Vous en connaissez beaucoup, vous, des groupes de rock progressif américains ? Non, c'est bien ce que je me disais aussi... Il y en à quand même quelques uns, et parmi eux, le plus connu est probablement Kansas, groupe fondé en 1973 et dont le premier album, éponyme, date de 1974. Ce groupe est une sorte de croisement entre folk-rock (on a un violoniste parmi les musiciens, Robby Steinhardt, et il s'agit même du chanteur principal du groupe), rock progressif (avec des morceaux longs, de belles envolées lyriques, des thèmes chers au progressif) et hard-rock (parfois, c'est assez nerveux, tout en restant relatif : c'est pas du AC/DC ou du Aerosmith non plus). Le nom du groupe est des plus logiques, car Kansas est un groupe originaire de la région de Topeka, ville du...Kansas, tiens. La pochette de leur premier album éponyme (Kansas, donc), celui que j'aborde auourd'hui, est une autre allusion à cet Etat des USA : ce visuel n'est autre qu'un motif, décoloré, d'un tableau de John Steuart Curry, un peintre natif du Kansas, et représentant l'abolitionniste John Brown dans ses oeuvres. Le tableau original est un mural, peint sur un des murs du Kansas State Capitol, à Topeka. On reste vraiment dans le ton, quoi : musiciens, nom du groupe, visuel de pochette et auteur dudit visuel, tout ramène au Kansas.
Le groupe, sur ce disque, est constitué de Robby Steinhardt (chant, violon) donc, mais aussi et surtout de Dave Hope (basse, choeurs), Phil Ehart (batterie), Kerry Livgren (guitares, claviers), Steve Walsh (claviers, percussions), Rich Williams (guitares) et on a un autre chanteur, Jay Siegel, sur un des titres (Lonely Wind). Produit par Wally Gold, enregistré non pas au Kansas (hé ! non...) mais au Record Plant de New York, ce premier opus offre 8 titres, pour un total de 44 minutes, trois morceaux dépassent les 7 minutes, et l'un de ces trois en fait même quasiment 10 (Aperçu, un morceau inspiré apparemment par le Turandotde Puccini). Le groupe se fera connaître, par la suite, au fil de leurs albums (qui seront, pour certains d'entre eux, les quatre suivants, abordés ici), avec de vrais classiques comme Carry On Wayward Son, Song For America et le classique des classiques de la ballade rock Dust In The Wind. Sur Kansas, pas vraiment de gros classique tubesque, pas encore, mais des bonnes chansons, en revanche, oui, on en a pas mal : Belexes, Death Of Mother Nature Suite, Can I Tell You (morceeau d'ouverture, qui donne bien le ton ; le chant de Steinhardt est juste génial, de plus, sur l'ensemble de l'album, ce mec possède une excellente voix), Journey From Marianbronn (inspiré par un roman de Hermann Hesse)... et n'oublions pas Bringing It Back, remarquable reprise de J.J. Cale, métamorphosée.
Ce premier opus de Kansas n'est pas leur meilleur, mais il n'a vraiment pas à rougir de ses futurs aînés. La production, un petit peu datée mais pas trop, est franchement sympathique, les morceaux sont réussis, l'interprétation est convaincante, et le côtémix entre folk, prog et rock un peu boogie est vraiment efficace, passe très bien la rampe. Après, les albums suivants du groupe, Song For America aussi de 1974, Masque de 1975, Leftoverture de 1976 et Point Of Know Return de 1977 (et surtout les deux derniers cités), seront encore meilleurs (une fois 1978 arrivé, en revanche, on peut commencer à se désintéresser de la musique du groupe, ça ne sera vraiment plus aussi réussi ; notons au passage que 1978 est, en règle générale, une assez moyenne année, et une année épouvantable pour le rock progressif, des albums tels que Tormato, Love Beach, ...And Then There Were Three... datent d'ailleurs de cette année, et sont franchement mauvais). Mais ce premier opus éponyme est vraiment très sympa et réussi, il installe bien le son du groupe, leur style à la fois rock et rural (la pochette et le look de certains musikos donnent le ton). Bref, pour amateurs de rock progressif, c'est conseillé !
FACE A
Can I Tell You
Bringing It Back
Lonely Wind
Belexes
Journey From Mariabronn
FACE B
The Pilgrimage
Aperçu
Death Of Mother Nature Suite