War, ça vous parle ? Groupe américain fondé en 1969 et qui, à la base, s'appelait Eric Burdon And War, tout simplement parce que le leader du groupe n'était autre qu'Eric Burdon, britannique de nationalité, chanteur hors-pair et ancien leader des mythiques Animals, un des groupes cultes des années 60 (The House Of The Rising Sun, Don't Let Me Be Misunderstood). Burdon quitte ses Animaux et fonde ce groupe avec l'aide du producteur Jerry Goldstein. Eric Burdon And War va faire un funk-rock assez engagé (le nom du groupe n'est pas anodin) et sort son premier album en 1970 (il faudra bien que j'en parle ici un jour, d'ailleurs), Eric Burdon Declares "War", un album qui ne contient que 5 titres assez longs, parmi lesquels un Tobacco Road de presque 14 minutes et un Blues For Memphis Slim presque aussi long, mais est remarquable. La même année, mais plus tardivement, le groupe sort son deuxième album, que j'avais abordé ici il y à quelques années, The Black-Man's Burdon (jeu de mots sur "the black man's burden", "le fardeau de l'homme noir"), un album qui symbolise parfaitement la liberté de l'époque : double album assez généreux (90 minutes) sorti sous une pochette assez osée (deux filles nues, blanches, alanguies dans l'herbe, devant les membres du groupe torse-nu, pour la photo qui orne l'intérieur de pochette, faut le faire, en 70 !), rempli à ne plus savoir quoi en foutre de suites de morceaux (Nights In White Satin ou Paint It Black sont revisitées, presque sur une face entière à chaque fois, par le groupe), cet album n'est pas un chef d'oeuvre, il est pas mal, intéressant, mais longuet. Burdon quitte War juste après. Le groupe continue sa petite affaire, sous le nom de War (ou WAR, comme on l'orthographie souvent) et va tenir sa carrière, pépèrement, à son rythme (dernier album en 1994, mais le groupe s'est reformé par la suite pour des concerts).
En 1971, le groupe sort War et All Day Music, ses deux premiers albums en tant que groupe seul (ils étaient presque plus les accompagnateurs de Burdon qu'un groupe dont Burdon était le chanteur, en fait), tous deux très bons. Mais leur sommet va venir en 1972, sous une géniale pochette dessinée par Howard Miller et un des membres du groupe (l'harmoniciste et percussionniste Lee Oskar) : The World Is A Ghetto. 6 titres (pour 44 minutes) parsèment cet album génial qui compte assurément parmi les joyaux absolus du funk et de la soul. Avec des touches de jazz par moments, on peut le dire. Concernant la pochette, il m'est difficile de ne pas penser aux pochettes d'albums de Miles Davis faites par Corky McCoy (On The Corner, Water Babies, In Concert), tant le style urbain y est proche de celui de cette pochette de War. On s'en doute, mais avec un nom comme War et un titre tel que "Le monde est un ghetto", cet album n'est dans l'ensemble pas très léger, c'est assez engagé politiquement parlant, et pas à droite. Le morceau-titre, long de 10 minutes, est une authentique merveille, sans doute le morceau le plus connu du groupe, à moins que ça ne soit l'ouverture, The Cisco Kid, chanson qui s'inspire de la série TV des années 50 du même nom, qui narre les aventures de deux outlaws latino, Cisco et Poncho.
Tous les morceaux de cet album légendaire sont remarquables (Beetles In The Bog, Four Cornered Room), mais pour moi, le sommet de The World Is A Ghetto est le final de la première face, City, Country, City, morceau le plus long (13 minutes), totalement instrumental, et qui est la meilleure description de la musique audible sur l'album, mélange entre funk, soul, rock et jazz. A la suite de cet album mémorable, War va sortir le très bon Deliver The Word en 1973, qui sera suivi d'un double live que j'aborde prochainement (et qui s'appelle, connement, War Live). Je connais mal, voire par du tout, ce qui viendra ensuite, en revanche, mais je sais que War a toujours été considéré comme étant un des meilleurs groupes de soul/funk, j'imagine donc que dans l'ensemble, ça doit être très bon. Cet opus de 1972, lui, en tout cas, est sublime !
FACE A
The Cisco Kid
Where Was You At
City, Country, City
FACE B
Four Cornered Rooms
The World Is A Ghetto
Beetles In The Bog