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"Other Voices" - The Doors

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Le 3 juillet 1971, Jim Morrison meurt dans sa baignoire parisienne. Traumatisme. Après Hendrix et Janis, voilà-t-y-pas que le Roi Lézard s'y met aussi. Bien entendu, les trois autres Doors prennent assez mal la chose. Traumatisés comme le reste du monde, qu'ils sont. N'importe quel groupe venant de perdre son chanteur de la sorte, surtout aussi iconique que Morrison, n'aurait plus qu'une chose à faire : mettre la clé sous la porte, et profiter des royalties issues des ventes de leurs albums. A la rigueur, organiser la sortie d'un best-of ou d'un live, ce genre. Puis passer à autre chose. Mais les Doors ne sont pas un groupe comme les autres. En octobre 1971, un nouvel album du groupe va sortir, à peine 6 mois après L.A. Woman (sorti en avril) : Other Voices. Ni un best-of, ni un live. Un nouvel album, constitué de 8 chansons inédites. OK, vous dites-vous alors, c'est un album constitué de chansons enregistrées à l'époque mais abandonnées pour X raison. Mais non. Morrison brille par son absence sur ce disque qui a été enregistré entre avril et septembre. Soit juste après les sessions de L.A. Woman (Morrison partira pour Paris vers mars/avril) et pendant et après la période traumatisante de l'annonce de la mort de Morrison. 

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On s'en doute, le disque a été accueilli assez, comment dire, euh...froidement ? Pire que ça. Je pense qu'il suffit de lire une critique de l'album, aussi bien une critique d'époque qu'une plus récente, pour se choper un gros coup de froid. Les Doors eux-mêmes, pendant des années, essaieront d'oublier cet album et le suivant, qui ne seront pas édités en CD pendant un bail (c'est désormais le cas, en un pack double CD, un par album, en 2006, et ils ont tous deux été réédités en vinyle aussi). Mais sincèrement, est-ce qu'il y à de quoi hurler au carnage et bouder cet album et le suivant (que je réaborde demain, même heure) ? J'ai envie de répondre un bon gros NON bien massif. Other Voices, le titre est des plus éloquents ('d'autres voix' que celle de Jim), offre 40 minutes franchement intéressantes, très très intéressantes même. Ce n'est pas le meilleur album des Portes, on est d'accord. Ce n'est pas le pire non plus ! L'album a donc été enregistré entre avril et septembre 1971. Trois morceaux semblent être les plus anciens, enregistrés à la fin des sessions de L.A. Woman avec le bassiste Jerry Scheff (qui joue sur L.A. Woman), alors que Morrison était déjà parti pour la France dans un exil que le reste du groupe espérait des plus éphémères. Ces morceaux sont Wandering Musician, Down On The Farm et I'm Horny, I'm Stoned. Les trois premiers morceaux (pas dans cet ordre) de la face B. Ray Manzarek chante sur le premier cité, Robbie Krieger sur les deux autres. Ils ont en effet décidé de se partager le rôle de chanteur (John Densmore, le batteur, estimant qu'il chante comme une casserole transalpine paumée sur la route des vacances, passera son tour). A l'arrivée, Krieger chante sur trois titres (on l'entend aussi sur Variety Is The Spice Of Life, excellent) et Manzarek sur cinq. Des deux, c'est le plus compétent aux vocaux, il faut l'avouer, sans cependant critiquer le chant de Robbie.

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Produit par le groupe et Bruce Botnick, Other Voices offre du rock tout simplement excellentissime, et s'ouvre sur un In The Eye Of The Storm impeccable, de même qu'il se finit sur un Hang On To Your Life sublime. Si on parvient à mettre de côté le fait que c'est le même groupe que celui dont Jim Morrison était le chanteur/leader, on peut pleinement apprécier l'écoute de ce disque qui compte assurément, avec le suivant, parmi les albums les plus sous-estimés, et même disons le mot détestés, du rock. On aura du mal à comprendre pourquoi les Doors (qui posent à la fois fiers, hautains et totalement paumés sur le recto de pochette et l'intérieur, mais totalement relaxés et souriants au verso) se sont obstinés à continuer après la mort de Jim. Mais n'est-ce pas normal ? Est-ce que la mort du chanteur doit entraîner la fin du groupe ? Si Jagger était mort, les Stones n'auraient sans doute pas continué, mais s'ils l'avaient fait, personnellement, je ne leur en aurait pas voulu. Life goes on. Les Doors, avec ce disque, le suivant (et les concerts qu'ils donneront pour les promouvoir), clameront ainsi que, que vous le voulez ou non (mais ce sera non, vu le bide commercial des deux albums...), les Doors n'étaient pas seulement Jim. Tout du long de cet album (Ships w/ Sails, Variety Is The Spice Of Life, Tightrope Ride), on a ici tout de qui fait la force de la musique doorsienne, sauf la voix de Morrison, mais ça change. Et franchement, Manzarek et Krieger chantent super bien (Manzarek fera un album solo dantesque en 1974, The Golden Scarab). Bref, si vous aimez les Doors mais ne connaissez pas encore ces deux albums méconnus (attendez demain pour le suivant, Full Circle), qu'attendez-vous ?

FACE A

In The Eye Of The Sun

Variety Is The Spice Of Life

Ships w/ Sails

Tightrope Ride

FACE B

Down On The Farm

I'm Horny, I'm Stoned

Wandering Musician

Hang On To Your Life


"Un Jour Dans Notre Vie" - Indochine

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Bon... Il y à quelques mois j'ai abordé ici le dernier album d'Indochine, 13, en précisant que c'était le seul album du groupe que j'aimais, et que je l'aimais vraiment, que ce disque m'avait bien cueilli comme il faut, que je l'ai trouvé tellement monumental dans son genre que je l'ai acheté en vinyle en plus du CD, ce qui en dit long. C'est toujours le cas. Je veux dire, c'est officiel, 13, j'adore, c'est un régal de synth-pop à l'ancienne, Indochine a quelque peu retrouvé le son des débuts et a mis de côté ses ambiances gothico-industriello-emo-djeun'z. OK, Nicola Sirkis ne chante pas toujours super bien, et niveau textes, il y à des trucs parfois gênants (Tombera les croix, dans Song For A Dream, c'est dans le genre absolument inexcusable ; un prof de français lit ça, il se flingue ; et qu'on ne vienne pas me parler de licence poétique ou d'effet littéraire pour que ça sonne mieux en bouche, car Tomberont les croix sonne mieux et est liguistiquement correct, au moins). Et puis le disque est long, avec 77 minutes, mais les mélodies sont à tomber...Enfin bref, je ne suis pas là pour reparler, aussi tôt, de 13, mais c'est vrai que je vais reparler d'Indochine, à au moins deux reprises (un autre article à venir dans les prochains jours). Avec deux albums, qui se suivent dans leur discographie, et que je n'avais pas abordé ici. Il faut dire qu'Indochine, je n'ai jamais aimé (mis à part quelques chansons et à la rigueur l'album Le Péril Jaune...et, donc, 13), et les quelques albums abordés ici sont la plupart du temps abordés via des chroniques assassines. Ou cyniques. Ou méprisantes. 

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Mais ce disque, sorti en 1993, que je me suis payé en vinyle (ainsi que l'autre album que j'aborde bientôt ; j'ai dépensé 20 € pour les deux disques, neufs, en magasin, 20 € pour les deux, pas pour chaque disque) afin de rajouter deux objets à ma collection, c'est autre chose. Un Jour Dans Notre Vie, sous sa pochette représentant une jeune femme lourdement maquillée et au regard noir, un look emo avant l'heure, est un album à part dans la discographie des Sirkis Bruder (Stéphane, jumeau de Nicola, décèdera en 1999). C'est un disque rock. Pas du rock électro ou synth-pop comme l'étaient ou le seront les suivants, non, du rock, enfin, dans la limite de ce qu'un groupe comme Indochine peut faire en rock. N'ayant eu que peu de succès à sa sortie en raison d'une baisse de popularité du groupe depuis la fin des années 80 (à partir de 7000 Danses, en 1987, ça commence à sentir la merde pour le groupe ; le grand public est passéà autre chose, rock alternatif, grunge, techno...seuls restent les fans, quoi), cet album, long de 48 minutes (ce qui par rapport à quasiment tous les futurs albums, est relativement court) offre deux classiques : le morceau-titre et le très sensuel, sexuel même Savoure Le Rouge, inspiré par les oeuvres du peintre Egon Schiele. Dernier album fait avec le guitariste Dominique Nicolas (un des cofondateurs du groupe avec les frangins), qui claquera la porte en raison de divergences artistiques et de tensions répétées (il ne s'entendait plus du tout avec Nicola Sirkis), il n'est pas à proprement parler un grand disque, mais le non-fan d'Indochine que je suis, le mec qui ne peut que très très très difficilement écouter des trucs comme Ladyboy, Canary Bay, Les Tzars ou Trois Nuits Par Semaine sans avoir envie d'étriper la première personne située à la gauche et d'égorger celle située à ma droite, ce mec-là qui n'est autre que moi, a été surpris de trouver le disque plutôt...plutôt...plutôt correct, en fait. 

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Un Jour Dans Notre Vie est quand même assez saoûlant parfois, des chansons ne sont vraiment pas terribles (Cathy Prend Son Fusil, Vietnam Glam, Anne Et Moi), mais dans l'ensemble, ce n'est pas pourri comme le seront les albums suivants, Wax (que j'aborde bientôt), Dancetaria et même ce Paradize ultra vendu, album du retour en grâce qui offre certes deux-trois merveilles (Un Singe En Hiver, Le Grand Secret), et je préfère ne pas dire ce que je pense des suivants, 13 mis à part vous l'aurez compris. Mais le côté très rock classique (dans la mesure où on parle d'Indochine) de cet album m'a plu, et je dois dire que les trois premières chansons sont mémorables, que Bienvenue Chez Les Nus et Ultra S. sont très bonnes, et que le final, Crystal Song Telegram, est joli. Après, les sempiternels défauts du groupe sont là : Sirkis est énervant par moments, même s'il chantait encore moins bien aux débuts du groupe (quand il chantait C'eyyyyyye au lieu de C'est, par exemple, et ce genre de prononciation pour ces genres de mots), et les textes sont parfois plombants de crétinerie. Mais à quelques reprises, et notamment sur le sublime morceau-titre qui compte probablement parmi les plus belles réussites du groupe avec Le Grand Secret et La Vie Est Belle, on a affaire à du vraiment très très bon niveau. Sorti alors que le grand public et la musique étaient passés à autre chose, l'album ne se vendra pas très bien, seul l'album suivant, Wax, fera pire. Et au sujet de ce Wax, le faible succès est très facile à comprendre. Mais Un Jour Dans Notre Vie, que j'ai failli inclure dans ma longue liste, parue il y à quelques jours, sur les albums méconnus et sous-estimés, aurait je pense mérité un peu de reconnaissance, car c'est sans doute un des meilleurs du groupe. Et c'est moi qui le dit, et vous le savez, Indochine et moi, on n'est pas potes !

FACE A

Savoure Le Rouge

Sur Les Toits Du Monde

Un Jour Dans Notre Vie

Anne Et Moi

La Main Sur Vous

Some Days

FACE B

Bienvenue Chez Les Nus

D'Ici Mon Amour

Candy Prend Son Fusil

Ultra S.

Vietnam Glam

Crystal Song Telegram

"Full Circle" - The Doors

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Après la mort de Jim Morrison en juillet 1971, on aurait pu croire les Portes complètement et définitivement (sauf pour, de temps en temps, laisser sortir des disques tels que best-ofs ou albums live, à des fins purement commerciales) fermées, clés jetées à la flotte et scellés de la police au niveau de la serrure. Mais les Doors restants, and then there were three, ne l'entendront pas ainsi. Commencées avant le drame, alors que Jimbo avait déjà quitté les USA, et achevées deux mois après sa mort, des sessions d'enregistrement, qui se déroulèrent sans aucun doute dans un climat pesant à partir de juillet, donneront lieu, en octobre 1971, àOther Voices. Se faisant quelque peu laminer à sa sortie par une presse pas particulièrement tendre à l'encontre des Doors restants et qui devait trouver indécent, obscène même, l'idée de sortir un nouvel album, de nouvelles chansons, interprétées par les autres Doors, à peine trois mois après la mort de l'irremplaçable chanteur, l'album se vendra très mal. Il est pourtant, on l'a vu hier, une belle réussite de rock pur, très doorsien (et pour cause), il manque certes la voix de Morrison, mais Robbie Krieger et surtout Ray Manzarek, qui ont pris le rôle de chanteur, se démerdent comme de vrais chefs, surtout le second. Les chansons y tiennent la route, et je peux même dire un truc : j'ai du mal, beaucoup de mal, à imaginer Morrison chanter Variety Is The Spice Of Life ou I'm Horny, I'm Stoned. Mais interprétées par les autres, elles tiennent parfaitement la route. 

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Suite à ce premier effort post-Morrison, qui serait probablement sorti même si Morrison n'était pas mort (car il n'avait apparemment pas l'intention de revenir dans le groupe, malgré les espoirs des trois autres membres des Doors), et qui serait probablement sorti tel qu'il est actuellement, le groupe retourne en studio afin d'y enregistrer son successeur. Sorti en 1972, Full Circle est donc le deuxième album des Doors restants, et aussi leur dernier. Après ce disque, il y aura, de temps en temps, des best-ofs, des albums live (Alive, She Cried, etc), et en 1978, l'album An American Prayer, disque regroupant des poèmes clamés de Jim Morrison sur fond musical enregistré par les Doors, un disque-hommage dont je parle demain. Il faudra attendre 2006 pour que les deux albums des Doors à trois sortent en CD (ils sont disponibles en un pack double album), et une dizaine d'années de plus pour une réédition vinyle, à l'identique, de ces deux albums. A l'identique, ce qui implique, pour Full Circle, que le petit gadget proposé dans la pochette a aussi été reproduit. Gadget ? Un zootrope. Zootrope ? Oh, non, ne me dites pas que vous ne savez pas ce que c'est, car c'est galère à expliquer. Un zootrope, c'est un jouet du genre kaleïdoscope, un objet qui tourne sur lui-même et qui, dans son intérieur, contient plusieurs petites images similaires qui, quand l'objet est en rotation, s'animent, à la manière d'une pellicule de cinéma. Une sorte d'ouverture est à l'extérieur du zootrope, afin de voir l'animation. L'ancêtre de la caméra, quoi. Dans la pochette de Full Circle, on trouvait un zootrope en prédécoupé, à monter soi-même et à placer sur la platine, sans doute au-dessus du disque pendant qu'il tourne, afin de regarder l'animation pendant l'écoute. Ladite animation est en lien avec la belle et dalienne pochette représentant les différents stades (bébé, jeunesse, adulte, vieillard) de la vie d'un homme, un cercle complet. 

