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"Manipulator" - Ty Segall

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Attention : chef d'oeuvre total, absolu. Il va être difficile d'en parler. Tout aussi difficile de parler de son auteur, un Américain de 27 ans nommé Ty Segall. Ce mec est hors-normes, sous sa dégaine de Kurt Cobain et sa voix à la Marc Bolan. S'il fallait le comparer à un autre artiste musical, ça serait Todd Rundgren, pour le côté prolifique et touche-à-tout (Ty Segall sort environ deux albums par an !), avec des touches de Bowie par moments, lequel était, dans les années 70, hautement prolifique aussi. Je ne sais pas au juste combien d'albums Ty a sorti depuis son premier, mais Manipulator, sorti il y à quelques mois, et ayant été intronisé disque du mois par Rock'n'Folkà ce moment (ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le magazine sacré Segall, qui a déjà eu droit à au moins une couverture et plusieurs articles dithyrambiques), est son dernier opus en date, lui. Il offre 17 titres, pour 55 minutes. Quand je vous disais qu'on se rapproche de Rundgren (qui, sur certains de ses albums, offrait autant de morceaux, pour autant de durée d'album, et on parlait alors de vinyles, pas de CD, car c'était vers 1973/75 !)... D'ailleurs, à propos de vinyle, Manipulator est très probablement sorti aussi sous ce glorieux format, et quant au CD, sa pochette, cartonnée, est en vinyl-replica, avec une sous-pochette papier pour glisser le disque dedans, bref, un petit 33-tours au format CD ! Je ne sais pas quoi dire au sujet de Ty : ses albums sont bien souvent difficilees à trouver, ils ne sortent souvent qu'en import, en petit nombre, il faut lutter pour les avoir en magasin (les FNAC ? j'en parle même pas, d'ailleurs, ce n'est pas à la FNAC que je l'ai eu, ce Manipulator ; même si certaines grandes FNAC, comme à Paris, Bordeaux, Lyon, Lille...auront peut-être quelques exemplaires en stock)...

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Ce disque a été enregistré avec les musiciens suivants (dans le boîtier cartonné se trouve, au fait, un livret double page avec les paroles et les crédits) : Steve Nutting (batterie sur un titre), Chris Woodhouse (claviers sur certains titres), Mikal Cronin (bass sur un titre), Charles Moothart (guitare sur un titre), Emily Rose Epstein (batterie sur un titre), Brit Lauren Manor (chant sur deux titres), Irene Sazer (violon sur certains titres), Jessica Ivry (violoncelle sur certains titres), Sean Paul Presley (chant sur un titre) et Matthias Macintire (viola sur certains titres). Certains titres, un titre, deux titres ? Mais en général ? Ty Segall, voilà en général qui joue sur l'album. Un vrai whiz kidà la Rundgren, je vous dis, à la Prince, ou un peu comme le leader de Tame Impala (Kevin Parker). D'ailleurs, à propos de Tame Impala, je rappelle le monumental Lonerism de 2012, enregistré essentiellement par Kevin Parker seul, et auquel j'ai pas mal pensé en écoutant Manipulator, qui en est une sorte de version plus musclée et électrique (Lonerismétant assez synthétique, parfois proche d'un ambient rock). Manipulator est un disque parfois très rock, heavy (Who's Producing You ?, The Crawler), parfois très pop (The Singer, It's Over, la chanson-titre, Stick Around), on passe bien souvent d'une ambiance à une autre en changeant de morceau. Assez aventureux, ce disque n'est parfois pas sans rappeler A Wizard/A True Star de...Todd Rundgren, ou le fameux chaudron de sorcière Physical Graffiti de Led Zeppelin. Sous sa pochette psychédélique et underground, assez cheloue, l'album peut aussi bien faire penser à du T-Rex (comme je l'ai dit, la voix de Segall, juvénile, chaude, narquoise et claire, n'est pas sans rappeler celle de Marc Bolan), du Nirvana, du Beatles, du 13th Floor Elevators, du Kim Fowley période International Heroes ou I'm Bad... Non, c'est vraiment difficile à décrire, à classifier.

Ty-Segall

Mais, en tout cas, tout du long de ses 17 titres, c'est un Paradis, ça c'est certain. Tour à tour rock, pop, un peu folk, totalement garage, très recherché ou très brut et simpliste, Manipulator est un joyau, un chef d'oeuvre, et le pire, dans tout ça, c'est qu'il ne risque pas de faire parler de lui (sauf chez les purs fans de rock ne se cantonnant pas aux disques best-sellers). Aucun risque que ce disque remporte un Grammy Award, passe à la TV ou à la radio (sauf, éventuellement, des stations très spécialisées), qu'on en parle dans Libé ou Le Parisien. Parlez de Ty Segall dans la rue, quasiment tout le monde vous dira vous parlez de qui ? ; je me souviens d'un courrier d'un lecteur, dans Rock'n'Folk, qui disait qu'apparemment, le magazine avait inventé l'artiste légendaire et inexistant, car les albums de Segall sont bien souvent très difficiles à trouver (et au moment de la publication de cette lettre dans le magazine, le magazine avait, quelques mois plus tôt, voire même le précédent mois, proposé Segall en couv', avec disque du mois, etc, la totale, pour, je crois, l'album Sleeper) ! J'ai moi-même un peu lutté pour le trouver, ce Manipulator (j'aurais pu le trouver facilement sur le Net, je sais, mais je voulais essayer, avant, de le trouver en magasin ; j'ai réussi, mais pas du premier coup). Mais ça valait largement l'effort et les 17 euros dépensés, croyez-moi. On parle ici probablement d'un des sommets de 2014. Grandiose, je vous le dit. Grandiose.

Manipulator

Tall Man, Skinny Lady

The Singer

It's Over

Feel

The Faker

The Clock

Green Belly

The Connection Man

Mister Main

The Hand

Susie Thumb

Don't You Want To Know ? (Sue)

The Crawler

Who's Producing You ?

The Feels

Stick Around


"Sabotage" - Black Sabbath

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 BLACK SABBATH Sabotage

Voici un disque assez particulier, pour Black Sabbath. Son titre découle fortement de l'ambiance qui régnait autour du groupe à l'époque de son enregistrement : en 1973/74, le groupe sera victime de pas mal de petits procès, aura quelques emmerdes juridiques et pénales (leur légendaire usage de came n'y est pas pour rien, mais n'est pas la seule raison). La gestion du groupe est dirigée par un certain Don Arden, lequel n'est autre que le futur beau-père d'Ozzy Osbourne, chanteur du groupe, qui, par la suite, a marié non pas la Denise, comme dans la chanson de Brel, mais la Sharon, ce qu'Arden aurait, entre parenthèses, moyennement apprécié. Mais ce mariage non désiré par Arden (et ayant tenu le coup, car sauf erreur de ma part, Ozzy et Sharon sont toujours ensemble) n'y est pour rien dans les emmerdes que Black Sabbath a connues en 1973/74, car il n'avait pas encore eu lieu. Ca aurait sans doute été pire, le cas échéant. Il semblerait que Don Arden s'y prenait plutôt mal pour gérer le budget du groupe, ce qui n'a pas échappé au fisc, bla bla bla... L'enregistrement de cet album sorti en 1975, leur sixième (et, autant le dire tout de suite, le dernier grand disque de la période Ozzy du groupe - jusqu'au remarquable disque du retour de 2013, 13 - laquelle période est plus proche de sa fin que de son commencement en 1975), sera émaillé de problèmes, d'ennuis divers. Ozzy affirmera que le groupe recevra tellement de coups de téléphone que Bill Ward, leur batteur, était quelque peu devenu leur secrétaire, c'est toujours lui qui répondait (sans doute parce qu'il était le plus zen des quatre ? Je dis ça, mais je n'en sais rien, c'est une hypothèse). Le groupe ne cessait, aussi, de recevoir des convocations et autres mises en demeure, ce qui occasionnera une des chansons de l'album, The Writ (dont le titre signifie, justement, mandat, généralement au sens judiciaire). Tony Iommy (guitariste) dira que selon lui, l'atmosphère autour du groupe, les différentes embrouilles qu'ils se traînaient au cul, etc, semblaient vouloir saboter leur musique, leur fuur album. D'où, donc, le titre de ce sixième opus : Sabotage.

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Bill Ward (batterie), Geezer Butler (basse), Ozzy Osbourne (chant), Tony Iommy (guitare)

Un titre qui résume bien la situation, tout en étant aussi un petit jeu de mots avec le nom du groupe (SABotage, Black SABbath), ce qui était déjà le cas du titre de leur précédent opus, Sabbath Bloody Sabbath (1973). Ce précédent opus fut un succès, mais il marquera les fans, qui, pour une fois, seront divisés. Les précédents opus étaient féroces, heavy (normal, on parle de heavy metal, ici), avec parfois une ou deux ballades comme Changes, Planet Caravane, Solitude, l'instrumental Laguna Sunrise... Mais, dans l'ensemble, des trucs lourds, comme Into The Void, Snowblind, War Pigs. Avec Sabbath Bloody Sabbath et sa pochette sur la dualité de l'Homme (au recto, un homme en train de mourir, dans son lit, piégé par des démons dans un décor assez infernal, teintes orangées ; au verso, le même homme, en train de mourir, confortablement allongé dans son même lit, entouré des siens et d'anges, teintes bleutées), le groupe a osé expérimenter un tantinet, il engagera Rick Wakeman, claviériste de Yes, pour un titre (Sabbra Cadabra), et pour une grande partie du reste de l'album, les membres du groupe s'essaieront eux-mêmes aux claviers progressifs. Bien qu'offrant de grands moments heavy (la chanson-titre, Killing Yourself To Live qui semble avoir inspiré le grunge, A National Acrobat), l'album offre aussi Fluff, instrumental acoustique à base de guitare sèche et de...harpe ; et Spiral Architect, grande finale progressive avec violons fantômes (selon les crédits). Sans oublier le très étrange Who Are You, quasiment entièrement constitué de claviers. L'album interpellera les fans (ce n'est que par la suite qu'il deviendra leur préféré en général, il est aujourd'hui considéré comme leur meilleur), et le groupe sentira qu'il leur faudra revenir aux bases avec le suivant. Sabotage, en effet, sera un petit retour aux sources.

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En 43 minutes environ (pour 8 titres), Sabotage aligne quelques unes des chansons les plus féroces et violentes du groupe pour l'époque. Sous une pochette qualifiée encore aujourd'hui d'une des pires de l'histoire du rock. Reconnaissons qu'elle est...particulière. On y voit les quatre membres du groupe, posant devant un gigantesque miroir richement ouvragé qui les reflète non pas de dos, comme n'importe quel miroir normalement constitué, mais tels qu'ils sont, de face (et au dos de pochette, voir ci-dessus, c'est pareil, mais inversé : se mettant face au miroir, ils se voient de dos !). On a aussi un peu de fumée vers le bas de pochette. Mais ce qui a fait dire, et continue de faire dire, que la pochette est une des plus moches et ratées qui soient (une pochette, pour faire une allusion au titre de l'album, sabotée), ce sont les tenues des membres du groupe. Pour Geezer et Iommi, passe encore. Pour Ozzy, c'est une sorte de longue robe/toge noire avec des fleurs, mais là aussi, passe encore, on parle d'Ozzy, après tout ; enfin, c'est quand même ridicule. Ward, lui, porte des collants rouges appartenant à sa femme, torse nu sous sa veste de cuir ! Selon la légende autour de la photo, rien ne fut dit sur les tenues que le groupe devait porter le jour de la prise de poto, aussi une sorte de grand n'importe-quoi s'est installé... L'album est génial, mais ce n'est pas grâce à cette pochette ! OK, ce n'est pas la pire du groupe (pires sont celles de Paranoid, Technical Ecstasy, Never Say Die !, Live At Last et Born Again, cette dernière étant d'un goût très douteux, et marquant les esprits), mais après la beauté de celle de Sabbath Bloody Sabbath, ça choque un peu. Musicalement, en revanche, quelle bombe ! L'album, je l'ai dit au début de ce paragraphe, offre des chansons comptant parmi les plus féroces du groupe, comme son ouverture, Hole In The Sky. Riff de la mort, rythmique déchirante, un Ozzy en grande forme glapissant ses paroles (I'm lookin' thru a hole in the SKYYYYYY-YYYYY !!!), le morceau ne laisse aucun répit à l'auditeur et s'achève ultra-brutalement, en plein riff, pour laisser à place à un instrumental de 50 secondes intituléDon't Start (Too Late). Morceau calme, très calme, TRES calme, ce qui, après la furie de Hole In The Sky, surprend, et même (Black Sabbath, on commence à les connaître, hein ? Prenez Fluff, cette petite sonatine pour harpe de 1973, calme comme une pluie estivale ; il ne s'y passe rien de violent ou d'oppressant durant ses 4 minutes, mais quand on l'écoute pour la première fois, on est comme oppressé, inquiet, en se demandant si le morceau va exploser, et si c'est le cas, quand il va le faire ; ça paraît trop calme pour du Sabbath) inquiète. Que va-t-il se passer après ? Sans prévenir, un bon gros riff bien doom surgit, Symptom Of The Universe démarre, morceau considéré après coup comme prémonitoire du futur thrash-metal. Le fond de commerce de Metallica et Megadeth en 6 minutes et des poussières, et en 1975 ! Morceau surprenant avec sa conclusion vaguement...jazzy, c'est, sinon, un des plus violents de l'album, Ozzy est en mode viens pas m'faire chier où tu boufferas ta tronche par le cul. Tony Iommi dira par la suite que le côté très hargneux, sombre et violent de Sabotage découle, comme son titre, de l'ambiance de merde qui planait autour du groupe. Megalomania, quasiment 10 minutes achevant la face A, arrive ensuite, et ce morceau, en revanche, est une sorte de carte postale sur le groupe à l'époque. Entre prétentions inavouables des membres, grandiloquence, réputation à tenir, etc, ce morceau est, en quelque sorte, le reflet (plus précis et fiable que le reflet du miroir de la pochette, ah ah !) de ce que le groupe était à l'époque. Rien que le titre et sa longueur en disent long. Pas forcément le meilleur de l'album (il est trop long, justement), Megalomania n'est pas pour autant le moins réussi, et c'est un morceau qu'on prend plaisir àécouter. Il n'y ont pas été avec une demie-molle, cependant, pour le coup.

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Thrill Of It All, qui ouvre la face B, est une autre tuerie à la Hole In The Sky, elle remet l'auditeur à genoux pour cette ouverture de seconde face. Un morceau gigantesque, qui laisse la place à un instrumental bien étrange, Supertzar. Rien que son titre est chelou, mais le morceau, avec ses choeurs virils et soviétiques (on croirait les Choeurs de l'Armée Rouge parfois, mais ce n'est évidemment pas le cas), sa guitare étonnante et ses claviers, sonne assez progressif, c'est de loin le titre le plus à part de Sabotage. Pas le meilleur, pas le moins bon, qui est, lui, le suivant, Am I Going Insane (Radio). Le titre du morceau sera source d'étonnement et d'interrogations de la part des fans, qui croiront qu'il existe d'autres versions de la chanson, et que celle-ci, celle de l'album, serait une version éditée pour la radio. Il n'en est rien, il n'y à qu'une seule version, celle-ci, et le sous-titre entre parenthèses est une allusion à la maladie mentale, un terme argotique. Assez pop dans l'âme, la chanson, calibrée pour la radio (si on peut dire ça d'une chanson de Black Sabbath ; mais cette chanson ne ressemble pas trop à du Sabbath), est la moins bonne en cela qu'elle est, après quelques écoutes, assez irritante. Ce n'est pour autant pas une chanson honteuse du tout. Elle se termine par des rires de cinglés, de fous, des rires quelque peu inquiétants, qui se fondent dans The Writ, 8,15 minutes (en réalité, 8,45 minutes, car ses trente dernières secondes sont occupées par un morceau bonus, caché et enregistré très faiblement, non crédité) agressives au possible (le chant d'Ozzy ! Les paroles !), semblant fortement faire allusion aux déboires que le groupe a connus durant la gestation de Sabotage (voir le début de l'article pour le terme writ). Une conclusion frappante pour un album comptant assurément parmi les sommets du groupe. Et le dernier grand disque (13 non compris) de l'ère Ozzy Osbourne, les deux albums suivants, Tecnical Ecstasy en 1976 et Never Say Die ! en 1978, étant tout bonnement immondes, surtout le second. Après ces deux contre-performances, Ozzy s'en va, remplacé par Ronnie James Dio (issu de Rainbow) qui, le temps de trois albums (dont le live Live Evil), va réussir à s'imposer : Heaven And Hell et Mob Rules, les deux disques studio qu'il a faits avec le groupe, sont en effet remarquables. Puis il s'en va fonder son groupe (Dio), et Black Sabbath engage Ian Gillan, de Deep Purple, en 1983, pour Born Again, le mal-aimé (et mal produit) mais pourtant excellent unique album de cette formation décriée du groupe. Après, si ce ne sont les réussites que sont le retour de Dio en 1992 (Dehumanizer), la reformation live du groupe originel (Reunion, 1998) et le retour de cette même formation, moins Bill Ward, pour 13 en 2013, après, ben, mieux vaut éviter de trop s'étendre dessus...

FACE A

Hole In The Sky

Don't Start (Too Late)

Symptom Of The Universe

Megalomania

FACE B

Thrill Of It All

Supertzar

Am I Going Insane (Radio)

The Writ

"Buffalo Auditorium, 1973" - Led Zeppelin

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BUFFALO AUDITORIUM NY 73

Revoilà du bootleg zeppelinien sur Rock Fever. C'est un concert de la glorieuse année 1973, année de sortie de Houses Of The Holy, que je vous propose aujourd'hui. Un des derniers concerts de la tournée américaine, et de la tournée tout court d'ailleurs, pour Led Zeppelin, qui passera au Madison Square Garden de New York (lieu d'enregistrement unique du double album live The Song Remains The Same sorti en 1976) quelques jours plus tard. Ce concert-ci a eu lieu à l'Auditorium de Buffalo, dans l'Etat de New York, et la date est le 15 juillet (pour info, les concerts du MSG sont les 27 à 29 juillet, et ce seront les derniers de la tournée). Beaucoup de bootlegs circulent autour de ce concert du 15 juillet à Buffalo, la majorité d'entre eux sont incomplets : doubles dans le meilleur des cas, parfois même simples. J'ai pu obtenir une version complete, en trois disques, de ce concert. Après coup, je dois dire que je le regrette un peu, non pas à cause du prix (ce fut, comment dire, euh...gratuit), mais parce que si le son des deux premiers disques, ceux qui sont généralement proposés sur la majorité des bootlegs du concert, si le son de ces deux premiers disques est vraiment bon (pas de quoi sauter au plafond, mais rien de honteux, ça se laisse vraiment écouter sans problème), le son du dernier disque est, lui, tout simplement immonde.

