Oiseaux De Passage. Mais, il faut savoir que le texte du poème est en réalité bien plus long que celui chanté par Brassens. Tonton ayant coupé certaines strophes. Et c'est aussi, tout en restant très bonne, la chanson la moins forte du disque. Alors que Pensée Des Morts elle, est une mise en musique d'un poème d'Alphonse de Lamartine. Un poème dans lequel la nature est comme spectatrice du temps qui passe. De ce poème, Brassens en a fait une chanson longue, mais tout bonnement remarquable ! Mais attention, toutes les autres chansons restantes sont également d'un niveau exceptionnel. A commencer par Bécassine. Une chanson sur une jeune fille que l'on dévine aisément être fraîche comme la rosée et belle comme les amours, mais qui finit, au grand dam de l'auteur, par tomber sous le charme et dans les bras d'un vaurien.
L'Ancêtre parle d'un petit vieux emmenéà l'hospice mais qui aimerait bien tirer un dernier petit coup avant de mourir mais qui n'aura malheureusement pas ce plaisir. La Religieuse parle d'une nonne embut aux on-dit (sexuels bien évidemment), mais qui reste orthodoxe. La Rose, La Bouteille Et La Poignée De Main laisse entrevoir une société française de l'époque qui commence àêtre gangrénée par le politiquement correct. Et Sale Petit Bonhomme parle de Cupidon, mais Brassens en détourne la représentation habituelle pour en faire un petit bonhomme un peu dodu. Le fait que Les Oiseaux De Passage soit ici la chanson la moins réussie vous donne une impression plus que concrète sur le niveau de ce douzième cru de Brassens. C'est un excellent cru, sans aucun doute l'un de ses meilleurs et il saura ravir tous les amateurs de bonne chanson française. Comme je l'ai dit en début de chronique, Brassens, c'est terminé sur le blog, à moins que Clash ait un jour dans l'idée d'associer sa chronique à la mienne. Sacré Tonton Georges, nous ici-bas, on t'écoute toujours et on t'écoutera toujours. Bordel de merde, tu nous manques beaucoup si tu savais !
Face A
Mysoginie À Part
Bécassine
L'Ancêtre
Rien À Jeter
Les Oiseaux De Passage
Face B
La Religieuse
Pensées Des Morts
La Rose, La Bouteille Et La Poignée De Main
Sale Petit Bonhomme