Mark Knopfler a lancé sa carrière solo en 1996 avec Golden Heart (certains diront qu'en fait, via des albums de bandes originales - Local Hero - , Knopfler avait lancé sa carrière solo bien avant, ce n'est pas totalement faux). A ce moment précis, Dire Straits est séparé, fini, et le groupe, apparemment, ne se reformera jamais, Knopfler étant clairement passéà autre chose et il me semble même avoir lu quelque part qu'il n'est pas super heureux quand on lui pose cette question. Golden Heartétait, dans son genre (du roots rock, un peu country, un peu folk), très réussi, bien qu'un peu trop long, 70 minutes. Ce qui n'est hélas (si on peut dire) pas un cas isolé dans la discographie solo de Knopfler, qui sera certainement bien à l'honneur sur Rock Fever dans les prochaines semaines. L'album offrait de très belles chansons, on ne va pas dire le contraire, et quiconque aime Knopfler devrait, s'il ne connaît pas encore ce disque, l'écouter, il ne perdra pas son temps. Quatre ans plus tard, Mark Knopfler sort son deuxième album solo, sous une belle pochette bleu ciel (et pour cause...) montrant un avion de ligne. Long de 60 minutes, l'album s'appelle Sailing To Philadelphia et sera un très très gros succès commercial, je crois que c'est même le plus gros succès commercial pour un de ses albums solo. Tout ça, grâce à deux singles qui marcheront fort : What It Is et Silvertown Blues (le morceau-titre sortira aussi en single).
Sailing To Philadelphia a été enregistré avec Richard Bennett (guitare), Guy Fletcher (claviers, de Dire Straits), Glenn Worf (basse), Chad Cromwell (batterie), Paul Franklin (pedal-steel guitar), et on note la participation, le temps d'un morceau chacun, de deux pointures du genre : Van Morrison et James Taylor. Le premier chante en duo sur l'excellent The Last Laugh, et le second, en duo sur Sailing To Philadelphia, morceau sublime inspiré par le roman Mason & Dixon de Thomas Pynchon, roman qui met en scène, de manière quelque peu libre et pynchonesque, la création de la ligne Mason-Dixon, ligne imaginaire qui sépare le nord et le sud des USA (Mason et Dixon, deux explorateurs, ont littéralement traversé les USA d'est en ouest, au XVIIIème siècle). Sublime chanson. Mais des chansons sublimes, ce deuxième album en regorge : Wanderlust, Speedway To Nazareth, Prairie Wedding, Sands Of Nevada...Et il y à les deux singles, même si le deuxième que je vais citer n'est pas sorti en single partout, juste en Belgique et aux Pays-Bas (mais il passera fréquemment à la radio, en France notamment).
What It Is, qui ouvre le disque, est du pur Dire Straits dans le texte, la chanson aurait pu se trouver sur On Every Street (1991) sans détonner avec le reste de l'album. C'est un des morceaux les plus commerciaux, pop/rock, trépidants d'un album qui, grosso modo, prend son temps et est plus laid-back que du Dire Straits. C'est une excellente chanson, qui m'a fait acheter le disque à sa sortie, carrément. J'avais 18 ans (détail inutile), j'écoutais en gros plus de hrd-rock (AC/DC, Metallica, Guns'n'Roses, Iron Maiden) que ce genre de musique à l'époque, mais, en entendant ça à la radio, j'ai immédiatement accroché (évidemment, Dire Straits, je connaissais et aimais déjà). Je n'ai jamais regretté l'achat. L'autre single, Silvertown Blues, est indéniablement ma préférée ici, et est, aussi, assez proche du son de l'ancien groupe de Knopfler. Une sublime envolée, presque lyrique, bluesy, folk/rock. Beau à tomber par terre. L'album n'offre aucune mauvaise chanson. On peut citer El Macho, avec sa trompette un peu (mais pas trop !) mariachi, ou bien Who's Your Baby Now, Baloney Again, toutes les 13 chansons sont autant de pures petites merveilles qui font de Sailing To Philadelphia, probablement, le sommet de la carrière solo, loin d'être inintéressante, de Mark Knopfler. On peut presque parler d'album parfait dans son genre.
What It Is
Sailing To Philadelphia
Who's Your Baby Now
Baloney Again
The Last Laugh
Silvertown Blues
El Macho
Prairie Wedding
Wanderlust
Speedway At Nazareth
Junkie Doll
Sands Of Nevada
One More Matinee