S'il a eu un beau passage à vide entre 1983 et 1987, Macca a su bien revenir les soutes chargées dès 1989 et son grandiose Flowers In The Dirt produit notamment par Trevor Horn et Elvis Costello. La suite n'en sera pas moins intéressante, Off The Ground en 1993 (en-dessous de l'album de 1989, mais tout de même meilleur que ceux de la période 83/87), Flaming Pie en 1997. En 1998, Linda, sa Linda, décède, d'un cancer. McCartney est anéanti. Il retrouvera le bonheur par la suite avec Heather Mills (d'avec qui il finira par divorcer quelques années plus tard...), mais il ne se remettra évidemment jamais de la mort de Linda, sa comparse sentimentale depuis la fin des 60's, sa comparse musicale au sein des Wings... En 2001, Paul sort un disque qui sera acclamé par la critique, un album produit par David Kahne et sorti sous une atroce photo de pochette le représentant, pris par un appareil photo situé, apparemment, dans une montre de poignet équipée d'un système photographique (un beau gadget, quoi). Assez long (67 minutes pour 16 titres, le dernier, Freedom, est non crédité et joué live), l'album s'appelle Driving Rain. C'est un disque qui offre de grandes chansons et s'impose même sans doute comme étant une de ses plus grandes réussites en solo. Deux ans environ après cet album, Macca commence à travailler sur Memory Almost Full (autre album produit par Kahne), qu'il sortira, finalement, en 2007, préférant se consacrer à un autre album qui, lui, sera fait en 2005, le grandiose Chaos And Creation In The Backyard produit par Nigel 'Radiohead' Godrich.
Mais retour sur Driving Rain. Certes long, et sans doute même un poil trop long, l'album n'en demeure pas moins une réussite, il aligne les merveilles comme un serial killer aligne ses victimes. Et notamment un Rinse The Raindrops hallucinant, quasiment progressif, de pas moins de 10 minutes, en final (avant Freedom, le morceau caché situé sur une seizième plage audio et non à la suite de ce long morceau sur la même plage). Ou ce Magic sublime en hommage à Linda, ce Heather quasi-instrumental dédiéà celle qui partage désormais sa vie (enfin, c'était le cas en 2001...), ce Riding Into Jaipur assez hindouïsant qui semblerait presque (presque !) en hommage à Harrison si ce dernier n'était encore en vie au moment de l'enregistrement de ce morceau et de l'album (atteint d'un cancer, il se savait déjà quasiment fini en 2001, il est mort en novembre de cette même année, mais quand Driving Rain est sorti, Harrison était encore de ce monde ; pour quelques jours seulement, certes, l'album est sorti une quinzaine de jours avant sa mort... Et quant à l'enregistrement de l'album, et donc de Riding Into Jaipur, c'était en janvier/février 2001, donc...). Freedom, le morceau caché, fut enregistré live en hommage aux victimes des attentats du 9/11. Macca fera retarder la sortie de l'album rien que pour pouvoir placer Freedom en titre bonus, non crédité (les maquettes étaient déjà parties à l'imprimeur, impossible de les modifier), en final. Autres sublimes morceaux, Lonely Road, Back In The Sunshine Again (avec Clapton) et Driving Rain. Après, on pourra aussi dire de l'album, comme je l'ai précisé plus haut, qu'il est trop long, et offre quelques (rares !) chansons un peu moyennes, comme I Do, Your Loving Flame ou Tiny Bubble. Si Macca a toujours offert au moins trois grands classiques (et souvent plus ; mais au pire, deux-trois) sur ses albums, il a aussi offert, sur ses albums, et au sein des Beatles, des mièveries type I Will (sur le Double Blanc), Maxwell's Silver Hammer (sur Abbey Road), When The Night (sur Red Rose Speedway), Teddy Boy (sur McCartney)... Driving Rain, disque qui sera bien accueilli par la presse mais dont le succès commercial sera inférieur aux attentes (il ne sera pas un bide commercial, mais ce n'est pas la meilleure vente du bonhomme ni de 2001), offre lui aussi des chansons un peu moyennes, mais rien de grave.
Plus concis, l'album serait meilleur, c'est vrai, mais en tant que tel, long de ses 67 minutes, Driving Rain est un excellent cru de Macca, un disque passionnant, alternant judicieusement entre orfèvreries pop/rock (type Wings) et chansons plus intimistes. En gros, si vous êtes un fan de Paul McCartney, cet album de 2001 est de ceux qu'il vous faut absolument écouter (mais sans doute est-ce déjà le cas), car s'il offre une petite poignée de chansons un peu secondaires (mais qui ne représentent qu'un cinquième, à peine, de l'album), il offre vraiment des sommets, ces Lonely Road, Magic, Rinse The Raindrops (terrible morceau !), From A Lover To A Friend, Freedom, Back In The Sunshine Again ou Riding Into Jaipur pour ne citer que ces titres. Voici donc un excellentissime cru de McCartney, un album qui vaut mieux que sa pochette réellement ratée (il faut l'admettre, cette image atrocement pixellisée est un carnage, l'idée était bonne, mais quand la technique ne suit pas... Ca me fait penser à celle du Silver & Gold de Neil Young, de la même période). Il ne sera sans doute jamais mon grand chouchou de Macca, en raison de sa durée assez imposante, mais je l'admets sans problème, Driving Rain est un de ses plus beaux efforts depuis 1989 ! Il sera cependant battu par l'album suivant, de 2005.
Lonely Road
From A Lover To A Friend
She's Given Up Talking
Driving Rain
I Do
Tiny Bubble
Magic
Your Way
Spinning On An Axis
About You
Heather
Back In The Sunshine Again
Your Loving Flame
Riding Into Jaipur
Rinse The Raindrops
Freedom