Je dois vous avouer un petit quelque chose : si j'avais bel et bien prévu de vous proposer une chronique en ce jour, je n'avais, à l'origine, pas vraiment d'idées d'album à aborder. J'ai cherché un moment et puis, tout d'un coup, sans que je ne sache pourquoi d'ailleurs, Sonic Youth m'est apparu comme une évidence. Je vais vous avouer un autre petit quelque chose, pour dissiper tout malentendu : moi qui vous écris, je ne suis absolument pas fan de Sonic Youth, mais, comme Clash le dit très justement, ce groupe à sa place sur un blog musical. Et moi, je vais encore plus loin en vous disant que la présence de ce groupe sur un blog musical s'impose d'elle-même. Comme vous l'avez certainement vu, j'ai classé ce disque dans la catégorie "grunge". Le truc, c'est que, intrinsèquement, Sonic Youth n'est pas un groupe de grunge. Mais un groupe de noise-rock. Cependant, en ce qui me concerne et tout en étant pas fan de la Jeunesse Sonique, j'ai bien du mal à imaginer l'Histoire du grunge-rock sans ce groupe. Maintenant, je vous vois venir, vous allez certainement vous demander pourquoi j'ai décidé de parler de ce groupe alors que je n'en suis pas fan. Tout simplement parce qu'il y a une nuance entre ne pas être fan et détester. Je ne déteste pas Sonic Youth. J'aime vraiment certains de leurs albums. Dont celui-ci.
Celui-ci, il s'appelle EVOL ("love"à l'envers et, si on prononce ça avec l'accent qui va bien, ça donne une prononciation très proche de celle de "evil", on ne me fera pas croire que ça n'a pas été fait exprès) et il est sorti en 1986 sous une pochette que, personnellement, j'adore, tout en me foutant allègrement de ce qu'elle représente. Ben ouais. Comme je vous le disais, ici, ce n'est pas du grunge qui vous attend, mais du noise-rock. Du Sonic Youth quoi. Un groupe auquel on a souvent reproché de manquer de tout et de cacher ces manques sous une musique bruyante. Sur la première face, on trouve un gros gros classique du groupe : Shadow Of A Doubt, chanson étrangement calme pour du Sonic Youth et davantage chuchotée que chantée par Kim Gordon. Laquelle a, vous en conviendre avec moi, une voix sublime. Bref, excellente chanson. Mais, ne limiter la première face qu'àShadow Of A Doubt serait une grosse connerie car toutes les autres sont de pures tueries noisy. À l'image de Tom Violence qui ouvre l'album vite fait, bien fait et putainement efficacement. Star Power, longue de 4'50 minutes est une bonne grosse bombasse atomique qui fait du bien par où elle passe. Et qui, me semble-t-il, a fait l'objet d'une sortie en single. In The Kingdom #19 est ce que vous trouverez de plus bruyant sur cette première face. Au début, je vous le dis tout net : ça va coincer. Mais, au fur et à mesure, l'adhésion va se faire. La première face se termine sur Green Light, une chanson à l'image de Tom Violence : putainement efficace.
Et pour la face B alors ? Ça donne quoi ? Ça donne une face B ne comprenant que quatre chansons (là où la A en comporte cinq) et qui est également porteuse d'un gros gros classique du groupe : Secret Girl. Chanson étrange et lugubre jouée toute au piano. D'ailleurs, il me semble que la partition de piano s'inspire quelque peu de celle qui constitue la musique de L'Exorciste. Par pitié, dîtes-moi que vous avez la même impression, sinon, je suis bon pour la cellule capitonnée. Quant aux paroles, je vous avoue que je n'en ai jamais rien eu à carrer. Cependant, le burn inside between two walls m'a toujours fait quelque chose...Death To Our Friends (ce titre, bordel...) est un instrumental qui vous saute à la gorge d'entrée de jeu. La faute à ces arpèges de guitares tournoyants. Un grand moment de plus pour ce disque qui, jusqu'à présent ne contient que ça. Et qui, en fait, ne contient que ça. Avouez que vous vous êtes fait avoir : en lisant le prénom ainsi que les deux première lettres du nom, avouez que, instinctivement, sans lire le reste, vous est venu le nom de Marilyn Monroe. Je me suis fait avoir la première fois aussi. Pourquoi je dis ça ? Pour introduire la chanson suivante qui est Marilyn Moore. Si vous cherchez le sommet de l'album, c'est, pour moi, dans cette chanson que vous allez le trouver. Non pas qu'elle soit la plus violente soniquement parlant, mais entre l'intro faisant entendre un mec qui braille passant rensuite le relais au parlé-chanté de Moore avant l'irruption de la batterie dans la dernière minutes, ça fait un truc en plus. L'album s'achève sur ce qui est sa chanson la plus longue : Expressway To Yr. Skull. "Yr"étant une contraction de "your". Longue de 7'11 minutes, la chanson offre un passage bruitiste à mort autour des 2 minutes. Si vous écoutez ce passage au casque volume à fond, ça vous éclate les esgourdes ! Une fois ce passage passé, le groupe laisse le son de ses instruments s'approprier tout l'espace.
Il est à noter un détail important : sur le disque, le titre de la chanson est bel et bien celui-là. Alors que sur le verso de la pochette, la chanson est créditée sous le titre de Madonna, Sean And Me et, dans le livret du disque, elle est créditée sous le titre de The Crucifixion Of Sean Penn. J'en ignore totalement la raison, je vous l'avoue. Bref, il va de soi que, même si on aime pas Sonic Youth et, à plus grande échelle, si on aime pas le noise-rock, ce EVOL s'impose tout de même comme étant un album incontournable. Si vous n'avez que Goo en votre possession, vous pouvez les yeux fermés rajouter EVOL.
Face A
Tom Violence
Shadow Of A Doubt
Star Power
In The Kingdom #19
Green Light
Face B
Death To Our Friends
Secret Girl
Marilyn Moore
Expressway To Yr. Skull