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Un autre visuel de bootleg pour le concert

C'est sur ce dernier disque, d'une durée de 54 minutes, qu'on a Moby Dick, long ici de 27...putain...de...putain...de...minutes. Autant le morceau est souvent difficilement appréciable avec une bonne qualité sonore, mais quand celle-ci est atroce, comme c'est le cas pour le dernier disque, alors c'est juste à chialer de dépit. Heartbreaker, un long Whole Lotta Love et The Ocean sont les trois autres morceaux présents sur ce très médiocrement capté dernier tiers du live. De bonnes versions, mais le son annihile tout, impossible de clairement les apprécier. En revanche, pour le reste du bootleg (premier CD, 66 minutes et 10 titres en comptant une Introduction d'une minute ; second CD, 44 minutes et 2 titres : Dazed And Confused long de 33 minutes, Stairway To Heaven long de 11 minutes), quasiment rien à dire. Le son est vraiment correct, en tout cas, pas comparable avec le dernier disque. Si Robert Plant chante remarquablement mal le début de Rock And Roll (il fallait sans doute que sa voix se chauffe, ce n'était clairement pas encore le cas), qui ouvre le bal, la suite est d'un tout autre acabit, il livre un Since I've Been Loving You remarquable, un No Quarter (de 14 minutes) sensationnel, un The Song Remains The Same (suivi de The Rain Song) d'enfer, un Black Dogà tomber, et même la demi-heure et plus de Dazed And Confused est appréciable.

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Encore un visuel de bootleg différent pour le même concert

On notera que la façon de jouer les morceaux (liens entre les chansons, etc) est vraiment très proche de celle du double live officiel The Song Remains The Same qui, sorti en 1976 en même temps que le film-concert du même nom, propose des extraits de concerts donnés quelques quinze jours après Buffalo. Lorsque j'ai mis le disque 1 dans mon lecteur et que Rock And Roll et Celebration Day se sont produites, je me suis vraiment demandé si ce n'était pas un bootleg du show du MSG que j'avais, en fait (mais non, ce n'est pas le cas) ! Un très bon bootleg, donc, avec une performance assez remarquable du groupe, et un son, pour les 2/3 du contenu, vraiment correct. Dommage qu'il soit aussi épouvantable pour son dernier tiers... Rien que pour ça, et parce que d'autres bootlegs de 1973 (Windy City Adventureà Chicago, Mobile Dickà Mobile, Any Port In A Storm a Southampton) sont nettement meilleurs, je ne conseille pas particulièrement Buffalo Auditorium 1973, sauf aux grands fans. Ou alors, oubliez le dernier disque, si vous trouvez la version complète (et si vous ne parvenez pas à la dénicher, sachez donc que les deux premiers disques seuls valent largement mieux que la totale).

CD 1

Introduction

Rock And Roll

Celebration Day

Black Dog

Over The Hills And Far Away

Misty Mountain Hop

Since I've Been Loving You

No Quarter

The Song Remains The Same

The Rain Song

CD 2

Dazed And Confused

Stairway To Heaven

CD 3

Moby Dick

Heartbreaker

Whole Lotta Love

The Ocean

"Kind Of Blue" - Miles Davis

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Oula...compliqué, de parler de cet album. Un des articles les plus anciens de mon blog (2009 !) parmi ceux qui je n'avais pas encore revisités, et je me suis dit il faut vraiment refaire la chronique, l'ancienne était minable, deux petits paragraphes de rien du tout, je l'avais faite à la va-vite et elle ne rendait pas du tout justice à l'album. Facile à dire, pas aussi facile à faire. Alors que j'écris ces lignes, me préparant à reparler de cet album, je commence à me demander comment je vais bien pouvoir m'y prendre, nom de Zeus. On parle de Kind Of Blue, putain, pas d'un vulgaire album sans âme. Ce disque n'est certes pas mon préféré de Miles Davis (comme j'ai eu l'occasion de le redire ici récemment, c'est Get Up With It, suivi par Bitches Brew et Live-Evil), ni mon préféré de jazz, et dans le Miles des années 50/60, je lui préfère Sketches Of Spain (1961) aussi (qu'il faudrait que je réaborde ici aussi), mais Kind Of Blue, Kind Of Blue, Kindofbluekindofbluekindofblue putain... Sachez donc que si, à l'heure actuelle, décembre 2014, vous vous dites mélomane mais ne connaissez pas encore cet album, et que vous ne l'avez toujours pas ne serait-ce qu'écouté dans les jours à venir, vous n'avez aucune excuse. No fuckin' one, compris ? Cet album, enregistré en très peu de temps (si on excepte le dernier morceau, qui a nécessité deux prises, le reste a été fait en une seule prise) en 1959, et sorti la même année, est une date dans l'histoire du jazz, et en règle générale, de la musique enregistré. Globalement, c'est avec ce disque (ou alors, avec In A Silent Way, enregistré 10 ans plus tard) que l'on découvre Miles Davis. Personnellement, ce fut le cas pour moi. Après avoir lu et relu plusieurs choses, dans divers magazines et sites, du style "cet album est un peu, pour [mettez ici le nom d'un artiste ou groupe], ce que Kind Of Blue fut pour Miles Davis", je me suis dit quel est cet album ? et je me suis rendu, le lendemain même, dans un magasin type FNAC (je crois même que c'était, en fait, une FNAC) et me suis rendu au rayon jazz, intercalaire Miles Davis.

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J'ai pas eu besoin de chercher longtemps, va : il y avait au moins trois exemplaires de Kind Of Blue, pochette mirifique d'un Miles concentré sur sa trompette. Pochette digipack avec texte en français au dos de boîtier (ce qui, pour un cd édité par Columbia/Legacy, est d'une rareté qui confine au cosmique ; et le livret interne aussi est en français ! C'était évidemment une réédition spécialement faite pour la France), présence d'un bonus-track, ce qui, je m'en suis rendu compte en lisant, en magasin, le texte de dos de boîtier, était la nouveauté de cette réédition datant de 1999 (j'ai acheté le disque vers 2001), soit pour les 40 ans de l'album alors. En 2009 est sorti un bon gros coffret du cinquantenaire, avec l'album en CD, le vinyle (que j'ai aussi, d'ailleurs, état neuf, mais pas issu du coffret ; je n'ai pas le coffret), un livre, etc... Fallait marquer le coup. Donc, comme je le disais, la nouveauté de la réédition 1999 était le bonus-track, qui était la seconde prise du dernier titre de l'album, Flamenco Sketches, le seul à avoir été enregistré deux fois durant les sessions. L'autre nouveauté, c'était le fait que la réédition 1999 permettait enfin aux auditeurs d'entendre l'album tel qu'il était prévu, car un petit problème de tonalité et de faible qualité sonore touchait les anciennes éditions (pour la qualité sonore, c'est pour les anciennes éditions CD ; pour la mauvaise tonalité, touchant la face A, et rendant le son un peu plus aigu que voulu, c'était un souci inhérent, apparemment, au vinyle original), déauts désormais appartenant au passé. Bon, l'album, sinon ? Il dure 45 minutes (pour 5 morceaux), rarement 45 minutes auront semblé aussi magiques et courtes. Jouant de sa trompette comme s'il devait claquer le lendemain matin, Miles est, de plus, entouré de grands musiciens, le plus connu d'entre eux, ici, étant le saxophoniste (ténor) John Coltrane. Mais on a aussi Julian 'Cannonball' Adderley (saxophone alto), Wynton Kelly (piano sur le second titre), Bill Evans (piano sur le reste), Jimmy Cobb (batterie) et Paul Chambers (contrebasse). Kind Of Blue est un pur monument de jazz à l'ancienne, de jazz modal en fait. Si vous ne connaissez, de Miles, que ses albums de la période Bitches Brew ou On The Corner, vous allez vous demander si vous écoutez bien un album du même bonhomme.

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Verso de pochette (à noter que pour la face B, l'ordre des morceaux est inversé par rapport à ce qui est dit sur la pochette)

Et pourtant, si. Ecoutez l'album, et vous verrez (pour une raison que j'ignore, sur Youtube, So What, premier morceau de l'album, et un des meilleurs du lot ce qui n'est pas peu dire, est le seul que je n'ai pas pu trouver en version album complète, il n'est donc pas en bas d'article ; les quatre autres titres, eux, si). Personnellement, je ne vais pas me risquer à le décortiquer comme une langoustine au Nouvel An, je ne m'en sens pas le courage. Il y à des albums qui forcent le respect, qui tutoient Dieu, lui tapent sur l'épaule en s'exclamant sacré toi !, qui s'imposent au fil des millénaires comme des intouchables, des Oeuvres d'Art inaltérables. Kind Of Blue en est un, au même titre qu'Histoire De Melody Nelson de Gainsbourg, Abbey Road des Beatles ou What's Going On de Marvin Gaye. L'écouter, à moins de vraiment haïr le jazz, c'est l'adopter. Ite, missa est.

FACE A

So What

Freddie Freeloader

Blue In Green

FACE B

All Blues

Flamenco Sketches

"Sketches Of Spain" - Miles Davis

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Tijuana Moods (Charles Mingus)... Olé (John Coltrane)... L'Espagne a intéressé le jazz. Ces deux immenses albums de jazz fortement sous influence hispanique (celui de Mingus est plus d'influence mexicaine, Tijuana étant une ville-frontière à la douteuse réputation) datent respectivement de 1957 pour le Mingus (mais sorti en 1962) et de 1962 (enregistré en 1961) pour le Coltrane. Il y à un autre album de jazz hispanisant qu'il ne faut pas oublier de citer, et ce d'autant plus qu'il est encore plus réussi que ces deux immenses albums. Il s'agit bien évidemment de Sketches Of Spain, de Miles Davis, sorti en 1960, et enregistré entre fin 1959 et début 1960. Ce disque sorti sous une pochette annonçant bien la couleur (le drapeau espagnol, un taureau et Miles jouant de sa trompette, fameuse image de profil vers laquelle se rue le taureau) n'est pas très généreux en terme de durée : 41 minutes seulement, pour 5 titres (le CD remastérisé, réédition 1997 qui à l'heure actuelle est toujours la plus récente, propose trois bonus-tracks, faisant passer le tout à une heure de son). Mais que l'on ne s'y trompe pas, Sketches Of Spain (le titre me fait penser à celui d'un des morceaux de l'album Kind Of Blue de 1959 : Flamenco Sketches, qui en était une sorte de préparation) est ultra dense, généreux en terme de musique. On tient ici un des sommets de la carrière de Miles Davis, et du jazz en général. Un de mes préférés aussi. Ce fut mon troisième Miles après Kind Of Blue et In A Silent Way (d'aucuns diront que je n'ai pas découvert Miles avec ses pires albums, hein ?), le premier a été réabordé ici récemment, le second le sera prochainement (et certains albums de Miles, de la période 1958/1967, pas encore abordés ici pour certains, seront abordés ou réabordés aussi), c'est vraiment à partir de cette troisième découverte que j'ai commencé, réellement, à kiffer ma race le jazz, et Miles en particulier.

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Ce disque, aussi, peut aider à mieux apprécier la musique hispanique, même si c'est surtout une réappropriation à la sauce jazz de la musique hispanique. Sur les cinq titres, seuls les deux derniers ne sont pas des airs traditionnels ou écrits par des Espagnols. Mais des morceaux écrits par celui qui signe les arrangements de l'album, Gil Evans (la production est cosignée par Irving Townsend et par le déjà fidèle comparse Teo Macero). Le reste de l'album est soit basé sur des airs traditionnels (un titre) soit des reprises, une d'un air de Manuel De Falla, et l'autre, de Joaquin Rodrigo. Parlons d'abord de celle-ci, c'est tout simplement le sommet de l'album, aussi bien par la durée (16 minutes et autant de secondes, le plus long de l'album, mais pas de très beaucoup) que par sa densité : Concierto De Aranjuez. Le fameux concerto pour guitare, une des oeuvres cultes de la musique espagnole, est ici sublimé dans cette version totalement jazz, où la trompette de Miles fait des étincelles. Difficile d'écouter ça sans frissonner, sans ressentir une émotion et une admiration intenses. Après ce tel coup d'éclat indescriptible occupant les 3/4 de la face A, difficile de passer à autre chose, mais il le faudra bien. Will O' The Wisp, morceau de Manuel De Falla, suit, un peu moins de 4 minutes vraiment magiques qui respirent les nuits espagnoles. Moins de quatre minutes aussi pour le morceau ouvrant la face B, The Pan Piper, air traditionnel revisité par Miles et Evans. Trompette glorieuse, ambiance sublime. Le reste de la face B, et donc de l'album, est signé Gil Evans, il s'agit de Saeta (5 minutes bluffantes) et du plus étendu (12 minutes) Solea, qui achève Sketches Of Spain sur une touche de reviens-quand-tu-veux. Après, on a le choix, soit on arrête le CD (pour les possesseurs du vinyle, la question ne se pose pas), soit on laisse filer le temps avec les bonus-tracks : Song Of Our Country, morceau signéà la base de Heitor Villa-Lobos, réarrangé par Evans, 3,25 minutes très réussies, suivi par une autre prise, en deux morceaux (12 et 3,30 minutes), du Concierto De Aranjuez, qui n'apporte rien de plus par rapport à la version album, mais n'en est pas moins sublime.

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Le verso de pochette vinyle, très généreux en texte comme souvent avec le jazz

Ne manque plus qu'à citer les musiciens sur le disque, outre, bien entendu, Miles et sa trompette : Danny Bank à la clarinette basse, Bill Barber au tuba, Paul Chambers à la contrebasse, Jimmy Cobb à la batterie, John Barrows et James Buffington au cor, Albert Block à la flûte, Johnny Coles à la trompette, Bernie Glow aussi, Elvin Jones aux percussions, Dick  Hixon au trombone, Taft Jordan à la trompette (hé non, il n'y à pas que Miles qui en joue dessus !), Harold Feldman à la clarinette et hautbois... j'en passe...et Gil Evans en conducteur des troupes et arrangeur. Tout ce beau monde, dont pas mal avaient déjà joué avec Miles (Cobb, Chambers, sont sur Kind Of Blue, notamment), se livrent ici à une prestation éblouissante qui rend un vibrant hommage à la musique espagnole, à l'Espagne, à travers ces cinq morceaux d'anthologie. On voyage par la pure magie du son, tout simplement. Sketches Of Spain est un des joyaux de la longue (et parsemée de joyaux !) carrière de Miles, un de ses albums les plus accessibles aussi. Redoutablement conseillé, en gros.

FACE A

Concierto De Aranjuez

Will O' The Wisp

FACE B

The Pan Piper

Saeta

Solea

"In A Silent Way" - Miles Davis

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 Photo sombre, dans la pénombre. Miles, tête légèrement haussée, regardant pensivement vers le haut, au-delà de l'objectif et de la personne tenant la pochette dans ses mains. Un regard de Joconde inversé, le regard ne suit pas le possesseur de l'album, il va toujours au-delà. Une photo sobre pour un album qui ne l'est pas moins, tout en offrant une musique radicalement différente de ce que Miles, alors, offrait aux foules. Tout ce qui se trouve sur ce court (38 minutes pour, cependant, deux morceaux, un par face forcément) mais intense album est dans son titre et sa pochette : In A Silent Way. Douceur, plénitude, tendresse, zen attitude, pas de tension, pas de violence (en même temps, Miles n'a jamais été violent dans sa musique... si on excepte la période On The Corner/Get Up With It/Agharta/Pangaea/Dark Magus). Un disque idéal pour se relaxer, on se pose dans un coin (un lit, un sofa, c'est bien, mais si votre truc est de vous allonger direct sur le parquet ciré, le carrelage glacial de décembre ou la moquette acarianisée, please yourself), on ferme les yeux sauf si on a trop peur de s'endormir pour de bon et de louper la musique, et on écoute. On coupe son téléphone (pardon, pardon...son smartphone), et on écoute. Et sachez que si l'expérience de In A Silent Way vous botte à fond, il existe un coffret 3 CDs, aujourd'hui assez onéreux et difficile à trouver, certes, mais il est toujours commercialisé, et on y trouve l'intégralité des sessions 1968/69 ayant donné l'album (certains titres sont sur l'album Filles De Kilimanjaro de 1968, d'autres sur la compilation Water Babies de 1976 - proposant des morceaux de 1968 inédits d'époque -, et d'autres étaient inédits jusqu'à l'époque de sortie du coffret longbox, qui s'appelle logiquement The Complete In A Silent Way Sessions).

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Verso de pochette vinyle (le code-barres et la mention Legacy/Music On Vinyl montrent qu'il s'agit d'une réédition récente, mais mis à part ça, l'édition originale était pareille)

Bon. In A Silent Way. Disque intense et calme à la fois, c'est une oeuvre importante pour Miles. Sans ce disque, probablement pas de Bitches Brew, et donc, de On The Corner, et donc, tout un pan de la future musique de Miles n'aurait pas existé. Pourtant, on trouvera difficilement un album aussi radicalement différent de ces deux opus de respectivement 1970 et 1972 que cet In A Silent Way. Miles, ici, s'est entouré de musiciens de légende, des killers dans leurs domaines. Le guitariste électrique, car il y en à un, et c'est sa première collaboration avec Miles, s'appelle John McLaughlin. Un Anglais, qui par la suite fondera son groupe de jazz-rock fusion (The Mahavishnu Orchestra, Mahavishnu sera son nom mystique, l'homme s'étant converti à l'hindouïsme) et collaborera avec Santana (Love Devotion Surrender, 1975) à l'époque où le Mexicain sera lui aussi converti à l'hindouïsme, d'ailleurs (ils partageront le même gourou/maître de pensée). A la batterie, Tony Williams. A la basse, Dave Holland. Wayne Shorter au saxophone. Joe Zawinul à l'orgue. Herbie Hancock et Chick Corea aux claviers (piano électrique). La trompette est de Miles, les décors de Roger Hart et les costumes de Donald Caldwell. Et la production, de Teo Macero, évidemment. En seulement 38 minutes (quasiment 39), In A Silent Way se pose là comme un disque faisant planer et voyager intérieurement l'auditeur. Dès les premières notes du premier morceau (Shhh/Peaceful, 18,15 minutes), l'orgue de Zawinul plonge l'auditeur dans une mer intérieure profonde et troublante. La basse retentit, sublime, minimaliste, ce qu'il faut. Et quand Miles arrive, ça y est, les Anges débarquent, on est au Paradis, ne voyez-vous pas la grande porte ouvragée s'ouvrir lentement dans les nuages ? Encore une fois, je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que j'entends, c'est, en fait, au-delà. Un des thèmes les plus beaux et enchanteurs de Miles.

