Est-ce que vous connaissez les Nits ? Je sais que certains d'entre vous connaissent, notamment Csamsa, un des commentateurs réguliers du blog, vu que, lorsque j'ai, récemment, publié un petit défi aux lecteurs et aux membres de l'équipe (dresser une liste de leurs 10 albums de chevet), Csamsa, dans son commentaire, a indiqué cet album, que j'aborde aujourd'hui. Je fus totalement intrigué par cet album, ce groupe, je ne connaissais absolument pas (au passage, Csamsa n'en est pas à son coup d'essai : peu de temps auparavant, il m'avait conseillé deux albums de John Cougar Mellencamp, l'un des deux fut d'ailleurs aussi cité dans sa liste de 10 albums ; ces deux albums du Cougar seront abordés en juillet), je demande. Trois me répondent : Csamsa, évidemment, me disant ce que c'est et à quel point c'est vachement bien ; Leslie, qui me dit la même chose un petit peu avant ; et Ben, qui me dit ce que c'est, mais connaissait apparemment juste de nom. Bref, j'ai, au fond de moi-même, un petit peu l'air d'un con, de ne pas connaître, pas même de nom, les Nits. Qui sont une belle bande de bataves, au passage, vu qu'il s'agit d'un groupe néerlandais. Un groupe fondé en 1974 et qui est toujours en activité, leur album le plus récent datant de 2019. Celui-ci est un live, sorti en 1989 sous la forme d'un triple vinyle, par la suite réédité en CD (double CD), sorti sous une pochette toute noire avec une photo contrastée d'un musicien s'apprêtant à taper sur un gong. L'album s'appelle Urk, qui est le nom d'une ville des Pays-Bas. Il n'a cependant pas été enregistré live à Urk, peut-être qu'un des membres du groupes vient de cette ville, mais entre Amsterdam, Utrecht (Pays-Bas) et Moscou (URSS à l'époque) entre 1988 et 1989.
Long de deux heures (respectivement 62 et 58 minutes, donc sans compter les secondes, ça fait vraiment deux heures !), Urk offre 29 morceaux, tous des originaux du groupe, aucune reprise (je dis ça, parce que le second disque - CD, c'est sous ce format que j'ai découvert cet album - s'ouvre sur un morceau du nom de Port Of Amsterdam ; ce n'est pas une reprise de Brel, rien à voir). Le son est excellent et très intimiste. Je me doute bien que les Nits ne se sont pas produits dans des salles gigantesques, et l'effet donné par ce double live est d'assister à une prestation sobre et en petit comité. C'est chaleureux, on se sent bien. Le chanteur, Henk Hofstede (ausi à la guitare), possède une voix un peu en croisement entre Dave Gahan de Depeche Mode et Florian Schneider de Kraftwerk. Malgré la nationalité du groupe, ils chantent en anglais (du moins ici : il y à des morceaux en néerlandais sur leurs albums studio, d'après ce que j'ai pu constater en regardant leur discographie). Les autres membres du groupe, ici, sont Rob Kloet (batterie), Joke Geraets (double basse) et Robert Jan Stips (claviers). On a cependant la participation du Amsterdam Saxophone Quartet, sur Mask notamment. Comment définit la musique de ce groupe ? Imaginez de la pop (rien de rock, en revanche : pas de guitare électrique) mélangée à un petit peu de new-wave et de chanson à l'ancienne, vaguement folkisante. Certains pourraient citer un compatriote des Nits, Dirk Annegarn, et pourquoi pas. Peu importe ce que c'est, c'est juste sublime. C'est totalement original et prenant, on ne s'ennuie pas pendant les deux heures de musique. J'imagine qu'un fan du groupe, que quelqu'un qui connaît bien leurs albums (apparemment, In The Dutch Mountains de 1987 et Ting, de 1992, sorti donc après Urk, sont essentiels), s'éclatera totalement àécouter ce live qui fonctionne un peu comme un best-of.
En ce qui me concerne, comme je ne connaissais absolument rien d'eux, ça signifie que ce live, ce best-of live, a servi de tremplin, et je pense que je vais essayer de me procurer un jour les deux albums que je viens de citer et, pourquoi pas, les aborder ici par la suite. On pourrait croire que l'album n'est pas super accessible aux néophytes parce que c'est un live, long de plus, d'un groupe pas super commercial. Vu qu'il est, de plus, souvent conseillé, avant d'écouter un live, de connaître un tant soit peu l'oeuvre du groupe concerné, histoire de ne pas se faire de fausses idées, c'est peu dire qu'Urk (leur album le plus vendu) représentera une gageure pour certains : alors, j'y vais, je l'écoute en profane, ou bien j'essaie d'écouter leurs albums studios avant ? Du début à la fin, c'est un pur régal, et il est quasiment impossible de parler de tel morceau plutôt que d'autres. Notons la majestueuse beauté du très long (7,30 minutes, c'est le morceau le plus long, la majeure partie des titres, ici, font entre 3 et 4 minutes) The Skaters, la splendeur de Adieu Sweet Bahnof, les efficaces In The Dutch Mountains (qui aurait pu être un hit dans une autre dimension) et Dapperstreet, les géniaux Mask, An Eating House, The House, Port Of Amsterdam... Je ne sais pas quoi dire, en fait. Jamais nerveux (même les morceaux les plus 'soutenus' ne sont pas ce que l'on qualifierait de rock, je le redis ; si vous espérez un live de rock, Urk va vous décevoir) mais en revanche très poétique, drôle, tendre, mélancolique et au final assez inclassable (mais musicalement très accessible), doté d'une excellentissime qualité sonore, ce double live, triple en vinyle, est un régal absolu que l'on a envie de garder pour soi, bien secret, tout en ayant aussi envie, paradoxe, de le distribuer dans les rues, gratos, pour le faire découvrir à tout le monde. Merci, Csamsa !
FACE A
The Train
Adieu Sweet Bahnof
J.O.S. Days
Sketches Of Spain
In The Dutch Mountains
FACE B
The Dream
The Swimmer
The House
Two Skaters
FACE C
Cabins
Nescio
Pelican & Penguin
Telephone Song
Dapperstreet
FACE D
Port Of Amsterdam
Bike In Head
Mountain Jan
Walter & Connie
A Touch Of Henry Moore
FACE E
The Bauhaus Chair
Under A Canoe
Shadow Of A Doubt
Mask
Home Before Dark
FACE F
The Panorama Man
Slip Of The Tongue
An Eating House
Red Tape
Tons Of Ink