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J'ai ce disque en réédition vinyle, le zootrope est dans la pochette, je ne l'ai pas construit, ne voulant pas dépareiller mon exemplaire, et je ne suis pas très manuel. Aussi, je n'ai jamais vu ce zootrope en action et je ne sais pas si on peut le placer sur la platine tandis que tourne l'album, ou s'il faut retirer le disque (mais à mon avis, il faut retirer le disque, car le zootrope doit être en contact direct avec le plat de la platine). Oui, mais si la platine tourne sans le disque, le bras de la platine va où ? Sur le revêtement de caoutchouc, au risque de définitivement flinguer le diamant ? Je ne le saurai sans doute jamais, n'ayant pas l'intention de construire ce zootrope. Mais l'album, lui, je le sors de temps en temps de sa pochette. Full Circle est aussi long (41 minutes) que le précédent, pour 9 titres, interprétés soit par Manzarek, soit par Krieger. Parmi ces titres, une reprise du classique du rock'n'roll Good Rockin' Tonight, qui ne vaut pas grand chose (sincèrement, on ne sent pas le groupe très à l'aise sur cet exercice de style) et une chanson (The Piano Bird) écrite par le batteur, John Densmore (qui ne chante pas) en collaboration avec Jack Conrad, qui joue de la basse sur la moitié de l'album dont cette chanson. Qui n'est pas une chanson géniale non plus. D'ailleurs, Full Circle n'est pas un grand disque, il faut le dire. Si Other Voices est une vraie réussite méconnue, ce successeur, qui offre tout de même de très belles chansons (The Peking King And The New York Queen, Get Up And Dance, The Mosquito qui sera repris en français par...Joe Dassin, hé oui, Verdilac), est d'un niveau nettement inférieur. On sent une sorte de marche forcée ici, le groupe était sans doute un peu catalysé par le départ de Morrison (sa mort les a minés, évidemment, mais vous savez ce que c'est, on se booste pour fuir les coups du sort) au moment de faire Other Voices, mais le mauvais accueil de ce disque les a sans doute fait réfléchir avant de faire de Full Circle pas honteux, mais qui sent vraiment la fin. A l'écoute de ce disque, il est évident qu'il ne pouvait pas y avoir ensuite de troisième album des Doors sans Morrison (An American Prayer, sorti en 1978, ne compte pas). On n'écoutera pas ce disque en grimaçant et en se bouchant le nez, mais clairement, Other Voices est meilleur. Enfin, Verdilac est tout de même une chanson sublime...et la pochette est très belle !

FACE A

Get Up And Dance

4 Billion Souls

Verdilac

Hardwood Floor

Good Rockin'

FACE B

The Mosquito

The Piano Bird

It Spilled My Mind

The Peking King And The New York Queen 

"Chairs Missing" - Wire

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Wire est un des plus étonnants groupes de la scène punk britannique d'époque. N'importe quel groupe ayant pu réussir, sur son premier album, à aligner 21 titres pour 35 minutes mériterait cette distinction. Wire l'a fait, avec Pink Flag (le titre serait une allusion caustique à Pink Floyd, qui partageait avec Wire le même label, Harvest, hébergé par EMI), sorti en 1977, un disque au visuel minimaliste (un terrain de sport avec un grand mat au centre, le drapeau rose a ensuite été rajouté au pochoir) et au contenu vraiment barge : 21 chansons de punk speedé, enregistré essentiellement en live en studio (sauf un titre ou deux) par un groupe probablement dans un état second (alcool, speed). Et ça s'entend et se ressent. Constitué de Colin Newman (chant et guitare), B.C. Gilbert (guitare principale), Lewis (basse) et Robert 'Gotobed' Grey (batterie), Wire n'est en fait pas un groupe de punk, où alors ils en étaient un au début, mais Pink Flag, bien que punk, le groupe s'oriente tout de même vers ce qui deviendra la new-wave. Mais sur Pink Flag, ça va très vite, et beaucoup de morceaux se terminent ultra brutalement, en freinage d'urgence, comme si le groupe voulait tenir la courte durée prévue pour les morceaux et se rendait compte, en les enregistrant, qu'ils risquaient d'être trop longs ; la majeure partie d'entre eux n'atteignent pas les 2 minutes... Sur ce premier album, on avait tout de même des morceaux moins violents, plus mélodiques, plus structurés, qui annoncent leurs albums suivants : Mannequin, Fragile, Strange (le plus long de l'album, mais tout de même inférieur à 4 minutes en durée), Ex Lion Tamer. Et justement, à propos d'albums suivants, voici le deuxième album du groupe, Chairs Missing, sorti en 1978 sous une pochette aussi minimaliste (un pot de fleurs sur une table, dans un décor sobre orné de deux rideaux, il manque des chaises, ah ah) que celle de Pink Flag

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Le titre de cet album vient d'une expression typiquement anglophone (et sans doute argotique) signifiant, grosso modo, 'une case en moins'. En fait, Chairs Missing signifie 'il manque des chaises', mais le sens est le même que notre expression, qui signifie 'un peu con'. Offrant la bagatelle de 15 titres pour une bonne quarantaine de minutes, Chairs Missing ne va pas aussi loin que Pink Flag mais est tout de même un album assez particulier, dont les morceaux sont souvent courts. Outdoor Miner, qui sortira en single dans une version rallongée d'une minute, dure ici 1,45 minute et a déjà tout d'un grand titre (le morceau, à défaut d'avoir été un immense tube, est tout de même le morceau le plus connu de Wire et est, en effet, un hit potentiel, très pop). Le morceau le plus long dure 5,45 minutes (pour Wire, c'est un peu l'équivalent de Echoes !) et se situe juste avant, c'est Mercy, qui ouvre la face B. Pour le coup, c'est peut-être un peu long. C'est la seule chose négative que j'ai à dire sur l'album, car sinon, nom de Zeus, c'est une totale réussite qui laisse pantois. Rien que Practice Makes Perfect (4 minutes), qui ouvre le disque et rappelle beaucoup les Reuters et Pink Flag du précédent album, suffit à ranger ce disque dans les meilleurs du genre. D'abord assez punk dans l'âme (Another The Letter), Chairs Missing plonge lentement mais sûrement dans une sorte de new-wave arty à la Magazine/Devo. Sans oublier les Simple Minds de la même époque, ceux des débuts, de Life In A Day et Real To Real Cacophony. Wire sort totalement son épingle du jeu et s'éloigne de ses compères punks (en 1978, ceux-ci sont parfois en moyenne posture : les Clash sortent un disque un peu décevant, les Ramones commencent déjàà tourner en rond ; les Pistols n'existent plus ; mais Public Image Limited débarque). 

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Sous-pochette (les paroles)

Via des chansons telles que French Film Blurred, Outdoor Miner, Too Late, Marooned, I Am The Fly, From The Nursery et Heartbeat (qui achève idéalement la face A, on a envie de retourner le disque illico), Chairs Missing est un album prodigieux, qui parvient à allier la puissance punk de Pink Flag avec des mélodies et arrangements plus structurés. L'année suivante, le groupe de Colin Newman (pour l'anecdote, ce mec a collaboré avec Bashung en 1989 sur Novice) sortira un disque qui ira encore plus loin que Chairs Missing (puis le groupe s'arrêtera pendant de nombreuses années, ne revenant qu'à la fin des années 80), un album que j'aborde prochainement et qui s'appelle 154. Là, pour le coup, on oublie le punk, on plonge totalement dans le post-punk à la XTC des grands jours. Un grand disque qui n'aurait cependant probablement jamais vu le jour sans ce Chairs Missing de 1978, à la fois brutal et mélodique, un chef d'oeuvre àécouter plusieurs fois, car, moins rentre-dedans que Pink Flag, il nécessite, outre de plutôt connaître Pink Flag, plusieurs écoutes, beaucoup des morceaux étant du genre à se révéler sur la durée. Mais quel album !!

FACE A

Practice Makes Perfect

French Film Blurred

Another The Letter

Men 2nd

Marooned

Sand In My Joints

Being Sucked In Again

Heartbeat

FACE B

Mercy

Outdoor Miner

I Am The Fly

I Feel Mysterious Today

From The Nursery

Used To

Too Late

"An American Prayer" - The Doors

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Quoi de mieux, pour finir le cycle Doors, que d'aborder ce disque, qui manquait cruellement au blog ? C'est, il faut le dire, un album à part. Si vous ne le connaissez pas encore, sachez qu'il vaut mieux être un vrai fan des Doors, et ne pas cracher sur le spoken-word, pour l'apprécier. Sorti en 1978, An American Prayer n'est pas un disque de rock, malgré que je le classe, par défauts (je n'allais pas le mettre dans la musique contemporaine, et je n'allais pas créer une catégorie rien que pour lui), dans cette catégorie. C'est un disque à la fois crédité aux Doors et à Jim Morrison seul, sorti en hommage à Jim sept ans (pas jour pour jour : il est mort en juillet 1971, le disque est sorti en novembre 1978) après sa mort parisienne (et mort tout court, d'ailleurs). Ce disque offre 19 titres (répartis en 5 suites, mais c'est découpé en 19 plages audio sur le CD) pour un total de 38 minutes. Les parties vocales de Morrison, enregistrées en 1969 et 1970, sont des déclamations poétiques (ses propres poèmes). Par dessus, le groupe a enregistré, en 1978, l'accompagnement musical. Le tout est produit par les trois Doors assistés de John Haeny et Frank Lisciandro et est sorti sur le label qui avait signé le groupe, Elektra Records. 

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On le sait depuis les débuts du groupe : Jim Morrison est un intellectuel, amateur de poésie et de littérature, fan probable de Rimbaud, Baudelaire et T.S. Eliot, ainsi que des écrivains de la Beat Generation (Ginsberg, Kerouac, Burroughs). Comme le sera Patti Smith quelques années plus tard. Jimbo aimait mettre un peu de sa poésie sur les albums du groupe : Horse Latitudes sur Strange Days, Peace Frog sur Morrison Hotel, qui est basé sur un des segments présents sur An American Prayer, ou bien The W.A.S.P. (Texas Radio & The Big Beat) sur L.A. Woman, qui était joué live bien avant la version studio... Commercialisé avec un livret proposant les textes et diverses photos et illustrations, An American Prayer, qui s'ouvre sur un extrait de concert (Morrison disant The Ceremony is about to begin avant de hurler un Wake up ! faisant sursauter), propose donc cinq poèmes, ou cinq parties d'une longue suite portant le nom de l'album (la dernière partie porte aussi ce nom). Ghost Song, qui ouvre quasiment le bal, est un régal qui résume très bien l'ensemble de An American Prayer, disque soit adoré, soit honni, il faut reconnaître que c'est très particulier. L'accompagnement musical est sublime, génial, du pur Doors (Krieger nous offre de belles parties de guitare, Manzarek fait de même avec ses claviers, dont son piano basse), et le mix entre l'accompagnement, enregistré en 1978, et les voix, plus anciennes, est total. On a l'impression que tout a été enregistré tel quel en 1969/1970, pas avec 7 ou 9 ans d'écart et la Mort pour séparer le chanteur de ses potes !

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Dawn's Highway offre ce passage sur l'Indien ensanglanté avachi sur l'autoroute à l'aube, que l'on entendait dans Peace Frog, et qui s'inspirerait d'un fait réel vu par un Jim enfant. Roadhouse Blues est...le fameux morceau, enregistré live. Car An American Prayer, qui est difficile à chroniquer et je m'en rends bien compte maintenant que je rattrape ce retard (ça fait des années que je voulais le faire sur le blog, mais je repoussais toujours l'échéance, il a fallu ce cycle pour me décider), offre en majeure partie des déclamations, mais aussi un extrait live, issu de deux prestations (Cobo Hall de Detroit, Felt Forum de New York, tous deux en 1970), ce Roadhouse Blues efficace, presque autant que la version studio. Et on a aussi des extraits sonores de HWY : An Americal Pastoral, film tourné par Morrison en 1969, jamais vraiment sorti (vous voulez en voir des extraits : regardez notamment le film documentaire When You're Strange de Tom DiCillo, qui est remarquable bien qu'un peu court, ou allez sur le Net), et qui est assez expérimental (avec Morrison dans le rôle d'un autostoppeur). Au final, je ne sais vraiment, vous vous en rendez compte, pas trop quoi dire sur ce disque, mis à part que je l'adore. Oui, vraiment. Mais c'est un album assez polémique, il y à les adorateurs et les détracteurs, qui trouvent, eux, que c'est un pensum interminable (mais cependant pas très long, je trouve : moins de 40 minutes qui passent très vite) et chiant, de la poésie après tout, et la poésie, on aime ou on déteste. An American Prayer, qui montre la face 'cachée' de Morrison, ne laisse absolument pas indifférent, on le voit. Ce disque de poésie morrisonienne reste, dans son genre, unique : jamais plus les Doors ne retenteront l'expérience d'un album de ce genre. On peut le regretter ou s'en féliciter.

FACE A

Awake : 

a) Awake

b) Ghost Song

c) Dawn's Highway

d) Newborn Awakening

To Come Of Age : 

a) To Come Of Age

b) Black Polished Chrome

c) Latino Chrome

d) Angels And Sailors

e) Stoned Immaculate

The Poets Dreams : 

a) The Movie

b) Curses, Invocations

FACE B

World On Fire : 

a) American Night

b) Roadhouse Blues

c) Lament

d) The Hitchhiker

An American Prayer : 

a) An American Prayer

b) Hour For Magic

c) Freedom Exists

d) A Feast Of Friends

"Wax" - Indochine

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Bon, je ne sais pas encore si ça sera le cas, mais logiquement, ceci sera le dernier album sur Indochine pour un petit moment. Réjouissez-vous donc. En tout cas, moi, je me réjouis. Je me réjouis de ne plus parler de ce groupe que je déteste (enfin, hormis trois albums : Le Péril Jaune, Un Jour Dans Notre Vie et surtout, surtout, 13), et je me réjouis, parce que je vais ici parler, pour la première fois de plus, d'un album que je déteste et que je vais casser pire qu'un chiard shootant dans une pile d'assiettes. Sorti en 1996, cet album s'appelle Wax ('cire') et est le septième album studio d'Indochine. Il fait suite àUn Jour Dans Notre Vie (1993) qui, à sa sortie, ne fut pas à proprement parler un succès, c'est même le deuxième album studio le moins vendu d'Indochine derrière...bah, Wax, justement. Wax est donc la pire vente d'albums du groupe, et l'album généralement considéré comme leur plus mauvais. Leur nadir musical. L'équivalent, pour Indochine, du Tonight de Bowie, ou du Knocked Out Loaded de Dylan, ou du Dirty Work des Stones, ou du It's Hard des Who, ou du...bref, vous avez pigé. Indochine a vraiment souffert le martyre (nous aussi, via leur musique) entre la fin des années 80 et la fin des années 90.