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Je l'aborderai sur le blog un de ces jours : le longbox The Complete In A Silent Way Sessions, exceptionnel, pour prolonger l'aventure de l'album

La face B dure, elle, quasiment 20 minutes, en un seul bloc constitué en fait de trois parties : In A Silent Way (beau à se chier dessus de bonheur, ce thème dure 4 minutes environ et est d'une douceur absolue, c'est relaxant au possible), suivi sans interruption par It's About That Time, long d'environ 11,30 minutes. Les 4 minutes restantes sont un rappel de In A Silent Way. C'est curieux que le thème portant le même nom que l'album ne soit pas le plus long (ni, aussi, celui qui reste en mémoire le plus longuement ; pour moi, c'est clairement la face A la meilleure des deux, en tout cas ma préférée), d'ailleurs. Désolé d'être aussi sobre pour le coup, mais c'est vraiment difficile à décrire. In A Silent Way est un album que l'on ressent, que l'on vit en soi, le décrire minute par minute (ce que le livret du longbox, et dans une moindre mesure du CD simple, fait, ce qui est quasiment blasphématoire selon moi) ne ferait que foutre en l'air sa beauté mystique, formelle, poétique, enchanteresse. On se pose et on écoute les 38 minutes de l'album, c'est selon moi la seule manière de vraiment parvenir à apprécier pleinement l'écoute, l'expérience même, de cette pièce maîtresse du jazz et de Miles Davis. Avec un personnel de titans (dont beaucoup, tous en fait si je ne m'abuse, feront partie de l'aventure Bitches Brew, traumatisant double album ayant magistralement lié le jazz et le rock, avec des touches de funk), avec une production cotonneuse, éthérée et admirable, Miles livre ici un joyau absolu, le genre de disque qui transcende son style musical (je conseille fortement ce disque aux anti-jazz), ne vieillit pas ou alors en bien. Comme un bon vin, il se bonifie avec le temps. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, un disque que l'on prend toujours autant de plaisir àécouter, à savourer à la centième écoute que lors de la première, ça s'appelle un chef d'oeuvre.

FACE A

Shhh/Peaceful

FACE B

In A Silent Way/It's About That Time/In A Silent Way (Reprise)

"Tonight's The Night" - Neil Young

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 La fameuse trilogie du fossé... Trois albums faits par Neil Young entre 1973 et 1974, sortis entre 1973 et 1975. Trois albums incroyablement déchirés, sombres, dépressifs, anticonformistes, extrémistes. Le premier, je l'ai réabordé récemment, c'est Time Fades Away, un live sorti en 1973, un disque court (34 minutes) mais intense, certes à moitié rongé par une qualité audio quelque peu rugueuse, mais cet enregistrement live, entièrement constitué d'inédits (L.A., la chanson-titre, Last Dance, Yonder Stands The Sinner...), enregistré par un Neil Young dans un état épouvantable (alcoolique, en état de rage totale, dépressif au possible aussi), est remarquable. Hélas, ayant quasiment renié le disque, n'appréciant pas du tout d'y repenser car ça lui remémore de biens mauvais souvenirs (sur son état d'alors...), Neil n'a jamais fait publier Time Fades Away en CD, et si ce n'est dans le futur volume 2 de ses Archives (coffret annoncé, mais on ne sait pas quand il sortira), pour lequel il a annoncé la présence de l'album, Time Fades Away, hélas, ne risque pas de se retrouver en CD dans l'immédiat. Les fans gueulent depuis longtemps, rien n'y fait. En plus, malgré la hausse de vente des vinyles (sans cesses réédités), l'album n'a pas non plus été réédité sous ce format... Deuxième volet de la trilogie, Tonight's The Night, album studio enregistré dès la fin de la tournée 1973 (à la base la tournée Harvest), mais que Reprise Records, maison de disques du Loner, ne sortira qu'en 1975. Le dernier volet de la trilogie est On The Beach, enregistré et sorti en 1974 (ce n'est qu'en 2003 que Neil acceptera enfin de le sortir en CD). Ce n'est qu'une fois que Neil aura, en 1975, enregistré et sorti le très rock et relativement léger Zuma que sa maison de disques l'autorisera enfin à sortir Tonight's The Night dans la foulée. Pourquoi ?

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Parce que cet album (Tonight's The Night) est d'une noirceur telle qu'il en est flippant, le plus souvent. Un peu comme Neil à l'époque, voir la photo de pochette de l'album, celle présente ci-dessus, celle présente un peu plus bas dans l'article (et qui est issue du même concert que celle de la pochette de l'album et de la photo ci-dessus, d'ailleurs ! En tout cas, même tenue pour le Loner). Cheveux longs (pas une révolution pour le Loner), barbe et moustache, lunettes noires, allure mansonienne absolue. Sur la photo de pochette, on croirait voir un prédicateur allumé en plein sermon, doigt levé. On imagine une consommation éclairée d'alcool et de drogues... en effet. Totalement miné par la mort par héroïne de Danny Whitten (ami personnel et guitariste de son groupe Crazy Horse, mort en 1972, Neil l'avait viré pour addiction, et Whitten mourra d'OD le lendemain, avec la dose achetée par le pognon que Neil lui avait filé avec mépris) et d'un de ses roadies, Bruce Berry (en 1973, pendant la tournée), Neil déprime totalement, s'autoravage même. Il décide, aussi, de tout balancer dans ses chansons, de faire catharsis au plus vite. Enregistrant cet album dans un perpétuel brouillard de tequila et de coke, généralement de nuit, avec un Crazy Horse encore sous le choc (et avec la participation du guitariste Nils Lofgren, futur membre du E-Street Band de Springsteen dans les années 2000), le Loner, souvent, sur ce disque, sonne comme un homme carbonisé, à genoux, rampant même, il gémit, annonne ses textes d'une petite voix, il lui arrive même de chanter faux. Une des chansons, la bien-nommée Borrowed Tune ("Mélodie empruntée"), reprend littéralement la mélodie du Lady Jane des Rolling Stones, Neil ne s'en cache absolument pas, il le dit dans les paroles (mélodie triste au piano, chant douloureux), il est trop niqué pour s'en écrire uneà lui, de chanson, et l'a donc empruntée. Noir comme la nuit dans un tunnel non éclairé et désaffecté, Tonight's The Night terrorisera sa maison de disques, on comprend bien pourquoi. Album suicidaire, etc. Chose étrange : ce disque rappelant à Neil de bien mauvais souvenirs est à l'heure actuelle toujours son préféré (et, généralement, celui des fans, et de bien des rock-critics). Marrant qu'il ait quasiment reniéTime Fades Away et qu'il chérisse cet opus enregistré peu après, car les deux albums ont aussi dépressifs et extrémistes l'un que l'autre, et véhiculent les mêmes noirs souvenirs !

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Dos de pochette. De gauche à droite : Nils Lofgren (guitare, claviers), Billy Talbot (basse), Ben Keith (pedal steel guitar), Ralph Molina (batterie) et, en arrière-plan, le Loner

Il semblerait que la première édition vinyle de cet album était sous une pochette quelque peu pelucheuse, avec, aussi, dans la pochette, des paillettes, placées de telle sorte que le fait de retirer le disque pour la première écoute les éjecte (un peu histoire de dire youpi, c'est la grosse fiesta avec cet album !, mais est-il nécessaire de préciser que ce n'est pas tout à fait du Sébastien Patoche, ici ?). Dans les notes de pochette (précisément, dans une sorte de lettre) se trouvait un message assez cryptique de Neil, s'excusant auprès de ses auditeurs car les personnes auxquelles il fait allusion dans les chansons ne leurs sont pas connues : I'm sorry. You don't know these people. This means nothing to you. Dans l'insert se trouvait donc une lettre écrite à un certain Waterface, ce qui restera longtemps cryptique, là aussi, jusqu'à ce que Neil Young dise un jour qu'en réalité, c'était une sorte de fausse lettre écrite à lui-même, une sorte de lettre de suicide sans passage à l'acte ensuite (la lettre se trouve plus bas). On a aussi un long article de magazine écrit en néerlandais, au sujet d'un concert donné par le Loner en 1973, et écrite, donc, par un journaliste batave. Neil l'a laissée dans la langue de Rutger Hauer tout simplement parce qu'il ne comprenait pas un traître mot de ce qui s'y trouvait, et que cela voulait, quelque part, représenter son état global de l'époque : dans un tel état, miné comme il pouvait alors l'être, tout semble être du néerlandais, on ne comprend plus rien, on est dans un autre monde. On a aussi, dans l'insert vinyle (hélas, non reproduit dans le livret CD...), des bribes de crédits de pochette de l'album On The Beach (enregistré certes après Tonight's The Night, mais, je le rappelle, sorti avant), notamment des paroles pour une chanson toujours inédite, Florida. Comme on le voit, entre la pochette noir d'encre, l'ambiance dépressive et cet étonnant insert avec article en néerlandais, paroles d'une chanson inexistante en audio et lettre étrange auto-adressée, Tonight's The Night se pose là comme étant un disque vraiment spécial. Précisons enfin que sur les run-out grooves (les sillons vierges en fin de face) de l'édition originale étaient gravés les mots Hello Waterface sur la face A et Goodbye Waterface sur la face B...

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La Waterface letter. BB : Bruce Berry ? Sambo : Danny Whitten ?

Neil Young a choisi d'ouvrir et de clore son album par la même chanson, Tonight's The Night. Si la seconde version est terriblement destructurée, encore plus sombre que la première, avec un Loner pire que sur le fil (il ne tient plus que par une mèche de cheveux, à l'entendre), la première n'est pas mal non plus dans le genre. Neil choisit de commencer par parler de Bruce Berry, son roadie mort d'overdose, et que l'Histoire du Rock n'aurait évidemment pas retenu s'il était encore en vie ou mort à une autre époque et d'une autre manière. Bruce Berry was a workin' man... Danny Whitten, lui, n'est pas cité dans la chanson, ou alors j'ai loupé un truc, mais Neil lui rend hommage en insérant, vers la fin de la face A, Come On Baby Let's Go Downtown, un rock endiablé issu d'un concert donné avec Crazy Horse en mars 1970 au Fillmore East (le Live At The Fillmore East, sorti dans la série des Neil Young Archives, propose d'ailleurs la version complète, non éditée, plus longue mais pas de beaucoup, de ce morceau), et bien entendu, Whitten joua ce soir avec Crazy Horse, il en faisait partie, il tient même le chant avec Neil, en contrepoint (et guitaristiquement parlant, lui et Neil se livraient à de beaux duels sur des titres comme Down By The River ou Cowgirl In The Sand). Ce morceau capté live et datant des temps anciens est le seul passage vraiment gai de l'album, normal, il date des beaux jours, Whitten vivait, il n'était pas accro à la horse (ou alors si, il l'était, mais ça n'était pas encore devenu dramatique). Le reste de l'album est terrifiant : New Mama est chantonné d'une petite voix triste, fatiguée ; Speakin' Out et Mellow My Mind, Tired Eyed aussi (et la seconde version du morceau-titre) ont vraisemblablement été enregistrées un (ou des) soir(s) où Neil était totalement déchire-man ; Borrowed Tune, on l'a dit, est un calque des Cailloux, calque éhonté mais reconnu, assumé (et une belle chanson) ; Roll Another Number (For The Road) (quand Neil propose de s'en rouler un autre pour la route, on sait évidemment de quoi il parle) et Albuquerque rejouent la carte de la folk song bien ancrée dans ses racines, mais avec ce petit quelque chose en plus qui rendent ces chansons vraiment sinistres (la voix !) ; World On A String est furax, quasiment grunge avant l'heure, cet album, d'ailleurs, ainsi que Time Fades Away, auront un profond retentissement dans les années 90, époque de Nirvana, Alice In Chains, Pearl Jam et Screaming Trees...

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Une chanson plus que les autres, ici, marque l'auditeur : Tired Eyes. Présente, comme Tonight's The Night, sur la triple compilation Decade de 1977 (sur laquelle on trouvera aussi deux titres de On The Beach, mais aucun de Time Fades Away), la chanson, enregistrée par un Loner bourré et au fond du fond du fond du fond du trou (lequel semble d'ailleurs tout au fond d'un autre trou sans fond), elle n'est vraiment pas àécouter le matin en se beurrant une tartine ou en regardant couler le jus dans la cafetière. Ni le soir avant d'aller se coucher. On reprochera apparemment au Loner un ou deux raccourcis faciles et douteux, parler d'un règlement de comptes entre dealers dans un parking et de personnes crevant d'overdoses, si les deuxièmes sont des morts regrettables, les premières, les dealers s'entretuant, franchement, on ne va pas les plaindre. Neil semble atterré par ces morts, sans faire de distinction. Le mantra de la chanson, que Neil utilisera dans sa lettre à Waterface dans l'insert de pochette, reste longuement en mémoire, marmonné ou glapi par un Loner dévasté : Please take my advice... Une grande chanson malade. Et un grand disque malade, aussi. 45 minutes (tout rond !) de noirceur absolue, un album parfois dérangeant, parfois angoissant, toujours dépressif. Et, oui, aussi, c'est un des sommets de Neil Young. Il faut, cependant, l'écouter attentivement, plusieurs fois, ce n'est pas en une écoute qu'on apprécie Tonight's The Night. A la première écoute, je n'ai pas vu en quoi le disque était aussi immense et sombre. Progressivement, c'est venu. Depuis, ce disque, le Pornography des années 70 en quelque sorte, a vraiment pris tout son sens pour moi, il n'en devient que plus intéressant, plus marquant. Essentiel, donc.

FACE A

Tonight's The Night

Speakin' Out

World On A String

Borrowed Tune

Come On Baby Let's Go Downtown

Mellow My Mind

FACE B

Roll Another Number (For The Road)

Albuquerque

New Mama

Lookout Joe

Tired Eyed

Tonight's The Night - Part II

"Initials B.B." - Serge Gainsbourg

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Ca faisait un bail que Serge Gainsbourg n'avait pas eu droit à sa petite chronique, non ? En l'occurrence, cet album avait déjàété abordé ici, mais la chronique datait de 2010, elle était vieillotte, il me fallait (comme je l'avait déjà fait il y à environ deux ans pour d'autres de ses albums) la refaire, dont acte. Et j'ai pas intérêt à me planter, parce que, sans être mon préféré de Gainsbourg, ni son sommet absolu (pour le sommet, c'est Histoire De Melody Nelson ; mon préféré, lui, c'est Vu De L'Extérieur), cet album fait clairement partie des intouchables gainsbourgiens, des albums essentiels, des albums-clés, un opus rempli de classiques (mais aussi deux-trois chansons un peu secondaires, j'y reviendrai), un de ses plus importants. Son nom ? Initials B.B., même si, en fait, l'album s'intitule, précisément Initials B.B. - Ford Mustang. Selon ce qui est indiqué sur le CD (la galette elle-même), en tout cas ! L'album date de 1968 et est, dans un sens, après une décennie complète (1958 étant l'année de publication de Du Jazz Dans Le Ravin, premier de ses albums) de chansons souvent jazzy et swinguantes type Le Poinçonneur Des Lilas ou Intoxicated Man, Serge, ici, plonge à corps perdu, tête la première, dans la pop. Sa rencontre, en 1967, avec une certaine Brigitte Bardot, n'y sera pas pour rien. Pour elle (ils vont, on le sait, vivre une idylle difficile, car elle était déjà avec un certain Günther), il va écrire Harley-Davidson, Comic Strip, Je T'Aime...Moi Non Plus (jugée trop osée et intime par Bardot qui suppliera Serge de ne pas la sortir, ce dernier acceptera, et refera la chanson un an plus tard, en 1969, avec Jane Birkin, avec qui...mais tout le monde le sait ; la version originale avec Bardot sortira bien plus tard, après la mort de Serge et un temps de purgatoire), Initials B.B., Bonnie And Clyde. Les deux feront un album ensemble (Bonnie And Clyde, 1967, collection de chansons éparses de Serge ou de Brigitte, certaines assez anciennes comme L'Eau A La Bouche, un album totalement obsolète si on le compare à Initials B.B.), certaines de ces chansons se retrouveront sur Initials B.B. par ailleurs (précisément trois d'entre elles : Bonnie And Clyde, Docteur Jekyll Et Mister Hyde et Comic Strip), album sur lequel Bardot chante en duo avec Serge sur la fameuse chanson sur le duo de gansters, mais, sinon, brille impérialement par son absence vocale.

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Mais pas par sa totale absence : non seulement l'album porte ses initiales en titre, mais il contient aussi et surtout la chanson-titre, Initials B.B., petite symphonie de poche d'une beauté fulgurante, trompettes glorieuses, choeurs divins et narquois en même temps, piano entêtant, et un texte entièrement dédiéà la muse de Serge : Elle ne porte rien/D'autre qu'un peu/D'essence de Guerlain/Dans les cheveux... Belle à pleurer, cette chanson est en fait, musicalement parlant en fait, une sorte de version suramplifiée (même drive de piano) de Ford Mustang, autre chanson présente sur l'album (et qui ouvre la face B, Initials B.B. faisant de même pour la A ; d'où le titre à rallonge et apparemment originel de l'album), moins réussie mais quand même très bonne. Seule ombre au tableau, concernant cette chanson (et aussi Bloody Jack) : la voix féminine, une Américaine qui n'est autre que Madeline Bell, est relativement insupportable avec son mauvais français et son accent ricain, je trouve qu'elle en fait trop (ses BANG ! dans Ford Mustang, limite intempestifs bien que dans les temps impartis ; à chaque fois qu'elle en fait un, j'ai envie de lui dire de la fermer, ce qui ne servirait hélas à rien). Et puis, c'est une sorte de brouillon avant le monument Initials B.B., aussi. Et c'est là qu'on va brièvement parler des chansons un peu anodines de l'album : Shu Ba Du Ba Loo Ba, qui achève la face A, est une petite incartade swinguante à l'ancienne, quelque peu yé-yé dans l'âme quand même, et sur laquelle Serge ne semble pas totalement à son aisé, malgré sa voix enjouée (Comment lui diiiireuuuuu/Shu ba du ba loo ba/queuuu jeuuu l'aiiiiimeuuuu/Shu ba du ba loo ba/Comment lui diiiireuuuuu/Shu ba du ba loo ba/Ca meuuu rend fooouuuuuu, des paroles relativement affligeantes, aussi). Dans le même registre, Marilu est plus aboutie, mais je n'arrive pas à pleinement l'apprécier. Bloody Jack est assez moyenne, les choeurs de Madeline Bell me rendent la chanson encore moins supportable par moments... Et j'ai souvent du mal à me souvenir de la mélodie de Black And White, cela signifie-t-il, docteur, que je n'apprécie pas trop cette chanson aussi ?

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Verso de pochette vinyle (ici, une réédition récente)

Mais le reste, la putain de sa race en slip panthère (comme l'a si bien dit Jean D'Ormesson un jeudi à l'Institut de France en parlant du dernier roman de Marc Lévy)... Le reste, c'est du chef d'oeuvre chefd'oeuvresquement chefdoeuvresque. Initials B.B. et Bonnie And Clyde sont des tueries, Comic Strip est une rigolote chanson BD avec ses onomatopées (prononcées par Madeline Bell, mais ici, elle ne saoûle pas), Torrey Canyon, qui parle d'un sinistre maritime authentique, le naufrage d'un pétrolier ayant entraîné une grande marée noire, est excellent ; Qui Est "In", Qui Est "Out" (qui sera repris plus tard par des artistes aussi divers et variés que les BB Brunes ou Laurent Voulzy) est un petit régal popisant, Docteur Jekyll Et Mister Hyde est du Serge de la plus belle eau (pour l'époque)... Disque court (31 minutes, 12 titres) et dans l'ensemble remarquable, Initials B.B., sous sa pochette dessinée montrant un Gainsbourg pensif, marque le début de la suite de la carrière du bonhomme. La même année, il écrit, pour le film Le Pacha de Lautner, Requiem Pour Un Con (la réédition CD de l'album la propose en bonus-track : gagné !), un an après, il s'officialise avec Jane Birkin, et enregistre, avec elle, un album rempli de classiques (au pif, L'Anamour, Sous Le Soleil Exactement qu'il avait autrefois offerte à Anna Karina, Manon, Les Sucettes qu'il a repris à France Gall, Je T'Aime...Moi Non Plus, 69 Année Erotique). Puis, ça sera une certaine Melody Nelson qu'il nous proposera de découvrir encore deux ans plus tard...A ce stade, ça s'appelle du génie, non ?

