Aaah, la fameuse mode des MTV Unplugged des années 90... Eric Clapton, Bob Dylan, les Corrs, Nirvana, Alice In Chains, Alanis Morissette, et bien évidemment Neil Young, tous en ont au moins fait un. Certains de ces albums live sans électricité sont devenus des classiques (Clapton, Nirvana, Alice IN Chains), d'autres sont ratés (le Dylan), et pour d'autres, qu'ils soient ratés ou réussis, on s'en tamponne l'autoroute du soleil avec un préservatif en forme d'étoile (les Corrs, Alanis Couillonnette). Sorti en 1993, le manifeste acoustique de Neil Young s'appelle sobrement Unplugged, comme celui de Clapton et d'AIC d'ailleurs (et de Dylan), et il s'agit, lui, heureusement, d'une réussite, d'un des meilleurs albums de la série. Il est assez généreux : 14 titres pour quelques 65 (voire 67, je crois) minutes. Seule la pochette est à fuir comme une épidémie de gastro, mais on a l'habitude des pochettes flinguées, avec le Loner (et encore, celle-ci n'est pas atroce comme le sont celles de Zuma ou Landing On Water, c'est juste que, comme pour la pochette du Unplugged de Clapton, son grain d'image très 'captation d'image prise sur une TV' est horrible). Sinon, Neil, ici entouré notamment de Nils Lofgren, Ben Keith ou de la chanteuse Nicolette Larson, offre une prestation tout simplement admirable, faisant la part belle à son album studio le plus récent, Harvest Moon (1992, un chef d'oeuvre) : trois des chansons de l'album en sont issues, et pas les moins belles : Harvest Moon, Unknown Legend et From Hank To Hendrix. Dommage que le sublimissime War Of Man ne s'y trouve pas, vu qu'il fut joué pendant le show, ainsi que Dreamin' Man...
Qui dit 'acoustique' dit forcément que le Loner ne va pas, ici, nous interpréter ses cavalcades soniques que sont Powderfinger, Hey Hey, My My (Into The Black) - il aurait cependant pu interpréter son pendant acoustique, My My, Hey Hey (Out Of The Blue), qui manque ici -, Down By The River, Cortez The Killer ou Rockin' In The Free World (même si, là aussi, la chanson existe dans une version acoustique qui aurait pu faire partie du programme). Mais bon, je raconte portnawak, car qui empêcherait Neil Young de proposer une version acoustique de Cortez The Killer ou de Powderfinger ? Après tout, Unplugged offre Like A Hurricane, World On A String, Mr. Soul (de sa période Buffalo Springfield), Transformer Man (de son épouvantable Trans de 1982), chansons qui, à la base, ne sont pas acoustiques. L'album s'ouvre sur The Old Laughing Lady, de son premier album (1968), chanson peu connue et très belle, puis Mr. Soul (que le public reconnait aux premières paroles, mais apparemment pas avant !) et World On A String déboulent, sublimes. Pocahontas, chanson grandiose de Rust Never Sleeps parlant de la cause des Indiens, arrive, puis un morceau inédit datant de 1976, Stringman, très bon, et la suite mettra tout le monde d'accord : Like A Hurricane, The Needle And The Damage Done, Helpless, Harvest Moon, autant de chansons que le Loner se devait, sous peine de ne pas sortir vivant de la salle (ah ah ah !), de jouer là. C'est un peu plus étonnant pour Transformer Man, mais Neil ayant toujours défendu bec et ongles son Trans, on ne s'étonnera pas longtemps (et cette version est nettement supérieure à la studio). Unknown Legend est une merveille, Look Out For My Love (1975) est excellent (ce n'est pas Lookin' For A Love, de 1975 aussi, et de Zuma, c'est une autre chanson), Long May You Run, de l'album éponyme de son unique collaboration studio avec Stephen Stills (The Stills/Young Band) de 1976, est un intouchable, et From Hank To Hendrix termine magnifiquement l'ensemble.
Apparemment peu satisfait (pléonasme, en réalité !) de la prestation de l'ensemble des musiciens ayant joué avec lui ce soir-là, Neil Young offre une prestation vraiment excellente (et il doit être un poil perfectionniste, car, sincèrement, le rendu musical de cet Unplugged est vraiment bon, agréable à l'écoute). Dans l'ensemble, cette heure (et quelques minutes) d'écoute est agréable, on ne s'ennuie pas, on peut même regretter l'absence de certains grands classiques comme After The Gold Rush, Comes A Time, For The Turnstiles, Harvest, Heart Of Gold, Journey Through The Past ou Will To Love. Pour ne citer qu'elles. Mais dans l'ensemble, comme je l'ai dit, c'est vraiment un excellent live acoustique, probablement un des meilleurs de la série des Unplugged de MTV, et, sans être le meilleur live du Loner, c'est un de ses plus attachants. Pour fans du Loner et de musique acoustique, c'est indispensable !
The Old Laughing Lady
Mr. Soul
World On A String
Pocahontas
Stringman
Like A Hurricane
The Needle And The Damage Done
Helpless
Harvest Moon
Transformer Man
Unknown Legend
Look Out For My Love
Long May You Run
From Hank To Hendrix