Les années 90 ne furent pas aussi terribles que les années 80, pour David Bowie, mais elles ont quand même été décevantes : Black Tie White Noise (1990) est un disque très plat, avec certes quelques bonnes chansons (Miracle Goodnight, Jump They Say), mais, dans l'ensemble, c'est vraiment médiocre. The Buddha Of Suburbia (1993), bande originale d'une série TV britannique du même nom, est méconnu et à oublier (malgré la chanson-titre). 1.Outside (1995), produit par Eno, et qui devait être le premier opus d'une série d'albums centrés autour du personnage d'un détective privé (un album conceptuel, donc), est terriblement trop long (plus de 70 minutes, 19 titres) et trop complexe, inégal, boursouflé, hermétique (mais on y trouve tout de même quelques chansons grandioses : Strangers When We Meet, The Hearts Filthy Lesson, The Motel, I Have Not Been To Oxford Town, Outside, Hallo Spaceboy, I'm Deranged). Le seul disque qui me plaît dans le Bowie 90's est Earthling (1997), disque de jungle rock à la Prodigy, album sous-estimé et renfermant Little Wonder, I'm Afraid Of Americans, Seven Years In Tibet, Looking For Satellites...du lourd. Mais ce disque, comme je l'ai dit, est sous-estimé, encore aujourd'hui. Deux ans plus tard, Bowie achève les années 90 avec un album, sorti donc en 1999, et qui sera le dernier avec le guitariste Reeves Gabrels (présent depuis l'aventure Tin Machine à la fin des années 80) : 'Hours...'. Plutôt court (47 minutes, comme Earthling), l'album offre 10 chansons, et aucun grand classique bowien, exception faite, sans doute, de la première, Thursday's Child. L'album, à sa sortie, décevra pas mal de monde, il faut dire que Bowie semble faire tabula rasa du passé, oubliées, les ambiances Nine Inch Nails de 1. Outside, les virées Prodigy d'Earthling... Le Bowie cuvée 99 est plus pop et rêveur.
Reeves Gabrels cessera sa collaboration avec Bowie après ce disque, il n'aura apparemment pas trop apprécié la tournure que prenait la musique de Bowie. C'est vrai que l'album est assez plan-plan, peu de chansons vraiment énergiques (The Pretty Things Are Going To Hell, dont le titre semble une allusion aussi bien aux Stooges qu'à une ancienne chanson - 1971 ! - de Bowie, est une des rares chansons rock de l'album). En revanche, on a pas mal de morceaux assez calmes et planants, je pense au court (moins de 2 minutes) instrumental Brilliant Adventure, àThe Dreamers, àThursday's Child, Seven... Thursday's Child est sans doute une de mes chansons préférées de Bowie, et une de ses meilleures ouvertures d'album. Survive est aussi magnifique, et New Angels Of Promise est sans doute le sommet de l'album. De grandes chansons qui annoncent le futur Heathen (2002). Mais dans l'ensemble, difficile de ne pas se sentir un peu floué par ce 'Hours...' assez mineur dans la discographie de Bowie. Cet album n'est pas mauvais, mais il fait pâle figure à côté du précédent et de certains des suivants (et je ne parle pas des anciens albums des années 70, hein). C'est un disque plutôt méconnu, que l'on découvre généralement en dernier ou parmi les derniers quand on veut découvrir la discographie complète de Bowie. Y compris si on veut la découvrir de manière chronologique, ah ah ah.
Au final, c'est bien produit et interprété, mais sans grande originalité.'Hours...' est un Bowie mineur, correct mais frustrant, un album qui ne fera pas date mais contient tout de même quelques excellentes chansons. L'album est moins bon que le précédent et le suivant, mais nettement meilleurs que ceux de sa période 1984/1993. C'est tout de même un disque assez décevant qui n'est à réserver qu'aux fans absolus du chanteur. Bowie a certes fait pire (il ne refera pas aussi frustrant, cependant), mais il a fait et fera mieux. Cependant, rien que pour New Angels Of Promise, Thursday's Child et Survive, ce disque est tout de même àécouter. Pas en priorité, mais àécouter !
Thursday's Child
Something In The Air
Survive
If I'm Dreaming My Life
Seven
What's Really Happening ?
The Pretty Things Are Going To Hell
New Angels Of Promise
Brilliant Adventure
The Dreamers