FACE A

Initials B.B.

Comic Strip

Bloody Jack

Docteur Jekyll Et Mister Hyde

Torrey Canyon

Shu Ba Du Ba Loo Ba

FACE B

Ford Mustang

Bonnie And Clyde

Black And White

Qui Est "In", Qui Est "Out"

Hold Up

Marilu


"The Southern Harmony And Musical Companion" - The Black Crowes

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Black Crowes - 2000 - The Southern Harmony and Musical Companion Part1

Parlez d'un putain de grand album de rock. On tient ici tout simplement un des killers des années 90, tout simplement, un disque tellement bon, tellement puissant (et que l'on écoute avec toujours autant de plaisir 22 ans après sa sortie) qu'il se pose ===>là, ===>là, voire même un peu ===> là aussi. Les Black Crowes, vous connaissez ? Non ? Pas vraiment ? Ah, faut dire que ce groupe américain et originaire du Sud des USA, c'est important (et d'ailleurs, si leur musique n'était pas si évidente de ce côté-là, le titre de cet album le dit pour eux), n'a jamais été le plus connu au monde. Le groupe s'est fondé dans la fin des années 80, par deux frangins, Chris (chant) et Richard 'Rich' (guitare) Robinson. Deux fortes têtes à la Liam et Noel Gallagher de Oasis, deux têtes de mule ayant dirigé le groupe et s'étant tous deux approprié le son des Corbeaux Noirs. Le groupe a tout connu, débuts timides dans les charts, reconnaissance du public et de la critique, connaissance des drogues, dégringolade, split annoncé et subi, reformation discrète mais solide (le groupe tourne toujours). Le groupe a même eu l'honneur de jouer avec Jimmy Page, guitare de Led Zeppelin tout de même, pour un concert mythique donné en 1999 au Greek Theatre de Los Angeles, au cours duquel quasiment tout ce qui fut joué fut du répertoire du Dirigeable, et parmi certains titres, des morceaux que le groupe (Led Zeppelin, hein) n'avait jamais joué live, comme Custard Pie ou Hey Hey What Can I Do (le live, double, remarquable, s'appelle Live At The Greek, sorti en 2000). Les Black Crowes sont un putain de grand groupe de rock à tendance hard-blues, des Led Zeppelin ricains et modernes (modernes parce que datant des années 90/2000, mais pas par rapport à leur son : tout ce que l'on entendra sur cet album que je réaborde aujourd'hui en chronique pour la première fois depuis 2009 pourrait très bien avoir été enregistré dans les années 70), même si les deux plus grosses influences du groupe sont, en fait, les Allman Brothers et Lynyrd Skynyrd, deux immenses groupes des annés 70, originaires du sud de la ligne Mason-Dixon (ligne séparant le Nord et le Sud des USA, d'où le surnom de Dixieland pour le Sud profond).

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Chris Robinson avec le chapeau, tout à droite ; son frangin Rich, tout à gauche

Vous me direz, Led Zeppelin est aussi une grosse influence pour le groupe, c'est vrai. Quasiment tout ce que l'on entend sur cet album, ue je n'ai pas encore nommé d'ailleurs, pourrait avoir été enregistré par la bande à Page et Plant. L'album est le deuxième du groupe, et leur meilleur, et il s'appelle d'un titre ronflant, The Southern Harmony And Musical Companion. 50 minutes bien bluffantes, qui vous font bander dès les premières notes, et ce jusqu'aux dernières du dixième et dernier de ses titres. Un album prodigieux. Ici, il faut citer les autres membres du groupe, ils sont grandioses : Steve Gorman (le mec le plus propre sur lui sur la pochette, cheveux courts, allure de banquier en pause déjeuner) est un batteur du tonnerre ; Marc Ford, un excellent guitariste (qui, dans les crédits, fait tous ces petit trucs appelés solos) ; Johnny Colt, le bassiste, envoie sévère dans son genre. Un vieux roublard du nom d'Ed Hawrysch pose ses doigts sur les touches de différents claviers, sur l'album, et bien qu'il ne fasse pas partie du groupe de manière officielle, a eu le droit, l'honneur, de poser avec les Corbeaux sur le verso de livret (photo ci-dessus), c'est le mec en arrière-plan derrière Chris, le plus âgé du lot. Produit par le groupe et George Drakoulias, cet album sera un gros succès commercial (pourtant, 1992, pardon, mais c'est le début du grunge, Nevermind de Nirvana et Ten de Pearl Jam ont cassé la baraque l'année précédente et continuent de le faire, et c'est aussi l'année de sortie du Dirt d'un autre immense groupe de grunge - sans doute même LE groupe de ce mouvement -, Alice In Chains ; et n'oublions pas d'autres albums, de hard-rock, eux, sortis en 1991 et ayant poursuivi leur trajectoire commerciale heureuse en 1992, le Black Album de Metallica et les deux Use Your Illusion des Guns'n'Roses ; et aussi, 1992 est l'année de sortie du premier Rage Against The Machine, bref, un année chargée). Avec le temps, c'est reste le classique absolu du groupe, qui tiendra encore quelques années et albums (Amorica) avant de se séparer et de se reformer après un temps.

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Comment décrire cet album, ses guitares tuantes, son piano cristallin et boogie, son chant roublard, ses rythmiques sudistes, ses choeurs charnels ? Tour à tour férocement rock et tendrement bluesy, The Southern Harmony And Musical Companion est un régal total, cinquante minutes qui assurent plus que vous ne pouvez l'imaginer. L'enchaînement des deux premiers morceaux, Sting Me et Remedy (la seconde sortira en single, un clip sera fait, on y voit bien la joie que le groupe ressent à la jouer) est inoubliable. Quand le premier morceau s'efface (après une ultime salve vocale, ahanante, de Chris et de belles coulées de guitare) pour laisser la place au riff vrombissant de Remedy, gros frissons. Ces deux morceaux, totalisant environ 10 minutes de l'album, offrent déjà tout ce qu'il faut pour hisser l'album au Panthéon du rock pur et dur : performance vocale hallucinante, solos géniaux, son tout simplement parfait en général. Je le dis, tout, ici, rappelle le meilleur de Lynyrd Skynyrd et de Led Zeppelin, et sonne à l'ancienne. Pas de synthétiseurs, pas de rappeurs posant des voix en guest-stars, pas de samplages, aucun bidouillage électro. Et mis à part la dernière chanson, que des originaux ; la dernière chanson de l'album est une reprise de Bob...non, non, pas Dylan, mais Marley. Oui, le chantre du reggae est repris ici, Time Will Tell, reprise acoustique de toute beauté, meilleure, même (enfin, selon moi) que l'originale. Divine, chaleureuse et douce, apaisante et apaisée, cette reprise achève magnifiquement bien l'album. Mais son sommet est probablement avant elle, juste avant, My Morning Song, tuerie hard-blues sudiste riche en choeurs et guitares, sur laquelle Chris livre une performance grandiose. Certains fans diront qu'en fait le sommet est probablement Thorn In My Pride, blues déchirant de 6 minutes, performance la plus roots de l'album (et en effet, c'est une splendeur), ou bien le pur hard-rock de No Speak No Slave... Ou le zeppelinien Sometimes Salvation qui rappelle le meilleur de Physical Graffiti. D'autres citeraient sans doute Remedy, aussi. Chacun son morceau de chevet sur l'album, tout le monde, au final, s'étant mis d'accord pour en reconnaître (l'album en général) sa portée, sa valeur, sa réussite.

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Chris et Rich (et leurs compères Marc, Johnny et Steve, plus Ed, ne l'oublions pas) livrent ici l'album de leur vie, clairement. Le précédent opus, Shake Your Money Maker, était certes très très bon, et certains de leurs futurs albums (Warpaint) le seront aussi, mais The Southern Harmony And Musical Companion, sous sa pochette les montrant poser dans la boue, est le summum. Bad Luck Blue Eyes Goodbye, avec ses choeurs féminins narquois et sa guitare bluesy, son Chris Robinson déchiqueté (sa voix, sa voix, SA VOIX !!!), Hotel Illness et son harmonica tuant, son rythme haletant, Black Moon Creeping, Sting Me... TOUT est immense sur ce disque, un des plus parfaits de sa génération et depuis lors. Rarement 50 minutes auront sembler passer aussi vite, j'aurais même adoré que le disque soit plus long, avoir plus de chansons... Les Black Crowes ont suscité l'admiration de plusieurs célébrités du rock, Keith Richards notamment (on sait pires références), lequel a cependant compris avant tout le monde que le groupe était sur la mauvaise pente, à l'époque ; il plane en effet sur ce disque, après coup, comme un parfum de séparation ; un peu comme si le groupe avait voulu tout donner (pour leur deuxième album, seulement le deuxième !). Entre les drogues et la mainmise conflictuelle des deux frangins Robinson, le groupe allait connaître le même destin que celui que connaîtra les britpopeux Oasis (eux aussi sous l'emprise du conflit personnel de leurs deux leaders de frangins), même si les Gallagher ont poussé encore plus loin la rivalité fraternelle. Après un tel coup d'éclat que ce disque de 1992, le groupe ne pouvait pas faire mieux, ils ont essayé, mais au final, The Southern Harmony And Musical Companion restera à jamais leur sommet. Ce n'était que leur deuxième album, ils en ont fait neuf au total de 1990 à 2010 pour le dernier en date (je ne compte que les albums studio). Tous sont recommandés (Before The Frost...Until The Freeze, double album de 2009 sorti en partie en CD, en partie en téléchargement, et en vinyle pour la totale), mais celui-ci est le seul qui, dans 10, 20, 30 ou 40 ans, continuera de rester en mémoire.

Sting Me

Remedy

Thorn In My Pride

Bad Luck Blue Eyes Goodbye

Sometimes Salvation

Hotel Illness

Black Moon Creeping

No Speak No Slave

My Morning Song

Time Will Tell

"Back In Black" - AC/DC

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Rock Or Bust, le dernier opus studio d'AC/DC, leur premier sans le guitariste rythmique (et frangin aîné d'Angus) Malcolm Young, atteint de démence et par conséquent, à la tristesse générale, retiré du groupe, vient de sortir. Je l'ai abordé récemment, c'est vraiment un bon petit cru, un disque sans surprises mais offrant quelques chansons tout simplement géniales. Stevie Young, neveu d'Angus et Malcolm, remplace ce dernier à la rythmique, et fait un bon boulot, faut vraiment le préciser. AC/DC dans la tourmente à l'heure actuelle, car non seulement ils perdent un de leurs membres fondateurs touché par le sort, mais, on le sait (c'est moins tragique, mais quand même), leur batteur, Phil Rudd, est à l'heure actuelle dans la merde judiciaire, accusé d'avoir engagé un tueur à gages pour régler son compte à deux types. Qu'il fasse la tournée n'est clairement pas assuréà l'heure actuelle. AC/DC est en train de vivre sa pire période depuis le début de l'année 1980. En février de cette année, ils perdaient en effet leur charismatique chanteur, Bon Scott, mort geléà l'arrière d'une voiture, à Londres. Totalement bourré et frigorifié, il s'est allongé sur le dos, s'est endormi (en fait, est tombé dans un coma éthylique), ne se réveillera plus. Etouffé par sa gerbe. Une mort rock'n'roll, une mort conne quand même. Pour le groupe, c'est terrible, Angus Young dira que c'est un peu comme s'il avait perdu ses bras dans l'affaire. Ils sont au fond du trou, les journalistes se demandent si le groupe va continuer, et si c'est le cas, avec qui. Des hypothèses se font, toutes semblent, aux yeux et oreilles du groupe, ridicules, voire insultantes. Et précipitées. Mais leur management les presse de trouver quelqu'un d'autre, et un soir, ils jettent leur dévolu sur le chanteur d'une obscure formation de hard-rock à tendance vaguement hard-glam, Geordie. Le chanteur, un Gallois arborant béret et rouflaquettes à la Noddy Holder (chanteur des mythiques Slade, qui fut apparemment dans la liste des prétendants au titre de chanteur du groupe), à la voix aigüe et percutante, s'appelle Brian Johnson. 34 ans plus tard, sa voix, sur Rock Or Bust, n'a pour ainsi dire pas changé.

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Cliff Williams (basse), Malcolm Young, Brian Johnson, Angus Young, Phil Rudd

Car c'est lui. Le bon. Pas le Bon, hein (jeu de mots stupide, pardon). Celui qui va remplacer Bon Scott, sans chercher à l'effacer (important). Brian Johnson, Johnna la casquette, saura se faire accepter des fans, et ce assez rapidement, car non seulement il a réussi à s'approprier les anciennes chansons sans problème, mais il n'a jamais essayé de faire oublier le truculent premier chanteur du groupe, il sait que ça n'aurait pas été bien, et puis, ça aurait été difficile, impossible. Comment oublier Bon ? Sa voix nasillarde et sarcastique, son regard allumé et rieur, sa légendaire grossièreté faite chair ? Ses chansons sont parfaites, cultes (des paroles bien paillardes, parfois : Big Balls, en double-sens, est inoubliable, My balls are always bouncing to the left and to the right/It's my belief that my big balls would be full every night, The Jack aussi : She gaves me her mind, she gaves me her body/But she gave it to everybody). Son style n'était qu'à lui, Brian aura le sien, proche, certes (rien que sa voix est proche de celle de Bon, AC/DC n'a pas engagé un chanteur à la Lemmy pour le remplacer), mais pas tout à fait le même. Après avoir engagé (sur la foi de répétitions bluffantes) Brian, le groupe s'envole, avec le producteur Robert John 'Mutt' Lange (producteur de Highway To Hell, 1979, ultime album avec Bon), pour les Bahamas. C'est là, aux studios Compass Point de Nassau, que le groupe va torcher les 10 titres de Back In Black, l'album du retour, l'album du deuil aussi (la pochette et son titre, évidemment, mais pas seulement). L'album qui, 34 ans après, reste sans aucun doute le meilleur du groupe australien. Un des albums les plus vendus de tous les temps, le best-seller absolu d'AC/DC et du hard-rock, 42 minutes de tuerie quasiment parfaite. Quasiment, car je dois dire que je n'ai jamais été un grand fan de Shake A Leg, avant-dernière chanson de l'album. Pour tout dire, celle-là me saoûle grave, en fait. Mais le reste... L'album démarre par un glas, funèbre intro, donc, mais comment démarrer autrement le premier album du groupe depuis la mort de Bon ? Hells Bells est la tuerie (sans jeu de mots) de l'album, c'est une chanson juste ahurissante, sur laquelle Brian Johnson donne tout, d'emblée. I'm a rollin' thunder, a pourin' rain/I'm comin' down like a hurricane/My lightnin' strikin' above the sky/You're only young, but you're gonna die ! Won't take no prisoner, won't spare no lives... Paroles qui marquent. Voix qui fait frissonner tellement elle sonne pile poil comme il faut qu'elle sonne. Riffs dévastateurs, batterie thermonucléaire, seule la basse de Cliff Williams est difficilement audible, le producteur, ayant tout misé sur les deux guitares des frangins Young et la voix de Brian, l'a quelque peu enterrée dans le mix final. Dommage, mais c'est le seul reproche à faire ici.

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Pochette intérieure vinyle

Tout l'album est un programme de destruction massive des oreilles des non-initiés, Shoot To Thrill, Back In Black, le popisant You Shook Me All Night Long, Rock'n'Roll Ain't Noise Pollution, Have A Drink On Me dont le titre semble une allusion à Bon... Bien qu'il est vrai que certains titres peuvent sembler un peu faciles (c'est du AC/DC, pas du rock intello !), comme Let Me Put My Love Into You (rock boogie au tempo ralenti, au climat sexuel, jubilatoire il est vrai) ou What Do You Do For Money Honey et Shake A Leg, l'album percute à fond. Souvenirs, souvenirs : j'avais 16 ans, je partais, tôt le matin, en hiver (il avait même neigé un peu), temps évidemment glacial, pour le lycée. Sur mes oreilles, un casque de Walkman à cassettes (si, vous vous rappelez, les cassettes audio ? Mais si, ça a existé). Dans le Walkman, bien souvent, c'était soit Physical Graffiti de Led Zeppelin, soit Back In Black (et, sur l'autre face de la cassette copiée 90 minutes, Highway To Hell). J'affrontais les Eléments en furie (vent frigorifique, neige ou pluie), les cons du bahut, une probablement future journée de merde commençant dans la nuit (je me levais tôt), s'achevant aussi dans la nuit (en hiver, il fait nuit tôt), un futur repas dégueulasse à la cantine, j'affrontais tout cela avec dignité et courage, ayant pris, le matin, ma dose de vitamines A, C, D et C. Back In Black m'a accompagné durant pas mal de mois, j'écoutais aussi du Pink Floyd à cette époque, mais quand je voulais du rock fort (encore une fois un jeu de mots pourri, désolé), c'était bien souvent vers ce disque (et son prédécesseur, que j'adore aussi, mais à un degré vraiment moindre quand même) que je me tournais. Forcément, ça laisse des traces. 16 ans plus tard, j'écoute toujours ce disque (qu'au fait, j'ai découvert l'année de mes 16 ans, justement, à l'époque que je viens de décrire), j'ai toujours des frissons quand Hells Bells et Shoot To Thrill passent... Quand résonne l'intro de Back In Black (la guitare : TA ! TADADA ! TADADA ! TA DADADADADADA !), de Have A Drink On Me, de You Shook Me On Night Long pourtant trop popisante et trop arbre cachant la forêt...

