Lui qui avait mis deux années entre chacun de ses trois précédents albums va en mettre trois pour le suivant. Qui ? Mark Knopfler. Mais si Knopfler a mis trois ans entre Shangri-La en 2004 (un très très bon album aux sonorités proches de Dire Straits) et cet album-ci, sorti donc en 2007, il n'a pas chômé pour autant dans l'intervalle : il a fait une tournée promotionnelle (sa première, il me semble, depuis celle du second album, car après son troisième, The Ragpicker's Dream, il s'est viandé en moto et annulera la tournée pour se soigner) puis a sorti un album en collaboration avec la chanteuse de country/folk américaine EmmyLou Harris, All The Roadrunning, en 2006. Suivi d'un live en duo, Real Live Roadrunning, la même année. Puis, entre janvier et mars 2007, Mark entre en studio (British Grove Studio, son propre studio, en Angleterre, à Chiswick, banlieue de Londres) afin, et toujours avec les mêmes musiciens (Richard Bennett, Guy Fletcher qui reste le seul membre de Dire Straits à continuer de collaborer avec son ancien leader, Glenn Worf...), d'y enregistrer son cinquième opus studio solo. Ce dernier est sorti en septembre, sous une pochette représentant, au centre de deux bordures argentées, des scooters Lambretta. Il s'agit d'un détail d'une peinture de John Bratby, de 1958. Le verso de boîtier est un autre détail du même tableau.
L'album s'appelle Kill To Get Crimson (le titre vient des paroles de la chanson Let It All Go, sur l'album) et, en 57 minutes, offre 12 titres. Produit par Knopfler, Guy Fletcher et Chuck Ainlay, l'album sera suivi d'une tournée mondiale et se vendra très bien, sans toutefois atteindre les sommets de vente des albums de Dire Straits et de Sailing To Philadelphia (2000). Force est de constater de toute façon que sans être un mauvais cru de Knopfler (je ne suis pas certain qu'il ait sorti un mauvais album, le pépère...mais je ne veux pas spoiler la suite du cycle, donc je ferme ma gueule sur le sujet), Kill To Get Crimson est moins passionnant que les précédents opus. En fait, le souci de cet album très bien produit (une constante chez lui), c'est qu'il démarre assez moyennement. True Love Will Never Fade, sorti en single promotionnel, est un peu ennuyeuse, elle tourne en rond, même si la mélodie n'est pas moche pour autant. The Scaffolder's Wife est du même genre, un peu morne, un peu plan-plan, déjà deux morceaux et je me demande si le reste sera de ce genre, et si c'est le cas, j'ai déjà envie d'en écouter le dernier morceau. Ce n'est qu'à partir de Secondary Waltz, un morceau assez ancien (dans une interview de 1985, Knopfler la citera parmi des morceaux qu'il a écrits et pas encore enregistré) et qui mérite bien son titre, que l'album semble, enfin (et c'est déjà trop tard, on en est à la moitié), se lancer.
Après, sincèrement, c'est du bon, Punish The Monkey (sorti en single aussi, aux USA), Let It All Go, Madame Geneva's et le long (7,30 minutes) final In The Sky (une vraie splendeur) sont de belles réussites. Notons cependant que dans la première moitié, The Fizzy And The Still est tout de même sympa. Mais Kill To Get Crimson n'en demeure pas moins un album inégal, pour le moment le moins passionnant et réussi (restons relatifs : la première partie de l'album est certes un peu décevante, mais rien n'est à chier ici non plus) des albums solo de Mark Knopfler. J'ai pris du plaisir à l'écouter, mais tout de même moins que pour les précédents (au passage, je n'avais pas entendu que du bien de Shangri-La, son précédent opus, et m'attendais à ne pas trop l'apprécier, mais c'est le contraire qui s'est produit). Même si la carrière solo de l'ex-Dire Straits est sans doute une des plus intéressantes et réussies d'un ancien membre de groupe avec celle de Peter Gabriel et celle de Sting (au sujet de ce dernier, deux albums solo pas encore abordés ici devraient, dans un avenir relativement proche, faire leur entrée sur le blog), on ne peut pas tout réussir à 100%, et après quatre albums oscillant entre le génial et le vraiment réussi, ce cinquième cru est un peu inégal. Plus court, il aurait été nettement meilleur. Mais c'est le 'problème' des albums de Knopfler, ils sont souvent assez longs, le plus court atteignant tout de même 52 minutes (le suivant, d'ailleurs) !
True Love Will Never Fade
The Scaffolder's Wife
The Fizzy And The Still
Heart Full Of Holes
We Can Get Wild
Secondary Waltz
Punish The Monkey
Let It All Go
Behind With The Rent
The Fish And The Bird
Madame Geneva's
In The Sky