Embarrassé je suis. Pourquoi ?
Parce que je me demande :
a) s'il faut parler de ce groupe, de ce style musical, ici
b) ce que j'en pense, de cet album
Et dans le b), la réponse pourrait se scinder en a) : je ne sais pas, et b) je n'ai pas envie de le savoir.
Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de Death In June, et de néofolk, ou de dark folk, mais je pense que oui, si vous vous intéressez à tous les styles de musique qui existent, si vous êtes curieux dans l'âme. Je tiens à le dire ici, en premier lieu, je ne suis pas fan du tout de ce style musical, dont je ne connais qu'un seul album, celui que j'aborde aujourd'hui, sorti en 1992, But, What Ends When The Symbols Shatter ?, de Death In June donc. Et je n'ai pas envie d'en connaître davantage, car non seulement je n'ai pas aimé ce que j'ai écouté (ce qui explique la présence de cet album dans la catégorie des ratages), pas aimé du tout même, mais en plus, ce groupe me gêne vraiment. Le fait d'en parler ici me gêne vraiment. Mais alors, pourquoi en parler ? Sans doute pour crever un abcès, du style OK, j'ai abordé le truc, c'est fait, maintenant, on passe à autre chose. Et cet autre chose va être, je l'espère, passionnant, et en tout cas très varié, d'ailleurs.
Death In June (Mort en Juin), déjà, le nom ce groupe... Groupe britannique fondé en 1981 par Douglas Pearce et Tony Wakeford sur les cendres de Crisis, un groupe de punk-rock très politisé, qui a notamment joué dans des festivals ou évênements tels que Rock Against Racism ou l'Anti-Nazi League. On peut se dire qu'un groupe qui joue au cours d'évênements aussi positifs que ça (lutte contre le racisme, contre le nazisme et les néonazis), c'est cool. Mais le souci, c'est que Pearce, un mec curieux qui se produit, se montre, sous un masque chelou et angoissant (photo ci-dessus), va se faire un malin plaisir à brouiller les cartes. Le nom de ce groupe viendrait de la fameuse Nuit des Longs Couteaux, 29 au 30 juin 1934, au cours de laquelle les SS ont exterminé les SA. Douglas Pearce semble vouer une admiration pour Ernst Röhm, leader des SA, assassiné cette nuit-là. Il est aussi fan de Nietzsche, Mishima, Joy Division, les légendes nordiques. Il utilise l'iconographie nazie (les trois barres parallèles, la totenkopf, la main gantelée de noir) et païenne (les runes), porte des tenues de camouflage allemand des Waffen SS... Quand on sait que le mec est homosexuel (revendiqué sans honte) et qu'il a participéà des concerts anti-racisme et anti-fascisme, on se demande à quel moment il y à eu un souci dans son cerveau.
Le courant musical dit de néofolk, dont ce groupe est un des fers de lance, est d'ailleurs souvent, sans doute trop souvent pour ceux qui en écoutent et ne se reconnaissent pas dans cette idéologie (il ne faut, en effet, pas tout mélanger : ceux qui écoutent du black metal ne sont pas tous des crameurs d'églises scandinaves doublés d'assassins sataniques), associéà l'extrême-droite proto-fasciste, aux idéologies et iconographies nazies ou néonazies. A un point tel que l'écoute d'un album de ce groupe, Death In June (javoue avoir écouté cet album, considéré souvent, apparemment, comme étant leur meilleur, par curiosité, tout comme j'ai, ado, un peu écouté de black metal, pour voir ; bon, ben, j'ai vu, et je n'ai pas envie d'en voir, ou d'en écouter, d'avantage, dans les deux cas) est imprégnée de soufre, de malaise. On a limite un goût de sang dans la bouche. Quand on sait en plus que He's Disabled, The Mourner's Bench, Because Of Him et Little Black Angel, quatre des morceaux de l'album, sont directement inspirés par des morceaux issus de l'album He's Able du People's Temple Choir de Jim Jones... Jim Jones. Ce cinglé qui, après avoir renié sa foi en apostasie, a fondé le Temple du Peuple, une secte qu'il a basé au Guyana, et qui a, en 1978, organisé un suicide collectif atroce (918 victimes dont 304 enfants) par empoisonnement, juste avant de se faire sauter le caisson. J'ai envie de dire qu'un groupe qui reprend, même en les détournant apparemment (je n'ai pas été vérifier jusqu'à quel point), des chansons de gospel issues d'une chorale de secte tarée est lui-même un groupe de tarés. A quel moment Pearce s'est-il dit tiens, je vais reprendre du Jim Jones ? La prochaine étape, c'est quoi ? Reprendre du Charles Manson (car il a sorti des disques, aussi, ce taré) ? Dire que Death In June a repris le Horst Wessel Lied...
La seule chose à sauver ici, c'est la pochette, étrange, qui met mal à l'aise aussi (un certain côté aryen dans ce graphisme, ou alors c'est le sub-contexte qui fait travailler le cerveau pour qu'on fasse cette association d'idées), mais qui marque les esprits. Et le morceau-titre, mélodiquement prenant, qui reste longuement en mémoire. Mais sachez que si vous avez peur de voir d'autres albums de ce groupe ici, vous pouvez dormir tranquilles. Ce n'est vraiment, mais alors vraiment, pas ma came, je suis même gêné d'en parler, vu que c'est totalement à l'opposé de mes convictions personnelles, tant musicales que - surtout ! - idéologiques. Mais disons que c'est dans l'optique ''rien d'interdit'' du blog. Ca ne vous plaît pas, de voir ce groupe ici ? A moi non plus, mais allez, demain, un autre article le remplacera, et on n'en parlera, dès lors, plus. Considérons cet article plus comme un coup de gueule contre une certaine forme de musique que comme étant une chronique de disque, parce que de ce disque, au final, on n'en a pas vraiment parlé, et ce n'est pas dramatique.
Death Is The Martyr Of Beauty
He's Disabled
The Mourner's Bench
Because Of Him
Daedalus Rising
Little Black Angel
The Golden Wedding Of Sorrow
The Giddy Edge Of Light
Ku Ku Ku
This Is Not Paradise
Hollows Of Devotion
But, What Ends When The Symbols Shatter ?