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Un Jour Dans Notre Vie, album assez rock (Nicola Sirkis le voulait plus rock brut que ça encore, mais Dominique Nicolas, guitariste et membre fondateur avec les frangins Sirkis, n'aimait pas cette direction ; il partira après la sortie de l'album, et ne reviendra plus), n'était pas parfait, mais offrait tout de même de bonnes chansons, et sincèrement, malgré ses défauts, je l'aime plutôt bien. Je le supporte très bien. Comme je l'ai dit récemment en l'abordant, je l'ai chopé en vinyle (réédité) récemment, vendu pas cher du tout, 9,99 €, ainsi que Wax, au même prix, et j'ai pris les deux. Pour la collection (je suis vinylomaniaque). Je ne regrette pas l'achat de ces deux disques, rapport au prix, mais je suis bien content, pour Wax, de ne pas avoir dépensé plus. Je m'en doutais (je connaissais déjàSatellite, que je conchie partout, et Drugstar, à peine meilleure) mais j'en ai eu la confirmation, ce disque à la pochette moyennement sensuelle (un jeune couple se rase mutuellement les gibolles dans une salle de bains) est une purge pire que les staliniennes. Quasiment une heure (58 minutes) de merde, 13 titres franchement épouvantables. Le vinyle est double, au passage. 

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Je ne vais pas rentrer dans le détail des treize chansons. Si Kissing My Song et Unisexe sont, à la rigueur, et encore vraiment à la rigueur et à condition de ne pas être de mauvaise humeur, correctes àécouter de temps en temps, le reste, et ça inclus Drugstar et Satellite que l'on trouve sur des best-ofs (je me souviens d'un best-of non-officiel, fait sans l'accord du groupe, Génération Indochine, vers 2000, qui les proposait), est minable. Premier album du groupe sans Dominique Nicolas, Wax est incontestablement le pire du groupe, je pense que tout le monde est d'accord sur ce point. Je préfère m'arrêter là plutôt que d'être vulgaire ; je me faisais une joie de démonter ce disque, mais au final, on ne tire pas sur une ambulance, c'est pas drôle. A fuir. 

FACE A

Unisexe

Révolution

Drugstar

FACE B

Je N'Embrasse Pas

Coma, Coma, Coma

Echo-Ruby

FACE C

Les Silences De Juliette

Satellite

Mire-Live

FACE D

Ce Soir, Le Ciel

Kissing My Song

L'Amoureuse

Peter Pan

"2001 : L'Odyssée De L'Espace" - Musique du film

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Moins de temps pour écrire des chroniques ces temps-ci, pardon si le rythme ralentit, ce qui est à prévoir dans les prochains jours. S'il y à aussi des jours sans articles, ne vous inquiétez pas, je n'abandonne pas le blog, c'est juste une histoire de temps libre qui manque (arbeit, arbeit, arbeit). Allez, on y retourne.

Le grand fan de cinéma que je suis porte un culte tout particulier à certains réalisateurs : Alejandro Jodorowsky, Quentin Tarantino, Christopher Nolan, Steven Spielberg, Jean-Pierre Melville (pas des manches, vous l'aurez remarqué) et, en premier mais que je cite en dernier histoire de ménager un suspense de pacotille (vu que l'album que j'aborde aujourd'hui, ou plutôt, que je réaborde), Stanley Kubrick. Ce mec était un vrai génie un touche-à-tout (films de guerre, comédie, péplum, film historique, SF, épouvante, drame, satire sociale, film noir...il a touchéà quasiment tous les rôles sauf le western), un fou d'échecs (le jeu, pas le bide), de musique classique, un photographe professionnel, un curieux professionnel aussi, et un sacré putain de perfectionniste (du genre à retarder la sortie de Full Metal Jacket pendant plusieurs semaines car il trouvait cheap le son des mitraillettes du film, avant de regarder Platoon qui venait de sortir et de se rendre compte que dans le film d'Oliver Stone, les mitraillettes sonnaient pareil et de, donc, lâcher l'affaire). Les films de Kubrick sont tellement géniaux qu'on les voit et les revoit sans cesse. Les bandes originales de ses films, tout sauf anodines, participent pleinement au spectacle, surtout à partir de 1968 et de la bande originale de son chef d'oeuvre de SF spéculative 2001 : L'Odyssée De L'Espace (sur un scénario d'Arthur C. Clarke et Kubrick d'après une nouvelle de C. Clarke qui l'adaptera lui-même en roman la même année).

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2001 : L'Odyssée De L'Espace, l'album de la bande-son, est un album prodigieux, constitué de morceaux de musique classique et contemporaine. Quand je dis 'contemporaine', je ne parle pas de chansons pop, mais de musique classique enregistrée au XXème siècle par des compositeurs contemporains du film. On trouve, ici, plusieurs morceaux du compositeur hongrois (né roumain) György Ligeti (mort en 2006), plus exactement, sur les 8 titres (pour 37 minutes en ce qui concerne l'album sorti en 1968, et 58 minutes pour la version CD, pour laquelle on trouve des versions longues de plusieurs morceaux) de la bande-son d'époque, on trouve trois titres signés Ligeti (en réalité, dans le film, il y en à quatre, mais l'un d'entre eux, Aventures, n'est pas crédité) : Atmosphères, Lux Aeterna et Requiem For Soprano, Mezzo Soprano, Two Mixed Choirs & Orchestra. Ces morceaux n'ont pas étéécrits pour le film, mais datent des années 60 notamment 1961 pour Atmosphères. Ces morceaux, étranges, prenants, souvent oppressants, semblent avoir été composés par des extra-terrestres ou des divinités, tant ils sont à part. On se souvient surtout d'Atmosphères, utilisé durant la longue séquence de la Porte des Etoiles (dans la dernière partie) et du Requiem... pour toutes les séquences mettant en scène le Monolithe (durant le prologue, lors de la séquence de la Lune, etc), ce morceau constitué de voix des deux sexes faisant des vocalises tremblotantes et lyriques est indissociable du film et procure d'immenses frissons. Ce film, enfant, me foutait les jetons à cause de cette musique, entendue assez rapidement (durant le premier quart d'heure), et qui est du genre à ne pas quitter la mémoire de qui l'entend pour la première fois. Ce n'est pas le thème le plus connu de la bande-son, mais c'est le plus représentatif selon moi, celui auquel je pense toujours. Ligeti, dont la musique fut utilisée sans son accord (mais qui admirait beaucoup Kubrick malgré celà, et deux autres films de Kubrick utiliseront son oeuvre, Shining et Eyes Wide Shut), est indissociable du film, de Kubrick, et bien entendu, même si ça reste un compositeur d'avant-garde, les films de Kubrick ont considérablement aidéà le rendre plus connu.

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Autre compositeur contemporain (mort en 1978) dont la musique est utilisée dans le film: Aram Khatchaturian via un extrait de son magnifique et apaisant (surtout comparéà Ligeti) Gayane Ballet (utilisé dans le film dans des séquences apaisantes de scènes de la vie dans le vaisseau : pratiques sportives, relaxation, échecs, conversations téléphoniques, etc). Mais la bande-son du film contient aussi des oeuvres de compositeurs plus anciens : les deux Strauss (Richard et Johann). Pour Johann (Johann Strauss fils, il faut préciser), c'est Le Beau Danube Bleu (18 minutes dans sa version longue sur le CD), utilisé bien comme il faut dans les premières séquences de l'espace. L'effet voulu est celui d'une valse dans les étoiles, et c'est totalement réussi. On a l'impression que cette musique a été composée pour le film, alors qu'elle avait 102 ans au moment de la sortie du film ! Et pour Richard, c'est Ainsi Parlait Zarathoustra, datant de 1896, extraitd'un poème symphonique du même nom, et qui est évidemment totalement indissociable, là aussi, du film (utilisé pour le générique de début, pour le final aussi, ce snippet très court du poème symphonique, démarrant lentement avant de se finir en apothéose, a depuis été réutiliséà maintes reprises, souvent pour des parodies ou allusions au film de Kubrick). Préciisons, et ça n'a rien à voir avec la musique du film ni le film, qu'il n'y à aucun lien de parenté entre les deux Strauss, Richard est Allemand, Johann est Autrichien. Voilà-voilà. Pour finir, cette bande-son est absolument quintessentielle à tout amateur de musiques de film, de musique classique et contemporaine aussi. Un vrai régal qui vous emportera loin, très loin...dans les étoiles, précisément. 

FACE A
Also Sprach Zarathustra
Requiem For Soprano, Mezzo Soprano, Two Mixed Choirs & Orchestra
Lux Aeterna
The Blue Danube
FACE B
Gayane Ballet Suite
Atmospheres
The Blue Danube
Also Sprach Zarathustra

"154" - Wire

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154

Après avoir sorti un premier opus (Pink Flag, 1977, pochette minimaliste) très punk, mis tout de même franchement à part au milieu de toute la production punk d'alors (un disque qui, en 35 minutes enregistrées dans les conditions du live en studio, offre 21 morceaux allant de 28 secondes à 3,50 minutes ne peut pas être qualifié de 'traditionnel'), et un deuxième opus (Chairs Missing, 1978, pochette minimaliste) moins punk mais toujours très étrange (42 minutes, 15 titres), Wire va encore une fois surprendre son monde en 1979 avec ce troisième album (qui sera leur dernier pendant 8 ans !), sorti en 1979 sous une pochette minimaliste et incompréhensible et un titre qui fera s'interroger pas mal de monde : 154. Pourquoi ce titre ? Tout simplement parce qu'au moment de la sortie de ce disque, le groupe avait fait 154 concerts depuis le début de leur carrière. Compte tenu que le groupe existe depuis 1976/1977, et que cet album date de 1979, on peut se dire que ça ne fait pas beaucoup de concerts (Led Zeppelin, en autant de temps d'existence, avait sans aucun doute fait deux fois plus de concerts que Wire). On peut se dire aussi que, pour un groupe punk fondé au moment de la vague de 1976/1977, être toujours en activité, de plus sans aucun changement de personnel (les quatre membres du groupe sur 154 sont les mêmes que pour les deux précédents opus), alors que pas mal de groupes punk n'ont pas tenu très longtemps (trop de groupes fondés en même temps : l'entropie qui guette et frappe), est déjà, en soi, un exploit.

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Sous-pochette

Ce qui est surtout un exploit, c'est d'avoir aussi bien réussi sa reconversion. Pink Flag, malgré sa structure totalement barge (je rappelle encore une fois le nombre effarrant de morceaux et la courte durée du truc ? Non, hein ?), était du pur punk qui se branle à 200 à l'heure. Chairs Missing prenait le pari d'aller un petit peu plus loin, moins violent, moins punk, plus mélodique (Outdoor Miner). Ce 154à la pochette bien abstraite et sans aucune inscription (le titre et le nom du groupe apparaissent sur la tranche, on a les titres des morceaux, il y en à 13 pour environ 44 minutes, sur la sous-pochette, ainsi que les paroles ; aucune photo) est, lui, totalement new-wave, dans l'esprit de XTC (on peut penser àDrums & Wires). Ce n'est plus du punk, et à l'écoute de l'album, rien ne laisse penser que Wire ait été un groupe punk, en fait. Le chant de Colin Newman n'est plus aussi dingue et violent que sur les précédents opus (sur le premier album, il sonnait souvent très énervé, en colère contre pas mal de choses ; sur le deuxième album, il sonnait encore un peu comme ça, de temps en temps, sur les morceaux punks), il est plus sobre, maîtrisé, mélodique. J'ai envie de dire 'normal', mais ça serait réducteur et pas gentil vis-à-vis des deux précédents opus, qui sont remarquables dans leurs genres. L'album s'ouvre sur un I Should Have Known Better qui, malgré son titre, n'est pas une reprise des Beatles, aucune reprise sur l'album, sur aucun des trois albums du groupe d'ailleurs (en revanche, nombreuses sont les chansons du groupe qui seront, elles, reprises par d'autres groupes, Wire étant du genre séminal en terme d'influences).

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C'est en revanche une grande chanson méconnue qui ouvre à merveille un disque pas forcément difficile d'accès malgré sa pochette très rebutante (on la voit, on sent que ça va risquer d'être compliqué, comme si la musique était aussi asbtraite que le contenant). Avec parfois des titres assez abscons (The 15th, Map Ref. 41°N 93°W, Single K.O., 40 Versions), les chansons se suivent sans se ressembler, certaines sont mélodiques, d'autres plus complexes et encore légèrement, très légèrement punk dans l'âme, mais si peu, si peu... Rythmiques remarquables, guitares parfois cinglantes et parfois assez pop, chant immense, production imparable, ce troisième opus de Wire, qui sera le dernier pendant de longues années (le groupe ne se reformera qu'en 1985, et ne refera un disque qu'en 1987), est incontestablement un chef d'oeuvre, qui vient d'être réédité en vinyle, ainsi que les autres albums du groupe (les deux précédents, du moins), il y à quelques semaines. Un album prodigieux, intense, exigeant, qui achève à la perfection une trilogie étrange, débutant dans l'extrémisme punk beat pour se finir dans la richesse post-punk expérimentale. Sincèrement, des morceaux tels que On Returning, Two People In A Room ou Blessed State, on en redemande...

FACE A

I Should Have Known Better

Two People In A Room

The 15th

The Other Window

Single K.O.

A Touching Display

On Returning

FACE B

A Mutual Friend

Blessed State

Once Is Enough

Map Ref. 41°N 93°W

Indirect Enquiries

40 Versions


"L'Enfant Assassin Des Mouches" - Jean-Claude Vannier

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Putain, je le classe où, ce disque, les gars ? Où ? Dans le rock ? Non, ç'en est pas. Dans le jazz ? C'en est pas non plus. Et c'est pas de la chanson, car c'est entièrement instrumental. C'est pas du progressif, sûrement pas du hard, carrément pas de la soul ou du blues, c'est pas non plus de la musque électronique, ni du reggae, ni du rap, ni du punk, ni...en fait, si je le classe dans la 'musique contemporaine', c'est histoire de le foutre quelque part. Mais cet album sorti en 1972 est en réalité un disque de musique lyrique et pop (on a aussi bien des arrangements chatoyants de cordes et parfois de cuivres que des instruments rock), conceptuel de plus, et ce, sans aucune ligne de texte. C'est le premier album solo d'un arrangeur de génie, Jean-Claude Vannier, le gars responsable des arrangements du Histoire De Melody Nelson de Serge Gainsbourg en 1971. Vannier a aussi collaboré avec Michel Polnareff, Henri Salvador, Brigitte Fontaine... Ce premier opus solo, cultissime, qui ne s'est franchement pas super bien vendu à sa sortie (tiens ! Comme le ...Melody Nelson, au passage !), possède une pochette assez belle et étonnante montrant un homme nu sur une plage, Vannier lui-même probablement. Et son titre est encore plus étrange, et je me demande vraiment comment Vanner a-t-il pu l'imaginer : L'Enfant Assassin Des Mouches

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Entièrement écrit, arrangé et produit par Vannier, cet album sorti en 1972 et n'ayant pas été réédité pendant des années (il faudra attendre 2003 ; désormais, on le trouve facilement sur le Net, y compris en réédition vinyle) raconte une histoire sans paroles (avec les titres des morceaux, bien explicites, comme éléments narratifs), qui a été ensuite imaginée par Gainsbourg, qui a écrit un texte résumant l'histoire...après avoir entendu l'album, dont les 11 titres n'avaient pas encore de titres (les titres seront placés une fois le script rapidement écrit, en une nuit de fièvre, par Gainsbourg). Oui, c'est vraiment bizarre. Une histoire d'enfant qui arrive dans le royaume des mouches, va les martyriser, tuer leur Roi, et finira lui aussi tué, englué dans un gigantesque papier tue-enfant. Une histoire aussi étrange que glauque, proche de l'univers de David Lynch, avec plusieurs années d'avance et une autre nationalité. Musicalement, cet album, qu'il faut à tout prix écouter d'une traite (l'album dure 37 minutes) et dans l'ordre, est un truc de dingues. On pense à plein de choses en l'écoutant : à l'Histoire De Melody Nelson de Gainsbourg évidemment (Melody, Cargo Culte sont les morceaux auxquels on pensera le plus facilement, pour les arrangements), mais aussi au Atom Heart Mother de Pink Floyd, pour le côté orchestral chabraque rempli de choeurs (c'est instrumental, certes, mais on a pas mal de vocalises) et de bruits étranges, parfois à la limite de la cacophonie. 

