C'est reparti pour du bon vieux double live ! Celui-ci est redoutable (sa pochette, multicolore et criarde, aussi, mais pas dans le même sens du mot 'redoutable'), et il est désormais, depuis l'arrivée du CD, transformé en un simple disque (il ne dure, en effet, que 69 minutes, ce qui était suffisant pour deux vinyles, mais tient facilement sur une seule galette moderne, faisant 10 minutes de moins que la taille maximale). C'est le deuxième album du groupe de hard-rock anglais UFO, et c'est probablement leur plus grosse vente. C'est aussi un des meilleurs lives de l'histoire du rock, selon divers avis tels que fans, spécialistes, revues musicales, sites web, etc... Il s'appelle Strangers In The Night, et date de 1979. Il renferme 13 titres (le CD en totalise 14, parce que, pour une raison étonnante et que je ne m'explique pas, le plus long morceau, de 11 minutes, Rock Bottom, est scindé en deux plages audio, d'environ 9 et 2 minutes ! ; il existe aussi une réédition CD de 15 titres, sur laquelle Rock Bottom a été remis sur une seule plage audio, mais avec deux bonus-tracks situés en entrée d'album, et un ordre différent pour les morceaux, probablement l'ordre d'interprétation des morceaux durant les concerts du groupe). UFO est un des meilleurs, parmi les meilleurs, groupes de hard de l'époque, ils sont toujours en activité, et leur nouvel album devrait sortir cette année. Son chanteur, le charismatique (et quelle voix !) Phil Mogg, est là depuis le début, des débuts très différents du hard-rock classique. Ils ont démarré en 1970, et sorti, entre 1970 et 1972, trois albums (dont un live) que l'on qualifiera de space-rock heavyà la Hawkwind/Pink Fairies. Morceaux de 18 ou 26 minutes (le deuxième album, Flying, long d'une heure, mais tenant sur un seul vinyle), ambiances psychédéliques... En 1974, le groupe sort son quatrième album (et troisième studio), Phenomenon, et avec ce disque, on note l'arrivée d'un guitariste allemand du nom de Michael Schenker, petit frère de Rudolf (guitariste des Scorpions, groupe dont Michael Schenker fera partie en 1979 le temps de l'album Lovedrive, avant de fonder son propre groupe, le Michael Schenker Group, ou MSG), qui restera jusqu'à 1979, il partira après ce Strangers In The Night, justement.
Intérieur de pochette
Phenomenon (avec le hit Doctor Doctor, et Rock Bottom) sera un gros succès, et est un immense album dans son genre. Il sera suivi, en 1975, par un Force It aussi remarquable (Mother Mary, Shoot Shoot, This Kid's/Between The Walls) sous sa scandaleuse pochette signée Hipgnosis (un couple quasiment nu, de sexe indéterminé au moins pour l'un d'entre eux, en train de s'étreindre férocement, débouts, dans une baignoire), et par un No Heavy Petting grandiose (mon album studio préféré d'eux) en 1976. Là aussi, une pochette à scandale signée Hipgnosis (une femme et un singe rhésus, reliés par des tuyaux insérés dans leurs peaux), un disque peu connu et un peu sous-estimé, renfermant des pépites hélas absentes du double live : Belladonna, Can You Roll Her, On With The Action, Martian Landscape...Seul Natural Thing et I'm A Loser se trouvent sur Strangers In The Night. La suite sera bonne aussi, quoique...un tantinet moins grandiose. Lights Out, avec le morceau-titre, Too Hot To Handle et Love To Love, plus une excellente reprise du Alone Again Or de Love et un Try Me génial, est un excellent album, sorti en 1977. Obsession, de 1978, malgré Only You Can Rock Me, est moins marquant sur la durée. Après, arrive ce double live, qui comme le Alive ! de Kiss et le Live And Dangerous de Thin Lizzy, offre les meilleurs moments de chaque album (No Heavy Petting excepté, auquel il manque pas mal des meilleurs morceaux...pire, dans un sens : dans la version CD, dans le livret, il n'est pas fait allusion à cet album, on n'y trouve même pas la reproduction de son visuel dans la partie 'également du même groupe' situé en fin de livret !). Ce double live offre vraiment du lourd : 11 minutes de Rock Bottom, un This Kid's anthologique (malgré l'absence du solo final de la seconde partie du morceau, Between The Walls), un Natural Thing dévastateur en intro, le sublime Love To Love, le hit Doctor Doctor, Let It Roll, Mother Mary, I'm A Loser... Phil Mogg est en forme, Michael Schenker aussi, le reste du groupe (le batteur Andy Parker, le bassiste Pete Way, le second guitariste Paul Raymond, aussi aux claviers, et on a aussi la participation de Paul Chapman à la guitare, en invité) n'est pas en reste. Je ne sais plus où fut capté le concert (les concerts, si c'est un mélange de plusieurs shows), une chose est sûre : ce fut aux USA. Et au cours de plusieurs shows donnés en partenariat avec un autre grand groupe de hard-rock, Blue Öyster Cult (absents ici, évidemment).
Pochette vinyle dépliée
On regrettera une pochette hideuse (heureusement, ce n'est pas la pochette qui fait la réussite d'un album, parce que sinon...) et surtout, l'absence de certains morceaux géniaux comme Martian Landscape, Belladonna, Can You Roll Her, Try Me, Crystal Light, Queen Of The Deep ou Love Lost Love, mais bon, dans l'ensemble, les quasi-70 minutes de Strangers In The Night sont géniales, une série de performances grandioses qui en font vraiment un des sommets du live de hard-rock avec Made In Japan, On Stage (Rainbow), Live And Dangerous, Alive ! et Live After Death. Ah oui, et Unleashed In The East. Et même du rock tout court. Et dernière chose, je viens de vérifier : les concerts ont été enregistrés dans les lieux suivants, tous aux USA en effet : Chicago (Amphitheatre) et Louisville (Gardens). Voilà !
FACE A
Natural Thing
Out In The Street
Only You Can Rock Me
Doctor Doctor
FACE B
Mother Mary
This Kid's
Love To Love
FACE B
Lights Out
Rock Bottom
FACE D
Too Hot To Handle
I'm A Loser
Let It Roll
Shoot Shoot