A raison, on croyait le grunge inhumé, évacué, prestement phagocyté… Mais la nostalgie a la vie dure. Après le décès de Kurt Cobain et la fin de Nirvana, le grunge a souffert, mais n’a pas désarmé. Pearl Jam a poursuivi sa route, néanmoins sur des chemins escarpés… Soundgarden subira lui aussi les travers de son chanteur (Chris Cornell), mais retrouvera les chemins des studios, toutefois un peu moins de verve et de sobriété. Quant à Alice In Chains, le groupe se retrouve orphelin de son leader, Layne Staley, victime de son accoutumance aux opiacés. Le guitariste et principal compositeur, Jerry Cantrell, continuera les hostilités avec une étonnante fougue et sagacité.
Non, le grunge n’est pas mort. Or, ce néologisme musical, apparu durant la décennie 1990, sera affublé (souvent à tort) à plusieurs groupes de rock alternatif.
C’est par exemple le cas de Stone Temple Pilots. Leur premier album, Core (1992), s’écoule à plusieurs millions d’exemplaires. Pourtant, les critiques se montrent plutôt dubitatives. Pour certains contempteurs, Stone Temple Pilots (STP pour les intimes…) ne serait qu’un ixième succédané de Pearl Jam. Or, Scott Weiland (le chanteur de Stone Temple Pilots) réfute arrogamment cette métaphore. Pis, le leader honnit et voue aux gémonies le groupe de Seattle. Scott Weiland cite plutôt David Bowie et les Beatles parmi ses augustes références. Leur seconde livraison, Purple (1994), se doit de varier les belligérances. Ainsi, Purple se singularise par cette alternance matoise entre rock bourru et pop nonchalante. La formule sera à nouveau itérée avec l’album suivant, Tiny Music… Songs from the Vatican Gift Shop (1996). Selon les thuriféraires, Purple et Tiny Music… constitueraient la quintessence de Stone Temple Pilots. Autant l’annoncer sans fard. Le groupe est davantage connu pour les facéties de son leader (cures de désintoxication et séjours carcéraux à gogo) que pour ses réelles qualités musicales.
Par ailleurs, les deux albums consécutifs, N° 4 (1999) et Shangri - La dee da (2001) seront unanimement agonisés par des torrents d’injures. Sans être foncièrement calamiteuses (à l’exception peut-être de Shangri – La Dee Da, mais c’est un autre débat…), ces deux nouvelles livraisons ne laisseront pas de réminiscences impérissables. Depuis ses tous premiers ânonnements et balbutiements, Stone Temple Pilots a payé les excès de Scott Weiland. En deux séances de désintoxication, le chanteur doit se débattre et se colleter avec la justice, essentiellement pour ses déboires conjugaux. Presque dix ans se sont égrainés depuis la sortie de Shangri – La Dee Da.
Aux yeux du rock et du grunge en particulier, Stone Temple Pilots est un groupe caduc et obsolescent, au mieux moribond. Personne ne gage sur la résurgence de Scott Weiland et les siens… Pourtant, à l’instar d’Alice In Chains, Stone Temple Pilots décide de revenir sur la scène musicale.
A l’époque, tout le monde se gausse de la sortie de leur sixième album, sobrement intitulé« Stone Temple Pilots ». Pour l’anecdote superfétatoire, ce retour putatif passera totalement inaperçu dans les charts. Pis, Stone Temple Pilots (l’album) essuie une rebuffade commerciale. Il est loin le temps de Core, Purple et autres Tiny Music… Reste à savoir si ce sixième opus mérite – ou non – qu’on s’y attarde… Autant l’annoncer sans ambages. Non, ce sixième effort ne réédite pas les fulgurations du passé. Mais, au moins, il se montre (allègrement) supérieur à certaines digressions antérieures (on songe notamment à l’abominable Shangri – La Dee Da). On retrouve donc (avec bonheur) la voix lancinante de Scott Weiland. Stone Temple Pilots (le disque) alterne ainsi violence soudaine (Between the Lines) et un calme apaisé, voire retrouvé (l’excellent Maver). L’influence « David Bowie » reste assez prégnante (Hickory Dichotomy), voire prédominante, sans être forcément probante.
Stone Temple Pilots (le disque… Toujours…) s’illumine lorsqu’il revisite ses classiques somptuaires, à l’instar du sublime Cinnamon. Bref, on tient là un bon disque, en tout cas une livraison éloquente, à défaut d’être incontournable. A posteriori, le groupe périclitera (toujours la même antienne) et perdra même son chanteur emblématique. A regrets ?
Alice In Oliver