Je suis incorrigible : j'achève l'année 2020, sur le blog, par un album de Rod Stewart. Comme si on n'avait pas déjà suffisamment de soucis comme ça... Et en plus, regardez-moi cette pochette. Non mais regardez-moi ça, si c'est pas ridddikulus : Rod le péroxydé, assis sur un fauteuil type empire, ou Louis XVI, ou Henri XXXXVII pour ce que ça change, pieds-nus, en robe de chambre d'intérieur et pantalon de pyjama (la teinte sépia de la photo empêche d'être catégorique), fauteuil juché sur des...parpaings, nom de Dieu ! Et expression quelque peu fier-cul, l'air de dire je daigne, l'espace d'un instant, m'intéresser à ta misérable vie, aussi, sois bref, parce qu'une pipe aux glaçons pratiquée pqr les bons soins de ta soeur m'attend dans la pièce d'â côté. Au verso, on ne voit que son visage, pris de trois-quarts comme une bonne vieille photo de chez Harcourt, il semble songeur, parti loin dans les souvenirs (aaah, le bon vieux temps où je n'étais pas un ringard...). L'album est sorti en 1995. Il fit suite à un Vagabond Heart (1991) d'étonnamment correcte facture, pas un album transcendant, non, mais un album appréciable, ce qui, déjà, était presque trop demander à Rod Stewart à l'époque. Ce nouvel album, ce successeur, son plus long à l'époque (il dure en effet 57 minutes), que vaut-il, lui ? Ah, au fait, il s'appelle A Spanner In The Works.
L'album a été produit par sept producteurs différents, dont Rod ; comme pour le précédent (il y en avait six, des producteurs, dont Rod, là aussi), ça dépend des morceaux. Lenny Waronker, Trevor Horn, Bernard Edwards (de Chic), Michael Ostin, Rod Stewart, James Newton-Howard et Andy Taylor (de Duran Duran, grrrr, arrfff, ksssss). Niveau musiciens, c'est la foire à neuneu : Tim Pierce, Robin ''Johnny m'appelait Robinou'' Le Mesurier, Lee ''Father Time'' Sklar, James Newton-Howard, Kenny Aronoff, Davey Johnstone, Trevor Horn, Carmine Rojas, Bernard Edwards, Andy Taylor, Lol Creme, David Lindley, Lenny Pickett, Paulinho Da Costa, Guy Pratt, Stephen Lipson, Billy Preston, Jeff Golub, Michael Landau... De quoi me permettre de presque boucler le second paragraphe de cette chronique, en bonne grosse feignasse. Mais je suis méchant. Je donne l'impression que cet album, en grande partie constitué de reprises (Rod en a souvent mis sur ses albums, rarement autant qu'ici), est merdique. En fait, non. Vagabond Heartétait correct. Ce successeur est encore meilleur, son meilleur depuis Foot Loose & Fancy Free, oui oui. Ne vous fiez pas à sa pochette ridicule. L'album offre certes quelques morceaux moyens, comme le sirupeux You're The Star, ou bien cette reprise d'un air traditionnel (Wild Mountain Thyme) rebaptisée, avec de nouvelles paroles, Purple Heather, et écrite pour l'équipe d'Ecosse, pour la Coupe d'Europe de Football 1996. Rod est britannique, certes, mais d'origine écossaise (déjà, regardez la pochette de l'album Smiler, 1974...). Cette chanson qui achève le disque, sincèrement, n'est pas transcendante.
Les reprises, ici, sont les meilleurs moments (ce qui est un peu con, c'est vrai, mais Rod est presque plus un interprète qu'autre chose, en même temps) : Hang On St. Christopher (de Tom Waits), Soothe Me (de Sam Cooke), Sweetheart Like You (de Bob Dylan), The Downtown Lights (de The Blue Nile)... En revanche, Leave Virginia Alone (de Tom Petty) est, elle, écrite pour l'album. Les chansons originales (Lady Luck, Delicious - qui est pas mal quand même, très rock -, Muddy, Sam And Otis, sont pas aussi réussies, mais dans l'ensemble, A Spanner In The Works est la continuité du retour en grâce d'un Rod Stewart qui, franchement, à la fin des années 80, était dans un tel état que l'euthanasie aurait été une solution envisageable si ça avait dû se prolonger plus longtemps. Bref, sans le recommander sans réserve, je peux vous dire que cet album n'est pas à fuir comme la peste. Une assez bonne surprise ! Autant je n'avais pas spécialement envie de réécouter Vagabond Heart une fois l'album terminé, autant, là, je me laisserais bien tenter à nouveau...
Windy Town
The Downtown Lights
Leave Virginia Alone
Sweetheart Like You
This
Lady Luck
You're The Star
Muddy, Sam And Otis
Hang On St. Christopher
Delicious
Soothe Me
Purple Heather