Vous le savez, Elton, j'adore son boulot dans les années 70. Sauf la toute fin (1978, 1979). A partir des années 80, je décroche totalement. 21 At 33 ? Non merci, sauf un titre ou deux. Ice On Fire ? Pareil. Breaking Hearts ? Tu déconnes, ou quoi, vire-moi ce disque de dessous les yeux avant que je me pète un câble. Mais il y à bien un album que, dans ma grande mansuétude (tremblez, mortels, contemplez mon oeuvre et désespérez, ah ah ah ah aaaaaaaah...hum), et en grande, essentielle partie grâce à Nono, qui vient ici régulièrement commenter les chroniques et m'a rappelé l'existence de cet album, je veux bien sauver. Cet album n'est pas le sommet d'Elton John, mais c'est clairement le meilleur album (et de loin, je trouve) qu'il a fait depuis Blue Moves en 1976, ainsi que, de loin, son meilleur album des années 80, et même son dernier grand album, celui fait en collaboration avec Leon Russell, The Union, mis à part. Ce disque est sorti en 1983 sous une pochette bien dans le ton de l'époque : graphiquement nulle, faussement sobre, bref, moche comme un cul de babouin mal torché (si tant est que ça se torche). L'album s'appelle Too Low For Zero, son titre apparaît deux fois sur la pochette. En bas, en effet, bien vu les mecs. Mais aussi en rébus. On a un 2 (pour, ça se prononce pareil en anglais, 'too'), une flèche indiquant le bas ('low), un 4 ('for' se prononce, en anglais, pareil) et un 0 ('zero'). Les quatre signes sont en couleur. Ils ne sont pas imprimés tel quel sur la pochette. Celle-ci est en die-cut, elle a des découpages de la forme des signes, et la sous-pochette, illustrées de gros rais colorés (photo ci-dessous) est en partie visible à travers. Je parle du vinyle, évidemment, pas du CD, où c'est connement imprimé.
Une chose importante à dire au sujet de ce disque : après plusieurs années au cours desquelles Elton a essayé d'aller voir ailleurs si l'herbe était plus verte (depuis 1978 précisément) et se rendra compte qu'elle était non pas verte, mais jaune cramé, Too Low For Zero est le premier album d'Elton, depuis 1976, àêtre entièrement composé de chansons écrites par son pote le parolier Bernie Taupin, avec qui il collaborait depuis ses débuts. Taupin collaborera rapidement pour 21 At 33, The Fox et Jump Up !, mais ici, sur Too Low For Zero, tout est crédité Elton John/Bernie Taupin (plus un titre avec le guitariste Davey Johnstone, qui recollabore ici, de même que le bassiste Dee Murray et le batteur Nigel Olsson, pour la première fois depuis des années avec Elton). Too Low For Zero offre 5 singles, parmi lesquels deux figurent clairement parmi les plus connues et réussies des chansons de Sir Reginald Dwight (son vrai nom) : I'm Still Standing, dans laquelle il clame à qui veut l'entendre (autrement dit, vu la popularité de la chanson, qui passe encore à la radio, à tout le monde !) qu'il est encore là, bien vivant, debout, en forme, prêt à relever des noms et à botter des culs. On le pensait fini, au début des années 80, après une poignée d'albums au mieu médiocres, au pire nullissimes (de 1978 à 1982). Ce cru de 1983, même si ça sera éphémère (par la suite, il va sortir des albums certes tubesques, mais vraiment minables), prouve qu'il peut encore le faire, dans sa partie : de la bonne pop.
L'autre chanson connue, c'est l'incroyable I Guess That's Why They Call It The Blues, chanson sublime, forte, une prestation vocale sublimissime, digne du plus fort respect. Ce ne sont pas les seules réussites de l'album, ces deux chansons, car il faut aussi citer le morceau-titre, Cold As Christmas (In The Middle Of The Year) et Kiss The Bride, qui sortiront aussi en singles. Et le reste de l'album (One More Arrow, Religion) est loin d'être inintéressant. Après, on n'est pas ici, tout de même, avec un album de la trempe de Honky Château ou Goodbye Yellow Brick Road. Too Low For Zero est un très très bon opus, presque miraculeux compte tenu du marasme dans lequel la musique eltonjohnienne a sombré depuis 1979 ; c'est son meilleur depuis 1976, et son meilleur d'une décennie calamiteuse, et c'est déjà vraiment bien. Et puis, ses singles sont vraiment épatants. Bref, à conseiller ! Et merci à Nono, un commentateur régulier sur le blog, de m'avoir donné envie de me pencher dessus, de me repencher dessus en fait, car je l'avais écouté une paire de fois il y à bien 15 ans, et depuis, plus rien...et je ne me souvenais quasiment plus de l'album, pour tout dire !
FACE A
Cold As Christmas (In The Middle Of The Year)
I'm Still Standing
Too Low For Zero
Religion
I Guess That's Why They Call It The Blues
FACE B
Crystal
Kiss The Bride
Whipping Boy
Saint
One More Arrow