Le 17 avril 1998, Linda McCartney, épouse de Paul depuis 1969, mère de ses trois enfants Stella, Mary et James (et elle avait déjà une fille d'une précédente union, Heather, adoptée par Paul), décède d'un cancer. Complètement dévasté, Paul va lentement se remettre de ce drame (elle est, de plus, morte dans ses bras, ou presque), par le travail (comme il le fera au lendemain de l'assassinat de John Lennon) : il sortira Run Devil Run (album de reprises de vieux rock'n'rolls agrémentés d'une poignée d'inédits cadrant bien avec le reste) en 1999. Mais avant ça, en octobre 1998, Paul va rendre un vibrant hommage à celle qui a partagé sa vie pendant 30 ans et a activement participéà sa carrière musicale (elle fut membre fondatrice, en tant que claviériste et choriste, des Wings). Linda, tout du long de l'aventure Wings et pendant même après, avait enregistré, de temps en temps, des chansons, reprises ou originales (signées d'elle, ou du couple). L'une d'entre elle finira sur un album des Wings en 1976, une paire d'autres sortira en single en 1977, le reste dormira sur des bandes, dans un tiroir ou placard, jusqu'à 1998, donc. Paul les a compilées et sorties en un album du nom de Wide Prairie, album qui, cet été 2019, a été réédité en CD et vinyle. Grand fan des Beatles et ex-Beatles, et de tout ce qui se rapproche à leur univers, je ne pouvais passer à côté, et je l'ai donc acheté, en vinyle.
Long de 52 minutes, Wide Prairie offre 16 titres que l'on imagine relativement courts (4,45 minutes pour le plus étendu, à peine 2,10 minutes pour le plus court, 3 minutes en moyenne), et qui couvrent une période allant de 1972 à 1998. J'imagine que vous devez vous attendre à ce que je défonce ce disque comme Rocco défoncerait une amatrice dans un casting, mais en fait, non, je n'ai pas envie d'être méchant vis-à-vis de ce disque touchant. Linda n'était pas une chanteuse exceptionnelle, certes, mais ceux qui jugent de ses capacités de chant en se basant sur Cook Of The House (morceau présent ici, et initialement présent sur Wings At The Speed Of Sound en 1976, la version présente sur Wide Prairie est la même), morceau effectivement peu réussi (mais amusant), se trompent. Linda, qui aborde ici, selon les chansons, certains de ses thèmes favoris (The White Coated Man, datant de 1988/89, critique la vivisection), chante franchement bien sur l'ensemble de ce disque, même si elle ne sera jamais une grande chanteuse. Elle faisait ces morceaux essentiellement pour s'amuser (même si tous ne sont pas amusantes, loin de là), pour passer le temps, pas pour les imposer sur un disque de son mari (elle ne l'a jamais fait). Bien entendu, elle imaginait sans doute en faire un disque (si c'est le cas, Paul l'a fait), mais devait y songer de temps en temps, sinon l'album aurait été fait depuis des lustres. Deux autres chansons ici sont connues : Seaside Woman et le bien nommé B-Side To Seaside, toutes deux enregistrées en 1972, et sorties, en face A et B d'un single, en 1977. Le single sortira sous un faux nom de groupe, Suzy & The Red Stripes, mais ceux qui jouent sont les Wings de l'époque Red Rose Speedway. Le single de 1977 est une pièce de collection assez rare et chère. Je la veux, cette pièce de collection, mais je suis patient.
Livret
L'album offre de vraies merveilles : Wide Prairie, enregistré en 1973 (à Paris) et 1974 (à Nashville) par les Wings ; les reprises du Poison Ivy des Coasters (datant de 1987), de Mr Sandman (de 1977) ; Oriental Nightfish enregistré durant les sessions de Band On The Run en 1973, Appaloosa (1998), The Light Comes From Within (1998 aussi, et dernière session d'enregistrement de Linda avant son décès ; le morceau a été fait un mois avant). Au final, même si tout n'est pas forcément aussi bon que ces chansons, rien n'est mauvais, et on a donc affaire à un sympathique disque de chansons pop/folk, assez touchant surtout quand on connait le contexte de sa création et sortie. Je noterai un petit truc, anecdotique, pour finir, concernant l'édition vinyle (j'imagine que pour le CD, c'est pareil, mais concernant ce format réduit, ça e semble moins grave) : l'insert interne du vinyle, qui contient des annotations de Paul McCartney sur chaque morceau ainsi que des photos (de l'autre côté), est plié de telle manière qu'il à la taille d'un livret CD. Ce qui, glissé dans la pochette vinyle tel quel, fait une sacrée épaisseur (en plus d'être chiant à récupérer, il faut le faire tomber en penchant la pochette). Pour le CD, ce n'est pas un souci, il peut rentrer dans une pochette cartonnée au format, ou être glissé dans les ornières en plastique du boîtier, mais pour le vinyle, n'aurait-il pas été préférable de glisser cet insert sans le plier jusqu'à le rendre quasiment minuscule ? Mais comme je l'ai dit, c'est un détail. Musicalement, Wide Prairie est, à défaut d'être un grand disque, un album vraiment intéressant.
FACE A
Wide Prairie
New Orleans
The White Coated Man
Love's Full Glory
I Got Up
The Light Comes From Within
Mister Sandman
Seaside Woman
FACE B
Oriental Nightfish
Endless Days
Poison Ivy
Cow
B-Side To Seaside
Sugartime
Cook Of The House
Appaloosa