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Ca fait 34 ans qu'AC/DC s'est relevé de la mort de leur irremplaçable Bon Scott. 34 ans qu'ils ont surmonté les Eléments en livrant cette furie musicale dédiée à leur pote et parvenant par la même occaze à tourner la page (la tournée sera triomphale, et le groupe enregistrera assez rapidement un successeur hélas totalement faiblard sauf pour sa chanson-titre et SpellboundFor Those About To Rock (We Salute You), en 1981, toujours sous la houlette de 'Mutt' Lange, qui cessera cependant de les produire après ça). 34 ans qu'ils essaient de surpasser cet album, ils y sont parfois presque parvenus (selon certains fans, dont je ne fais pas partie (enfin, si, je suis fan, mais pas de l'album en question !), Ballbreaker est l'égal de Back In Black ; Stiff Upper Lip et Black Ice ne sont pas loin de faire au moins aussi bien que l'album de 1980), mais jamais totalement. Et si Rock Or Bust, leur dernier en date, est un effort tout ce qu'il y à de louable et un album vraiment bon, écoutable à fond (selon moi, du niveau de Dirty Deeds Done Dirt Cheap ou Flick Of The Switch), avec des chansons géniales dessus, et à rapprocher de Back In Black en celà qu'il a lui aussi été enregistré dans une période difficile et que le groupe a tout donné pour la surmonter, il n'en demeure pas moins que Back In Black reste, 34 ans après, indépassable. Je ne pense pas qu'AC/DC parviendra, un jour, à le dépasser. Ils pourraient le faire, sans doute. Mais sans doute n'en ont-ils pas l'intention, ou l'envie. Je terminerai ma chronique par ceci : vous ne connaissez pas encore AC/DC et voulez rattraper ce retard (je vous envie, les gars, si c'est le cas !) ? Prenez Rock Or Bust pour voir comment sonne le groupe à l'heure actuelle (une production démentielle, une poignée de chansons remarquables comme la chanson-titre ou Hard Times), et ensuite, optez carrément pour Back In Black. Puis, passez à la période Bon Scott (Highway To Hell, Powerage qui fut l'album préféré de Keith Richards des Rolling Stones - et AC/DC son groupe préféré de l'époque -, Let There Be Rock, le live If You Want Blood...You've Got It qui, malgré sa courte durée, fait partie des meilleurs du genre). Leur double live AC/DC Live de 1992, malgré qu'il soit un collage de plusieurs concerts au lieu d'un seul (les fade-out, à la fin de chaque morceau, ça fait pas terrible, au bout du compte), marche aussi très bien en tant que best-of, ce que le groupe n'a jamais voulu faire pendant longtemps (une compilation). Vous aurez alors le meilleur d'un des meilleurs groupes de l'histoire du Rock. Ensuite, le reste de la discographie des from down under vous tendora les bras. Oubliez juste qu'il existe des albums du nom de Fly On The Wall, Blow Up Your Video et For Those About To Rock (We Salute You)... mais Flick Of The Switch, Stiff Upper Lip, Black Ice et The Razors Edge, Ballbreaker aussi (malgré sa production éreintante de Rick Rubin et un Brian Johnson sonnant atrocement mal), ne doivent pas, eux, être négligés.

FACE A

Hells Bells

Shoot To Thrill

What Do You Do For Money Honey

Given The Dog A Bone

Let Me Put My Love Into You

FACE B

Back In Black

You Shook Me All Night Long

Have A Drink On Me

Shake A Leg

Rock'n'Roll Ain't Noise Pollution

"Love" - The Beatles

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Souvenez-vous, fans des Beatles, c'était en 2006 : un nouvel album de votre groupe préféré. Comment qu'il a fait parler de lui-, celui-là ! Love, qu'il s'appelait. Rapidement, la chose a été mise au clair (de lune) : en fait, non, ce n'est pas un nouvel album des Beatles, il n'y à pas de chansons inédites dessus. Et puis, après tout, quand des chansons inédites furent proposées, réellement, aux fans, via les deux premiers Anthology en 1995, ce fut à chaque fois quelque peu frustrant, foutage de gueule, même : Real Love et Free As A Bird, telles étaient ces chansons, n'étaient que des démos retravaillées (et Real Love n'était pas inédite : les possesseurs de la compilation de 1988 Imagine : John Lennon le savent, elle se trouvait dessus, en version de travail, certes, pas aussi retravaillée, certes, mais présente tout de même). Alors un nouvel album des Beatles, pour les fans, ça sonnait un peu comme The Yellow Submarine Songtrack (compilation de 1999 regroupant toutes les chansons présentes dans le dessin animéYellow Submarine, et oubliant allègrement les pièces instrumentales de George Martin composées pour ledit dessin animé, instrumentaux présents sur l'album original de la bande-son sorti en 1969), ou un peu comme Let It Be...Naked, ce disque de 2005 proposant une version déspectorisée de Let It Be, comme l'album était intentionnellement désiré par McCartney.

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Mick, Keith, Malcolm et Angus : les Who (non, vous y avez cru ?)

Avant sa sortie, Love allait foutre sa merde, on le sentait. Un Beatlemaniaque se reconnaît au fait qu'il achète les yeux, oreilles, narines et bouche fermé(e)s n'importe quel produit estampillé Beatles, de la réédition mono en vinyle de l'entier catalogue, albums américains inclus, au service à thé avec une pomme verte dessus. Il a acheté toutes les compilations, il a achetéLet It Be...Naked, les Live At The BBC. Il achètera Love de la même manière, et l'album sera d'ailleurs, comme on peut s'y attendre, une belle affaire en terme de nombre d'exemplaires vendus (en plus, il est sorti vers Noël, comme la compilation 1 quelques années plus tôt, il s'est sans doute trouvé sous le sapin de certains). Mais le monde entier n'est pas rempli que de Beatlemaniaques, ça serait trop beau, ou trop triste, c'est selon. Les rock-critics, la presse musicale en générale, s'est retrouvée divisée avec cet album long (plus de 70 minutes, 26 morceaux) et étrange. Ceux qui aiment, ceux qui détestent. Les non-fans, généralement, ont eu du mal à voir en quoi ce disque était intéressant. Reconnaissons qu'il est étrange, ce Love. A la base, c'est la bande-son d'un spectacle organisé par la fameuse compagnie canadienne du Cirque du Soleil. Pour ce faire, on a, sous la houlette de George Martin, de son fils Nile, et des deux Beatles en vie (Ringo, Macca, fallait-il le rappeler ?), mixé ensemble plusieurs chansons, ou bribes de chansons, des Beatles. On les a réarrangées, on leur a viré ou rajouté quelque chose. Les conservateurs musicaux diront pas touche aux Beatles, même quand on en est un ancien, même quand on les a produit, sinon je mords. Les libéraux musicaux diront bah, un peu de sang neuf ne fait pas de mal, de temps à autre. J'imagine qu'aujourd'hui encore, 8 ans après, le débat doit toujours faire rage dans les forums spécialisés, les rencontres de fans, etc.

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Je ne vais pas parler pendant des plombinettes de Love de la même manière que je l'ai fait récemment pour des albums comme Physical Graffiti, The Silent Corner And The Empty Stage ou Tonight's The Night. Love est dans l'ensemble indescriptible. Il recèle de grands moments, d'autres plutôt moyens, voire pénibles (quelqu'un m'expliquera-t-il un jour, même si c'est dans 30 ans, à quoi ça peut servir de passer des bribes de Sun Kingà l'envers, et de le rebaptiser, logiquement, vu qu'il est à l'envers, Gnik Nus ?). Mais dans l'ensemble, il est à considérer comme un voyage intérieur au sein des Beatles, une expérience musicale et sensorielle, ça ne peut être que ça, rien d'autre, et certainement pas un vulgaire album. Ni une putain de compilation. C'est autre chose, ce Love. Personne ou presque n'a jamais dit à quel point ça peut être bouleversant d'entendre Because a capella, sans aucune musique, juste les harmonies vocales (sublimes, on le rappelle). Certaines transitions, certains couplages, sont du pur génie, Eleanor Rigby avec Julia, Here Comes The Sun avec le trop méconnu The Inner Light, Come Together relié avec Dear Prudence et Cry Baby Cry, Blackbird et Yesterday (pour celle-ci, Macca n'a pas attendu Love pour la faire : sur son triple live Wings Over America de 1976, période Wings, il reprenait les deux chansons, à la suite), Octopus's Garden chanté sur l'air de Good Night avant de repasser à sa version d'origine... Something avec un peu de Blue Jay Way imbriqué dedans, des versions sublimes de Strawberry Fields Forever, Glass Onion et I Am The Walrus... Le meilleur moment, selon moi, étant probablement la manière dont le riff de I Want You (She's So Heavy) percute sur sa gauche le final de Being For The Benefit Of Mr. Kite ! avant de céder la place au tout aussi furax Helter Skelter. Entre ce mixage et celui concernant Come Together, on a le sommet de ce projet un peu fou, controversé, mais que, je l'avoue, j'adore écouter de temps en temps. Love est un disque à part, destiné avant tout aux fans désireux d'écouter un peu de neuf avec du vieux. De temps en temps, ça ne fait pas de mal, un peu d'originalité, même quand on parle des Beatles. C'est vrai que leur musique est sacrée. Donc, ce disque est blasphématoire, profane. C'est la face sombre des Beatles, ici, quelque part, malgré l'ambiance totalement féérique, chatoyante (à l'image de la pochette jaune/orange et de son livret, terriblement psychédélique). Je peux comprendre qu'on n'aime pas. Mais moi, je le revendique haut et fort : j'adore !!

Because

Get Back

Glass Onion

Eleanor Rigby/Julia (transition)

I Am The Walrus

I Want To Hold Your Hand

Drive My Car/What You're Doing/The Word

Gnik Nus

Something/Blue Jay Way (transition)

Being For The Benefit Of Mr Kite !/I Want You (She's So Heavy)/Helter Skelter

Help !

Blackbird/Yesterday

Strawberry Fields Forever

Within You Without You/Tomorrow Never Knows

Lucy In The Sky With Diamonds

Octopus's Garden

Lady Madonna

Here Comes The Sun/The Inner Light (transition)

Come Together/Dear Prudence/Cry Baby Cry (transition)

Revolution

Back In The U.S.S.R.

While My Guitar Gently Weeps

A Day In The Life

Hey Jude

Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Reprise)

All You Need Is Love

"One Of These Nights" - Eagles

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Aaah, les Eagles... Qui a dit Hotel California ? OK, Hotel California, d'accord. La chanson comme l'album sont ce que l'on peut appeler vulgairement des classiques, des trucs indémodables, mythiques, importants. L'album Hotel California (par ailleurs l'album que le groupe fera après celui que j'ai décidé de réaborder aujourd'hui) est parfait, une collection de chansons inoubliables (The Last Resort, New Kid In Town, Wasted Time...Hotel California), une production elle aussi parfaite, l'album respirant bien à fond la Californie 70's, brouillard de coke inclus... Ca serait un peu vite oublier qu'à la base, les Eagles étaient un groupe de country-rock à la Flying Burrito Brothers (d'ailleurs, un des membres de ce groupe de country-rock fondé par le légendaire Gram Parsons fera partie des Eagles, le guitariste et banjotiste Bernie Leadon). Fondé au début des années 70, le groupe a sorti son premier opus (sur Asylum, le label crée par David Geffen, le même qui, par la suite, fondera Geffen Records, chez qui sortiront des albums tels que ceux de Nirvana ou Guns'n'Roses) en 1972. Eponyme, sous sa belle pochette montrant un ciel bleu, un peu de cactus et un aigle en train de voler, on y trouvait déjà quelques grandes chansons : Take It Easy, Train Leaves Here This Morning (co-écrite avec Gene Clark, ex-Byrds), Peaceful Easy Feeling, Witchy Woman... 1973 : le groupe sort Desperado, avec encore plus de belles chansons que sur Eagles (Doolin'-Dalton, Desperado, Bitter Creek, Certain Kind Of Fool, Tequila Sunrise...), un disque sous pochette western (le groupe pose en outlaws du grand Ouest au recto, et il me semble qu'au verso, ce sont les authentiques frères Dalton, morts, allongés), un de leurs meilleurs albums. Il ne sera pas un succès immense, pas un bide non plus. Disons que les Eagles ne sortent pas totalement leur épingle du jeu. Un an après, 1974, le groupe sort On The Border (ils recrutent un nouveau guitariste, Don Felder, pendant les sessions), avec On The Border, Midnight Flyer, Ol' 55 (reprise de Tom Waits), Already Gone, très bon album, un peu en deça des deux autres, mais rien de grave. A ce moment précis, le groupe est au nombre de membres : Don Henley (batterie et chant principal), Glenn Frey (guitare, chant), Bernie Leadon (guitare, banjo, chant, choeurs), Randy Meisner (basse, chant) et, donc, Don Felder (guitare). Groupe assez démocratique, chaque membre chantera, tout du long de la carrière du groupe, au moins une chanson, bien souvent plus (Frey, Meisner, avaient généralement une ou deux chansons par album), comme Queen (leur bassiste excepté), les Beatles ou Pink Floyd (leur batteur excepté) pour ne citer qu'eux.

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1975. Pour leur quatrième album, les Aigles sont donc cinq. On peut même dire six, car leur producteur depuis 1974 et On The Border, Bill Szymczyk (ce prononce 'simzik') est, malgré qu'il n'ait pas produit leurs deux premiers opus (c'était Glyn Johns) et qu'il produira d'autres artistes, associéà vie aux Eagles. Toujours d'obédience country-rock, les Eagles vont, en 1975, radicalement changer de style, passant au soft-rock le plus total. Un an après, ils feront Hotel California (avec pour unique objectif, en entrant en studio, celui d'accoucher d'un chef d'oeuvre). Ce disque de 1975, qui s'appelle One Of These Nights, lui pave la route, et est, selon moi, tout aussi réussi (bon, OK, disons quasiment aussi réussi) que lui. Il possède la même configuration, 43 minutes et 9 morceaux. Le même style musical. Autrement dit, si vous aimez Hotel California, One Of These Nights, si vous ne le connaissez pas encore, devrait selon toute logique vous plaire. C'est un des albums les plus démocratiques de ce groupe démocratique : chaque membre du groupe chante au moins une chanson. Leadon en chante une, Felder aussi (sauf erreur de ma part, c'est même la seule et unique fois qu'il en chantera une dans le groupe), Meisner en chante deux, Frey en chante une, Henley en chante trois, et on a un instrumental. Le compte est bon, je crois ? Alors, c'est parti : l'album s'ouvre sur une des chansons signées Henley, et il s'agit de la chanson-titre, justement. Une pure merveille qui, d'emblée, annonce le changement radical de sonorité pour le groupe (certains diront que sur On The Border, on avait déjà quelques vagues idées de ce futur revirement soft-rock, mais c'est vraiment sur One Of These Nights que ça se concrétise). Henley est un remarquable chanteur (et un remarquable batteur), et il livre ici une de ses meilleures chansons. The full moon is calling, the fever is high and the wicked wind whispers and moans/You got your demons, you got your desires, but I got a few of my own... Choeurs bee-geesiens (Swear I'm gonna find you one of these nights), solo de guitare à tomber par terre (signé Felder), ambiance nocturne et parfaite, cette chanson ouvre le disque avec force. Too Many Hands, qui suit, interprété par Randy Meisner et sa voix assez haut-perchée (et comme filtrée, sur le morceau, il y à de l'écho dessus), est un radical changement de ton, avec des tablas (joués par Henley) et une atmosphère quelque peu sombre. Un de mes morceaux préférés de l'album, je le préfère nettement au suivant, qui est Hollywood Waltz, ballade langoureuse, suave et éthérée signée Henley, très belle chanson, certes (par bien des aspects, elle me fait penser à ce que le groupe fera un an plus tard, sur Hotel California, via Wasted Time et The Last Resort, deux chansons de Henley qui sont de pures merveilles mélodiques). Sur ce morceau, on entend notamment le banjo de Leadon, un harmonium joué par Frey... C'est joli. Pas la meilleure de l'album, ni du groupe, mais c'est joli.

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Meisner, Leadon, Frey, Felder, Henley : dos de pochette de l'album

La face A se terminait par un coup de maître absolu, 6,40 minutes de bonheur sans paroles (oui, c'est l'instrumental de l'album, bravo), Journey Of The Sorcerer. Signé Leadon, qui nous offre ici son banjo accompagné d'un violon fiddle signé David Bromberg et d'un orchestre de cordes, c'est le sommet de l'album. Leadon donne tout, ici, une performance inoubliable de banjo, une atmosphère à la fois folk, lyrique, orientalisante, totalement magique, mystique. Pour son dernier album avec les Aigles, il part en laissant le meilleur. Car, oui, j'avais oublié de le dire, mais c'est le dernier album du groupe avec Bernie Leadon, qui, n'aimant pas trop la nouvelle direction prise par le groupe (rappelons qu'il vient de la country), partira une fois le disque en rayons. Je me suis quand même toujours demandé comment il a pris le fait que le groupe vivra, un an plus tard, son plus colossal succès public alors qu'il n'en faisait plus partie... Pour en revenir àJourney Of The Sorcerer, c'est une oeuvre colossale, un morceau qui vous transportera ailleurs (une série TV de SF de la BBC utilisera d'ailleurs souvent ce thème, deux-trois ans après), l'alchimie entre le banjo, le violon country (deux instruments, donc, roots) et des cordes signées du Royal Martian Orchestra (!!), est totale. Frissons en perspective à chaque écoute. La face B, elle, s'ouvrait sur un autre long morceau (6,20 minutes), Lyin' Eyes, petite merveille douce-amère, pleine de nostalgie, de mélancolie, signée Frey (qui tient la guitare acoustique, Leadon tenant l'électrique). Splendeur absolue. Take It To The Limit, signé Meisner, avec ses arrangements lyriques un peu too much et son refrain répétitif, semble en-dessous, mais c'est une très belle chanson qu'il faut écouter souvent. En revanche, la chanson suivante, Visions, unique chanson du groupe à avoir été interprétée par Felder, n'est pas géniale. Du rock un peu énergique (plus que le reste de l'album), pas honteux à l'écoute, mais c'est clairement la moins percutante du lot ; ceci dit, elle n'entache pas One Of These Nights. After The Thrill Is Gone est une touchante, magnifique chanson signée Henley, belle quasiment à chialer, tout est dit. Enfin, I Wish You Peace, interprétée par Leadon, et co-écrite par lui et par sa petite amie de l'époque Patti Davis (fille de Ronald Reagan, qui la reniera, le choix de Patti de vivre, avec Bernie, en couple non-marié, lui déplaisant souverainement), est une magnifique ballade qui achève idéalement l'album. On pourrait croire que cette chanson est un message pour les autres Eagles, sous-entendu que Leadon aurait déjà eu l'envie de partir du groupe en l'enregistrant, mais il n'en est rien. Ceci dit, compte tenu qu'il s'en ira peu après, ce titre ("Je vous souhaite la paix") est à double-sens, on pourrait très bien croire qu'il s'adresse à ses futurs ex-comparses ! Par la suite, Henley dénigrera quelque peu la chanson, la qualifiant de soupe soft-rock pour soirées-cocktails... Compte tenu qu'il ne s'agit pas d'une chanson des Eagles, mais d'un titre solo de Leadon placé sur un de leurs albums, c'est un peu salopard de sa part !

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Voici donc un remarqualbe album de soft-rock, de pop-rock bien formatée et superbement produite. Mis à part une chanson un peu anodine et forcée (Visions, certes remuante, mais pas originale du tout), One Of These Nights, sous sa pochette (qui sera quelque peu reprise pour un de leurs best-ofs) représentant un crâne de...taureau ? avec des ailes et des plumes indiennes, est un formidable opus des Eagles, une sorte de préparation (et quelle préparation !) pour le futur et monumental Hotel California (pour lequel le groupe engagera le guitariste Joe Walsh, venu du hard-rock, pour remplacer Leadon). Pour moi, cet album de 1975 est tout aussi réussi que lui, d'ailleurs, et en tout cas, je l'adore tout autant. Pour fans du genre, voici donc un grand, grand disque de soft-rock !

