Quand j'ai abordé le Recorded Live de Ten Years After il y à plusieurs semaines, quelqu'un, dans les commentaires (Csamsa, je crois que c'est toi ! Mais Leslie aussi en avait parlé) avait cité le live In Flight d'Alvin Lee, en précisant qu'il valait le coup. Leslie, lui, avait dit qu'il le connaissait de réputation seulement, mais qu'il était tenté. Il n'en fallait pas plus pour titiller ma curiosité, comme l'article ici présent le prouve. C'est avec un petit retard (j'ai découvert l'album en février...) que la chronique déboule, voici donc In Flight. Mais d'abord, qui est (ou plutôt, était, car il est mort en 2013) Alvin Lee ? C'était, tout simplemnt, le leader (chant, guitare) de Ten Years After, fameux groupe de rock à tendance bluesy ayant sorti, dans les années 60/70, quelques excellents albums (Cricklewod Green, Watt, Ssssh). Les 10 Ans Après, je dois dire, j'aime bien, mais sans pour autant hurler de joie que c'est un groupe d'enfer et le meilleur de tous les temps. Il y à un petit quelque chose qui m'a toujours gêné chez eux, et je ne m'étais pas gêné pour le dire dans ma chronique de leur Recorded Live de 1973 récemment, c'est le côté m'as-tu-vu d'Alvin Lee. Très bon chanteur, et surtout immense guitariste, il jouait vite et bien, mais il transpirait une sorte de suffisance, de prétention, l'air de dire vas-y, essaie de jouer aussi vite et aussi bien, que je rigole un peu. Entre ça et la tendance du groupe, en live (I'm Going Home, aussi bien à Woodstock que dans d'autres versions), à insérer, à tort et à travers, des snippets de tel ou tel standard de rock'n'roll, genre on est des génies, on peut tout jouer), enquillés à la suite, toutes les 5 secondes, Come on honey, whole lotta shakin' goin' on, and it's one for the money, two for the show, don't step on my blue suede shoes, tutti frutti, aw rootie... J'ai toujours trouvé que ça faisait con.
Et puis, au fond, aucun album studio du groupe n'est parfait, chacun contient au moins une chanson un peu moyenne. Mais je ne nie absolument pas le talent guitaristique de Lee, qui quitte son groupe en 1974 (en fait, en 1974, le groupe se sépare, tout simplement) et fonde son nouveau groupe, Alvin Lee & Co, constitué notamment de Mel Collins (saxophone), Neil Hubbard (guitare rythmique), Ian Wallace (batterie ; tout comme Collins, il fit, un temps, partie de King Crimson), Alan Spenner (basse) et Tim Hinkley (claviers), plus les choristes Dyan Birch, Paddie McHugh et Frank Collins (aucun lien avec Mel). Le groupe se produit live au Rainbow Theatre de Londres le 22 mars 1974, y enregistre ce qui deviendra le double live In Flight qui sort plus tard dans l'année, et dure 94 minutes, durée bien généreuse et qui promet. J'aime bien la pochette, Alvin le Faiseur de rock qui nous regarde fièrement, hautainement (prétentieusement ?), un rapace juché sur son poing. Musicalement, ce live est généreux aussi bien en durée qu'en titres, il y en à 20, on ne s'attendra pas à des morceaux super longs, solo de batterie de 10 minutes, improvisations en pagaille... Beaucoup de morceaux sont des reprises, on notera une face D presque intégralement consacré au bon vieux wock'n'woll, Mystery Train, Slow Down, Keep A-Knocking...et plus tôt sur le disque, Don't Be Cruel. D'excellentes reprises, entières (pas des bribes, comme je le disais plus haut !), qui envoient.
L'essentiel de la setlist est constituée de morceaux signés Lee, et aucun ne fait partie du répertoire de son ancien groupe. Pas de I'm Going Home, pas de Love Like A Man, pas de I'm Coming On. Comme Lee n'avait pas encore sorti d'album solo (sauf un, en 1973, avec Myron LeFevre, de la country-rock, mais aucun des morceaux de cet album du nom de On The Road To Freedom n'est interprété ici), je ne sais pas d'où viennent ces morceaux solo, au nombre de 12 (l'un d'entre eux, I'm Writing You A Letter, est proposé deux fois, en fin de face A et en final de l'album, deux très bonnes versions), il se peut, mais je peux me tromper, qu'ils étaient inconnus au bataillon avant d'être interprétés live, ce qui fait de In Flight un des albums live les plus courageux et originaux que je connaisse. Si quelqu'un a des informations, qu'il le dise dans les commentaires. Sinon, c'est du grand art, même si on sent que le groupe n'est pas encore solide, un peu fébrile. Mais ça rend l'album encore plus intéressant et savoureux, je trouve. Un des meilleurs lives de son époque, sans doute, In Flight dure certes plus long qu'un film de la série du "Gendarme", mais n'en demeure pas moins tellement réussi qu'il semble ne durer que le tiers de sa durée.
FACE A
Got To Keep Moving
Going Through The Door
Don't Be Cruel
Money Honey
I'm Writing You A Letter
FACE B
You Need Love Love Love
Freedom For The Stallion
Every Blues You've Ever Heard
All Life's Trials
FACE C
Intro
Let's Get Back
Ride My Train
There's A Feeling
Running Round
FACE D
Mystery Train
Slow Down
Keep A-Knocking
How Many Times
I've Got Eyes For You Baby
I'm Writing You A Letter