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"Trans-Europe Express" - Kraftwerk

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Florian Schneider est mort le 21 avril dernier. Pas de cette saloperie de virus, mais d'un bon vieux cancer. C'était qui, ce Florian Schneider ?, me demandez-vous ? C'est le deuxième debout à partir de la gauche sur la pochette ci-dessus, celui avec la note de musique sur la veste, et c'était un des membres fondateurs de Kraftwerk, fameux groupe de musique électronique, de krautrock, allemand, fondé au début des années 70 et toujours en activité (Schneider avait quitté le groupe en 2008). Kraftwerk n'est pas mon groupe préféré, mais j'adore les albums de leur Âge d'Or, période allant de 1974 (Autobähn) à 1978 (The Man Machine), et regroupant quatre albums. Celui que j'aborde aujourd'hui est incontestablement mon préféré de la Centrale Electrique (traduction en frouze du nom du groupe), et il est pile poil, aussi, dans cette période remarquable, aussi courte que parfaite. Il date de 1977 et est sorti sous plusieurs pochettes, et dans trois versions distinctes (à l'époque du moins) : une en anglais, qui est la seule que l'on trouve partout et qui est celle ayant été utilisée pour le transfert CD et la réédition vinyle ; une en allemand ; et une en français. Ce n'est d'ailleurs pas le seul album de Kraftwerk concerné par cet état de fait; le groupe a parfois sorti des versions différentes de leurs albums, afin de mieux cibler : a) le marché international ; b) leur propre pays ; c) leurs voisins français qui ont toujours bien aimé leur musique. Cet album de 1977, je l'aborde dans sa version internationale, et il s'agit, vous l'avez compris, de Trans-Europe Express

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Long de quelques 43 minutes (un chouïa moins en fait) et offrant 8 titres, même si, souvent, l'un d'entre eux, Abzug, est parfois imbriqué dans celui qui le précède (dans ce cas, il n'y à que 7 titres), cet album est sorti sous trois versions distinctes, donc. C'est aussi le cas pour sa pochette, dans un sens. La première illustration de l'article propose la pochette de l'édition allemande originale, une photo très classe, assez old school, du groupe. La version internationale propose une variante en couleurs (des couleurs un peu passées, comme si c'était une photo des années 50 ou 60), la photo ci-dessus (mais, en fait, en inversé, Schneider étant en troisième position au lieu de la seconde). Il existe une troisième pochette, qui est celle de la réédition la plus récente (CD et vinyle) de l'album, et qui est nulle, mais très sobre : un fond noir absolu, et un train stylisé, blanc, avec TEE (initiales du titre de l'album et, avant ça, de la ligne de train qui lui doit son nom) en façade. Chaque album du groupe, lors de sa réédition, a eu droit à une nouvelle pochette sobre (mais peu réussie) de ce genre. Heureusement, le livret du vinyle propose la pochette originale, et d'autres photos du même acabit. Mais il est temps de parler de la musique. Autant le dire, Trans-Europe Express est le sommet du groupe. J'ai peut-être dit ça, autrefois, au sujet de l'album suivant, The Man Machine (1978), qui est, il est vrai, incroyable. Avec le temps, je change un peu mon avis. L'album de 1978 est imparable, génial. Celui de 1977 est parfait de chez parfait. Il offre notamment quatre morceaux époustouflants, c'est pas dur, il s'agit des quatre premiers (et notamment de toute la face A). Les quatre morceaux qui restent, les quatre derniers, sont cependant loin d'être négligeables (même si Endless Endless, qui dure moins d'une minute, n'est qu'une reprise rapide de Europe Endless, une conclusion plutôt qu'autre chose ; mais Franz Schubert est sublime). 

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Que dire face à cette grosse demi-heure (les quatre premiers morceaux totalisent 31 minutes sur les presque 43 de l'album !) de perfection ? Europe Endless, qui dure 9,40 minutes, ouvre idéalement le disque avec une petite mélodie synthétique sautillante et répétitive, qui se poursuit sur presque 2 minutes avant de, progressivement, s'étoffer avec d'autres synthés, et des choeurs à la Radio-Activity (ce tube mondial que le groupe a fait en 1975). Florian Schneider chante un peu (les quatre premiers morceaux sont chantés, mais les paroles sont peu nombreuses), de sa fameuse voix un peu atone à la Eno, assez paisible, neutre, c'est la voix qui accompagne la musique et pas l'inverse. Life is timeless...Europe endless. Le morceau a beau durer presque 10 minutes, c'est le plus long de l'album, on ne s'emmerde pas une seconde. The Hall Of Mirrors (8 minutes), qui suit, est sépulcral, un morceau d'ambiance glaçant comme un iceberg, monolithique (ces claviers saccadés) et parfait de bout en bout. On sent limite la température de son corps baisser quand Schneider clame Even the greatest stars face themselves in the looking glass. Showroom Dummies (6 minutes) achève la face A sur une note plus légère. Ce morceau, devenu emblématique du groupe (qui, en live, se produira sous l'apparence de mannequins de vitrines, jouant en coulisses, cachés derrière leurs représentations synthétiques), est un tube très connu. Ce n'est pas le meilleur morceau de l'album ; pour tout dire, ces quatre sommets de ce Trans-Europe Express, c'est le moins bon ; mais qu'est-ce que c'est réussi, malgré tout ! Enfin, dernière grosse claque, Trans-Europe Express, qui ouvre la face B et dure presque 7 minutes (à noter que Metal On Metal et Abzug reprennent la trame du morceau ; presque toute la face B est consacrée au morceau-titre, dans un sens). Là, c'est une perfection parfaitement parfaite, un sommet absolu. Bruit de train (pas un vrai bruit, mais des synthés séquentiels qui l'imitent ; l'effet est totalement réussi), synthés glauques et solennels, chant glaçant de Schneider (trois petits couplets mettant une ville de la trajectoire du TEE - du moins, il me semble - à l'honneur, Paris, Vienne, Düsseldorf), allusion amusante, dans le dernier couplet, à Bowie et Iggy Pop (From station to station, back in Düsseldorf city, meet Iggy Pop and David Bowie), ce morceau est du genre prenant, il vous hantera à vie une fois entendu ne serait-ce qu'une fois. Les synthés mélodramatiques, l'ambiance à bord d'un train, on est en plein dans l'expressionnisme allemand, mais en version kraftwerkienne. C'est pas joyeux, c'est même un peu angoissant (volontairement), mais c'est sublime. Evidemment, c'est le sommet de l'album. Et cet album, lui, est le sommet du groupe. Quel disque, bon Dieu !

FACE A

Europe Endless

The Hall Of Mirrors

Showroom Dummies

FACE B

Trans-Europe Express

Metal On Metal

Abzug

Franz Schubert

Endless Endless


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