FACE A

One Of These Nights

Too Many Hands

Hollywood Waltz

Journey Of The Sorcerer

FACE B

Lyin' Eyes

Take It To The Limit

Visions

After The Thrill Is Gone

I Wish You Peace

"Suicide" - Suicide

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Suicide-Suicide-Frontal

Ooooh, quelle bande de malades... Mais si vous vous y connaissez un peu en rock, je pense que vous le savez déjà. Rien que le nom du groupe en dit long sur leur côté totalement extrémiste : Suicide (à la base, le groupe devait même s'appeler Satan Suicide, mais la première partie du nom fut, heureusement, retirée, ça aurait vraiment fait trop). Quel joli nom, annonciateur de bien des plaisirs auditifs, un nom de groupe joyeux comme une promenade dans un ossuaire, joyeux comme une crémation... Suicide. Faut vraiment être des malades pour oser appeler son groupe de la sorte. On ne s'étonnera dès lors pas que a) le groupe n'ait jamais connu le succès et la reconnaissance publique, autrefois comme maintenant, et b) que sa musique ne soit pas facile d'accès, et sujette à toutes les polémiques. Suicide a été fondé au tout début des années 70, ce qui n'empêche pas que leur premier album, celui-ci, éponyme sous sa pochette sanguinolente, ne soit sorti qu'en 1977. Il n'a pas été enregistré des années avant, c'est juste que pendant tout ce temps, le groupe tournera dans des petits clubs (et notamment le mythique CBGB's), se produira au cours de manifestations organisées, de happenings sauvages, mais ne trouvera apparemment pas de label pour les signer. Red Star les chopera, le disque sera produit par Marty Leon et Craig Thau, producteurs, notamment (sur un autre label), des Ramones. L'album sortira donc en 1977, année keupon. 31 minutes, 7 morceaux. Certains peuvent sembler, genre, accessibles, mais c'est un accessible que pas mal de groupes estimeraient difficile d'accès. Les autres morceaux, les plus radicaux, sont, eux, vraiment...voilà, quoi.

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Le groupe n'en est pas vraiment un, il n'y à que deux membres : un chanteur fou à la veste de cuir et au bandana, et un musicien aux lunettes de ski et aux claviers dissonnants et à la boîte à rythmes dézinguée. Pas de guitare, pas de basse, pas de vraie batterie, pas de vrais claviers dignes de ce nom, pas de cuivres, de cordes, de choristes. Le chanteur s'appelle Alan Vega, le musicien, Martin Rev. Deux chtarbés, surtout Vega, un mec totalement illuminé. Faudrait pouvoir décrire par le menu les concerts de Suicide, à l'époque. Mal-aimés, incompris, haïs même, les deux zigotos n'arrivaient que rarement à achever un concert sans débordements. Vega n'hésitait pas à se bastonner avec les membres les plus radicaux du public, ceux qui leur criaient dessus le plus fort, il empêchait des fois les gens de sortir de la salle, les forçait à assister au show jusqu'au bout. Il en ressortait bien souvent avec des gnons, blessures, la photo plus bas dans l'article (la prochaine) doit probablement venir d'après un concert, et en dit long sur le personnage. Sur la réédition CD collector (deux disques) de l'album, on trouve, sur le second disque (qui offre aussi des titres captés live au CBGB's, notamment une excellente reprise hantée du 96 Tears de ? And The Mysterians, chanson adulée par Vega), un morceau de 23 minutes intitulé23 Minutes Over Brussels. Il s'agit d'une prise live des 23 premières minutes d'un concert que le groupe donna à Bruxelles, en ouverture d'Elvis Costello, en 1978. Le concert est émaillé de cris et d'insultes de la foule, et se termine brutalement, le groupe ayant étééjecté, on parle de fauteuils jetés sur la scène, ce genre de gentillesses... Ambiance meurtrière et totalement dingue. Ca résume parfaitement Suicide, le groupe le plus...suicidaire du rock. Comment, sinon, définir ce disque ? 31 minutes de terreur sonore. Mais, en même temps, le plus souvent, c'est hallucinant de maîtrise dans le registre minimaliste. Parfois proche du rock'n'roll/rockabilly de par la manière de chanter de Vega (Johnny, Girl, Ghost Rider), l'album s'ouvre, justement, sur Ghost Rider, chanson hantée possédant quelques unes des paroles les plus cinglantes sur les USA (America's killing his youth, allusion au Vietnam ?). Déjà, sur ce titre, Vega pousse des cris un peu intempestifs, courts, des onomatopées assez glaçantes et imprévisibles. Une voix désincarnée, fantômatique, aigrelette. Il fout les jetons, ce type. Rocket U.S.A. en rajoute dans le genre, avant une petite bouffée d'oxygène (un oxygène un peu frelaté, on parle de Suicide après tout), Cheree. Une chanson sublime, douce, une ballade, oui oui, sortie en single, oui oui, très écoutable si on la compare au reste de l'album, oui oui. U2 avouera sans complexe avoir essayé de rendre hommage àCheree et Suicide en enregistrant With Or Without You. Vega leur aurait répondu d'une manière cinglante : quitte à nous rendre hommage, pourquoi vous n'avez pas carrément repris la chanson, ça nous aurait fait gagner un peu d'argent en royalties, on ne roule pas sur l'or. Ambiance. Dans le livret CD, en forme d'interview du groupe, une question est posée en final : quand Suicide se reformera-t-il ? Réponse de Vega : quand on sera dans le besoin. Suicide, un groupe qui aime que les choses soient dites telles qu'elles sont.

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Après Cheree, vraie douceur (ce qui, concernant Suicide, est étonnant, mais vrai), on arrive àJohnny, courte chanson très rockab' dans l'âme, assez virevoltante dans un sens (malgré la mélodie inexistante, toujours ces claviers dissonants et boîte à rythmes discrète et malsaine), puis Girl, chanson sexuelle (quand Vega annonne ses oh, turn me on, soit 'oh allume-moi' en français, on sent la luxure dans la voix). Pas la meilleure de l'album, mais c'est du Suicide. La face A se terminait ainsi. La face B ne contient que deux titres. Le premier, c'est Frankie Teardrop, 10 minutes TERRIFIANTES, à ne pas écouter seul et quand on ne se sent pas bien (physiquement ou moralement, ou les deux), et pas au casque, ce morceau rend fou. Fou comme le Frankie Teardrop du titre, un vétéran du Vietnam ayant énormément de mal à joindre les deux bouts, il est marié, un enfant. Un jour, il pète un cable, chômage, dettes, misère, il tue sa famille, se tue ensuite. Quand Vega (qui chante tout le morceau d'une voix atrocement neutre) en arrive au passage du double meurtre suivi du suicide, il accompagne chaque acte irrémédiable d'un horrible cri strident, un cri de douleur, de rage, de peine, impossible de ne rien ressentir. Cris qui reviennent plus tard. Les 10 minutes sont emplies de terreur, on ne parle plus de tension, ici, mais de terreur à l'état brut, une peur blanche, irrépressible. We're all Frankies, dit Vega dans l'écho du final. Quelle sinistre déclaration... Evidemment, c'est le sommet de l'album. C'est aussi un des morceaux, si ce n'est LE morceau, les plus radicaux, angoissants et violents (malgré que la mélodie ne soit pas brutale : rien ne distingue ce morceau des six autres de l'album, en ce qui concerne l'accompagnement 'musical') qui existent et existeront. Le dernier titre, Che, est une ode au Che Guevara, sinistre et hantée. When he dies, a world lies... Après Frankie Teardrop, ce morceau semblerait presque (presque !) normal. Grossière erreur. Tout le disque est une programme de démolition intérieure, une Oeuvre inclassable, flippante, polémique, adulée ou détestée, mais pas de milieu. Âmes sensibles, s'abstenir. Amateurs de dinguerie, bienvenue dans le merveilleux monde de Suicide, dont les fans les plus connus sont nuls autres que Christophe (oui, le chanteur des Mots Bleus ! Son album Bevilacqua peut être parfois vu comme une sorte de disque expérimental à la Suicide, toutes proportions gardées) et Bruce Springsteen, qui reprendra Dream Baby Dream, une des chansons du groupe, en concert et sur son dernier opus en date High Hopes. Frankie put a gun in his head...And then...Frankie's dead.

FACE A

Ghost Rider

Rocket U.S.A.

Cheree

Johnny

Girl

FACE B

Frankie Teardrop

Che

"Pink Flag" - Wire

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A la base, le punk-rock a été crée parce qu'il y en avait marre des groupes offrant des longs morceaux de 20 minutes ou plus (rock progressif, jazz-rock), des solos interminables, des concerts de 3 heures 30 (Led Zeppelin)...Le punk, c'était l'énergie renouvelée, la décharge électrique totale, la sobriété dans la durée, aussi : souvent, les disques de punk durent à peine plus de 35 minutes, ils offrent entre 10 et 14 titres bien souvent très courts, de vraies branlées musicales en 2,30 minutes, on se croirait revenu au bon vieux temps du rock'n'roll 50's type Jerry Lee Lewis ou Chuck Berry. Et puis, Wire arrive. Wire, c'est un groupe de punk-rock, mené par le chanteur Colin Newman. Le groupe a été signé par EMI, via le label Harvest, le label de Pink Floyd et, autrefois, des Pretty Things, quand même. EMI, qui avait signé, puis viré les Sex Pistols, lequels ont finalement trouvé leur bonheur via Virgin. Mais EMI avait quand même vraiment envie de signer du punk. Ils l'ont fait à quelques reprises, avec les Saints - sur Harvest aussi, d'ailleurs -, et, donc, avec ces Wire, groupe qui va jucher le principe punk (chansons courtes et speedées, pas de solos, pas de longs trucs) énoncé plus haut avec un sens de l'à-propos des plus redoutables. Le premier opus du groupe, Pink Flag (le titre est semble-t-il une allusion narquoise à Pink Floyd, la pochette fut prise par le groupe lui-même, le drapeau fut rajouté au pochoir), sort en 1977, l'année punk. Il dure 35 minutes. Quant au nombre de morceaux, il n'y en à pas 10, non, pas 12, pas 14, pas même 16, non, il y en à 21. On imagine donc bien leur durée (un chouia moins de 4 minutes pour le plus long, même pas 30 secondes pour le plus court).

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L'album a, de plus, été pensé comme un tout, les morceaux placés selon un ordre bien précis, et il a été enregistré en live abolu (en studio, mais dans les conditions du live), le chanteur et le groupe ensemble, d'un bloc. En cas de plantage de l'un ou de l'autre, on recommence tout, c'est pas comme d'ordinaire où le chanteur pose ses voix d'un côté, le groupe enregistré chacun sa partie de l'autre, et on mixe le tout, non. Tout a été enregistré tel qu'on l'entend, en brut, en global, et probablement, ça ne m'étonnerait pas d'eux, dans l'ordre d'apparition à l'écran, séances commençant peut-être par Reuters et se finissant par 1 2 X U. Le producteur s'appelle Mike Thorne, et il a accompli un truc de fou, non seulement en parvenant à canaliser l'énergie de ces quatre lascars, mais en parvenant à faire en sorte que les 21 petits morceaux paraissent n'en former qu'un seul (ou deux : un par face), enfin, quasiment. Si certains morceaux, généralement les plus longs, peuvent fonctionner séparément (Mannequin qui sortira en single, Reuters, Lowdown, Pink Flag, Strange, Fragile, Champs), dans l'ensemble Pink Flag est à consommer d'une traite. Ca commence (je ne vais pas décortiquer l'album titre par titre) par une chanson abordant les médias (Reuters est le titre de la chanson, mais surtout d'une fameuse agence de presse anglophone), avec paroles écrites à la manière d'un reporter (This is your correspondant running out to tape), ça se termine par un cinglant et étonnant 1 2 X U, au titre chelou, au thème polémique, l'homosexualité et les homophobes (Saw you in a mag, kissin' a man...I got you in a corner, got you in a corner). D'autres chansons sont plus cryptiques, pour les thèmes, rien que leurs titres sont étranges (Ex Lion Tamer, une pure merveille ; 106 Beats That ; Brazil, qui ne parle pas forcément de ce pays). Un instrumental en ouverture de face B, au titre amusant (The Commercial : la publicité) succède à un Pink Flag gigantesque achevant la face A, morceau lourd, puissant, violent, se terminant en apocalypse, le grope jouant de plus en plus vite, jusqu'à l'explosion salvatrice accompagnée de quelques hurlements de rage et d'épuisement de la part de Colin Newman, lequel en profitait, pendant l'accélération, pour glapir, de plus en plus vite, une seule et unique dernière phrase (pas la seule des paroles, loin de là, mais celle qui revient le plus), How many dead or alive ?, quand on pense que ce morceau a été enregistré live en studio, d'un coup (sans doute a-t-il fallu plusieurs prises, mais Thorne et le groupe n'ont pas pris le chant de l'une et les musiciens d'une autre prise et fait un collage), on ne peut qu'être pris par un frisson d'admiration.

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D'autres morceaux comme MannequinFragile, Strange (qui sera repris par R.E.M., groupe ayant, de l'avis de son chanteur Michael Stipe, pris pas mal à Wire), sont plus calmes, parfois (l'intro de Mannequin est magnifique, et anticipe quelques petites merveilles pop que le groupe fera dans les années suivantes, notamment le sublime Outdoor Miner sur l'album Chairs Missing, de 1978), d'autres sont de parfaites petites balles punk (Lowdown, Different To Me, Mr. Suit, Straight Line, Surgeon's Girl), beaucoup s'achevant d'ailleurs dans une totale précipitation, comme si la durée des morceaux était préparée et que le groupe jouait  les yeux posés sur le chrono, pour la finir au timing exact. Ce qui est surtout valable pour les morceaux les plus courts, comme Brazil, It's So Obvious, Surgeon's Girl, Different To Me et Start To Move. Pas les meilleurs morceaux, rapport à leurs durées (une minute, voire moins), mais ce n'est pas étonnant, on fait rarement des chefs d'oeuvre avec des morceaux aussi courts, presque des démos. Mais comme je l'ai dit, tout l'album est àécouter d'une traite, 35 minutes dans les dents, du premier riff de guitare de Reutersà la dernière envolée de guitare du speedé et chelou 1 2 X U, et il est àécouter dans l'ordre et sans shunter le moindre morceau. Certes, Start To Move ou It's So Obvious ne sont pas grandioses (en revanche, Ex Lion Tamer, Three Girl Rhumba, Mr. Suit le sont), mais prises dans l'ensemble, elles fonctionnent vraiment bien. L'énergie punk du groupe est totalement bluffante, leur côté assez arty annonce, aussi, quelque part, la new-wave, rappelons par ailleurs que pas mal de groupes de new-wave (Simple Minds, XTC, Siouxsie & The Banshees, Public Image Limited, Stranglers...Wire) viennent du punk-rock. J'imagine ce que l'écoute de Pink Flag a du être à la sortie de l'album, j'imagine l'étonnement, la stupeur des gens en constatant, au dos de pochette, le nombre de morceaux, annonciateur d'un beau bordel sonore. Au final, c'est un disque vraiment efficace, bluffant même, même s'il ne faut pas l'écouter trop souvent. Il peut assez rapidement devenir usant, à la longue, j'en sais quelque chose. Après quelques années sans l'écouter, j'ai réappris à aimer cet OVNI musical à la fois totalement dans son époque, et préparateur d'une suivante. Un des albums les plus importants de 1977, voire même des seventies.

FACE A

Reuters

Field Day For The Sundays

Three Girl Rhumba

Ex Lion Tamer

Lowdown

Start To Move

Brazil

It's So Obvious

Surgeon's Girl

Pink Flag

FACE B

The Commercial

Straight Line

106 Beats That

Mr Suit

Strange

Fragile

Mannequin

Different To Me

Champs

Feeling Called Love

1 2 X U

"A Love Supreme" - John Coltrane

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ALS

Tout amateur de jazz vous le dira : il y à de très mauvais mois, ceux au cours desquels on n'écoute pas John Coltrane. En partant de ce principe, je peux d'ores et déjà dire que décembre ne sera pas un mauvais mois me concernant. J'ai par ailleurs constaté avec quelque effroi mêlé de stupeur que peu d'albums de 'trane avaient été abordés ici, et que seul cet album, que je réaborde donc pour la première fois depuis 2009, avait été abordé ici par mes soins (KingStalker ayant abordéOlé et Giant Steps notamment). Il y a aussi un ou deux articles de clips, mais  je n'ai abordé aucun autre album de Coltrane mis à part A Love Supreme, et je peux vous annoncer que, putain, ça va changer. J'envisage d'aborder un ou deux autres de ses albums ici, Olé notamment. Mais avant d'aborder ces disques en chronique complémentaire, il me faut réaborder un album légendaire, un disque immense, culte, un des albums les plus quintessentiels non pas du jazz, mais de la Musique en général. Le genre d'album sans défaut aucun, enfin si, pour chipoter, disons que son seul défaut réside dans sa très courte durée : 33 minutes. Mais mis à part ça, A Love Supreme, c'est Byzance, Shangri-La, Xanadu, le Paradis, le Nirvana, le Walhalla, le Youkoun-Koun, la Tapisserie de Bayeux du jazz. C'est aussi un des albums les plus spirituels, sacrés qui soient, John Coltrane (saxophone) l'ayant composé dans un état second, et l'ayant imaginé comme un cadeau qu'il faisait à Dieu. Non pas un cadeau qu'il recevait du Divin, mais quelque chose de magnifique qu'il espérait pouvoir envoyer Là-Haut en remerciement de toutes les belles choses dûes à Dieu, de tout l'amour (pardon : l'Amour, A majuscule) que Dieu, selon lui (Coltrane était très croyant), donnait aux Hommes. Qui, pourtant, au vu et su de toutes les saloperies type guerre, génocides, etc qui se sont produits depuis la nuit des temps, ne méritent pas forcément autant d'amour et de compassion, en général.

