Annoncée comme une cuvée exceptionnelle, il est peu dire que 2013 faisait saliver tous les geeks musicaux dès la fin de l'année 2012. Pour quel résultat, finalement ? On s'est bien rassasiés, ça oui. On a entendu beaucoup de bons disques, mais quid des GRANDS disques ? De ceux qui sont appelés à rester. Ben c'est peut-être là que le bât blesse. Le niveau général est bon, voire très bon. Mais le tableau d'honneur a du mal à voir se dégager deux ou trois albums "définitifs". Mais après tout, est ce si important ? Non, et comme de bien entendu, c'est avec un réel plaisir que je livre mes enthousiasmes réels concernant cette année 2013 qui aura vu deux des retours les plus inattendus de ces 20 dernières années...
Le Top 5
Nick Cave, Push The SkyAway: Il est des gens sur lesquels le temps n'a pas de prise. En général, ce sont des gens qui étaient déjà vieux même lorsqu'ils étaient jeunes. On pense à Dylan, à Cohen, à Ray Davies... Nick Cave est définitivement de cette trempe. Cet album est une merveille de douceur amère ou d'amertume ouatée, c'est comme tu veux tu choises. Les Bad Seeds sont priés de laisser le gros badaboum au vestiaire (quitte à le ressortir pour la tournée, fantastique concert à PAris le mois dernier), et à souligner l'affaire sur le mode "Boatman's Call" ou "No More Shall We Part". Tout en retenue, l'album n'offre qu'une réelle poussée de fièvre sur l'épique JubileeStreet. Mais quand on entend des merveilles du niveau de Mermaids (ma préférée) ou de We No Who U R, on est bien obligé de se taire. Nick Cave a bientôt 60 ans, et s'est permis de sortir ce qui est peut-être le meilleur album de sa carrière. Incroyable mais vrai. En tout cas, mon NUMERO UNO de l'année se trouve ici, fingers in ze nose.
QOTSA, Like Clockwork...: Forcément. Une année QOTSA est forcément une excellente année pour ma pomme. Encore un mec qui accepte vaillamment le temps qui passe, et qui ne s'épuise pas à reproduire le rock un peu rustaud qui a fait sa réputation. Là, Josh Homme nous fait le coup de l'album "crise-de-la-quarantaine-trauma-post-opératoire-j'ai-vu-la-lumière-blanche". Moins de rocks chargés en propane (et en plus, ceux proposés sont certainement les morceaux les moins réussis de l'album), et place aux ballades et aux états d'âme. Un trio gagnant se détache : le sublime The Vampyre Of Time Of Memory, l'époustouflant I Appear Missinget le fielleux If I Had A Tail . En tout cas, les ceusses qui attendaient un SFTD volume 2 en seront pour leurs frais, très bonne blague, Josh !
Janelle Monae, The Electric Lady : Ah, Janelle... Après un coup d'éclat comme celui de TheArchAndroid, je doutais un peu de ta capacitéà renouveler pareil tour de force. Les grands anciens comme Wonder et Prince t'avaient adoubée, ce dernier et Erykah Badu acceptaient des featurings sur cet album, mais subsistait une crainte diffuse. Puis, Q.U.E.E.Nbalayait une partie de ces peurs au printemps dernier. Cet album est tout bonnement bluffant de maitrise et de savoir-faire : funk, R&B, rock, rap, jazz, chansons orchestrales à la Bond, tout y passe. Elle est belle, elle chante sublimement, compose comme elle respire, c'est une performer fantastique... Elle devrait déjà dominer le monde si celui-ci n'était pas bouchéà l'émeri. Pour l'heure, elle est la chanteuse R&B favorite des rockers, notre petit trèsor à nous. Et le jour où elle aura enfin appris que "plus n'ets pas forcément mieux" (rapport à certaines ballades superflues en fin d'album), le monde devra serrer les fesses. Et ouvrir les oreilles bien grand...
Black Sabbath, 13: Le jour où cet album est sorti, 99 % de la production metal est devenu inutile. Le Sab', gros ! Le putain de Sab' ! Ce putain d'enculé de Sabbath ! Rien à ajouter.
Arcade Fire, Reflektor: Quelques longueurs coupables, mais un album qui confirme définitivement que le groupe possède le talent, le souffle, et les épaules pour asseoir sa domination sur un monde pop-rock dominé par bien plus laids et galeux qu'eux (pas de noms, vous m'avez compris !). Le trip 80's/caraibe fonctionne très bien sur moi, merci à l'excellent James Murphy (tu reformes LCD Soundsystem, c'est quand tu veux ! ou bien tu t'occupes de Bowie... Can't You Hear Me Knocking.... ?)
Mais il y a eu d'autres très bons albums !
Dans le désordre, quelques albums qui n'auraient pas fait tâche dans le top 5. Le retour inespéré et fanatstique de David Bowie, en tête. The Next Dayest mieux qu'un album de haut niveau, c'est un album digne. Bowie était trop intelligent pour miser son image sur un coup foireux... Parmi les valeurs sures, on peut citer les survivants des années 90 (d'autres ont fait nettement moins bien...) Primal Scream et Alice In Chains. Deux albums copieux (un peu trop ? le syndrome nineties...), et qui montrent aux jeunots qu'ils ne faut pas s'attendre à ce que les quadras-quinquas laissent tomber l'affaire. Dans cette même catégorie, le nom de Mudhoney vient également à l'esprit. Le meilleur album des Stooges depuis 1973, ce sont eux qui viennent de le sortir. Méfiez vous des originaux... Et pour poursuivre ce deuxième étage de la fusée, quelques jeunes groupes qui auront égayé cette année à défaut d'avoir inventé l'eau chaude : Kadavar et Fuzz dans le registre Sabbath, Parquet Courts qui reprend l'héritage du punk new-yorkais là où les Strokes l'avaient laissé tomber, Warm Soda qui perpétue l'esprit power pop, et enfin les débilosses hilarants de Fidlar dont les hymnes crétins ont réchauffés l'hiver précédent. Chez les Français, citons les impeccables Etienne Daho et Phoenix, esthètes pop et incapables de sortir un mauvais disque. Et enfin, LE cas Kanye West qui m'attire autant qu'il me repousse. Son Yeezus est tour à tour exaspérant, fantastique, épuisant et jubilatoire... Sans parler du melon du bonhomme qui ferait passer Zlatan pour l'abbé Pierre.
Mais encore !
Deerhunter, Crocodiles, Franz Ferdinand, Loading Data, Jacco Gardner, Paul McCartney, Foxygen, Miles Kane, Motorhead, Tony Joe White, Hoffs/Sweet, Anna Calvi, Arctic Monkeys, Black Joe Lewis, Gov't Mule, Blitzen Trapper, Kylesa, Cage The Elephant, Melvins, Orval Carlos Sibellius, Sound City, The Rides, Thee Oh Sees, Tracer
Les gros "PLOUFS !" de l'année
Pearl Jam (album insignifiant...), The Strokes (grosse bouse), Iggy and the Stooges (une honte), Vista Chino (plutôt une grosse déception, j'attendais mieux des anciens Kyuss...), London Grammar (la hype surfaite de l'année, de très loin).
Des espoirs pour 2014
De nouveaux albums d'Alister, Fountains Of Wayne, Black Lips, Wilco, Triggerfinger, Outkast, Hold Steady, Unida, Black Keys...
That's all folks ! See you next time !