Richard Thompson, vous connaissez ? Non ? Pourtant, ce mec est considéré comme un des plus grands guitaristes britanniques de l'Histoire, aux côtés d'Eric Clapton, Jimmy Page et Jeff Beck. Alors, non, toujours pas ? Et Fairport Convention ? Groupe de folk-rock britannique fondé vers 1967, géré par, justement, Thompson. Le groupe a sorti plusieurs grands albums, comme leur premier éponyme (avec la chanteuse Judy Dyble, remplacée dès le second par Sandy Denny, qui restera dans le groupe jusqu'à sa mort en 1978), ou bien Full House, Liege And Lief, Babbacombe Lee, ou l'immense, l'irremplaçable Unhalfbricking en 1969. Thompson a quitté le groupe vers 1971, il a lancé sa carrière solo juste à ce moment, son premier opus, Henry The Human Frog, foirera, mais il en profitera pour s'unir avec une jeune femme du nom de Linda Peters, devenue Linda Thompson. Les deux compères, le couple, feront par la suite des albums ensemble, citons Hokey Pokey, et le grandiose I Wanna See The Bright Lights Tonight (avec le sublime The Calvary Cross). En 1975, le couple se convertit au soufisme, un courant de l'Islam. Ce qui explique leur dégaine sur la pochette de cet album, sorti en 1975 justement, le quatrième opus solo de Thompson et le troisième du couple : Pour Down Like Silver. Ils posent en turban et voile, Richard est barbu. Trois ans avant Cat Stevens devenu Yusuf Islam en 1978, un autre chanteur folk anglais changeait de religion. Evitons les amalgames : cet album n'est en rien prosélyte. Absolument pas. Le couple est devenu soufiste ? So what ? Malgré les thèmes de certaines chansons, malgré la pochette, cet album n'est pas propagandiste, il ne répand pas la bonne parole musulmane, à vrai dire, cette reconversion, on s'en contrefout ce que vous voulez contre ce que vous voulez. La musique est le plus important.
Verso de pochette
Et musicalement, pardon, mais les 40 minutes (et 8 titres) de cet album sont absolument magnifiques. Pour les fans, la période 1973/75, au cours de laquelle le duo fera I Wanna See The Bright Lights Tonight, Hokey Pokey et ce disque, est intouchable, parfaite, le summum de la carrière de Thompson. En effet. I Wanna See The Bright Lights Tonight, que j'aborderai ici un jour, est probablement le plus connu, le meilleur selon pas mal de monde. Mieux : tous les classements type discothèque idéale ne contiennent pas un disque solo du bonhomme, mais ceux qui en possèdent un, généralement, voire systématiquement, ont dans leur rang I Wanna See The Bright Lights Tonight. En ce qui me concerne, je pense que le meilleur album de Richard (& Linda) Thompson est plus ce Pour Down Like Silver tout simplement majestueux, n'en déplaise aux fans de l'autre album, lequel autre album est, il est vrai, juste parfait, magnifique, un régal de folk-rock à l'anglaise, un must-have-to-hear du genre, vraiment. Mais mon choix perso se porte sur ce disque de 1975. Sous sa pochette qui n'est pas sans rappeler celle du Sheik Yerbouti de Zappa (enfin, c'est plutôt l'inverse, le Zappa datant de 1979, soit quatre ans après !), une pochette qui peut quelque peu interloquer et même donner une fausse idée de l'album (je le répête une ultime fois, malgré le changement de croyance du couple et le fait qu'ils l'affichent sur la pochette, cet album ne fait pas de prosélytisme religieux, d'aucune sorte), se cachent 8 chansons qui sont autant de petits joyaux, surtout les deux plus longs titres, Night Comes In (8 minutes) et Dimming Of The Day/Dargal (7,15 minutes). Avec ces deux titres (le premier des deux, sur la réédition remastérisée de 2004, est proposé, en bonus-track, dans une version live de 12 minutes, captée à Oxford, sublimissime), on touche au sublime.
Mais le reste est absolument magique quand même, Hard Luck Stories, Streets Of Paradise, The Poor Boy Is Taken Away... L'alchimie entre la voix de Linda et celle (et sa guitare) de Richard est totale, et les musiciens participant à l'album, dont certains de Fairport Convention (Dave Pegg : basse, Dave Mattacks : batterie, tous deux uniquement sur certains morceaux), sont remarquables, citons aussi : Pat Donaldson (basse), Timi Donald (batterie), Nick Jones et Aly Bain (violons)... Pour résumer, Pour Down Like Silver est : un des meilleurs albums de 1975 (rien que ça ! 1975, après tout, c'est Physical Graffiti, Tonight's The Night, Young Americans, Zuma, Desire...), un des meilleurs albums du duo (et selon moi, le meilleur, en fait), un des meilleurs albums de folk-rock britannique et même en général... Si avec ça, vous n'avez pas envie de le découvrir, je n'y comprend plus rien !!
FACE A
Streets Of Paradise
For Shame Of Doing Wrong
The Poor Boy Is Taken Away
Night Comes In
FACE B
Jet Plane In A Rocking Chair
Beat The Retreat
Hard Luck Stories
Dimming Of The Day/Dargal