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L'atmosphère globale de L'Enfant Assassin Des Mouches est étrange. Quasiment indescriptible. On entend des voix (des deux sexes) en choeurs glauques et lyriques, des guitares électriques cinglantes, des claviers parfois bastringue parfois très classique, des cordes et des cuivres en pagaille, des sons pas clairs, des bourdonnements qui symbolisent les mouches omniprésentes (quasiment tous les titres ont 'mouche' dans leurs noms), et même une petite voix enfantine disant des paroles peu audibles sur un des titres, en l'occurrence le long (7 minutes) Les Gardes Volent Au Secours Du Roi, dans le final duquel on entend un halètement et cette petite voix enfantine. L'effet est aussi curieux que totalement oppressant. On sent une espèce de cruauté (les enfants peuvent être cruels, sans le vouloir, tout le monde le sait, et qui n'a jamais arraché les ailes d'une mouche étant enfant ? Mais celui de cette histoire semble aller loin) et de surréalisme sur l'ensemble de cet album qui, s'il avait été un film, aurait été un Jodorowsky, un Arrabal ou un Lynch ; et s'il avait été un roman ou une nouvelle, ça aurait été signé Borges ou Cortazar, tellement c'est chelou. Chelou, mais magnifique, aussi. Comme je l'ai dit, c'est un 'tout', un album qu'il faut écouter d'une traite, sans pause, comme un film muet audio, une histoire sans paroles, dont on s'imagine aisément, tout du long de l'écoute, les images (l'accordéon du Papier Tue-Enfant est d'un glauque...facile d'imaginer le gosse, lentement englué dans ce papier qui va le tuer tout aussi lentement). Ce projet dingue, un des plus dingues de la musique française, est donc un mélange, à la Berlin de Lou Reed, entre des arrangements luxueux (mais une musique quand même assez atonale et étrange, parfois) et un concept littéraire glauque et sordide, l'ensemble se percutant aussi idéalement que curieusement (ça ne devrait pas marcher ; mais ça marche). Un des albums les plus enivrants et bizarres que je connaisse, un conte cruel à ne pas raconter à vos enfants avant de les faire se coucher... 

FACE A

L'Enfant, La Mouche Et Les Allumettes

L'Enfant Au Royaume Des Mouches

Danse Des Mouches Noires Gardes Du Roi

Danse De L'Enfant Et Du Roi Des Mouches

Le Roi Des Mouches Et La Confiture De Roses

FACE B

L'Enfant Assassin Des Mouches

Les Gardes Volent Au Secours Du Roi

Mort Du Roi Des Mouches

Pattes De Mouches

Le Papier Tue-Enfant

Petite Agonie De L'Enfant Assassin

"Can't Buy A Thrill" - Steely Dan

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C'est repartie pour un nouveau cycle, à peu près aussi long que celui, récemment, sur les Doors (la faute à une discographie studio peu fournie ; et encore, pour le groupe qui nous intéresse ici, Steely Dan, je n'aborderai pas les deux derniers opus, sortis bien des années après celui qui, en 1980, s'avèrera être leur dernier ; vous suivez ? Non ? Tant mieux). Cette fois-ci, c'est de Steely Dan, donc, que je vais (re)parler. Un groupe californien (les deux leaders sont cependant new-yorkais d'origine et de coeur, et détestent la Californie, mais c'est là que les meilleurs musiciens se trouvent, alors...) qui compte parmi les grands préférés. Prenant son nom d'un roman de William S. Burroughs (fameux écrivain de la Beat Generation et drogué notoire), en l'occurrence d'un objet présent dans Le Festin Nu (un godemiché, oui, un godemiché vous avez bien lu, et ça prouve par A +B=C le sens de l'humour ravagé du groupe, ou plutpot du duo de leaders), Steely Dan est essentiellement un duo, donc : Donald Fagen (chant, claviers) et le regretté Walter Becker, mort en septembre 2017 (guitare, basse). Mais à la base, c'est un vrai groupe constitué aussi des guitaristes Jeff 'Skunk' Baxter et Denny Dias, du chanteur David Palmer et du batteur Jim Hodder, lequel chante sur un titre du premier album. Et sur le premier album, Becker est surtout à la basse, il n'est, en fait, qu'à la basse. Et Palmer ne chante pas sur tout, loin de là. Oh, c'est compliqué. Mais ce qui est encore plus compliqué, c'est ce que Steely Dan deviendra ensuite à partir de 1975, mais chut...on en reparlera en temps et en heure !

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Can't Buy A Thrill, dont la pochette (qui représente des prostituées attendant le client, une bouche féminine bien glossée, un mec torse nu et baraqué, des bananes, néons et une femme nue recroquevillée sur elle-même, le tout, sur fond de grosses tâches de gras ou d'humidité, voir le verso, photo ci-dessus) sera qualifiée par le duo Becker/Fagen lui-même, par la suite, de pire pochette d'album des 70's, est le premier opus de Steely Dan et il date de 1972. Il me semble que la pochette a causé scandale à sa sortie, mais je ne pense pas que l'album ait été réédité avec une autre pochette. Sur cette pochette, un long texte (au verso, avec les paroles) parle du groupe, un texte dithyrambique et un peu ringard, à la 'note de pochette de disque de jazz des années 50', signé d'un certain Tristan Fabriani. Lequel n'est autre que Becker et Fagen, au passage. Oui, de fausses notes de pochette en guise d'accompagnement du premier album, on sent bien que les deux zigotos iront loin (au passage, les anglophones ou anglophiles feraient bien de lire les notes de pochette des livrets des rééditions CD des albums du groupe, certaines sont purement hilarantes, les deux gars a yant un sens de l'humour ravageur, ce qui se ressent souvent dans les paroles des chansons d'ailleurs). Can't Buy A Thrill est, autant le dire, un premier album très réussi, à défaut d'être immense ; ce n'est pas du tout le meilleur album du groupe, c'est même le moins réussi de leurs sept premiers albums (c'est à dire, jusqu'à 1980 et l'album Gaucho), et le principal défaut réside dans l'accumulation de chanteurs, mais c'est un bon disque qui offre une bonne quarantaine de très agréables minutes. 

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OK, la chanson interprétée par le batteur (Midnight Cruiser, laquelle, comme les neuf autres de l'album, est signée Becker/Fagen) est bien, mais aurait été meilleure interprétée par un autre que lui. OK, les chansons interprétées par Palmer (il y en à 3 en solo, et 2 avec Fagen) sont bien, surtout Dirty Work, mais le timbre de voix de David Palmer, trop suave et propre sur lui, ne correspond pas trop au style steelydanien. D'ailleurs, Palmer partira du groupe très rapidement après ce premier opus. Les chansons interprétées par Fagen, et sa voix aigüe et cynique, sont incontestablement le ciment de ce premier opus, on y trouve d'ailleurs deux gros classiques du groupe, mais des vrais classiques, hein, pas de petites chansons : Do It Again (qui ouvre l'album), longue chanson au climat latino à la Santana, pure perfection pop, et le plus sautillant Reelin' In The Years, qui ouvre la face B, que l'on peut qualifier de premier 'tube' du groupe. Tout y est : piano entêtant, solo de guitare (dont un de steel guitar par 'Skunk' Baxter, futur membre des Doobie Brothers), paroles et chant remarquables... Only A Fool Would Say That, Kings et Turn That Heartbeat Over Again (avec une rare participation vocale de Becker, co-crédité au chant, sur ce titre, avec Fagen et Palmer, ce qui fait qu'on n'entend pas sa voix plus que celle des deux autres) sont d'autres très bonnes chansons (en revanche, Fire In The Hole et Change Of The Guards ne sont pas grandioses), qui achèvent de faire de ce premier opus de Steely Dan une très bonne surprise. A réserver aux fans, ceci dit, car il y à d'autres albums de Steely Dan qui sont mieux pour découvrir le groupe.

FACE A

Do It Again

Dirty Work

Kings

Midnight Cruiser

Only A Fool Would Say That

FACE B

Reelin' In The Years

Fire In The Hole

Brooklyn (Owes The Charmer Under Me)

Change Of The Guard

Turn That Heartbeat Over Again

"Countdown To Ecstasy" - Steely Dan

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Après un premier opus plutôt réussi (bien qu'un tantinet inégal) en 1972, Steely Dan entreprend sa première modification (dans une assez longue série) : David Palmer, qui chantait sur environ la moitié de Can't Buy A Thrill, s'en va. Et ne reviendra plus. Sa voix était correcte, très correcte même, mais ne correspondait pas forcément toujours très bien aux textes souvent cyniques de Donald Fagen et Walter Becker, les deux leaders de Steely Dan (qui sont respectivement chanteur/claviériste et bassiste/guitariste d'appoint). Au moment d'entrer en studio pour accoucher du toujours difficile à faire deuxième album, qui sortira en 1973 et s'appelle Countdown To Ecstasy, le groupe n'est, mis à part le départ de Palmer, pas différent. On a toujours Jim Hodder à la batterie, et Denny Dias et Jeff 'Skunk' Baxter aux guitares, en plus de Becker et Fagen. L'album a été enregistréà Los Angeles (Village Recorder) et à Nederland (le fameux Caribou Ranch Studio de James William Guercio chez qui ont pas mal enregistré les Beach Boys et Chicago, ainsi qu'Elton John) et est sorti en juillet 1973 sous une pochette utilisant une peinture de Dorothy White, une artiste qui était, à l'époque, la petite amie de Donald Fagen. Cette peinture, aux teintes pastel, ne contenait à la base que trois personnages. ABC Records, le label ayant signé le groupe, exigera qu'on rajoute deux personnages : Steely Dan comprenait 5 membres, pas 3 ! Une pochette pas spécialement réussie, il faut l'avouer. En fait, elle est limite pire que celle de Can't Buy A Thrill, que Fagen et Becker estiment pourtant être leur pire pochette. 

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Si le contenant est décevant, le contenu est, lui, à la hauteur, et même largement mieux qu'à la hauteur. Ne comprenant que 8 titres pour un total de 41 minutes, Countdown To Ecstasy, que Fagen citera un jour comme étant son album préféré de Steely Dan (je ne sais pas s'il pense toujours ça de l'album, en revanche) offre un paquet hallucinant de classiques steelydaniens par rapport au nombre de ses morceaux : cinq des huit titres sont intouchables. On va commencer par parler des trois qui ne le sont pas, histoire de gagner du temps, mais sachez que ces trois morceaux d'apparence lambda sont d'un niveau tel qu'ils en foutraient la chiasse de honte aux meilleurs morceaux du meilleur album d'un groupe de niveau secondaire par rapport à Steely Dan. On a Razor Boy, qui parle de la réalité comparée aux idéaux hippies : un hippie, c'est certes cool, mais la drogue, ça fait des ravages, et vous le trouvez toujours aussi cool, le hippie, avec une seringue dans le bras ? On a Pearl Of The Quarter, incontestablement le moins bon des 8 titres, mais une sympathique chanson pop suave. Et King Of The World, sublime final de l'album, qui semble parler de ce qui restera des USA après une guerre nucléaire ayant tout ravagé. A noter qu'avec respectivement 3,10, 3,50 et 5 minutes, ce sont les trois morceaux les plus courts de l'album. Oui, le troisième morceau le plus court de Countdown To Ecstasy dure tout de même 5 minutes (5 des 8 titres durent entre 5 et 5,50 minutes, et le plus long en fait 7) !

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Une variante de la photo du verso de pochette. De gauche à droite : Hodder, Becker, Dias, Baxter, Fagen

Le reste de l'album est une féérie pop jazzy aux paroles bien cyniques, enfin, pas tout le temps : My Old School est un régal nostalgique sur les joies du bahut et l'enfance passée, une chanson au climat très soul, sur laquelle des choristes féminins font un boulot exemplaire ; mais attention, cette chanson parle aussi et surtout d'une arrestation de trafiquants de drogue rôdant autour d'un bahut où furent scolarisés les arrêtés. Bodhisattva (le terme signifie quelqu'un qui, dans la religion bouddhiste, renonce à atteindre le Nirvana d'un point de vue personnel afin d'aider les autres à atteindre le leur) est un régal bien cynique. Your Gold Teeth (dont le groupe fera une suite en 1975 sur Katy Lied) parle d'une femme arnaqueuse qui utilise ses charmes pour parvenir à ses fins. C'est le morceau le plus long de l'album. Show-Biz Kids est une peinture bien cinglante et amusante du monde du show-biz, vu à travers les yeux de Becker et Fagen. Tous deux détestent viscéralement le style de vie californien, et surtout de Los Angeles (ils y vivent et bossent car les meilleurs musiciens et studios s'y trouvent), et le font sentir ici. The Boston Rag est un des titres les plus riches de l'album. Album remarquable (bien accueilli par la presse, mais bide commercial) qui, tout comme les deux suivants, dépeint une galerie de personnages souvent louches, étranges, douteux, du genre que l'on trouverait en troisièmes couteaux ou en suspects d'office dans un roman ou un film noir. Des camés, des paumés, des voleurs et arnaqueurs, des cinglés... Le tout, sous des mélodies sauvagement pop. Pretzel Logic, l'album suivant, ira dans le même sens, un peu plus loin encore, mais avec une structure assez différente (morceaux et album court(s) par rapport àCountdown To Ecstasy). Mais ça, j'en reparle bientôt !

FACE A

Bodhisattva

Razor Boy

The Boston Rag

Your Gold Teeth

FACE B

Show Biz Kids

My Old School

Pearl Of The Quarter

King Of The World

"Pretzel Logic" - Steely Dan

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Parfois des images d'Epinal débiles traînent aux basques de certains artistes : ainsi Steely Dan (qui pour la dernière fois de sa carrière mérite amplement le qualificatif de "groupe" : après cet album, Jeff "Skunk" Baxter, Denny Dias (guitares), et Jim Hodder (batterie) seront gentiment priés d'aller voir ailleurs si la cocaïne est moins chère, David Palmer ayant été débarqué durant la tournée "Countdown") ne serait préoccupé que par la perfection sonore et le raffinement musical.

