Allez, encore un petit Jeff Beck ! On l'a quitté en 1972, avec JeffBeckGroup, quatrième et dernier des albums de son Group (deux albums immenses avec une première mouture du Group, et deux autres avec une autre mouture, moins réputée, mais intéressante), un album éponyme ma foi très sympa et réussi mais qui ne fera pas des folies dans les charts et le coeur des rock-critics, c'est le moins que l'on puisse dire. Jeff, ensuite, fonde Beck Bogert & Appice avec la section rythmique de Vanilla Fudge et Cactus (Bogert, immense bassiste, nous a quittés en janvier dernier, d'ailleurs), supergroupe qui fera un album éponyme en 1973, plus un double live sorti au Japon la même année et dont, qui sait, je parlerai sans doute ici un jour. Ils ont fait un autre album qui, hélas, reste encore inédit à l'heure actuelle, inachevé. En 1974, Jeff Beck enregistre (le disque sort en 1975) Blow By Blow, disque de jazz-fusion produit par l'immense et regretté George Martin, excusez du peu. Un disque instrumental franchement remarquable proposant notamment une relecture du She's A Woman des Beatles. L'album marchera très bien. Un an plus tard (1976), Wired, du même acabit (encore une fois avec Martin à la production, mais cette fois, pas que Martin), sur lequel l'ancien claviériste du Mahavishnu Orchestra, Jan Hammer, participe à la production et aux synthés. La tournée de Wired sera l'occasion pour Beck et le groupe de Hammer de collaborer.
Cette collaboration va donner un album, sorti en 1977. Un live, donc, sorti sous une pochette des plus simples et un peu rebutante : une photo de Beck, en pleine action, sur fond rouge foncé, et au verso, une photo scénique de Beck et Hammer, grossièrement placée sur le même fond coloré, comme un vulgaire découpage. Le titre aussi est bien con : Live With The Jan Hammer Group. Lequel groupe est constitué de Tony Smith (batterie), Jan Hammer (claviers), Fernando Saunders (basse) et Steve Kindler (violon, guitare rythmique). Beck est donc à la guitare, en invité de luxe. Le style ? Evidemment, du jazz-rock fusion, essentiellement instrumental, et ce qui est chanté l'est soit par Hammer (Earth (Still Our Only Home)), soit par Smith (Full Moon Boogie). Qualité audio purement exceptionnelle pour cet album produit par Hammer lui-même. Musicalement, ce live, court (45 minutes à tout péter, seulement 7 titres), fait la part belle àBlow By Blow : Freeway Jam, la reprise des Beatles, Scatterbrain, sont issus de l'album de 1975. Blue Wind (qui s'ouvre sur un snippet de Train Kept A-Rollin') est, lui, issu de Wired. On a aussi des titres de Hammer et de so Group, comme Full Moon Boogie et Darkness/Earth In Search Of A Sun.
Que dire ? Il faut aimer, vraiment aimer le jazz-rock, parce qu'avec ce live collaboratif (qui, il me semble, à sa sortie, ne sera pas super bien accueilli et finira régulièrement dans les bacs à soldes ; j'ai dégotté, il y à quelques mois, un exemplaire vinyle d'époque ou de deux-trois ans après sa sortie, qui était encore emballé de son blister - neuf donc - et avec, dessus, un sticker 'nice price'), on n'a affaire qu'àça. Pas du tout du rock pur et dur, encore moins du blues-rock. Certains diront que Jeff Beck s'est laissé aller en 1975/1977, avec cette période jazzy, qui culmine avec ce live, mais force est de constater que son jeu de guitare, ici plus inventif, cadre très bien. Il suffit d'écouter le fulgurant Scatterbrain, l'intense Freeway Jam d'ouverture, ou ce Full Moon Boogie remarquable, pour s'en convaincre. Après, certes, ce n'est pas d'une folle accessiblité, et je peux comprendre que l'on n'accroche pas, mais à petites doses, ce live est vraiment très agréable.
FACE A
Freeway Jam
Earth (Still Our Only Home)
She's A Woman
Full Moon Boogie
FACE B
Darkness/Earth In Search Of A Sun
Scatterbrain
Blue Wind