Quantcast
Channel: Rock Fever
Viewing all articles
Browse latest Browse all 3304

"Graceland" - Paul Simon

$
0
0

PS1

Je ne vais pas vous faire un cours d'histoire politique de l'Afrique du Sud, d'abord parce que je n'y connais pas grand chose en histoire (mouvementée) de ce pays, ensuite parce qu'on n'est pas là pour ça, mais à partir du moment où vous savez que : 

a)l'Apartheid, c'était une vraie saloperie

b)l'Apartheid battait encore son plein dans le pays à l'époque

à partir du moment où vous savez ça, alors vous savez à quel point, quand Paul Simon a sorti cet album en 1986, ce fut source de controverse. Des controverses, avec la musique et ce pays, il y en à eu. Quand les Byrds ont chanté là-bas dans les années 70 (pourquoi qu'ils y ont été, ces cons)...quand un collectif de musiciens occidentaux (U2, Pat Benatar, Bruce Springsteen il me semble, et pour ne citer qu'eux, sous la houlette de "Miami" Steve Van Zandt, guitariste du Boss) ont fait une chanson pour protester contre le projet Sun City, qui obligeait des milliers de Sud-Africains de couleur àémigrer dans des banthoustans (des 'villes' rien que pour eux, éloignées des métropoles), et cette chanson collective date, elle, à peu près de l'époque de cet album de Paul Simon. Lequel album a été enregistré en grande, grande partie avec des musiciens sinon sud-africains, du moins africains et de couleur. Et enregistré en partie à Johannesbourg, en Afrique du Sud. On accusera Simon de briser le boycott culturel (I won't gonna play Sun City !) et de cautionner le régime nationaliste afrikaner. Au final, on estimera avec raison que l'album, Graceland, ne contient certes aucune chanson anti-Apartheid, mais ne contient pas, non plus, de messages pro-Apartheid, ce n'est pas un album politique dans le sens strict du terme, et compte tenu que Simon a été l'enregistrer avec des musiciens noirs, on ne saurait l'accuser de cautionner le régime raciste alors au pouvoir.

Ah mais.

PS2

Cette controverse a presque fait oublier le niveau bordéliquement génial (enfin, si on met de côté, ceci dit, la dernière ligne droite de l'album : les deux derniers titres sont, je trouve, assez moyens ; le dernier, All Around The World Or The Myth Of Fingerprints, a été fait avec le groupe latino Los Lobos) de l'album, qui offre plusieurs classiques de l'ex-Simon & Garfunkel.

Impossible de ne pas citer You Can Call Me Al, avec son géniallissime clip montrant l'acteur comique Chevy Chase voler la vedette à Simon en libdubbant la chanson (pendant que le pauvre petit Simon fait ce qu'il peut pour attirer l'attention, regardez le clip en bas d'article), et son rythme remarquable, dansant et ensoleillé (des cuivres en pagaille, à ne plus savoir quoi en foutre).

Difficile de ne pas citer The Boy In The Bubble, chef d'oeuvre qui ouvre magnifiquement l'album.

Compliqué de ne pas parler du morceau-titre, inspiréà Simon par une visite de la fameuse propriété d'Elvis Presley.

Ca va être dur de ne pas parler de Diamonds On The Soles Of Her Shoes.

Comment faire, aussi, pour ne pas citer Under African Skies, splendeur interprétée en duo avec la folkeuse/countryseuse Linda Ronstadt (et la participation de la la Linda entraînera une autre polémique : trois ans plus tôt, elle acceptea de chanter à Sun City, ce complexe de loisirs controversé contre lequel pas mal d'artistes sollicités pour y venir ont refusé en faisant un collectif et une chanson engagée, j'en ai parlé plus haut). On peut aussi citer, sur l'album, Homeless, essentiellement chanté par des musiciens africains (ceux du groupe Ladysmith Black Mambazo) et que les Nuls parodieront quelques années plus tard en... Omelette. Si, si !

PS3

Graceland est un petit trésor de world music folkeuse, et sans doute le sommet de la carrière solo de Paul Simon, qui a cependant sorti d'autres très bons albums (Still Crazy After All These Years, One Trick Pony). Il faut cependant préciser qu'entrer dans ce disque ne sera pas forcément super facile au départ. A moins d'être déjà un grand fan de world music (dans ce cas, pas de problème !), Graceland vous résistera peut-être un peu au départ. Je me souviens, quand j'ai découvert le disque, plus interpellé par son titre et sa pochette (qui ne laissent pas supposer du contenu musical de l'album, c'est le moins que l'on puisse dire) que par ce qu'il contenait (je croyais ne rien connaître de l'album, en fai je connaissais déjàYou Can Call Me Al sans me rappeler son titre ni que c'était Paul Simon qui la chantait), j'ai, d'abord, un peu déchanté, ça ne me plaisait pas trop, dans l'ensemble. Mais je n'étais pas trop world music alors (ce n'est pas un genre musical dont je suis fana désormais, ceci dit, mais j'aime bien, de temps en temps, en écouter ; alors qu'à l'époque, ça ne m'aurait pas intéressé du tout d'écouter du Fela Kuti, Youssou N'Dour - qui participe rapidement àGraceland, il joue des percussions sur Diamonds On The Soles Of Her Shoes - ou Miriam Makeba), et donc, Graceland, j'ai mis du temps à vraiment l'apprécier, ce qui est désormais chose faite, même si je ne le sors pas souvent de sa pochette. Les 7 premiers titres sont exceptionnels (Gumboots fait référence à une danse sud-africaine pratiquée avec des bottes en caoutchouc), les 8ème et 9ème sont très bons, juste dommage que les deux derniers (oui, il y en à 11 en tout, pour 45 minutes) soient aussi moyens...et, de plus, en contraste musical aussi total avec le reste de l'album, n'ayant pas été faits avec des musiciens africains. Mais c'est pas grave, Graceland est, dans l'ensemble, un classique de la musique des années 80, un album essentiel. 

FACE A

The Boy In The Bubble

Graceland

I Know What I Know

Gumboots

Diamonds On The Soles Of Her Shoes

FACE B

You Can Call Me Al

Under African Skies

Homeless

Crazy Love, Vol II

That Was Your Mother

All Around The World Or The Myth Of Fingerprints


Viewing all articles
Browse latest Browse all 3304

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>