Or l' album qui nous concerne ici est un véritable bijou de concision d'écriture et d'instrumentation. Les réveries d'Aja ou les solis incroyables de Larry Carlton sur Haîtian Divorce sont encore loin. 34 minutes pour 11 morceaux : un peu plus, et ils auraient pu concurrencer les Ramones ! Blague à part, Pretzel Logic est véritablement un album à part dans la discographie Steely Danienne (statut cependant partagé avec "Katy Lied"): coincé entre les deux premiers albums jazz-pop aux morceaux assez longs (Bodhisattva, Show-Biz Kids, Do It Again par exemple), et les futurs raffinements de The Royal Scam,Aja et Gaucho.

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Ici, les solis de guitare se font rares : seuls deux morceaux dégoulinent réellement de virtuosité guitaristique, le merveilleusement funky Night By Night, et le morceau-titre, espèce de blues à la Steely Dan parfaitement executé (comme toujours avec ces deux zozos). Il s'agit plutôt d'un déluge de chansons incroyablement touchantes et réussies qui me font considérer ce disque comme le Pet Sounds des années 70 : les thématiques abordées dans les textes ne sont pas si éloignées : peur de l'enfance, regret amoureux, méfiance...

Le feu d'artifice débute avec l'un des plus gros classiques du répertoire Fagen-Becker, Rikki Don't Lose That Number, un de leurs rares top ten. Une merveilleuse intro au piano assez brésilienne, puis chanson toute en sobriété, si vous n'accrochez pas, je ne peux plus rien pour vous ! Any Major Dude Will Tell You est une chanson qui est assez atypique pour du Steely Dan : le second degré semble absent, et on y ressent même de la compassion et uen certaine tendresse...  Mais rassurez-vous, ça ne dure pas bien longtemps car le Barrytown qui suit est un modèle sur le thème "Casses-toi tu pues ! t'es pas d'chez nous...". Un titre qui aborde à merveille le racisme ordinaire et les préjugés idiots (I Can See By What You Carry That You Come From Barrytown).

Passons rapidement sur le rigolo mais anecdotique East St Louis Toodle-Oo où le groupe se fait plaisir. Parker's Band est une chanson quasi-rock très directe et fun, un domaine où Fagen et Becker ne s'aventurent que rarement. Il y'a comme d'habitude des personnages un peu louches qui se baladent dans les allées de l'album : le Buzz de Through With Buzz est soit dealer, soit proxo, "maybe he's a fairy"...  et Charlie Freak du morceau du même nom, est un clochard qui revend son unique bien pour bouffer, et finit par mourir d'overdose...

La dimension "délirante" de l'album est aussi présente dans le très réussi pastiche country With A Gun, où les zicos prennent leur pied à caricaturer l'ambiance "western" (les paroles aussi...), et l'hommage à la soul sixties Monkey In Your Soul où on lit en filigrane le mode de vie des musiciens à L.A à l'époque (pas besoin de traduire ce que signifie "monkey" dans l'argot des zicos....).

Il serait cependant injuste de ne pas citer l'impressionnante armada de musiciens qui sont intervenus sur ce disque : c'est parti pour quelques noms : jim Gordon, Chuck Rainey, Dean Parks, Jeff Porcaro, Ernie Watts... On ne se refuse rien, et la tendance va aller en s'aggravant...

Un album cependant quasi-intimiste qui permet à l'auditeur de s'en faire un confident, pour peu que l'on aime les histoires "décalées"... Un véritable album de chevet, et bien que les standards Steelydaniens aient toujours été très élevés, le préféré de votre serviteur.

Chronique complémentaire de ClashDoherty

Bon, cet article doit être un des rares à posséder non pas une, non pas deux, mais carrément trois chroniques. La première (tout en haut) fut écrite vers 2010 ou 2009 par Leslie Barsonsec, qui écrivait de temps en temps sur le blog et qui manque franchement, car ses textes, rares, étaient toujours remarquables. Celle en-dessous de la mienne (qui est une réécriture d'une ancienne chronique complémentaire que j'avais faite, au même endroit, sur l'article) est une chronique complémentaire de Koamae, qui lui aussi manque au blog et écrivait d'excellentes petites balles de temps en temps. Et la mienne, donc, que je refais en l'honneur de ce cycle sur Steely Dan. Voici le temps de parler de leur troisième opus, Pretzel Logic, sorti en 1974. Ce disque est important dans la discographie de Steely Dan, en celà qu'il sera leur dernier album en tant que groupe digne de ce nom. On y retrouve ceux qui ont accouché de Can't Buy A Thrill (1972) et Countdown To Ecstasy (1973), au complet (enfin, mis à part David Palmer, qui chantait sur une partie du premier album est quitta le groupe dans la foulée), à savoir Donald Fagen, Walter Becker, Jeff 'Skunk' Baxter, Denny Dias et Jim Hodder. Steely Dan en tant que groupe, tout simplement. Après ce disque, Steely Dan se résumera définitivement à Fagen et Becker, qui lourderont le reste du groupe (Dias, cependant, apparaît sur la grande partie de leurs albums suivants) afin de se concentrer sur cette imposante faune californienne qui les entoure : les musiciens de studio. Leurs albums suivants deviendront de vrais bottins mondains des meilleurs musiciens de studio (Carlton, Gadd, Marotta, Findley, McDonald, Porcaro, Feldman, j'en passe), la perfection musicale absolue dans le domaine de la pop jazzy.

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Pretzel Logic, en attendant, est dans la foulée de Countdown To Ecstasy, malgré un format assez différent. Le précédent opus était constitué de 8 titres plutôt étendus sur une quarantaine de minutes ; celui-ci, comme le dit Leslie dans sa chronique principale, dure 34 minutes, et offre 11 titres qu'on imagine donc assez courts et tassés (le plus long n'atteint pas les 5 minutes ; le plus court en fait moins de 2). La pochette est elle aussi assez différente de celles des deux précédents opus. On avait des teintes chamarrées ou pastel, des dessins ou peintures essentiellement, et des lettrages originaux. Ici, on a un lettrage des plus sobres, et une photo en noir & blanc représentant le chariot ambulant d'un vendeur de bretzels et de cacahuettes, à New York probablement, par temps enneigé. La pochette ouvrante montre, à l'intérieur, une photo, en format portrait, et assez étendue, du groupe, posant autour d'une statue d'un aigle, sans doute dans un square ou parc (Central Park ? Ailleurs ?). Mon exemplaire vinyle étant avec une sous-pochette lambda et sans insert, j'ignore s'il y avait un insert avec les paroles ou si elles étaient sur une sous-pochette, je pense que oui, mais je n'en suis pas sûr. Bon, l'album offre 11 titres, je l'ai dit, et parmi ces titres, quatre ou cinq font partie des plus légendaires du répertoire de  Steely Dan. Mais tous, à une exception près (East St Louis Toodle-Oo, instrumental et reprise d'un morceau de Duke Ellington, qui achève bien sympathiquement la face A), témoignent du sens de l'humour ravagé et du cynisme absolu du duo Fagen (chant, claviers) et Becker (basse, parfois guitare). Par exemple, Charlie Freak parle d'un clochard camé que le narrateur connaît, narrateur qui se voit un jour proposer, par ce clochard, une bague, que le narrateur achète, afin que le SDF puisse, avec l'argent de la vente, s'acheter de la bouffe. Mais on retrouve peu de temps après le clochard, mort overdosé, et le narrateur se rend compte que c'est avec son argent à lui qu'il s'est payé sa dope. Le tout sur une mélodie basée sur une ligne de piano d'une tristesse mélancolique.

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Barrytown parle du racisme de l'ostracisme. Un homme, parce qu'il vient de cette ville, est rejeté par tous, traité de con, méprisé, harcelé, agressé, etc... La chanson, avec des paroles directes, et qui ne cherchent absolument pas à donner une explication ou une raison, traite de la différence, des préjugés. Through With Buzz, le morceau le plus court, parle d'un paumé, un type envahissant, une vraie plaie humaine, que le narrateur se coltine. Un mec qui est peut-être homo, que l'on soupçonne en tout cas d'être un beau parasite flirtant dans les eaux troubles de l'illégalité (drogue, arnaques). Rikki, Don't Lose That Number, qui s'ouvre sur une mélodie assez samba au piano (et offre, en son centre, un remarquable solo de guitare), est une chanson mémorable, une des plus connues du groupe, et parle d'une jeune femme qui quitte la ville, pour refaire sa vie ailleurs, mais à qui le narrateur donne son numéro de téléphone, l'enjoignant de l'appeler afin de rester en contact, tu n'auras pas envie d'appeler quelqu'un d'autre crois-moi. Ce morceau est la quintessence pop/rock steelydanienne absolue. Je ne dirais pas que c'est leur meilleur morceau, ça serait faire injure à d'autres, mais c'est un de leurs meilleurs, et un des sommets de l'album. Night By Night et le morceau-titre (lequel est le plus long de l'album) sont également de grandes, de majeures réussites. Et comment ne pas citer le sublime Any Major Dude Will Tell You, le très rock Monkey In Your Soul ? Au final, une seule chanson me gêne un peu, m'a toujours gêné et me gênera toujours : With A Gun, tentative country pasticheuse assez cocasse, mais plutôt saoûlante à la longue. Le morceau est un des plus courts de l'album, ça tombe bien. Mis à part cet unique titre, Pretzel Logic (titre d'album, et pochette, des plus étonnant(e)s) est un chef d'oeuvre, un des meilleurs albums du groupe et des années 70. Hautement recommandé, comme à peu près tout ce qui a été fait par le groupe !

Critique complémentaire de Koamae:

Je ne connaissais pas Steely Dan il y a peu encore. Je connaissais juste de réputation et de pochette leur triomphe commercial AJA de 1977. Mais, l'autre jour, laissant un commentaire sur le Top Musique de ClashDoherty concernant le morceau Night By Night, j'ai finalement décroché le gros lot; merci à Clash de m'avoir envoyé ce Pretzel Logic remarquable, qui m'a fait découvrir le groupe de Donald Fagen et Walter Becker. Bon, j'avoue, je ne connais pas encore bien l'album pour faire une critique générale, je ferai donc ici un track-by-track.

D'emblée, on s'en prend plein la gueule. Le disque démarre sur le meilleur morceau de l'album, Rikki Don't Lose That Number, chanson mélangeant habilement pop/jazz et juste une touche funkysante, ce qui permet à cette sublime chanson de cartonner dans les charts. C'est le plus gros succès de Steely Dan, et on comprend vraiment pourquoi. Night By Night est tout aussi efficace, dans la continuité du premier titre (d'ailleurs, l'homogènité de ce disque est tout à fait remarquable, Pretzel Logic est un album tout sauf inégal). On en arrive à une chouette de ballade, qui fait partir ailleurs. Any Major Dude Will Tell Tou, chanson assez calme, et si ce n'est pas le meilleur titre de l'album, ça reste quand même une très belle chanson. Barrytown est l'un de mes morceaux préférés du disque, un titre vraiment popisant, sans pour autant être trop popisant, une merveille illustrant vraiment bien l'album. Le seul titre vraiment mineur du disque est sans aucun doute East St-Louis Toodle-Oo, trop jazzy et anodin, c'est l'intrus de l'album, pour moi...

Parker's Band est dans la lignée de Barrytown, un titre simple mais vraiment efficace. Through With Buzz est très court, de ce fait il passe comme une lettre à la poste, sans déranger personne. Dommage, car ce morceau est très bon. Mais là, on en arrive à un autre grand sommet du disque... Le titre éponyme de l'album, Pretzel Logic. Titre blues tout à fait remarquable, on se croirait sur une quelconque route déserte des USA, en train de rouler tranquillement, avec un léger vent frais, mais pas trop frais quand même. Un titre immense, le meilleur du disque avec Rikki Don't Lose That Number. On revient à du délire, le même genre que East St-Louis Toodle-Oo, avec With A Gun. Et va savoir pourquoi, si je n'aime pas East St-Louis Toodle-Oo, eh bien j'aime beaucoup With A Gun. Titre vraiment efficace, je trouve, même si très délirant !

Charlie Freak est élégante, mais je n'en ferais pas tout un plat non plus. Par contre, l'album se termine sur un morceau vraiment bon, un de mes grands chouchous de l'album, Monkey In Your Soul, qui nous incite à remettre le disque au début encore et encore... Quoiqu'il en soit, j'ai vraiment aimé ce Pretzel Logic très attachant, une vraie petite perle, même si trop courte. Maintenant je sais ce qu'il me reste à faire: écouter les autres albums de Steely Dan, parce que Pretzel Logic est un chef d'oeuvre ! 

FACE A

Rikki Don't Lose That Number

Night By Night

Any Major Dude Will Tell You

Barrytown

East St-Louis Toodle-Oo

FACE B

Parker's Band

Through With Buzz

Pretzel Logic

With A Gun

Charlie Freak

Monkey In Your Soul

"Katy Lied" - Steely Dan

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 En 1974, Steely Dan publie son troisième album, le grandiose Pretzel Logic, et décide, après ça, de changer radicalement d'optique musicale (marrant de parler d'optique pour du son, n'est-ce pas ?). C'était un groupe pur et dur, constitué de musiciens solides, le personnel n'avait pas changé depuis le premier album (enfin, sauf David Palmer, qui chantait sur une partie des chansons du premier opus et partira dans la foulée), même si, sur Pretzel Logic, on notait tout de même l'arrivée d'autres musiciens (Jim Gordon, Jeff Porcaro, David Paich, Chuck Rainey, Victor Feldman, etc...tous crédités dans les remerciements, en vrac, sans précision de qui joue quoi sur quel titre), en complément. A partir de 1975, Donald Fagen (chant, claviers, composition) et Walter Becker (basse, guitare, composition), les deux leaders, virent le reste du groupe. Au revoir le batteur Jim Hodder, et les guitaristes Denny Dias et Jeff 'Skunk' Baxter. Enfin, Dias continuera de jouer, en guest. Les autres musiciens, à partir de 1975, seront, tous, sans exception, des musiciens de studio, qui viendront pointer comme à l'usine pour enregistrer leurs parties, et que l'on retrouve sur pas mal d'albums de rock/pop-rock/soft-rock/jazz-rock de l'époque. Beaucoup d'entre eux étaient déjà crédités sur la pochette de Pretzel Logic, certains d'entre eux (Paich, Porcaro) formeront, en 1978, Toto. Quatrième album de Steely Dan et premier pour lequel le groupe est devenu un duo entouré de pointures, Katy Lied sortira en 1975 sous une pochette représentant un criquet, en gros plan, photo de Dorothy White, qui avait déjà signé la peinture de la pochette de Countdown To Ecstasy et était très liée à Fagen. Le titre de l'album, que l'on retrouve dans les paroles de Doctor Wu, est un jeu de mots sur katydid ('criquet' en anglais).

