Et encore un album que j'aborde et qui l'a été dans le bouquin de la Grosse Tête Manoeuvre. A la différence de pas mal d'albums que j'ai abordé récemment (le Iron Butterfly, le Terje Rypdal, le Man live, que j'aurais cependant du découvrir, comme je l'avais expliqué, d'une autre manière, ou le Dwight Twilley), celui-ci, je le connaissais déjà depuis quelques temps, et si je ne l'avais pas abordé ici depuis, c'est un oubli regrettable. D'autant plus regrettable que j'ai déjà abordé (et récemment, pour la dernière fois) des albums d'un groupe de rock américain dont le nom est tout simplement celui de cet album de John Lee Hooker, et que j'aurais donc du, par association d'idées, penser à faire cet album : Endless Boogie. En plus, c'est un immense album, et il est double, et il a été enregistré avec quelques musiciens absolument titanesques, tout ce que j'aime, donc je ne vois vraiment pas comment et pourquoi il m'a fallu attendre de découvrir la présence de ce disque dans le bouquin (un bouquin que j'aborderais bien ici, mais comme je n'ai abordé ici que des albums, ça ferait un peu bizarre) pour, enfin, le traiter. Endless Boogie, donc, est un album de John Lee Hooker, le grand, l'immense et regretté (il est mort en 2001, il avait 83 ans), sorti en 1971. La même année, et juste avant, Hooker sortira un autre alum, lui aussi double, enregistré avec le groupe Canned Head : Hooker'n'Heat, 83 minutes de bonheur blues-rock. Aucun des membres de Canned Heat ne joue sur Endless Boogie (qui, pour 11 titres, dure 72 minutes), mais on a de vraies pointures.
Hooker, qui chante et joue de la guitare (et tous les morceaux sont de sa main) est ici entouré de Jesse Ed Davis, Steve Miller, Mel Brown, Dan Alexander et Jerry Perez (guitares ; les deux premiers sont parmi les meilleurs gratteux de leur époque), de Carl Radle et Gino Scaggs (basse), Billy Ingram, Jim Gordon aux batteries, notamment. Radle et Gordon firent partie de Derek & The Dominoes, le super-groupe de Clapton en 1970, et la même année, des Elements Of The Truth, le groupe de scène de Joe Cocker pour sa tournée Mad Dogs & Englishmen. Jesse Ed Davis a joué avec Taj Mahal, George Harrison, Steve Miller avait son groupe (vous vous rappelez la chanson The Joker ? C'est lui. L'immense album Fly Like An Eagle ? C'est lui z'aussi. Foncez écouter ça, les mecs, si vous ne connaissez pas ou ne vous en souvenez plus). A sa sortie, Endless Boogie sera quelque peu critiqué, on reprochera aux musiciens de s'écouter jouer et de ne pas trop se préoccuper de John Lee Hooker, un peu comme Howlin' Wolf avec son fameux Album de 1969 et sa pochette vantant le fait qu'il ne l'aimait pas (l'album). A ceci près que Hooker ne critiquera pas l'album, lui. Il est vrai que l'alchimie entre le blues puriste de Hooker (auteur de l'immortel Boom Boom qui, ici, brille par son absence) et le blues-rock de ses guests est parfois difficile à saisir. Au même titre que la pochette étrange, rocailleuse et lunaire, semble trop particulière pour plaire, Endless Boogie mérite quelques écoutes attentives (et le fait que l'album soit double n'arrange, au départ, rien) pour être apprécié, et il semblerait bien qu'à sa sortie, l'album se soit retrouvé rapidement soldé, les ventes n'ayant pas été satisfaisantes. Hop, direct aux coins coupés, comme on dit.
Musicalement, c'est du bon et du lourd : (I Got) A Good Hun, Kick Hit 4 Hit Kix U (Blues For Jimi And Janis), Pots On, Gas On High, Standin' At The Crossroads, Sittin' In My Dark Room et l'immense morceau final Endless Boogie, Part 27 And 28 (le titre est-il une allusion comique au fait que ce boogie est sans fin, ou bien réellement les 27ème et 28ème parties d'un loog boogie qui n'a pas pu être mis en totalité sur l'album, je ne sais pas, mais je pencherais plus pour la première possibilité, même si le morceau, et donc l'album, se finit brutalement en pleine giclée d'harmonica), autant de morceaux qui raviront les fans de blues. Hooker, ce natif de Clarksdale, Mississippi qui avait dans les 53 ans à la sortie de l'album, est ici dans une forme au moins aussi étincelante que sur son album avec Canned Heat qui est plus connu et estimé que cet Endless Boogie. Si vous connaissez et aimez l'album fait avec la bande à The Bear et Blind Owl, nul doute que vous aimerez ce double album remarquable, très bien produit par celui qui, à la même époque, commençait à produire les Eagles : Bill Szymczyk, au nom imprononçable et au talent certain. Un disque hautement recommandé, n'en déplaise aux critiques de l'époque et de maintenant (sur All Music, l'album se paie une sale note, du genre 2/5 ; ont-ils écouté l'album ?), un des plus trippants albums de blues que je connaisse !
FACE A
(I Got) A Good Hun
House Rent Boogie
Kick Hit 4 Hit Kix U (Blues For Jimi And Janis)
FACE B
Standin' At The Crossroads
Pots On, Gas On High
FACE C
We Might As Well Call It Through (I Didn't Get Married To Your Two-Timing Mother)
Doin' The Shout
A Sheep Out On The Foam
FACE D
I Don't Need No Steam Hat
Sittin' In My Dark Room
Endless Boogie, Parts 27 And 28