A peine six mois après avoir offert Sentimental Journey (disque moyen de reprises de chansons rétro des années 20 à 50, reprises dans leurs jus orchestraux), Ringo Starr nous offre un autre album studio, enregistréà Nashville (Tennessee, USA) s'il vous plaît : Beaucoup Of Blues. Malgré son titre à moitié français, ce disque court (33 minutes, 12 titres) n'est pas un disque de blues, mais de country. En même temps, à Nashville, on fait de la country, où on ne fait rien ! Toutes les chansons ont étéécrites par des auteurs de chansons country, aucun par Starr. Qui est entouré ici de Charlie McCoy, Pete Drake, Ben Keith, D.J. Fontana, Charlie Daniels, bref, des pointures du genre, ayant bossé notamment, pour certains, avec Bob Dylan (McCoy, Drake). C'est justement Drake qui produit le disque, qui fut enregistré en juin et juillet. Ringo et Drake se sont rencontrés durant les sessions du All Things Must Pass de George Harrison (album qui sortira en novembre). Starr a toujours été un fan de country et de western, ça semblait logique que, tôt ou tard, il fasse un disque de ce genre. D'ailleurs, la première chanson qu'il a signée au sein des Beatles, Don't Pass Me By, est assez country dans l'âme, entre son violon country et son rythme (e tmême ses paroles très je vais pleurer dans ma bière vu que tu vas m'quitter). Ici, on a deux styles de chansons country : celles qui vont vous faire bouger et celles qui vont vous faire chialer comme des camionneurs à qui on a volé le chargement pendant qu'ils se faisaient flûter par une pute au bord du restoroute. L'album ne sera pas un succès commercial, mais les critiques, à sa sortie, furent plutôt bonnes, on se dira juste que ce Ringo, décidément, ne fait rien comme les autres : un disque de reprises de standards crooner et un disque de country, rien de pop/rock, rien de beatle-esque au programme. Entre temps, il sortira aussi un single à succès, It Don't Come Easy (produit par Harrison qui joue dessus), mais personne ne se doutera qu'il faudra attendre 1973 pour qu'il refasse un album (et cet album sera, lui, pop/rock, Ringo). Que fera Ringo pendant ce laps de temps, 1971/1973 ? Outre un autre single (Back Off Boogaloo, glam, en 1972, très très bon), il se consacrera à une carrière d'acteur, que l'on peut charitablement oublier (films ratés, prestations affligeantes, désolé s'il y à des fans).
Intérieur de pochette vinyle
Bon, on reparle de Beaucoups Of Blues ? Disque de country, donc, et ce, malgré son titre qui mentionne le blues. Un titre que j'ai toujours trouvé un peu ridicule, ce mélange peu adroit (selon moi) entre français et anglais. En fait, c'est le 'of' qui me gêne, ça aurait sans doute été plus logique d'appeler l'album Beaucoups De Blues, même en conservant le 's'à la fin de 'beaucoups', comme on en met souvent un à la fin d'un mot français utilisé dans une phrase en anglais (de même, quelques villes françaises voient leurs noms se faire attribuer un 's'à la fin, par les anglophones : Marseille, Lyon, notamment ; c'est un détail, et je me demande bien pourquoi vous êtes en train de lire tout ça au lieu de vous demander quand est-ce qu'on va bien, putain, parler de l'album musicalement parlant). L'album n'est pas parfait de bout en bout, on a quelques facilités, mais, sincèrement, après un Sentimental Journey certes étonnant mais assez moyen, c'est un pas de géant avec bottes de sept lieues. Une seule chanson, ici, se retrouvera sur les best-ofs (en tout cas, sur celui de 1975 ; en même temps, je ne suis pas certain du tout que Photograph : The Very Best Of Ringo Starr de 2007 en propose d'autres de l'album) : Beaucoups Of Blues, qui ouvre le bal et sortira en single (avec, une face B, une chanson présente en bonus-track sur le CD, mais absente, sinon, de l'album, et des best-ofs - ça, au moins, j'en suis sûr -, Coochy Coochy. On a aussi Nashville Jam, une longue - presque 7 minutes ! - jam country en autre bonus-track, le CD dure facile 11 minutes de plus que l'album studio original). Cette chanson-titre n'est pas la seule de l'album à valoir le coup : Love Don't Last Long, Woman Of The Night, $15 Draw, I'd Be Talking All The Time et Silent Homecoming, notamment sont assurément d'excellentes chansons. Meilleures que Fastest Growing Heartache In The West et I Wouldn't Have You Any Other Way, qui sont un peu fadasses.
La country semble aller comme un gant à Starr, sa voix un peu hésitante encore (avec le temps, il s'améliorera entant que chanteur, mais ne sera jamais un grand baron du genre) va plutôt bien à ces chansons qui, bien souvent, parlent de mecs largués par leurs petites amies, de peines de coeur, etc. Enfin, les chansons de country ne parlent pas que de ça, mais parmi les chansons un peu larmoyantes de ce genre musical, c'est un thème récurrent. Super bien produit, ce disque sera, pour Starr, une super récréation, et un album qu'il escomptait faire depuis un petit moment. Les séances d'enregistrement se passeront tellement bien que plein de chansons seront enregistrées, trop pour en faire un disque simple (en 1992, des acétates - premiers pressages - d'un album du nom de Ringo In Nashville, album jamais sorti et constitué d'autres chansons des mêmes sessions et de prises différentes des chansons connues, sera vendu aux enchères). A noter, d'ailleurs, qu'il semblerait que Coochy Coochy, un des deux bonus-tracks, durait quelques 28 minutes au départ (au final, un peu moins de 5 minutes) ! Clairement, Ringo, durant l'enregistrement de ce disque, s'est fait plaisir, et ça s'entend totalement à l'écoute. Bien que pas parfait, Beaucoups Of Blues est au final un des meilleurs albums de Ringo Starr, un des albums recommandés si on veut découvrir la très inégale (mais parfois plus qu'intéressante) carrière solo de l'ex-batteur du plus grand groupe de rock au monde. Dernière précision : le clip plus bas contient tout l'album original et ses deux bonus-tracks, soit 44 minutes.
FACE A
Beaucoups Of Blues
Love Don't Last Long
Fastest Growing Heartache In The West
Without Her
Woman Of The Night
I'd Be Talking All The Time
FACE B
$15 Draw
Wine, Women And Loud Happy Songs
I Wouldn't Have You Any Other Way
Loser's Lounge
Waiting
Silent Homecoming