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Court (35 minutes pour 10 titres), Katy Lied est probablement le disque le plus sous-estimé de Steely Dan, même si c'est son successeur que j'ai préféré insérer dans ma liste des albums sous-estimés que j'ai publié il y à quelques semaines. L'album, magistralement produit par Gary Katz (qui a droit à sa photo individuelle sur le verso de pochette, ce qui est assez rare pour un producteur quand celui-ci n'est pas un des membres du groupe), sera par la suite assez vertement critiqué par le duo Fagen/Becker (désormais plus un duo, Becker étant mort en 2017), qui reprocheront un mixage moyen, une qualité audio moyenne. Sincèrement, ce sont très certainement des audiophiles absolus ultra pointilleux (il faut regarder le DVD 'Classic Albums' sur Aja, leur album de 1977, pour comprendre à quel point les albums du groupe sont produits, riches, denses), du genre à couper les cheveux en huit plutôt qu'en quatre. Pour un mec qui écoute de la musique et se préoccupe surtout des émotions qu'elle peut lui apporter, le son de Katy Lied, aussi bien en vinyle d'époque (je l'ai) qu'en CD (je l'ai aussi), est totalement parfait. Mais l'album est sous-estimé, et il est vrai que certaines chansons (Your Gold Teeth II, suite du Your Gold Teeth du second album ; Throw Back The Little Ones) peuvent sembler un peu anodines, secondaires. Rien de grave, ceci dit, car elles sont tout de même excellentes, et le reste de l'album est d'un niveau exceptionnel. On y trouve tout ce qui fait la force de Steely Dan : les paroles cyniques et sujets douteux (Everyone's Gone To The Movies parle d'un homme un peu pervers sur les bords, qui va profiter d'être seul avec les enfants pour leur montrer du porno ; le tout sur une mélodie assez calypso), les mélodies imparables (Bad Sneakers, Rose Darling, Any World (That I'm Welcome To) pour ne citer que ces trois titres), les musiciens du tonnerre. 

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L'excellentissime placard publicitaire d'époque qui réutilise les titres des trois précédents albums du groupe dans son accroche

Ces musiciens sont notamment Jeff Porcaro, Rick Derringer, Denny Dias, Larry Carlton, David Paich, Michael McDonald (aux choeurs ; il rejoindra les Doobie Brothers dans la foulée, qu'il vampirisera totalement), Hugh McCracken, Wilton Felder, Chuck Rainey, Elliott Randall, Victor Feldman, les choristes Sherlie et Myrna Matthews, le batteur Hal Blaine sur un titre... Si on met de côté Dias, aucun des anciens membres de Steely Dan n'apparaît plus sur l'album. Mais musicalement, Katy Lied est très similaire àPretzel Logic. Si on ne sait pas qu'entre les deux albums, le groupe a radicalement évolué, difficile de s'en rendre compte, et là est la force, la puissance, du duo Fagen/Becker. Peu importe avec qui ils jouent (les musiciens que je cite et qui jouent ici recollaboreront avec Steely Dan, mais  d'autres collaboreront aussi (Mark Knopfler sur Gaucho, notamment). Katy Lied marchera assez bien, sans être la vente de l'année (1975 a vu la concurrence être très rude, entre Led Zeppelin, les Wings, Springsteen, Elton John et les Eagles, pour ne citer qu'eux), mais n'est pas la meilleure vente d'albums du groupe. Les critiques seront correctes, c'est surtout le duo de tyrans du groupe qui critiquera l'album par la suite, reconnaissant ne plus pouvoir l'écouter. A ce titre, les notes de pochette de la réédition CD sont absolument impayables, hilarantes (écrites par Fagen et Becker, comme pour le reste des rééditions des albums du groupe), le duo y revenant notamment sur leur décision, assez incomprise par leur maison de disques ABC Records à l'époque, de se passer de la notion de groupe pour se concentrer sur les musiciens de studio invités, et sur leur décision d'arrêter les concerts et de se passer de manager. Traduction d'un passage en forme de question-réponse : Un groupe qui ne tourne plus et n'existe plus en tant que tel n'a pas besoin d'un manager. Et pour ce qui est du pognon, qu'est-il arrivé au pognon ? Ne nous posez pas la question. Musicalement, Katy Lied est un excellent album de plus, très sous-estimé, rempli de grandes chansons (Doctor Wu, Black Friday, Chain Lightning qui est très jazzy), avec certes un doublé de chansons un peu secondaires, mais vraiment, dans l'ensemble, si vous avez aimé les précédents opus, impossible de ne pas aimer celui-là !

FACE A

Black Friday

Bad Sneakers

Rose Darling

Daddy Don't Live In That New York City No More

Doctor Wu

FACE B

Everyone's Gone To The Movies

Your Gold Teeth II

Chain Lightning

Any World (That I'm Welcome To)

Throw Back The Little Ones

"The Royal Scam" - Steely Dan

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Steely Dan a changé son fusil d'épaule en 1974/75 en remplaçant ses musiciens attitrés (même si un d'entre eux, Denny Dias, guitariste, jouera en guest jusqu'en 1977, et est donc encore sur le disque que je réaborde aujourd'hui) par des musiciens de studio, tous de vraies pointures, des piliers que l'on retrouve souvent sur les meilleurs coups. Katy Lied, en 1975, quatrième opus du groupe qui, désormais, n'en est plus vraiment un, était le coup d'essai, globalement très très réussi, de cette nouvelle direction musicale, toujours sous la houlette du producteur Gary Katz. On ne change donc pas une équipe qui gagne : quand Donald Fagen et Walter Becker entrent en studio, dans la foulée, pour enregistrer leur cinquième opus, qui sortira en 1976, ils refont venir ces pointures, qui sont, dans le désordre le plus chaotique, et sans tous les citer (ils varient de morceau en morceau, en plus), Chuck Rainey, Victor Feldman, Larry Carlton, Denny Dias, Dean Parks, Rick Marotta, Chuck Findley, Bernard Purdie, Elliott Randall, Michael McDonald, Timothy B. Schmitt (ces deux derniers, des choristes)... Par rapport àKaty Lied, on a des différences (au revoir Derringer, Paich, Porcaro ; bonjour Marotta, Purdie, Parks), mais comme je l'ai déjà précisé hier en réabordant le précédent opus, si on n'est pas au courant de ces différences de musiciens, on ne s'en rendra pas compte : musicalement, The Royal Scam, 41 minutes (et 9 titres), cinquième opus du groupe, est très similaire aux précédents opus.

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L'album est sorti sous une pochette que le duo, dans les notes de pochette de la réédition CD (notes qu'ils ont, comme pour les autres albums réédités, signées eux-mêmes), estime être la pire pochette d'album des années 70 avec celle de leur premier opus Can't Buy A Thrill. Je suis d'accord pour celle de leur premier album. Mais la pochette de The Royal Scam, personnellement, je l'adore ! On y voit un homme, allongé endormi sur un banc dans une gare (dans une salle des pas perdus), même si on ne distingue que le bas du banc de pierre, car le haut de l'image est une sorte de délire qui semble tout droit sorti de l'imagination de l'homme endormi, on voit son rêve ou son cauchemar : des gratte-ciels se transformant en bestioles. Reptile, rongeur, félin, quatre tours aux apparences monstrueuses. Je ne sais pas comment est venue, aux créateurs, l'idée d'une telle pochette, mais c'est clairement chelou et sans aucun rapport avec le contenu musical de l'album. L'album est une tuerie de pop/rock aux accents jazzy, plus que les précédents albums. En 1975, Katy Liedétait encore très pop/soft-rock. En 1977, Aja, best-seller du groupe (qui récoltera un Grammy pour le disque), sera totalement jazzy, quelqu'un découvrant le groupe via Aja se fera une très imparfaite image de Steely Dan et sera étonné en découvrant les premiers albums. Coincé entre les deux albums, The Royal Scam, dont la chanson-titre ('l'arnaque royale') parle d'immigrés portoricains arrivant aux USA pour y vivre le rêve américain mais qui vont se fracasser contre la dure réalité de la vie, est un disque de transition. Musicalement. Pour ce qui est des textes, c'est toujours aussi cynique, drôle et parfois ambigu. 

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Sous-pochette (au verso, les paroles)

The Fez parle de préservatifs, une chanson sur la prévention sous des aspects rigolards et une musique assez lounge. Kid Charlemagne, orné de deux soli de guitare ahurissants de Larry Carlton, parlerait d'Owsley Stanley, manager du Grateful Dead et surtout trafiquant de drogue, concepteur de LSD, qui fournissait notamment le groupe qu'il gérait, mais aussi les Beatles à leur époque psychédélique. Le morceau, un des meilleurs du groupe et pas que de l'album, est une claque incroyable, cette guitare qui virevolte (le solo est d'une technicité telle qu'un guitariste amateur n'a aucune chance d'y arriver) laisse pantois. Autre grand moment de guitare, via une pédale wah-wah ici, Haitian Divorce, un morceau légendaire, immense, drôlatique (les paroles sont tordantes : He shouts, she bites, pour parler de la nuit d'amour, on s'imagine plein de choses avec ces quatre mots), musicalement parfait. Everything You Did, qui semble le morceau le moins grandiose du lot, se permet une pique sur les Eagles, qui répliqueront sur Hotel California la même année (pour ne pas citer le passage de leur chanson qui cite en partie Steely Dan : They stabbed it with they steely knives but they just can't kill the beast), une joute musicale sans lendemain et sans hargne (Timothy B. Schmitt fera partie des Eagles en 1979). The Royal Scam offre aussi le grandiose Sign In Stranger, au climat languissant (encore une fois, une guitare d'enfer), un The Caves Of Altamira remarquable, un morceau-titre inoubliable et plus sombre que le reste. Au final, 9 chansons, et parmi elles, au moins 9 grandes réussites. Cet album, mon préféré de tous temps des albums du groupe, est un chef d'oeuvre sous-estimé. Il pave la voie pour un futur sixième album qui, sorti en pleine année punk, foutera tout le monde à genoux, mais j'en reparle bientôt...

FACE A

Kid Charlemagne

The Caves Of Altamira

Don't Take Me Alive

Sign In Stranger

The Fez

FACE B

Green Earrings

Haitian Divorce

Everything You Did

The Royal Scam

"Aja" - Steely Dan

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La classe absolue. C'est à peu près ce que je pense à chaque fois que je pose le vinyle noir sur la platine et que j'écoute ce disque. Cet album est classieux, quel que soit le bout par lequel on le prend. Sa pochette ? Avec sa photo signée d'un certain Hideki Fuji (oui, c'est un Japonais), son sobre noir, ce visage asiatique apparaissant discrètement dans la pénombre et ses bandes blanches et rouges (je les soupçonne d'être celles d'un kimono), sans parler de son lettrage stylé, elle est clairement classieuse, cette pochette (au verso, c'est tout noir, et à l'intérieur, des photos noir & blanc de Fagen & Becker sont assez stylées, accompagnées de deux notes de pochettes ; une est signée du patron de leur maison de disques ABC Records, et l'autre, plus longue, d'un journaliste du nom de Michael Phalen, qui aurait eu un gros contentieux avec le groupe, mais qui, en fait, n'est autre que Fagen sous un faux nom, un faux journaliste que le duo a ressuscité pour des notes de pochette hilarantes dans le livret CD). Son contenu musical ? Clairement classieux. Aja est un des albums les mieux produits de tous les temps, et quand on sait à quel point Steely Dan faisait des albums bien produits (Can't Buy A Thrill, leur premier, est le moins bien produit, et déjà, il surnage pas mal d'autres albums du même genre et de la même époque), ça veut tout dire. D'ailleurs, l'album, un vrai best-seller avec lequel beaucoup de monde a découvert Steely Dan (et moi aussi, d'ailleurs ; bien que très tardivement, en 2004, c'est avec ce disque que j'ai découvert le groupe), a remporté un Grammy Award, en 1978. Mais l'album, leur sixième album studio et sixième album tout court, date de 1977, une année charnière pour le rock, l'année du punk. En cette année au cours de laquelle les Saints, Damned, Clash, Sex Pistols, Ramones, Stranglers et autres Jam ont bombardé le monde avec des albums aussi violents et minimalistes que cruciaux, on a quand même eu droit à quelques moments de pure pop : Rumours de Fleetwood Mac, qui a cartonné, et cet Aja de Steely Dan, incroyablement éloigné de la majeure partie de la musique à la mode de 1977.

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Intérieur de pochette : deux textes sur l'album

Un disque qui a la classe, et qui, un an après un The Royal Scam déjà assez imprégné de jazz, plonge totalement dans ce style musical. C'est d'ailleurs dans cette catégorie que je le range, Aja, il y cotoie donc Miles Davis, John Coltrane et Charles Mingus plutôt que les Eagles et Fleetwood Mac. Premier album que j'ai découvert de Steely Dan, il a d'ailleurs fait que, jusqu'à ce que je découvre les autres albums (Pretzel Logic d'abord, puis...le reste...quasiment d'un coup), j'ai pensé que Steely Dan était un groupe de jazz-rock. Non, c'est de la pop, ici très jazzy (et l'album suivant, Gaucho, de 1980, qui sera leur dernier pendant des années, est aussi très jazzy, ainsi que les albums solo de Donald Fagen - The Nightfly, notamment), mais ça reste de la pop-rock. Long de 40 minutes, ne proposant que 7 titres d'une longueur parfois imposante (8 minutes pour le plus long, 4 minutes pour le plus court), Aja est rempli de classiques (Peg, Josie, Deacon Blues, Black Cow, le morceau-titre), de morceaux de bravoure absolus, et a été enregistré avec un Who's Who monumental de musiciens de studio d'un niveau tel qu'ils dépassent l'Empire State Building. Je ne vais pas tous les citer, ça me prendrait le reste du paragraphe, et si vous avez lu l'article sur The Royal Scam, vous en retrouverez une bonne partie, mais Larry Carlton, Steve Gadd, Rick Marotta, Chuck Findley, Chuck Rainey et Denny Dias (ancien membre de Steely Dan quand c'était encore un groupe et non pas un duo engageant un conglomérat de musiciens de studio et ayant renoncéà la scène), lequel fait ici, il me semble, sa dernière apparition sur un disque du Dan, tous sont là. Et ça change de morceau en morceau. On a des morceaux de gloire : le solo de batterie (par Steve Gadd) d'Aja, qui laisse absolument et totalement pantois (dans le genre, on trouvera difficilement mieux) ; la basse sur Peg, morceau dansant et quasiment disco qui sera samplé par des rappeurs par la suite ; le solo de guitare (signé Walter Becker, qui ne se crédite pas forcément tel qu'il le mériterait) de I Got The News, morceau qui, sinon, est probablement le moins bluffant des 7, ce qui ne veut pas dire qu'il est mauvais, oh non...