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A Love Supreme, un amour suprême, donc, n'est pas n'importe quel disque de jazz. Si certains albums de jazz sont intemporels, comme Kind Of Blue et In A Silent Way de Miles Davis (pour ne citer qu'eux), ou Time Out de Dave Brubeck, le Concert By The Sea d'Erroll Garner, Oh Yeah de Charles Mingus ou un autre opus de Coltrane, Giant Steps (et encore, je n'ai cité ni Ornette Coleman, ni Thelonious Monk, ni Duke Ellington...), A Love Supreme, c'est la classe internationale. Cet album ne brille pas par l'originalité de sa pochette, recto comme verso étant occupés par la même photo noir & blanc, impériale photo ceci dit, d'un Coltrane de profil, concentré sur sa mission (à l'intérieur de la pochette dépliante, un texte de Coltrane sur son album, une longue prière pour Dieu, ainsi qu'un dessin le représentant jouant de son saxophone. Extrait, traduit en français, du texte : Pendant l'année 1957, j'ai connu par la grâce de Dieu un réveil spirituel qui allait me conduire à une vie plus riche, mieux remplie, plus productive. À cette époque, en signe de gratitude, je Lui ai humblement demandé qu'Il me donne les moyens et le privilège de rendre les autres heureux à travers la musique. J'ai le sentiment que cela m'a été accordéà travers Sa grâce. Louange à Dieu ![). Musicalement, en revanche, un seul sentiment ressort de l'écoute des 33 minutes de l'opus : admiration. Fierté d'avoir écouté un tel disque. On en ressort grandi, c'est sans doute un peu exagéré de dire ça, me direz-vous, mais si tel est le cas, c'est que vous ne connaissez pas encore A Love Supreme. Ou Coltrane, un des plus grands parmi les plus grands, mort tragiquement, en 1967, à un âge ridiculement jeune (40 ans), d'une infection du foie, assimilable à un cancer foudroyant. Christian Vander, batteur et futur leader de Magma, ne s'en remettra jamais, de la mort de celui qui fut, qui est toujours, son idole absolue. Trois ans plus tôt, il ('trane, pas Vander, ah ah ah) livrait A Love Supreme, et ses 3 ou 4 morceaux (3 ou 4 ? Disons que la face A est constituée de deux morceaux, et que sur la face B, on a les deux autres morceaux, mais généralement placés sur la même plage audio ; ces quatre morceaux sont en fait les quatre mouvements de l'album, album qu'il ne faut pas écouter en mode shuffle, donc). Sur ce disque, il est entouré de McCoy Tyner (piano), Jimmy Garrison (contrebasse) et Elvin Jones (batterie), et il tient, donc, le saxophone ténor. C'est aussi sa voix que l'on entend répéter, en litanie, A love supreme, a love supreme, à la fin d'Acknowledgment, la première partie (7,47 minutes) de l'album.

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Coltrane et sa femme et veuve, Alice

Les autres parties s'appellent Resolution (la partie la plus classique, dirons-nous, de cet album très avant-gardiste dans l'ensemble), Pursuance et Psalm. N'attendez pas de moi que je les décortique, ça serait faire preuve de la plus totale infâmie à l'encontre de ce disque. Et puis, c'est au-delà de mes forces. Tout ce que je peux dire, c'est que j'adore tout, ici, tout me bouleverse totalement, des premières notes du premier mouvement (cette impression que la musique surgit d'une épaisse brume ! Je ne sais pas trop comment l'expliquer clairement, mais les premières notes, le saxophone qui surgit comme ça, me donne l'impression d'arriver en Terre Promise après des heures, des jours, des siècles de tâtonnements dans la pénombre ; quand je vous disais que cet album est sacré, qu'il confine au sacré, au religieux, et moi qui ne suis, dans l'ensemble, franchement pas attiré par la religion - quand je rentre dans une église, c'est pour la visiter, pas pour prier !) aux dernières du dernier. Je suis toujours attristé de constater que 33 minutes, ça passe trop vite, mais je me console en me disant que l'album est parfait, et qu'avec 10 minutes de plus il ne l'aurait peut-être pas été (ou peut-être que si, peut-être que si...on ne le saura jamais). Voilà. A Love Supreme, cadeau de Coltrane, ce géant de 'trane, à Dieu. L'histoire ne dit pas si Dieu a accepté le cadeau, s'il y à des platines ou des chaînes hi-fi Là-Haut, mais dans tous les cas, nul doute que depuis 1967, 'trane offre son récital en personne au principal intéressé, y'en à des qu'ont de la chance, moi, je vous le dis.

FACE A

Acknowledgement

Resolution

FACE B

Pursuance

Psalm


"Nevermind The Bollocks, Here's The Sex Pistols" - The Sex Pistols

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Bruits de bottes militaires, certains diront même nazies, allez savoir. Coups de batterie en synchro, un bon gros riff bien minimaliste et clarillonnant qui déboule à quatre reprises avant de céder la place à un pur bordel sonore bien trippant et violent. Une voix cynique, nasillarde, narquoise, vulgaire, cockney, qui crache ces mots, A cheap holiday in other people's misery ("des vacances pour pas cher chez la misère des autres")... Holidays In The Sun frappe fort en entrée de jeu. Ce n'est que la première des douze chansons d'un album mythique et incroyablement scandaleux, ayant remué la Terre entière à sa sortie en 1977 : Nevermind The Bollocks, Here's The Sex Pistols, premier et unique album des Sex Pistols, un des groupes les plus cultes au monde, et le fer de lance de la génération punk. Pas le premier groupe punk à avoir sorti un album (pour les Américains, ce fut le premier opus des Ramones, en 1976 ; en Angleterre, ce fut le premier Damned, Damned Damned Damned, en début 1977), mais le plus connu et scandaleux des groupes punks anglais, le plus punk, le plus cinglé, groupe fondé par Malcolm McLaren, copropriétaire (avec Vivienne Westwood) d'une boutique de fringues punk et SM, et ayant fondé le groupe sur le postulat le plus simple possible : n'importe qui, même ceux qui ne savent pas chanter et jour d'un instrument, peuvent le faire. Et puis, ça fera faire des affaires à sa boutique, McLaren n'ayant jamais, jamais au grand jamais oublié le côté pécunier de l'affaire. Il crée donc de toutes pièces les Sex Pistols (sa boutique s'appelle Sex, au fait...) en 1975, avec de vrais tarés : John Lydon au chant, dont la dentition quelque peu affligeante fera qu'il sera surnommé Johnny Rotten, Johnny le Pourri. Steve Jones à la guitare. Glen Matlock à la basse. Paul Cook à la batterie. En 1977, Sid Vicious (de son vrai nom John Ritchie) remplace Matlock. Il ne joue pour ainsi dire pas sur l'album, lequel album sort en octobre 1977, bien longtemps après les divers singles et faits divers incluant le groupe (ils furent signés chez EMI, puis virés, signés ailleurs, refusés ici et là, avant que Virgin Records, de Richard Branson, ne les signe, ils y resteront).

Sex Pistols Lydon and Jones

John Lydon et Steve Jones dans leurs oeuvres

Sa pochette jaune et rose fluo (jaune devant, rose derrière), avec son lettrage en découpages de journaux et son titre choquant ("On s'en bat les couilles, voici les Pistolets Sexe"), Nevermind The Bollocks, Here's The Sex Pistols fera bien parler de lui. Des magasins de disques refusent de le vendre. Les passags TV du groupe sont scandaleux (insultes, gestes déplacés). Les singles sont verbotenà la radio (God Save The Queen, une des chansons ultimes du punk-rock, sortira au moment du Jubilé de la Reine, oh so shocking), on les trouve difficilement en rayonnages. Les concerts sont sources d'affrontements, on se bastonne, les membres du groupe se font tabasser des fois (Rotten se prendra des coups de rasoir ou de couteau), les Pistols crachent à la gueule de leurs fans et reçoivent de même, pas mal de concerts seront de fait annulés. A eux seuls, les Pistols font passer les autres groupes punk, pourtant eux aussi assez trashs (Damned, les Américains Dead Boys de Stiv Bators et Heartbreakers de Johnny Thunders, et bien entendu, les Clash), pour des Bisounours sous Valium. Faut dire qu'ils font fort : God Save The Queen qui parle de régime fasciste vous transformant en débile et en potentielle bombe H, Holidays In The Sun dans laquelle Rotten s'imagine partir en vacances en RDA, pour vivre sur la misère des autres, Seventeen dans laquelle un jeune con (I'm a lazy sod) donne des conseils à un vieux con de 29 ans, You're only 29,got a lot to learn...On peut aussi citer New York, dans laquelle le groupe se paie le luxe d'enfoncer les New York Dolls, mythique groupe de proto-punk glam (que Malcolm McLaren produira en fin de carrière, vers 1975), ancien groupe de Johnny Thunders. Les Dolls sont adulés des Pistols et des punks, sans les Dolls, le punk ne serait pas grand chose, ils avaient l'attitude, le son... Mais ils sont, ici, traités de sales tapettes par un Rotten en forme (Thunders répliquera cyniquement avec London Boys). On peut également citer E.M.I. (Unlimited Edition) où le groupe se paie les maisons de disques les ayant soit virés, soit refusés, Goooooodbyyyyye, A & M, avec un bon gros bruit de pet fait avec la bouche, ambiance. Liar, elle, se tape McLaren, le manager, traité de menteur par un Lydon qui ira encore plus loin dans l'antiMclarenisme avec Public Image, en 1978, sur le premier opus éponyme de Public Image Limited (alis PiL), son futur groupe. Mais quand même, traiter son manager de liiiiaaaaaarrrrrrr, faut le faire. Anarchy In The U.K., avc son intro légendaire (Rrrrright ! Nooooooow, ah ah ah ah ah...), est un autre appel au bordel ambiant pour la perfide Albion. Gröss skandal aussi, on s'en doute.

never mind the bollocks back cover

Dos de vinyle. Sub-Mission n'y est pas créditée, ne se trouvant pas sur toutes les éditions à l'époque...

Mais aucune chanson, ici, ne va aussi loin que Bodies. Pour le coup, c'est limite terrifiant. Un Lydon incroyablement concerné, qui livre une chanson sur l'avortement, sujet des plus épineux, tabous même (comptez le nombre de chansons connues sur ce sujet : si vous arrivez à deux, faites moi signe !). La chanson part d'une histoire vraie : un jour, une jeune femme, apparemment du nom de Pauline (dans la chanson, elle s'appelle ainsi, pourquoi Lydon urait-il changé le nom, surtout qu'il parle de la ville de la fille, Birmingham ?), sonne chez Lydon. Elle a un temps été sa copine, ils ont couché ensemble, ne sont plus en couple, c'était même sans aucun doute un coup d'un soir, wham bam thank you ma'am. Lydon lui ouvre, surpris, et se rend compte qu'elle tient à la main un sac de papier, qu'elle lui tend. Il regarde, se demande ce que ce truc informe, peu ragoûtant, visqueux peut bien être. Pendant ce temps-là, elle lui parle, et pendant qu'il l'écoute, il pige : elle est tombée enceinte de lui, a avorté, et est venu lui refiler...enfin, vous avez compris ce qu'il y avait dans le sac, non, depuis le temps ? Cette histoire sordide hantera longtemps Lydon. Sans doute est-ce même pour cela qu'il n'a pas d'enfants biologiques (reconnus, en tout cas). La chanson parle de ça, de cette Pauline venant de se faire avorter. Bodies est-elle une chanson anti-avortement (She was a no-one who killed her baby, she sent a letter from the country, she was an animal, she was a bloody disgrace), ou une chanson le défendant (la terrifiante ligne Fuck this and fuck that, fuck it all and fuck the fuckin' brat, she don't want a baby that looks like that) ? Les deux, mon capitaine ? En tout cas, c'est une chanson féroce, violente, virulente, sanguinaire, elle se répand en vous comme de la gangrène, on ne l'oublie pas de sitôt, Rotten la chantant avec une force, mais une force...hallucinante. Une des rarissimes chansons (avec Seventeen) sur laquelle Sid Vicious jouerait de la basse, si le terme 'jouer' convient vraiment quand on parle de la basse de Sid (un cadavre en jouerait mieux que lui)...Rien que cette chanson rendrait n'importe quel album scandaleux et culte. Si on y rajoute ces Anarchy In The U.K., Pretty Vacant, God Save The Queen (trois singles N°1 des charts d'affilée, premier groupe à réussir ça depuis les Beatles), Liar, Problems, E.M.I. (Unlimited Edition), SeventeenSub-Mission et Holidays In The Sun, on tient ici un disque important, crucial. Certes moyennement (médiocrement, même) joué, chanté avec un peu trop de hargne parfois, et produit très correctement, mais pas extraordinairement non plus. Mais toute la fuck-you attitude du punk est là, pendant 38 minutes le plus souvent magistrales. God save the Queen/Tourists are money/But our figurehead/ Is not what she seems...

Critique complémentaire de KingStalker :

Voilà sûrement une des pires croûtes qui soient.....Mais paradoxalement un des albums les plus connus qui soit.
Tout le monde a déjà vu cette pochette aux couleurs criardes (rose et noir sur fond jaune) et tout le monde à déja entendu Anarchy In The U.K. ...
La raison de ce succès ? Le contexte bien entendu.
Nous sommes en Grande Bretagne durant les années 70. L'écart entre les gens démunis ( certains diront prolétaires) et les gens riches se creusent. Des groupes de jeunes se créerent et avec eux un souffle de rebellion.
Ils créerent un style vestimentaire original consistant à porter tout ce qu'on a sous la main ( vêtement ou non) et un style musical, le punk est naît....
Rappelons quand même que les bases du punk furent crées au States avec des groupes comme le MC5 ou encore les Stooges, ils jouaient ce qu'on appelle du proto-punk.

The Sex Pistols est un des fers-de-lance de la musique punk et n'a pourtant sorti qu'un album, Nevermind The Bollocks, Here's The Sex Pistols.
Le succès est immédiat, de plus leur frasque accentue le phénomène et les médias s'arrachent le groupe et surtout un membre le junkie et incapable bassiste du groupe, Sid Vicious...
Qui décedera, rappelons-le, d'une overdose en 1979 à NY.
Faut dire que tout les jeunes l'adulaient le Sid, toujours shooté et arborant des croix gammées sur ses T-Shirts ( pour bien faire comprendre no future), d'ailleurs il me semble que le détenteur de cet mantra est bel et bien le vicieux (no future in a world like this), moi je dirai plutôt, no future in a band like this....

Parlons aussi un peu de leur passage éclair à EMI, parlons juste de la fin entre les deux clans ( les sp et emi).
La maison de disque avait préparé une tourné au Pays-Bas et des incidents à un aéroport aura eu raison du contrat liant le groupe à son label...Rappelons que les relations entre le label et le groupe n'était pas gégé....
A&M Records ( une autre maison de disque) a elle aussi rompu rapidement son contrat avec le groupe, en effet, Sid Vicious, ivre mort, a dégueuler sur le patron de A&M mettant un terme à leur contrat six jours seulement après la signature....
Sacré Sid...

La légende est basé sur de drôles d'arguments parce que franchement les chansons sont, pour la plupart, un foutoir inintéressant.....
Je ne parlerai pas des croutes, même pas finis que sont Holidays In The Sun ou encore EMI.
Et parlons des deux seules chansons attrayantes de la galette (euh...) que sont God Save The Queen et Anarchy In The U.K.
Tout le monde a déjà entendu le premier, un classique et je ne le nie pas... Un riff connu et reconnu, un refrain génial et nous tenons un titre de qualité...( et qui prouve que les pistols avaient quelques qualités).
Anarchy In The U.K. est un autre classique et possède les mêmes caractéristiques ( et aurait par conséquent les mêmes arguments que god...) que God Save The Queen.
2 classiques indémodables de la musique.
Rappelons que Groland ( qui a été une bonne émission ^^) se sert de God Save The Queen comme générique!

Malheureusement, le reste n'est pas du même acabit, la plupart des chansons ne sont même pas finis et sans compter sur le chant absolument révulsant de Rotten ( qui porte bien son nom)....
Un massacre qui possède quand même une certaine pêche...

Ma critique est dure, je le conçois... Je reconnais deux bons titres à cet album essentiellement composé de compos bâclés et sans intêret.
Certains diront que c'est la définition même du punk, je ne suis pas d'accord... Je pense que l'épo des Clash est bien plus punk que ce ramassis de fientes....
The Sex Pistols, le groupe sur-estimé et sur médiatisé par excellence....J'oublie pas, néanmoins, que la plupart des titres filent la pêche bien qu'ils soient croûteux...

FACE A

Holidays In The Sun

Bodies

No Feelings

Liar

God Save The Queen

Problem

FACE B

Seventeen

Anarchy In The U.K.

Sub-Mission

Pretty Vacant

New York

EMI (Unlimited Edition)

"Entertainment !" - Gang Of Four

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Si le rock doit servir pour faire passer des messages, alors cet album est un des plus grands représentants du genre, au même titre que le premier Rage Against The Machine. Ce n'est pas un album dont je suis totalement fana, je m'en suis même un peu lassé depuis quelques années, mais ça reste un excellent album dans son genre, la new-wave alors naissante (l'album date de 1979, on disait alors post-punk). C'est le premier album de Gang Of Four, on groupe anglais devenu culte, et plus particulièrement leur album. Il ne s'est pas vendu à des kilotonnes d'exemplaires à sa sortie, cet Entertainment ! au titre bien cynique (vous verrez pourquoi), mais il est devenu le fer de lance d'une future nouvelle génération, des artistes musicaux tels que Michael Stipe (chanteur de R.E.M.), Flea (bassiste des Red Hot Chili Peppers) ou Kurt Cobain (qu'on ne présente plus), se sont tous plus ou moins inspirés, à des degrés divers, de ce groupe qui ne mâchait absolument pas ses mots et ne recherchait pas la compromission. Rien que la pochette donne le ton, rouge sang, agressif, avec ses cases de BD situationnistes (les deux leaders du groupe, Andy Gill - guitariste - et Jon King - chanteur - étudiaient le situationnisme à l'Université de Leeds, là même où le groupe fut crée) dénonçant la mainmise des Blancs sur les Indiens d'Amérique, ou la société de consommation (verso de pochette, plus bas). Le nom du groupe lui-même est sans équivoque, la Bande des Quatre (traduction du nom du groupe, évidemment) était un groupuscule fondé, après la mort de Mao, par la veuve de celui-ci et trois autres fidèles, et qui a tenté de reprendre le pouvoir par un putsch ayant raté son coup (la veuve de Mao est par ailleurs morte en prison).

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Verso de pochette vinyle

Bref, un nom de groupe inspiré d'un groupuscule d'extrême-gauche chinois maoïste, une pochette agressive et sans concessions, ne manquerait plus que les chansons soient, elles aussi, de ce tonneau. Et elles le sont, elles le sont ! Entertainment ! regorge de critiques en tous genres sur la société de l'époque. Notamment. Voir Ether, qui parle notamment des SCS, les Special Category Status, prisonniers politiques en Irlande du Nord (les membres de l'IRA arrêtés par la police du Royaume-Uni) ; 5:45, qui dénonce la manière dont les médias parlent des actes maoïstes et de guerilla urbaine, les faisant passer pour de vulgaires terroristes ; At Home He's A Tourist critique la société prolétarienne, l'Homme n'est plus rien, même chez lui il ne se sent plus chez lui ; I Found That Essence Rare semble critiquer le nucléaire ; Not Great Men dénonce la fameuse (et ancienne, popularisée par Thomas Carlyle vers 1840)  théorie des Grands Hommes (parmi lesquels Napoléon, Mahomet, Shakespeare ou Martin Luther), déjà bien critiquée avant la chanson. D'autres chansons ont des sujets plus classiques, comme les relations amoureuses, mais dans Damaged Goods, qui parle de ça, justement, les paroles bien sournoises transforment l'amour en fiel : Your kiss so sweet/Your sweat so sour/Sometimes I'm thinking that I love you/But I know it's only lust... Une autre chanson, Guns Before Butter, semble tirer son titre d'une citation de Hermann Goering, fameux Nazi : Guns will make us powerful ; butter will only make us fat ("les fusils nous rendent puissants ; le beurre ne fera que nous rendre gros"), mais l'expression ayant donné son titre à la chanson semble plus ancienne que ça...

