Cet album possède plusieurs noms. En fait, il n'en possède pas. Double live sorti en fin d'année 1971, il aurait dû s'appeler, si on avait laissé le groupe faire, Skullfuck. La maison de disques, Warner Bros. Records, assez curieusement, n'appréciera pas des masses ce nom et leur interdira de le sortir ainsi. Comme le groupe n'en démordait pas, Skullfuck ou rien, ce fut rien. Enfin, si, l'album sortit sous le nom du groupe, Grateful Dead donc. Aujourd'hui, si le nom voulu par le groupe n'est toujours pas officiellement indiqué, les fans du groupe (les DeadHeads) le surnomment soit Skullfuck, soit d'un plus poétique et logique (au vu de la pochette) Skull & Roses. Comme beaucoup d'autres albums du groupe, cet album possède des crânes et squelettes sur sa pochette. En l'occurrence, une très étrange (et en même temps, écoeurante) pochette en format portrait, représentant un squelette à la couronne de roses et avec des tresses jaunes, sur fond bleu. Pas très ragoûtant ? Oui, c'est vrai, enfin, en ce qui me concerne. J'ai beau avoir le disque en vinyle, je déteste viscéralement cette pochette, elle m'écoeure, me révulse, sans doute est-ce parce que les squelettes, ossements, me font cet effet-là. Il y en à, ce sont les araignées, les rats ou les albums de Vianney. Moi, ce sont les ossements (et les albums de Vianney aussi, OK). Mais j'ai tenu à avoir cette album en vinyle, acheté il y à quelques années alors qu'il n'était peut-être pas encore d'une rareté totale. Quand je l'écoute, je tiens la pochette par les coins. Maintenant, et le fait qu'il ait été abordé dans le bouquin de Manoeuvre dont j'ai pas mal parlé ces derniers temps va sans doute accentuer le processus, cet album est plus difficile à trouver à bon prix, aussi bien en vinyle qu'en CD (presque 20 € pour un CD d'occasion, 90 € pour un exemplaire neuf, non mais sérieux ?!).
Sorti en octobre 1971, quelques mois avant un autre live, triple celui-ci (Europe '72) qui allait totalement le masquer de son ombre, Grateful Dead a été enregistré en divers concerts : Winterland Ballroom de San Francisco, Fillmore East de New York, Hammerstein Ballroom de New York, entre le 24 mars et le 29 avril 1971. L'album contient pas mal de reprises (Goin' Down The Road Feeling Bad, Big Boss Man, Mama Tried de Merle Haggard, Me And Boby McGee, Not Fade Away, Johnny B. Goode), trois morceaux inédits aussi (Bertha, Wharf Rat, Playing In The Band), et une version époustouflante, occupant toute la seconde face le temps de 18 minutes, de The Other One. Long de 70 minutes et donc, tenant sur un seul CD, ce double live produit par le groupe (qui, à l'époque, défendait sa paire de disque folk-rock remarquables, mais ne s'étant pas bien vendus du tout en dehors des USA, Workingman's Dead et American Beauty, mais aucune chanson du double live n'est issue de l'un ou l'autre de ces albums ; Europe '72, en revanche, en aura pléthore) connaîtra un beau petit succès à sa sortie, même si le groupe commençait sans doute àêtre en perte de vitesse, et leurs albums les plus récents montraient le groupe revenir à leurs premières amours folk (c'était un jugbandà la base), au détriment des envolées psychédéliques type Aoxomoxoa ou le double live Live/Dead (qui reste, dans son genre, indépassable : les 23 minutes de Dark Star...).
Si on compare ce Grateful Dead/Skullfuck/Skull& Roses avec Live/Dead, on sera sans doute déçu, ou en tout cas déstabilisé. C'est un Dead un peu différent, plus folk-rock que psychédélique (malgré tout, c'est dans cette catégorie que je classe le disque, parce que rien que The Other One suffit àça), pas du tout moins intéressant, juste différent, même si ce sont les mêmes musiciens (Jerry Garcia, Pigpen, Phil Leish, Bill Kreutzmann...). Sous sa pochette rebutante (mais iconique, et bien représentative du groupe), le disque, très bien enregistré car le son, pour son époque, est excellent, offre d'excellentes reprises à la sauce Dead de standards du rock'n'roll ou de la folk/country (Me And Bobby McGee, que Janis Joplin enregistrera sur son dernier album, Pearl, sorti posthume en 1971, est une chanson de Kris Kristofferson, chanteur country et acteur), plus quelques chansons inédites et un grand moment d'envolées musicales. Ce n'est pas le meilleur live du groupe, mis c'est un live très recommandé en tout cas. Je l'aime beaucoup, en dépit de sa pochette. Heureusement pour moi, l'intérieur (les crédits et une photo du groupe) est plus sobre !
FACE A
Bertha
Mama Tried
Big Railroad Blues
Playing In The Band
FACE B
The Other One
FACE C
Me & My Uncle
Big Boss Man
Me And Bobby McGee
Johnny B. Goode
FACE D
Wharf Rat
Not Fade Away
Goin' Down The Road Feeling Bad