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Becker et Fagen

Aja est une perfection de A à Z, du début à la fin de ses 40 minutes et 7 secondes. Fagen chante super bien, joue du clavier comme s'il devait mourir une fois l'enregistrement fini (il n'est cependant pas le seul claviériste sur le disque)... Les paroles sont purement steelydaniennes, à la fois drôles, cyniques et parfois ambigües, Josie parle de sexe avec des mots assez stylisés. Deacon Blues parle d'un perdant magnifique et possède une ambiance fin de nuit dans la Grosse Pomme digne du meilleur Scorsese ou Woody Allen. L'ambiance langoureuse, irréelle, asiatisante et légère du morceau-titre est sublime, celle de Home At Last est sensationnelle. Ce disque, interprété avec passion, enregistré avec des musiciens géniaux, possédant un son parfait, semble n'avoir aucun défaut. En fait, c'est son absence de défauts qui, en réalité, et dans un sens, en est un : ce disque est tellement parfait qu'il semble avoir été cultivé en laboratoire. Il semble un peu froid, inhumain, trop parfait, on aurait aimé un peu de folie parfois, les albums précédents aussi sont super bien produits, mais ont un petit quelque chose en plus, un côté pop et un peu fou, qui manque ici. Aja est un grand disque, un des meilleurs de tous les temps, et je l'adore, mais je regrette qu'il ne soit pas plus pop. De son contenant à son contenu, tout, ici, respire la totale maîtrise (Fagen et Becker, en vrais tyrans de studio, imposaient des règles strictes aux musiciens ; il faut voir le DVD 'Classic Albums' consacréà l'album pour, en plus, découvrir l'incroyable empilage de pistes sonores, qui recèle bien des choses, rien n'ayant été enregistré en prise directe, mais, à la Spector, en couches et couches de pistes sonores), et on prend plaisir àécouter ce disque, idéal pour les soirées entre amis, avec un verre de whisky ou de porto en main, les olives et noix de cajou pas très loin sur la table. Seul sur son lit, les yeux fermés, ça marche aussi, ceci dit. Un grand disque. Trop parfait, certes, mais c'est si rare...

FACE A

Black Cow

Aja

Deacon Blues

FACE B

Peg

Home At Last

I Got The News

Josie


"Greatest Hits" - Steely Dan

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Il semblait inévitable que, tôt ou tard, Steely Dan nous fasse le coup du best-of. Après six albums, en même temps, l'idée de publier un best-of, qu'il soit simple ou double, n'est franchement pas idiote. C'est ainsi qu'un an après avoir triomphé dans les charts (ils ont même récolté un Grammy Award pour leur production nickelée) avec Aja, sorti en pleine année punk et ayant malgré tout réussi à vampirisé les hit-parades (Rumours de Fleetwood Mac, tout aussi sucré, mais en pop-rock pure et dure pas en jazz-rock, réussira lui aussi à cartonner en cette année riche en Saints, Sex Pistols, Damned, Ramones et Clash), Steely Dan nous offre un best-of, double, qu'ils ont sobrement et logiquement intituléGreatest Hits. Une pochette des plus moches, mais alors vraiment moche, représentant deux figures humaines mais assez flippantes d'aspect (genre humanoïde, mais pas vraiment humain), dans un décor contrasté, rougeâtre et difficile à cerner. L'intérieur de pochette est mieux : une photo noir & blanc du duo Donald Fagen (lunettes noires, cheveux mi-longs) et Walter Becker (lunettes noires, cheveux longs, moustache à la Philippe Martinez qui aurait la classe internationale) dans un beau décor rupin, avec un homme au fond, j'ignore qui c'est, mais pas un des nombreux musiciens ayant oeuvré sur les albums du groupe. Greatest Hits, qui fut réédité en vinyle il y à quelques années en même temps que les autres albums du groupe (ce qui peut sembler étonnant, vu que c'est un best-of ; il y à d'autres choses plus urgentes et importantes à rééditer en vinyle, non ?).

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Mais en même temps, on réédite absolument tout, jusqu'aux albums de variété française des années 80 type Thierry Pastor ou Jean-Pierre Mader, alors... Bref. Ce disque offre 18 titres, 9 par disque, pour un total d'environ 80 minutes, j'ignore si l'album est toujours double en CD car je ne l'ai pas sous ce format, j'ignore même s'il a étéédité en CD, en fait, car pas mal de best-ofs d'époque ne l'ont pas été. Ce double best-of à la pochette moche et même un peu glauque offre du bon, du très bon, de l'exceptionnel même. Chose tout aussi exceptionnelle, il propose les morceaux dans l'ordre chronologique et ne fait l'impasse sur aucun des six albums que le groupe/duo avait, à l'époque, sorti. C'est ainsi que Do It Again, très Santana dans l'âme, et Reelin' In The Years, qui sont tous deux de Can't Buy A Thrill le premier album, ouvrent les festivités. Countdown To Ecstasy, le deuxième album, est représenté via My Old School, Bodhisattva (qui achèvent la face A) et Show-Biz Kids (qui ouvre la B). Pretzel Logic, ce chef d'oeuvre, dernier album du Dan en tant que groupe véritable, constitue le reste de la face B avec l'instrumental East St. Louis Toodle-Oo (reprise de Duke Ellington, c'est le seul morceau, ici, pour lequel on se demande pourquoi il est sur le best-of), Rikki, Don't Lose That Number et son intro un peu samba, Pretzel Logic et Any Major Dude Will Tell You.

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La face C s'ouvre sur une rareté, un morceau inédit, Here At The Western World, que l'on ne retrouve, il me semble, nulle part ailleurs que sur des best-ofs du groupe, et qui date des sessions de The Royal Scam. C'est la seule faute dans la chronologie du best-of, car le groupe a placé cette chanson avant celles de Katy Lied (qui sont Black Friday, Bad Sneakers et Doctor Wu), mais sans doute était-ce pour apporter à ce titre inédit un peu plus de lumière, on le distingue mieux en ouverture du second disque que coincé au milieu d'une des faces. Un excellent morceau. On a ensuite les trois de Katy Lied, puis la face C se termine sur le génial Haitian Divorce, premier des titres de The Royal Scam sur le best-of. La face D offre, du même album, Kid Charlemagne et The Fez, puis on a, en final, deux titres de Aja : Peg et Josie. Reproche à faire : l'absence de certains titres immenses tels que Aja, Deacon Blues, Sign In Stranger et Night By Night. Mais c'est comme ça pour tous les best-ofs, à moins qu'ils ne soient constitués de 3 ou 4 CD et dans le cas de Steely Dan, tout y tiendrait ou presque. Greatest Hits est un remarquable best-of, un des meilleurs que je connaisse en fait. Vu la qualité totale des morceaux, c'est une écoute idéale pour découvrir l'univers du groupe, si vous ne savez pas quel album choisir !

FACE A

Do It Again

Reelin' In The Years

My Old School

Bodhisattva

FACE B

Show-Biz Kids

East St. Louis Toodle-Oo

Rikki, Don't Lose That Number

Pretzel Logic

Any Major Dude Will Tell You

FACE C

Here At The Western World

Black Friday

Bad Sneakers

Doctor Wu

Haitian Divorce

FACE D

Kid Charlemagne

The Fez

Peg

Josie

"Gaucho" - Steely Dan

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Après la publication de Aja en 1977, Steely Dan, déjà bien réputés, explose à la face du monde. L'année de sortie de l'album est certes celle du punk-rock (celle du Rumours de Fleetwood Mac aussi, sommet de pop), mais ça m'empêchera pas le groupe (les deux groupes, en citant aussi Fleetwood Mac) de cartonner, récoltant un Grammy Award (Steely Dan seulement) pour la peine. L'année suivante, 1978, est celle du Greatest Hits, qui est remarquable et assez généreux (double album). Puis...plus rien. Le groupe, qui n'en est plus un depuis 1975, Walter Becker et Donald Fagen ayant décidé en cette année-là de remplacer leurs musiciens de groupe par des musiciens de studio one-shot (qui reviendront d'albums en albums, souvent), le groupe donc va mettre un peu de temps avant de sortir son septième album studio. Il ne sortira en effet qu'en 1980, et il s'appelle Gaucho. Personne ne peut s'en douter, probablement mis à part Becker et Fagen, mais Gaucho sera pendant de nombreuses années le dernier opus du groupe. Steely Dan se sépare après le disque, Fagen se lance en solo, son premier album date de 1982 et est au moins aussi grandiose que ceux du Dan (période 1977/1980 pour le style). Le groupe ne reviendra qu'en 2000 et 2003 (avec deux albums) mais se reformera dès 1993 pour des concerts (ayant donné lieu à un live).

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Gaucho, sorti en 1980, a été enregistré entre 1978 et 1980 et il offre 7 titres pour 38 minutes. Sa pochette représente un tableau d'un couple en train de danser. Cette illustration est issue d'une plaque murale située à Buenos Aires. L'album, produit comme les autres par Gary Katz, est encore une fois, pour Steely Dan, l'occasion de faire venir un sacré aréopage de musiciens de haute volée : Joe Sample, Larry Carlton, Hugh McCracken, Steve Gadd, Jeff Porcaro, Rick Marotta, David Sanborn, Rick Derringer, Bernard Purdie, Randy Brecker, Michael Brecker, Chuck Rainey, Steve Khan, Victor Feldman, Ralph MacDonald, Tom Scott, les choristes Michael McDonald, Patti Austin...et un certain Mark Knopfler, qui enchaînait les collaborations (Dylan en 1979 - et 1983 notamment) et qui, ici, apparait sur Time Out Of Mind, titre qui sera aussi, coïncidence, celui d'un album de Dylan, sur lequel Knopfler ne collaborera pas. Notons au passage que beaucoup des invités (Derringer, Porcaro, Carlton, Feldman...) ne jouent que sur un titre, parfois deux, rarement sur l'ensemble (c'est précisé sur la sous-pochette proposant les paroles). Knopfler n'aurait pas spécialement adoré la participation sur l'album du Dan, les trouvant un poil trop chiants, dans la catégorie perfectionnisme absolu. Bon, en même temps, c'est ce qu'ils sont : perfectionnistes absolus. Et chiants. Des tyrans de poche. Mais pour, au final, livrer des albums qui ne sont rien moins que la perfection audiophile en matière de pop jazzy. Gaucho est du même acabit que Aja, très jazzy, très léché, soigné.

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Le seul truc un peu moyen, c'est que, niveau compositions, ce n'est peut-être pas aussi quintessentiel que sur le précédent opus. Gaucho offre du grand, très grand niveau parfois : Babylon Sisters, Hey Nineteen et Gaucho sont des morceaux légendaires, hors de ce monde. On ne s'en lasse pas. Glamour Profession est certainement d'un niveau inférieur, mais j'adore ce morceau un poil trop long (7,30 minutes, le plus étendu de l'album) mais qui fait bien remuer le popotin, c'est groovy à mort. De même, et dans un tout autre registre car le morceau est bien calme et sur un rythme plus mesuré, le final de l'album, Third World Man, est une splendeur totale et, j'en ai bien peu, trop méconnue. Time Out Of Mind, avec Knopfler, et My Rival, avec Derringer, sont deux morceaux plutpot moyens, il faut bien le dire, la sauce ne prend pas trop (elle ne prend pas totalement avec Glamour Profession, malgré que ce morceau soit très entraînant et que je l'adore), et ce, malgré la présence de ces deux guitar-heros, un par morceau (je ne vous ferai pas l'affront de vous demander si vous connaissez Knoplfer, mais pour Derringer, il a joué avec Edgar Winter, son frangin Johnny, mais aussi Todd Rundgren, Alice Cooper - solo de guitare sur Under My Wheels -, et a fait des albums solo, dont un au moins est exceptionnel, All American Boy, je dis ça, je dis rien, mais si vous aimez le glam-rock, foncez). Gaucho est un peu inégal, rien de grave car les morceaux les moins puissants sont, comme pour Aja, cohérents avec le reste de l'album et totalement appréciables. L'album sera un beau succès (le carton de Aja ayant entraîné des pré-ventes importantes), mais sera un peu critiqué et mésestimé, on le comparera avec le précédent, et jamais à son avantage. C'est quand même un excellent album de pop/jazz, àécouter absolument. 

FACE A

Babylon Sisters

Hey Nineteen

Glamour Profession

FACE B

Gaucho

Time Out Of Mind

My Rival

Third World Man

"Album" - Public Image Limited

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Dans la catégorie des pochettes d'albums minimalistes, celle-ci n'est pas la plus minimaliste (le White Album des Beatles et les Black Album de Prince, Metallica et des Damned sont encore plus sobres), mais c'est en tout cas une des plus radicales. Cet album est le cinquième de Public Image Limited, ou PiL, groupe de rock (à tendance punk/post-punk au début, puis new-wave expérimentale, et ici, franchement, hard-rock) fondé en 1978 par John Lydon, alias Johnny Rotten, chanteur des Sex Pistols qu'il venait alors de quitter  dans la rage et la haine. Parmi les membres fondateurs du groupe, il y avait Jah Wooble (basse, un spécialiste du dub) et Keith Levene (guitare), qui fit partie des Clash avant que le groupe ne sorte son premier album. Au moment de la sortie de cet album, enregistré en 1985 (dans divers studios de New York) et sorti en janvier 1986, plus aucun des membres fondateurs de PiL, Lydon excepté, ne fait partie de PiL. Et les possesseurs des diverses versions (je vais y revenir) de ce disque savent très bien qu'il n'y à quasiment aucune indication sur la pochette hormis le titre, le nom du groupe et des titres des 7 morceaux (crédités comme étant des 'ingrédients') de l'album, album qui dure 41 minutes au passage. Ce qui ne veut pas dire que Lydon a enregistré tout tout seul, car, sincèrement, ce mec ne joue de rien (sur certains albums, comme Metal Box ou The Flowers Of Romance, il joue des percussions ou du saxophone...et c'est loin d'être un virtuose !). Non, il y à des musiciens, mais une brouille avec la maison de disques (Virgin/Elektra) et surtout avec Elektra, fera que Lydon ne créditera rien des musiciens. Apparemment, la maison de disques ne croyait plus du tout en lui et ne lui attribuera pas beaucoup de budget. Lydon s'est vengé en faisant venir de vraies pointures, qui ont accepté de ne pas être créditées (désormais, et notamment depuis la parution de l'excellente autobiographie de Lydon, on sait qui joue sur le disque), histoire de narguer, dans son dos, Elektra, l'air de dire vous ne le savez pas, mais il y à de grands musiciens sur ce disque auquel vous semblez ne pas croire. 