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Féroce, sans doute un peu trop violemment engagéà la gauche de la gauche, un peu trop agressif, Entertainment ! est mis à part ça un régal de new-wave sans claviers (le groupe n'en avait pas besoin pour sonner comme ils le voulaient, Andy Gill voulait absolument faire sonner sa guitare de la manière la plus criarde possible, sans doute pour montrer aux gens qu'ils n'avaient pas beaucoup de moyens et en étaient fiers ; ils ont quand même été signés chez EMI, fallait le faire), rempli de chansons vraiment bluffantes : Damaged Goods et sa basse tuante, Anthrax (qui s'appelait Love Like Anthraxà la base), At Home He's A Tourist, Return The Gift, Natural's Not In It qui sera utilisé, il y à quelques années, pour une publicité Microsoft pour le Kinect, Not Great Men et sa connection insensée entre la basse et la guitare (Flea, des Red Hot Chili Peppers, assume : rien que ce morceau contient son futur jeu de basse)... Une petite poignée de chansons moins marquantes (Contract, Glass), mais rien de grave. Le seul reproche que je peux faire à ce disque, c'est son trop fort engagement politique, un engagement qui, de plus, leur causera des soucis, car vraiment très à l'extrême-gauche, trop sans doute. Un groupe de rock maoïste et inspiré par le situationnisme, forcément, chez certains, ça peut coincer !

FACE A

Ether

Natural's Not In It

Not Great Men

Damaged Goods

Return The Gift

Guns Before Butter

FACE B

I Found That Essence Rare

Glass

Contract

At Home He's A Tourist

5:45

Anthrax

"The 1971 Fillmore East Recordings" - The Allman Brothers Band

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Si un jour quelqu'un me pose la question qui tue, quel est, selon toi, le meilleur album live de rock ?, ma réponse serait soit Made In Japan de Deep Purple, soit At Carnegie Hall de Chicago, soit At Fillmore East des Allman Brothers. Pour le premier (1972), parce qu'il est brut de chez brut, rien n'a été modifié en studio, aucun overdub, aucun rajout de public, pas de remontage studio du style on prend une partie de cette version de la chanson et le reste est issu d'une autre version, d'un autre soir, pour la même chanson. Le groupe a enregistré ses concerts nippons, a choisi les meilleurs moments (sans oublier de le préciser sur la pochette, c'est du no shit), les a mis sur album, l'a sorti, point barre. Pour le Chicago (1971), c'est parce qu'il est gigantesque, quatre disques vinyle (et trois CDs, depuis, enfin non, 4, mais le quatrième est constitué de prises bonus, l'album original étant sur trois CDs) proposant une grande partie du catalogue du groupe à l'époque. Le son est parfois un peu fin, mais il respire vraiment le naturel, rien n'a été retouché apparemment en studio (le son des cuivres, primordiaux chez Chicago, posera un problème au groupe, mais n'a pas été boosté en studio pour autant). C'est un concert (ou un mélange de plusieurs soirs au mythique Carnegie Hall, Chicago s'y étant produit une semaine environ) de quasiment 3 heures, mythique, imposant, peut-être pas parfait, mais il en jette. Enfin, le Allman Brothers Band At Fillmore East (1971) pour sa technicité totale, l'entente télépathique des six membres du groupe, la prouesse absolue du son, des solos d'enfer, une ambiance de feu, aucune minute à retirer. Certes, le groupe et le producteur de l'album (Tom Dowd) ont pioché dans plusieurs soirs pour faire l'album, et il y à au moins un morceau pour lequel Dowd a pris une partie issue d'un soir, et le reste issu d'un autre soir, mais il l'a fait sciemment, avec l'accord du groupe, et le résultat est éblouissant. Bien que j'adore ls deux autres lives que je viens de citer (je les adore plus que d'autres lives tels How The West Was Won de Led Zeppelin ou Live And Dangerous de Thin Lizzy), c'est probablement, au bout du compte, ce live du Allman Brothers Band que je citerais en premier, et que j'adore le plus. Le groupe lui-même, enfin ce qu'il en reste, estiment tous que ces concerts donnés en mars 1971 (et juin de la même année pour un autre qui, cependant, ne fut pas représenté sur l'album original) au Fillmore East de New York sont tout simplement le plus grand moment de leur entière carrière de musiciens.

The-Allman-Brothers-Band-The-1971-Fillmore-East-Recordings

Sorti il y à quelques mois, ce coffret de 6 CDs, dans un beau boîtier digipack en format paysage, un livre disque d'une petite quarantaine de pages richement illustrées et avec un long texte inédit sur les coulisses des concerts du Fillmore East, ce coffret, donc, que je viens de me payer, propose la quasi-totalité des concerts du Fillmore. 5 shows différents (le quatrième show est sur les CD 4 et 5, les autres shows sont sur un seul CD à chaque fois), le dernier provenant de juin 1971, trois mois après les autres, et il est historique en celà qu'il propose ce qui restera éternellement comme le tout dernier concert donné au Fillmore East, Bill Graham, légendaire organisateur de concerts et producteur, propriétaire des deux Fillmore (le West à San Francisco, le East à New York), ayant décidé de fermer les deux salles, il n'en pouvait plus de passer d'une côte à une autre des USA en fonction de la demande. Pour le dernier concert du Fillmore East, il fit passer notamment Zappa, Lennon (qui, le temps de quelques morceaux, seront ensemble sur scène), et le Allman Brothers Band, qu'il voulait absolument en clôture de show. C'est ce concert qui est sur le dernier disque, des bribes de ce concert étaient déjà disponibles sur diverses éditions collector de l'album At Fillmore East (la DeLuxe). Les autres disques proposent les deux shows des 12 et 13 mars. Le groupe était aussi passé le 11 mars (en faisant, là aussi, deux shows), mais l'ingénieur du son et producteur, sur l'album, Tom Dowd (qui fut rappelé en urgence par un des pontes d'Atlantic Records, Jerry Wexler), trouvera le résultat détestable, l'utilisation d'un petit orchestre de cuivres n'y étant pas pour rien : selon lui, et le groupe se rangera de son avis après avoir écouté les bandes des deux shows, les cuivres ne passent pas bien avec l'ensemble. Pour le lendemain 12 mars, les cuivres dégagent, seul Thom Doucette et son harmonica reste avec le groupe. Et là, la magie opère totalement. Pour les fans de l'album original, ce coffret est un objet indispensable, rempli de morceaux inédits (autrement dit, des versions inédites de morceaux, eux, connus). L'album original est là, bien sûr, mais réparti sur les disques 2 à 4, Dowd et le groupe ayant choisi le meilleur de tous les concerts pour faire le meilleur album possible (mission accomplie au-delà de toutes les espérances les plus folles).

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Duane Allman

You Don't Love Me, qui sur l'album original dure 19 minutes, n'est pas totalement présent ici dans la même version, Dowd ayant, avec l'autorisation du groupe, pris les 7 premières minutes d'une version et les 12 minutes d'une autre, afin d'en faire la version ultime. Ici, vous avez l'intégralité des deux versions, vous avez même plus que deux versions de ce morceau. Stormy Monday (que le groupe n'a joué qu'une fois durant ces shows proposés) dure ici 10 minutes 30, soit 2 minutes de plus que la version de l'album. Les autres morceaux issus de l'abum original sont ici dans les mêmes versions, en revanche. On a des choses absolument inoubliables, les différentes versions de l'instrumental In Memory Of Elizabeth Reed sont toutes tuantes : la version utilisée pour l'album (13 minutes), celle du dernier show de juin (11 minutes), celle du premier show du 12 (quasiment 18 minutes ; à ce sujet, le CD 1, celui du premier show du 12 mars, est intégralement inédit dans le commerce)... Whipping Post est terrible aussi (la fameuse version de 23 minutes de l'album original, à laquelle faisait suite, durant le concert, 33 minutes de Mountain Jam, est la meilleure, mais les autres versions, plus courtes, sont remarquables ; à noter que Mountain Jam, collé immédiatement àWhipping Post au cours du dernier show du 13 mars, est cependant, pour des raisons de taille, séparée de Whipping Post par un changement de disque ; sur la réédition DeLuxe de l'album, on avait les deux longs morceaux à la suite, ce qui était mieux, mais bon, ce n'est pas trop grave non plus, cette séparation... Dans l'ensemble, entre la qualité audio exceptionnelle (tout fut remastérisé) et la prestation éblouissante, durant ces différents soirs, du groupe, ce coffret est une tuerie dans le genre, et je ne regrette pas les 45 € dépensés pour l'obtenir !

CD 1 : 12 mars, premier show

Statsboro Blues

Trouble No More

Don't Keep Me Wonderin'

Done Somebody Wrong

In Memory Of Elizabeth Reed

You Don't Love Me

CD 2 : 12 mars, second show

Statesboro Blues

Trouble No More

Don't Keep Me Wonderin'

Done Somebody Wrong

In Memory Of Elizabeth Reed

You Don't Love Me

Whipping Post

Hot'lanta

CD 3 : 13 mars, premier show

Statesboro Blues

Trouble No More

Dont Keep Me Wonderin'

Dome Somebody Wrong

In Memory Of Elizabeth Reed

You Don't Love Me

Whipping Post

CD 4 : 13 mars, second show

Statesboro Blues

One Way Out

Stormy Monday

Hot'lanta

Whipping Post

CD 5 : 13 mars, second show (suite et fin)

Mountain Jam

Drunken Hearted Boy

CD 6 : 27 juin

Introduction by Bill Graham

Statesboro Blues

Don't Keep Me Wonderin'

Done Somebody Wrong

One Way Out

In Memory Of Elizabeth Reed

Midnight Rider

Hot'lanta

Whipping Post

You Don't Love Me

"Olé" - John Coltrane

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En 1960 sortait Sketches Of Spain, Miles Davis puisait son inspiration dans la musique espagnole. Pour moi, l'essai ne fut pas concluant outre mesure. Néanmoins, on ne pouvait qu'applaudir l'oeuvre de Davis pour sa grande originalité et ses sonorités innovantes. Oléest bien différent de l'oeuvre de Davis car beaucoup plus sombre et bien plus mystique! Quiconque aura entendu le titre éponyme comprendra parfaitement ce que je veux dire. Commençant sur de la contrebasse, le sax ténor de Coltrane vient vite s'imposer. La messe commence... Anecdote amusante, à chaque écoute de ce titre, je ne peux m'empêcher de penser au communisme. Tout simplement parce que chacun des musiciens à une part de jeu égale. Coltrane ouvre la cérémonie et la termine en bon gourou. Les musiciens s'en donnent à coeur joie, Dolphy suit la trace de Coltrane à la flûte en débutant sa partie juste après Coltrane. Olé fait figure d'oeuvre testamentaire dans l'oeuvre de Coltrane... C'est le dernier album qu'il enregistra pour Atlantic avant de se diriger vers Impulse qui sera sa période la plus intéressante mais aussi la plus controversée.

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Dès le titre d'ouverture (Olé), l'auditeur comprend que c'est la fin du Coltrane qu'il avait connu. Ce titre est en effet bien plus intense que tout ce que Coltrane avait pu faire auparavant. Sa quête spirituelle va s'intensifier, ce titre éponyme en est la preuve. Sorte de messe noire, orgie instrumentale pour atteindre l'inconnu et toucher au divin... L'auditeur n'est pas en reste car la suite est elle aussi de grande facture... Ainsi, l'auditeur ne se sent pas lésé comme il avait pu l'être avec My Favorite Things. Ainsi le titre Dahomey Dance est un titre propice aux interventions des solistes. Interventions toutes plus délicates les unes que les autres. Aisha est le seul titre de ce disque qui n'a pas été composé par Coltrane. Cette petite perle a étéécrite par McCoy Tyner et je ne dois pas être le seul à qui ce titre fait penser àNaima sur Giant Steps ! Cette perle me fait pleurer à chaque écoute !

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Oléest un album court (36 minutes pour trois titres) mais est sans nul doute l'album le plus définitif de toute la période Atlantic. Sombre, mystique et mélancolique, cet album ravira les fans du saxophoniste ainsi que les autres ! Chaque album de Coltrane faisait figure d'OVNI (mis à part Coltrane Jazzéventuellement et My Favorite Things), Oléne déroge pas à la règle. On y trouve le côté mystique qui feront des albums A Love Supreme et Crescent, leurs grandeurs respectives ! Il n'est peut-être pas aussi puissant que le Free Jazz de Coleman, sorti durant la même année, à savoir 1961. Néanmoins, il serait tout de même idiot de passer à côté !

Chronique complémentaire de ClashDoherty :

John Coltrane est un dieu du jazz, et du saxophone. Il a signé, tout du long de sa relativement courte (il est mort en 1967) carrière, des albums essentiels : My Favourite Things, Giant Steps, Interstellar Space, Crescent, Stellar Regions, et l'inoubliable A Love Supreme en 1964, son cadeau pour Dieu. En 1961, 'trane offre un album court (36 minutes, seulement 3 morceaux) mais parfait, un disque sous influence hispanique et arabe, sorti sur le label Atlantic (peu après, il partira de ce label pour rejoindre Impulse) et sous une pochette nettement moins réussie que son contenu. L'album s'appelle Olé. C'est un des trois grands (selon moi, en tout cas) disques de jazz inspirés par l'Espagne, ou les pays hispaniques, avec le Tijuana Moods de Charles Mingus (enregistré en 1957, sorti en 1962, inspiré par la très louche ville-frontière du Mexique, Tijuana) et le Sketches Of Spain (1960) de Miles Davis, le seul de ces trois albums àêtre vraiment inspiré par l'Espagne (Olé de Coltrane étant plus inspiré par les ambiances mauresques, en fait). Trois albums que j'adore et que je conseille à tout prix. Mais on est là pour parler de Olé, ou Olé Coltrane, c'est selon. Trois morceaux seulement, donc (le CD rajoute un bonus-track, un titre très joli, mais l'album original se suffit à lui-même ; le clip plus bas contient tout l'album plus le bonus-track, soit 45 minutes), dont un de 18 minutes, Olé, occupant toute la première face. Comme KingStalker, dans sa chronique ci-dessus, le dit, ce morceau est une vraie messe, un rituel, une expérience sensorielle qui en dit long sur les futures expérimentations de Coltrane dès son arrivée sur Impulse Records. On notera une particularité, Eric Dolphy (flûte) est crédité sous un autre nom, pour ce morceau (en fait, il n'est crédité sous son nom véritable que pour Aisha, le dernier morceau de l'album), en l'occurrence, George Lane !

JOHN_C~1

Décortiquer l'album est trop, pour moi ; Dahomey Dance, long de 10 minutes, est probablement mon morceau préféré ici, mais Olé, dans sa globalité, est un album grandiose. Il se dégage de ces trois morceaux une atmosphère assez troublante, sorte de mélange entre influences arabiques, mauresques et espagnoles (le titre de l'album est sans équivoque, pas vrai ?), ambiances qui, par la magie du saxophone de 'trane, font de ce disque un vrai jalon et de la discographie du bonhomme, et du jazz en général. En un mot comme en cent mille deux cent quatorze, c'est un chef d'oeuvre. Highly recommended !

FACE A

Olé

FACE B

Dahomey Dance

Aisha

"Jazz Impressions Of Japan" - The Dave Brubeck Quartet

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dave brubeck

On va reparler un peu de jazz sur le blog, ça faisait longtemps. Ce disque ne fait pas partie des légendes du jazz, ce n'est clairement pas un des albums les plus connus, révérés du genre. Même pour son auteur, le fameux Dave Brubeck (pianiste mort en 2012) et son quartet, ce n'est pas un disque comptant parmi ses oeuvres les plus majeures et connues, Time Out, le légendaire Time Out de 1959 (avec Take Five, Blue Rondo A La Turk...) lui étant supérieur, et bien plus connu. Mais cet album, très court (35 minutes, ce qui, pour un disque de jazz, n'est pas rare, mais franchement pas commun non plus, la majeure partie des albums de jazz atteignent quasiment 50 minutes), sorti en 1964, est un de mes préférés du jazz. Il s'appelle Jazz Impressions Of Japan, et fait partie de la série d'albums que Brubeck a faits pour rendre hommage à tel ou tel pays, une sorte de carnet de route musical. Brubeck voyageait beaucoup, il donnait beaucoup de concerts, il en a donné, notamment, au Japon. Cet album n'est pas live, et il a été enregistré aux USA, mais il a été composé, en totalité, suite aux ressentis émotionnels, sensoriels de Brubeck au Japon. D'autres albums ont été faits dans cette série, Jazz Impressions Of New York, Bravo Brubeck ! (un live enregistré au Mexique, assez influencé par les lieux), le premier ayant été, en 1958, Jazz Impressions Of Eurasia.

0886974919520

Pour ce disque, Brubeck (piano) est entouré de ses musiciens de prédilection, ceux du Quartet (quatre musiciens, dont lui) : Paul Desmond au saxophone, Joe Morello à la batterie, Eugene Wright à la contrebasse. Les mêmes que pour Time Out, notamment, on ne change pas une équipe qui gagne. L'album a été réédité en CD en 2001, 2008 et 2009, mais entre l'année de sortie de l'album vinyle (1964) et 2001, pendant longtemps, il sera difficile à trouver, non réédité, sa faible popularité (comme je l'ai dit, ce n'est pas un album majeur et connu) n'y étant pas pour rien. Pourtant, Jazz Impressions Of Japan est une belle petite réussite dans le genre, 8 titres (dont un, Zen Is When, enregistré en 1960 ; les autres, de 1964) très jolis, sous forte influence nipponne. Koto Song sera en quelque sorte le seul 'classique' de l'album; Brubeck le refera souvent par la suite, mais le reste n'a malgré la réussite de l'album, pas marqué les foules. Toki's Theme fait partie de la bande-son d'une série TV de CBS, Mr. Broadway, pour l'anecdote.

Brubeck-Dave01

De Tokyo's TrafficàKoto Song en passant par les grandioses The City Is Crying et Fujiyama, cet album hélas trop court (le morceau le plus long ne dure que 6 minutes...) est àécouter absolument, c'est un disque vraiment accessible (ce qui ne gâche rien), que l'on trouve généralement à un prix très raisonnable en CD. L'album, sous sa sublime et très évocatrice pochette, semble, de plus, avoir été réhabilité sur le Net, AllMusic, par exemple, lui décerne un 4/5 en avis, et le chroniqueur achève son texte par ces mots : it's truly wonderful ('c'est franchement magnifique'). Je ne peux qu'être totalement d'accord avec eux (ce n'est pas cette chronique qui m'a fait découvrir l'album, je le connaissais déjà), et je ne peux, en final de cette (désolé !) courte chronique, que vous encourager à découvrir cet album méconnu et en tous points (malgré sa durée rikiki) sublime.

FACE A

Tokyo's Traffic

Rising Sun

Toki's Theme (from the CBS TV Series Mr. Broadway)

Fujiyama

FACE B

Zen Is When

The City Is Crying

Osaka Blues

Koto Song

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