C'est pas moi qui, il y à peu de temps, genre une bonne semaine, a dit que One For The Road serait la dernière chronique de mon cycle consacré aux Kinks ? Ben, pardon ; il va y en avoir encore une ou deux. Une autre en plus de celle-là, en tout cas. Bon, vous vous souvenez, les précédents albums que je vous ai proposés étaient Misfits (1978), Low Budget (1979) et donc, le double live One For The Road (1980). Je faisais une sorte de mea culpa concernant les deux premiers albums cités, c'était la première fois (pour le live aussi) que je les chroniquais, mais dans certaines chroniques précédentes (celle de Sleepwalker, de 1977, notamment), je chiais dessus, disant que ce n'était vraiment pas bon. C'est vrai, autrefois, je ne les aimais pas, ces deux albums. Mais j'ai appris à les aimer, et je le reconnais sincèrement, ils sont très bien. Enfin, Low Budget n'est pas parfait (Pressure, notamment, je n'aime pas trop ; un morceau très speedé, quasiment punk, et ça ne fonctionne pas trop avec les Kinks), mais il est quand même vraiment à réhabiliter, ce que j'ai essayé de faire. Pour One For The Road, ce fut plus compliqué. Les morceaux de Low Budget y sont efficaces, mais les plus anciens, arrangés à la sauce stadium rock/hard-rock, ne fonctionnent pas tous comme il faut. Ca fait un peu caricatural et même, autant le dire, vulgaire. Et cette pochette, mon Dieu, à rendre aveugle n'importe qui. Le groupe de Ray Davies (n'oublions pas son frangin Dave, encore là, mais il a bien du courage) plonge à fond dans le rock le plus effréné, la course au gros son hard, ils plongent dans le piège, un peu comme les Stones, mais pire encore que la bande à Jagger et Richards.
Après le double live, les Kinks enregistrent leur nouvel album studio (leur 19ème), qui sortira en 1981 aux USA, mais qui attendra janvier 1982 pour débarquer en Angleterre. Rappelons que le groupe est britannique, et même bien britannique (dans les années 60, quand pas mal de groupes british essayaient de sonner le plus yankee possible, les Kinks, eux, tentaient de sonner le plus britishement anglais possible). Mais ils semblent, ici, chiquer aux Américains, autant le dire. Ce nouvel album s'appelle Give The People What They Want, un titre qui sonne comme un slogan contestataire (et la pochette, d'ailleurs, montre le titre tagué sur un mur et Ray Davies, car il me semble que c'est lui, qui s'enfuit, sans doute après l'avoir tagué). La pochette fait très punk. Produit par Ray Davies, l'album est sorti sur Arista, label sur lequel les Kinks ont signé en 1977. Ils avaient quasiment foiré leur précédente période (RCA : 1971/1976), celle-ci ne semble pas meilleure. Si Low Budget, bien qu'imparfait, était tout de même bien sympa et recommandé (il faut juste s'habituer à ces sonorités power-pop), ce nouvel album, ce cru 1981, est une merde abyssale. Oui, j'ose le dire : au moment de sa sortie, Give The People What They Want est le pire album du groupe. Soap Opera (1975), à côté, c'est Sticky Fingers. Comment le dire clairement et sans sombrer dans la plus totale grossièreté vis-à-vis des Kinks, groupe que j'aime tellement jusqu'à présent ? Après avoir plongé dans le rock de stade, proche du hard-rock, les Kinks, ici, sonnent, souvent...Punks.
Oui, punks. Je n'ai d'ailleurs pas hésitéà mettre le tag 'punk-rock' en bas d'article, parce que la furie, le frénétisme de la majeure partie des morceaux (Add It Up, Predictable, Around The Dial...) font vraiment penser à du punk. Mais du punk ras-du-front, en plus, pas du niveau des Clash. De la part d'un groupe qui, 10 ans plus tôt, nous offrait Muswell Hllbillies, je peux vous certifier sur facture que ça fait très mal. Presque physiquement, en fait. Si on met de côté le dernier titre, Better Things (et encore, et encore...ce n'est tout de même pas d'un niveau excellent, Better Things), Give The People What They Want est une merde totalement épouvantable. Je ne dis pas ça pour casser inutilement du sucre sur le dos d'un groupe majeur des deux précédentes décennies (même si les années 70 furent quand même compliquées, très compliquées), mais là, c'est juste impardonnable. C'est pire qu'une caricature, en fait. On assiste à la déchéance d'un groupe qui tente de sonner à la mode (même si en 1981, la vague punk est passée ; hé, Ray, c'est en 1977 ou 1978 qu'il aurait fallu faire ce genre de musique !), mais qui s'enfonce inexorablement. Quant aux albums que j'aborde prochainement, ça sera State Of Confusion, et ensuite, Word Of Mouth mais je m'arrêterai là, mon système nerveux ne supporterait pas le choc si je me risquais dans les albums suivants (Think Visual, UK Jive, Phobia).
FACE A
Around The Dial
Give The People What They Want
Killer's Eyes
Predictable
Add It Up
FACE B
Destroyer
Yo-Yo
Back To Front
Art Lover
A Little Bit Of Abuse
Better Things