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C'est ainsi que sur ce disque, on trouve Steve Vai (guitare), Tony Williams, Ginger Baker (batterie), Bernard Fowler (choeurs), Bernie Worrell (claviers) Ryuichi Sakamoto (Fairlight CMI, un gros synthé séquenceur assisté par ordinateur), Jonas Hellborg (basse). Fowler était choriste pour les Stones, Worrell a joué avec Parliament/Funkadelic et les Talking Heads, Williams est un batteur de jazz/fusion légendaire (Miles Davis, son propre Lifetime), Baker fit partie de Cream, Blind Faith, Vai et Sakamoto, on ne les présente plus... Et tout ce beau linge, apporté par le producteur de l'album Bill Laswell, n'est pas crédité ! En même temps, C'est minimaliste : l'album s'appelle... Album. En vinyle (et réédition CD). En CD, il s'appelle Compact Disc. En K7, il s'appelle Cassette. Le single sorti s'appelait Single. Le tout avec le même désign très générique, blanc avec lettrage bleu et bandes bleues en bas, plus le logo du groupe en petit (et en gros au verso). L'album, malgré son design des plus sobres et le fait que Public Image Limited n'a jamais été très commercial (et à la suite de cet album, le groupe de Lydon tombera même franchement dans le creux de la vague : aucun de leurs albums suivants ne marchera, très peu sont, en fait, bons, pour tout dire), marchera plutôt bien. Son single promotionnel, Rise, dont le gimmick vocal servira à Lydon pour titrer son autobiographie (Anger is an energy : La Rage Est Mon Energie est le titre français), chanson violemment anti-Appartheid, sera un très gros succès, un des plus gros du groupe, si ce n'est le plus gros. Une chanson mémorable, très accessible malgré la si particulière voix de Lydon (ce n'est pas qu'il n'a jamais su chanter, mais il sait très bien utiliser une voix agressive, aigüe, un peu hystérique ; il chante mieux qu'à l'époque des Pistols, mais n'a jamais été Caruso et ne le sera jamais), mais musicalement, c'est une splendeur. Les paroles sont engagées (They put a hardwire in my head, for all the things I did and said est une allusion à la torture) et le refrain, May the road rise with you, est une traduction en anglais d'une bénédiction irlandaise en gaëlique, go n-éirí an bothar leat

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Cette chanson très pop/new-wave, au clip excellent (l'allure de Lydon, son regard, toujours aussi allumé ; ses cheveux rouges), est une des meilleures d'un album assez avare en morceaux, il n'y en à que 7, mais qui est remarquable de bout en bout. L'album s'ouvre sur une furie assez hard-rock qui s'appelle FFF, ce morceau ne parle évidemment pas de notre fédération de baballe, encore moins d'un groupe de funk-rock qui n'existait pas encore, mais les trois lettres sont un acronyme pour Farewell, my Fairweather Friend. La majeure partie des morceaux, tel que FFF ou Fishing, sont assez violents, musicalement parlant, Album est un disque de hard-rock quasiment. Home est une splendeur, Ease est un final dantesque (long de 8 minutes, c'est le plus étendu de l'album ; les morceaux font tous dans les 5 minutes, Roundétant, avec 4,25 minutes, le plus court et le seul à ne pas atteindre 5 minutes au minimum), tous les morceaux sont titrés d'un mot unique (enfin, sauf FFF, pour lequel Lydon triche un peu). C'est tout aussi minimaliste dans le tracklisting que dans le design. La musique, très bien produite, est à la fois accessible, bien plus que les précédents opus du groupe, et assez radicale. C'est un des meilleurs albums du groupe, qui n'en est en fait plus un en 1986 (c'est quasiment un album solo de Lydon), et c'est un des meilleurs albums d'une année 1986 ne comptant pas parmi les meilleures (malgré de bons trucs de Peter Gabriel, Talk Talk, Metallica et Prince, pour ne citer qu'eux). 

FACE A

FFF

Rise

Fishing

Round

FACE B

Bags

Home

Ease

"The Game" - Queen

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Je ne suis plus fan de Queen depuis de nombreuses années, et je n'écoute franchement plus trop ce groupe (sauf deux-trois-quatre albums qui passent encore souvent sur ma platine : A Night At The Opera, Innuendo, Queen II et A Day At The Races). Le reste ? Ca m'arrive, de temps en temps, de ressortir Live Killers, Sheer Heart Attack ou News Of The World, mais pas souvent. Mais ce groupe n'a, en revanche, dans mon âme, dans mon coeur, jamais cessé d'être important : c'est le premier groupe dont je suis devenu fan (mais alors, vraiment fan), au début de mon adolescence, alors que j'avais dans les 12-13 ans. Durant cette période de ma vie (musicalement parlant, elle est survenue alors que les charts et les ondes radio étaient vampirisées par Oasis, Blur et les Red Hot Chili Peppers : 1994/95) je me suis procuré quasiment tous les Queen, en CD, hormis un ou deux, Live Killers et The Works (pour une raison que j'ignore, ce disque de 1984, rempli de hits assez représentatifs du second son queenien, ne sera en ma possession que bien des années plus tard). Je les adorais tous, enfin, sauf Hot Space, Flash Gordon Soundtrack (deux albums achetés en un laps de temps assez rapproché, et qui ont bien fait morfler mon attrait pour la musique du groupe) et Sheer Heart Attack, que j'ai cependant fini par vraiment aimer par la suite (je parle du dernier cité, pas des deux autres). Il y à un album que je n'ai jamais su aimer, Jazz. Et il y à le successeur de Jazz, The Game, sorti en 1980, peu avant l'album de la bande-son du navet interstellaire Flash Gordon. Cet album-ci, The Game, j'ai commencé par vraiment l'aimer, mais...

QUEEN_THE+GAME-672800c

...mais je me rends clairement compte, maintenant, que ce disque marquant la première apparition (pas sur la pochette, mais sur la sous-pochette et dans le livret CD) de la fameuse moustache de Freddie Mercury, qui semble d'ailleurs incroyablement bouffi sur la photo dans le livret, ce disque donc, n'est vraiment pas génial. En fait, il est même franchement médiocre, ce disque, pour ne rien vous cacher ! Premier disque relativement court de Queen (35 minutes pour 10 titres ; hormis l'album de bande originale sorti plus tard dans l'année, qui dure aussi longtemps, aucun autre album de Queen ne sera aussi court), The Game, sous sa pochette argentée plutôt classe (il faut le reconnaître), fait entrer Queen dans les années 80, et a été enregistréà Munich (Musicland Studios). Sans faire mauvaise langue, et sans aucun sous-entendu homophobe car je ne suis pas de ce genre, il semblerait que Mercury passait bien plus de temps dans les backrooms des boîtes gays de la ville que dans le studio d'enregistrement, et il faut savoir que plusieurs albums du groupe ont été faits, au moins en partie, à Munich, et c'était pas pour la qualité de la bière locale. Ce qui ne veut pas dire qu'il chante mal ici, au contraire, il chante, comme toujours, très bien (ce mec possédait une voix incroyable et savait l'utiliser, même si c'était parfois pour des vocalises scattisantes assez lourdes, voir Under Pressure avec Bowie). Niveau composition, en revanche, Mercury n'a signé ici que trois chansons, dont une épouvantable (Don't Try Suicide), une très bonne (Play The Game) et une que je n'ai jamais pu encadrer (Crazy Little Thing Called Love, tentative rockab' que je trouve vaine).

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L'album est globalement signé démocratiquement, ceci dit : May signe trois chansons, Deacon et Taylor en signent deux chacun. La plus mauvaise chanson est signée Mercury (la première que j'ai cité) mais d'autres, sur ce disque produit par Queen et Reinhold Mack, ne valent franchement pas tripette : toute la face B, Save Me exceptée (une chanson de Brian May), est ratée, notamment Don't Try Suicide donc et ce Coming Soon (de Taylor) assez embarrassant. Rock It (Prime Jive), aussi de Taylor, est un peu meilleure, mais franchement pas trop du niveau des précédents opus de la Reine. Heureusement, la face A existe, je l'ai rencontrée juste avant de croiser la B, et on y trouve Play The Game, Dragon Attack (de May) et Another One Bites The Dust (de Deacon, plus qu'à moitié inspiré par le Good Times de Chic), que l'on ne présente plus. Ces trois chansons et Save Me qui achève l'album sont les seules raisons d'écouter The Game, qui ne vaut donc que pour ses hits (enfin, sauf le morceau rockabilly). Le reste n'est pas forcément épouvantable, mais clairement inégal et médiocre, lalbum a beau ne durer que 35 minutes, elles semblent interminables. Un des moins bons opus du groupe, malgré les hits qui le remplissent. Une belle série d'albums merdiques va suivre. Pour moi, Queen s'arrête en 1977, malgré un rebond inespéré en 1991, peu avant la mort de Mercury...

FACE A

Play The Game

Dragon Attack

Another One Bites The Dust

Need Your Loving Tonight

Crazy Little Thing Called Love

FACE B

Rock It (Prime Jive)

Don't Try Suicide

Sail Away Sweet Sister (To The Sister I Never Had)

Coming Soon

Save Me

"Boogie With Canned Heat" - Canned Heat

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Il y à des groupes et artistes dont je suis un raide dingue (Beatles, Led Zeppelin, Pink Floyd, Rolling Stones, Bob Dylan (même si je n'ai pas acheté ses deux derniers opus, n'aimant pas ce qu'il fait depuis 2015), David Bowie, Steely Dan, Arcade Fire, Simple Minds) et d'autres que j'aime bien écouter de temps en temps, mais dont je ne suis pas spécialement fan, qui ne vont pas me faire grimper aux rideaux quand on me parle d'eux (ce qui, de plus, arrive relativement peu souvent. Le Grateful Dead en fait partie, Canned Heat aussi. Ce groupe américain de blues-rock (enfin, de rock très bluesy) fondé en 1967 est cependant très mythique. C'est aussi un groupe qui, tout comme Big Star et les Ramones, n'a vraiment pas eu de bol : seuls deux des cinq membres d'origine sont encore vivants à l'heure actuelle. Il s'agit du bassiste Larry 'The Mole' Taylor et du batteur 'Fito' De La Parra, d'origine mexicaine. Les trois autres membres d'origine de la Chaleur en Boîte, morts donc, sont, par ordre de décès, le chanteur/harmoniciste/bottleneckiste/guitariste rythmique Alan 'Blind Owl' Wilson (mort à 27 ans en 1970), le chanteur Bob 'The Bear' Hite (mort dans les années 80) et le guitariste Henry 'Sunflower' Vestine (mort je ne sais plus quand, dans les années 90 je crois). Le groupe a aussi accueilli en son sein, parfois le temps d'un album seulement, des pointures telles que Joel Scott Hill ou Harvey Mandel. Le groupe a aussi joué avec des pointures telles que Little Richard (invité sur un morceau de l'album Historical Figures And Ancient Heads, sur lequel joue Joel Scott Hill) et a même fait un disque entier, et double de plus, avec John Lee Hooker. Excusez du peu. Tous les membres du groupe (et ça inclus aussi pas mal des membres suivants : pour Mandel, c'est 'The Snake', qui sera le titre d'un de ses albums solo, qui est remarquable) avaient un surnom, parfois difficilement explicable, mais dans l'ensemble logique : Hite, avec son allure très imposante, hérite du nom de 'l'ours' ; Wilson, myope comme pas deux, de 'hibou aveugle' ; Taylor, à l'allure assez tassée et velue, de 'la taupe'.

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Le premier album du groupe, éponyme, sort en 1967. Pas mal, mais sans plus. C'est avec le deuxième album, celui-ci, Boogie With Canned Heat, sorti en début d'année 1968, que le groupe va exploser. Plus tard dans l'année, le groupe sortira son troisième album, Living The Blues, double, constitué d'un disque studio (avec notamment un morceau de 20 minutes) et d'un disque live (constitué d'un seul morceau de 41 minutes découpé en deux parties, Refried Boogie), et ce troisième album sera tellement hénaurme qu'il en 'tuera' quasiment le groupe, qui, malgré une prestation ahurissante à Woodstock, ne parviendra quasiment plus à retrouver un tel niveau que celui qu'il avait en 1968. Incontestablement, Boogie With Canned Heat, ce deuxième album, à la pochette bien dans le ton de l'époque (couleurs, formes bizarres, ambiance psychédélique/LSD à donf - Vestine en prenait plus que sa part, au passage), est le chef d'oeuvre incontestable de Canned Heat, 47 minutes (et 10 titres) à tomber par terre. Dont un titre de 11 minutes, Fried Hockey Boogie (dont le Refried Boogie du disque live de Living The Blues n'est autre qu'une version considérablement rallongée et jammesque comme le groupe avait l'habitude d'en faire en live) constitué de divers petits solo des différents membres du groupe, tous annoncés par The Bear entre chaque partie collective. Are you really experienced ?, demande The Bear alors que Vestine fait son très hendrixien et lysergique solo. Don't forget to boogie, nous dit-il en final du morceau (et de l'album). Malgré une durée assez imposante, ce morceau est juste gigantesque et s'écoute avec un plaisir intact. Dire que l'album fête ses 50 ans en 2018...

CH3

L'album offre une ribambelle de grandes chansons, et notamment un sacré putain de hit : On The Road Again, chanté par Wilson et sa voix chevrotante et aigüe (l'album suivant offrira un autre hit chanté par Wilson : Going Up The Country). Ce morceau est si légendaire qu'il en symbolise totalement le groupe, comme Born To Be Wild symbolise Steppenwolf. Wilson chante très bien, mais n'est pas, vocalement, très présent ici : on l'entend aussi sur le bien nomméAn Owl Song, laquelle chanson n'est au final pas la meilleure de l'album, et même la moins bonne pour tout dire, mais ce n'est pas nul quand même. Bob Hite chante sur le reste (Marie Laveau est instrumental, et Fried Hockey Boogie, en dehors des interventions vocales de Hite, est globalement instrumental aussi), et sa voix, qu'il est impossible de confondre avec celle de Wilson (Hite est surnommé The Bear rapport à son physique à côté duquel Carlos, le chanteur pas le terroriste, passerait pour un anémique, mais sa voix fait très Baloo en manque de miel et qu'on vient faire chier au mauvais moment de la journée), est présente sur le reste de l'album, notamment un Evil Woman inaugural monumental, un World In A Jug baigné par des giclées de guitare sensationnelles, un Amphetamine Annie qui, vous vous en doutez, parle de drogue, et un Whiskey Headed Woman N°2 qui, comme Hite le dit dans l'intro parlée du morceau, est une allusion au Whiskey Headed Woman de Robert Johnson. Sans oublier le gigantesque My Crime qui parle d'une descente de police contre le groupe, il me semble. Difficile de dire quelle est la meilleure chanson (My Crime, On The Road Again ?). Si on met de côté un An Owl Song un peu ennuyant, le reste est une tuerie totale de boogie/blues-rock, produit à la perfection (l'album a 50 ans, on ne s'en rend quasiment pas compte). Le seul problème est que, comme pour les autres albums du groupe, les versions CD, souvent sur le label cheap BGO Records (à la base, le groupe était sur Liberty, un label qui n'existe plus, je crois), sont minables. Boogie With Canned Heat a même été pendant des années victime d'un transfert CD honteux (morceaux rabotés, son moyen, etc). Bref, privilégiez le bon vieux vinyle, surtout que cette pochette a plus de gueule sous ce format qu'en CD !

FACE A

Evil Woman

My Crime

On The Road Again

World In A Jug

Turpentine Moan

Whiskey Headed Woman N°2

FACE B

Amphetamine Annie

An Owl Song

Marie Laveau

Fried Hockey Boogie

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