Ca, je sais que vous ne connaissez pas. Ou alors, c'est que vous êtes un authentique Beatlemaniaque, du genre de ceux qui ne se contentent pas des albums des Beatles et de leurs carrières solo, mais s'intéressent aussi aux albums sur lesquels ils ont ne seraient-ce qu'un petit bout d'importance, les albums qu'ils ont produits ou coproduits, ou sur lesquels ils (par 'ils', au fait, je veux dire : au moins un des Beatles, évidemment) ont joué sur au moins un titre. C'est le cas de cet album, justement, et le Beatles concerné est George Harrison. Ce disque date de 1974 et est signé d'un très obscur groupe vocal de country/folk-rock du nom de Splinter, constitué de deux chanteurs, donc, à savoir Bill Elliott (c'est l'un des deux) et Bob Purvis (c'est fatalement l'autre ; quant à savoir qui est qui précisément, je ne sais plus trop, désolé). George Harrison a une grande part d'importance dans la sortie de ce premier album de Splinter, album qui ne sera pas un succès prodigieux (encore qu'une des chansons, sortie en single, marchera assez bien pendant quelques semaines) et n'a jamais (comme leurs autres albums de l'époque) étéédité en CD. Non seulement Harrison joue sur tous les titres (sans exception), mais il a fait enregistrer cet album dans son studio personnel, FPSHOT, situé dans sa propriété de Friar Park, c'est d'ailleurs là que fut prise la photo de pochette. Enfin, last but not least, l'album est produit par Harrison, et est un des premiers àêtre sorti sur son propre label, Dark Horse Records (et il est amusant de signaler que le premier album de Harrison sorti sur son label, Thirty-Three & 1/3, date de 1976 ; Dark Horse Records, qui tire son nom de l'album Dark Horse (1974) de Harrison, est certes crée en 1974, mais les albums que Harrison a fait en 1974 et 1975 sont sortis sur Apple Records).
Dos de pochette
Ce premier album de Splinter s'appelle The Place I Love. L'année suivante, le groupe sortira un Harder To Live sur lequel Harrison n'aura quasiment rien fait, trop concentré sur sa propre production. Le groupe sortira encore un disque sur Dark Horse (Two Man Band, 1977) avant de retomber dans un total oubli, et aujourd'hui, mis à part les Beatlemaniaques et les spécialistes, qui connaît leur existence ? The Place I Love, donc (avec sa pochette qui s'ouvre latéralement, en deux volets, au centre, l'ouverture est entre les deux mecs, et le disque est donc en-dessous ; comme le Brain Salad Surgery d'Emerson, Lake & Palmer), est le premier album de Splinter. Un album que j'ai acheté en vinyle pour la simple et bonne raison qu'Harrison (mon Beatles préféré) y était producteur et musicien. Il n'est pas le seul grand nom de la musique à jouer dessus, voici la liste des musiciens qui collaborent, parfois sur un titre, parfois sur tous ou presque : Willie Weeks (basse), Billy Preston (claviers), Klaus Voormann (basse), Mel Collins (cuivres), Alvin Lee (guitare), Gary Wright (piano), Jim Keltner (batterie), excusez du peu. On notera une chose rigolote : Harrison, dans les crédits des musiciens (par morceau), n'est jamais crédité sous son vrai nom, mais il signe de trois pseudonymes qui ne tromperont personne : P. Roducer (producer, alias, donc, lui, car il est en revanche crédité sous son vrai nom en tant que producteur), Hari Georgeson, et, moins évident mais quand même facile à piger, Jai Raj Harisein (manière quelque peu indianisante d'écrire son nom). Assez court (36 minutes), l'album offre 9 titres, dont un qui marchera plutôt correctement, Costafine Town. Pas le tube de l'année, pas le hit-single de la décennie, et il y à de fortes chances que cette chanson ne vous dise rien, si jamais vous écoutez un jour (et c'est conseillé) l'album, mais à ce que j'ai pu lire, cette chanson a quand même été un succès d'estime, comme on dit.
Sous-pochette
C'est une des meilleures de l'album, aux côtés des remarquables Gravy Train, Somebody's City et du morceau-titre, The Place I Love. Le reste est d'un très bon niveau, et l'harmonie vocale entre Purvis et Elliott est magnifique, digne du meilleur des Byrds ou de Crosby, Stills & Nash (& Young) selon moi. OK, pas tout à fait le même niveau, pas la même renommée, mais croyez-moi quand je vous dis que Splinter est un groupe de très bonne facture, malheureusement trop méconnu. Le fait que leurs albums n'aient jamais étéédités en CD, et qu'ils n'aient pas été réédités en vinyle (on les trouve toujours en occasion, plutôt facilement sur le Net, c'est déjàça ; et l'internaute m'ayant vendu ce vinyle m'a fait un cadeau : un CD gravé de l'album et du suivant, Harder To Live ! Je peux donc écouter ces deux albums en bagnole si je le souhaite), est un petit affront. On a réédité, récemment (vers 2010, je crois), les albums de Badfinger, Billy Preston, Doris Troy, Mary Hopkin qui avaient été publiés sur Apple en 1969/1974, alors pourquoi ne pas rééditer les albums qui le furent sur le label Dark Horse de Harrison (seuls les albums de Harrison le furent, édités en CD) ? Il est cependant vrai que Splinter fut le seul groupe 'valable' (à moins d'aimer Ravi Shankar, qu'Harrison a publié sur son label) publié sur Dark Horse... Enfin, ce premier opus de ce duo vocal de country/folk est vraiment touchant, magnifique, et musicalement très proche des albums d'Harrison (logique, il produit et joue dessus), donc, si vous aimez le Quiet Beatle, vous devriez aimer !
FACE A
Gravy Train
Drink All Day
China Light
Somebody's City
FACE B
Costafine Town
The Place I Love
Situation Vacant
Elly-May
Haven't Got Time