On continue notre périple vraiment passionnant dans la musique de John Mellencamp. On l'a vu récemment, il y à quelques jours, l'ex-Cougar a sorti, en 1991, Whenever We Wanted, disque de rock bien pur et dur, direct, sans chichis, qui cartonnera, mais qu'il dénigrera par la suite, disant que l'album a été fait à une période où il se préoccupait plus de peindre (la pochette de l'album le montre en train de jouer et chanter dans son atelier d'artiste transformé en studio, à moins que ça soit l'inverse), et que ça se ressent dans les compositions. Je trouve, comme je le disais déjà l'autre jour, que c'est malgré tout un excellent album, même un de mes préférés de lui pour le moment, je ne m'en lasse absolument pas, mais c'est son avis, je respecte. Cette déclaration un peu critique de Mellencamp date de 2005, dans une interview. Il parle aussi, rapidement, dans cette interview, de l'album suivant de sa discographie, pour dire qu'il a aussi été conçu dans un contexte vite, mon pinceau, j'ai une idée, mais qu'il est tout de même nettement meilleur à ses yeux (ou ses oreilles). Cet album suivant, il est sorti en 1993 et il s'appelle Human Wheels. Marrant : l'année précédente, Springsteen sortira l'album Human Touch. Mellencamp, lui, un an après, sort un disque qui porte presque le même titre, et comme on a souvent comparé les deux artistes, tous deux spécialistes en rock heartland...
Long de 45 minutes, Human Wheels est un excellent album (de plus) pour Mellencamp, qui abandonne ici le rock brut de décoffrage du précédent opus pour revenir un peu à des sonorités americana/country-folk. Lisa Germano (violon, mandoline, penny whistle), notamment, participe à l'album, sur lequel on entend aussi de l'accordéon, du dulcimer, du dobro. Un des musiciens, John Cascella (accordéon, orgue, melodica, penny whistle, choeurs) est décédé durant les sessions, brutalement (de quoi, je ne sais pas, accident, sans doute) et l'album lui est dédié. Album bien formaté (10 morceaux), Human Wheels offre sa ribambelle de merveilles mellencampiennes qui forcent littéralement le respect : When Jesus Left Birmingham (que Mellencamp a imaginéà Amsterdam, après un concert, roulant, de nuit, jusqu'à son hôtel et tombant sur un spectacle digne de Sodome et Gomorrhe selon ses propres termes, des putes, des businessmen, des touristes en train de s'éclater, il a eu l'impression que le bon sens avait quitté tout le monde) est une de ses meilleures ouvertures d'album. De même que To The River, co-écrite avec la chanteuse de folk Janis Ian (At Seventeen), est une de ses meilleures conclusions d'album.
On ne peut pas aimer Mellencamp et détester ce remarquable album, si méconnu du grand public (comme, chez nous, l'oeuvre du Cougar, il faut l'avouer ; star aux USA, personnage important de la scène rock heartland, il est dramatiquement sous-estimé en France), et sur lequel on trouve des réussites aussi flagrantes que Case 795 (The Family),Sweet Evening Breeze, Suzanne And The Jewels... French Shoes, asez funky, apparemment inspiré par Sly & The Family Stone, est probablement le morceau secondaire de l'album, il en fallait bien un et j'aurais aimé que ça ne soit pas le cas (qu'il n'y en ait pas sur le disque, donc), mais on n'y peut rien. Ca ne fait pas baisser la qualité globale de ce 12ème cru studio de John Mellencamp, un excellent album dans son ensemble, un album solide, réjouissant, attachant, que l'on écoutera avec un grand, grand sourire de contentement sur le visage. Décidément, ma découverte de ses albums (merci Csamsa d'avoir amorçé la poulie !) va de belles surprises en belles surprises. Sera-ce toujours comme ça ? On verra bien... Après cet album, Mellencamp sortira un Dance Naked en 1994 et un Mr Happy Go Lucky en 1996, mais c'est à 1998 que l'on va directement passer (sans pour autant affirmer que les albums que je viens de citer ne seront pas abordés, ils le seront un jour, sans aucun doute, et même plus tôt que vous ne le pensiez) pour la prochaine chronique, dans quelques jours.
When Jesus Left Birmingham
Junior
Human Wheels
Beige To Beige
Case 795 (The Family)
Suzanne And The Jewels
Sweet Evening Breeze
What If I Came Knocking
French Shoes
To The River