Toto a pas mal changé de chanteurs entre 1983 (suite au départ de Bobby Kimball, leur premier chanteur principal - même si d'autres membres du groupe ont, aussi, toujours chanté) et, ben, heu, depuis 1983, en fait 😐. Il y à eu Fergie Frederiksen en 1984 (un seul album, Isolation, que j'adore, mais son style hard FM ne fonctionnait pas trop avec le groupe), Joseph Williams en 1986/1988 (deux albums), et qui reviendra dans les années 2010 (Toto XIV), et il y à eu, le temps d'une période aussi courte que fondamentalement douloureuse pour le groupe, Jean-Michel Byron, un chanteur d'origine sud-africaine (il me semble) qui ne collera pas du tout avec le style Toto (Lukather dira par la suite que le groupe était mortifié de voir ce chanteur techniquement très capable évoluant comme un sous-Michael Jackson, en total décalage avec le groupe). Aucun album, juste des chansons sur un best-of (Past To Present) et des concerts dont les images (allez voir sur YouTube) donnent envie de rigoler d'une manière moqueuse, ou de pleurer, ou de partir en courant, ou les trois en même temps. En 1992, le groupe a décidé : fini les chanteurs supplémentaires, le chant sera tenu par le guitariste Steve Lukather et le claviériste David Paich, qui chantaient déjà souvent sur les albums depuis le début. Le groupe enregistre, cette année-là, leur huitième album studio, Kingdom Of Desire, qui sort le 8 septembre. Une sortie qui, pour le groupe, sera définitivement synonyme de vrai cauchemar, de tragédie véritable : le 5 août, soit un mois avant, leur batteur, Jeff Porcaro (frangin du bassiste Mike, dans le groupe depuis 1983, et du claviériste Steve, qui a quitté le groupe en 1986 ou 87), décède d'une crise cardiaque, chez lui, il avait 38 ans. Au passage, des trois frangins Porcaro, Steve est le seul encore en vie, Mike étant hélas mort en 2015.
Kingdom Of Desire, album assez long (69 minutes), est donc le dernier album du groupe avec Jeff Porcaro, membre d'origine du groupe (comme Lukather et Paich). Pour la tournée, le groupe, sonné par cette disparition mais bien décidéà continuer par respect pour leur pote, engagent Simon Philips, qui ne partira dès lors plus jamais du groupe (Toto est en stand-byà l'heure actuelle). La tournée de l'album donnera lieu au premier album live du groupe, Absolutely Live. L'album est sorti en septembre 1992, en Europe, mais apparemment, 8 mois seulement plus tard aux USA, cette précision indiquée sur Wikipedia (anglophone) me semble d'autant plus curieuse et douteuse que Toto est un groupe américain, mais après tout, c'est peut-être bien possible. Les éditions CD ultérieures indiquent une mention hommage envers Porcaro, qui est par ailleurs l'auteur des dessins curieux et un peu morbides de la pochette (une tombe, un squelette...youpi). L'album est, avec Isolation, le plus rock de Toto. Ici, on a affaire à du hard-rock FM bien solide, un peu bluesy parfois, mais assez saignant. C'était d'ailleurs l'idée du groupe : après plusieurs albums (ceux avec Williams : Fahrenheit, très mauvais, The Seventh One, franchement bon bien qu'un peu longuet) franchement pop/rock, le groupe voulait sonner rock pur et dur. Mission accomplie. Cet album produit par le groupe et Danny Kortchmar (à la base un guitariste de rock/soft-rock) ne permet pas de s'emmerder durant son écoute, malgré sa durée (le plus long du groupe à l'époque) et la durée de pas mal de ses morceaux : le plus court fait 4:30 minutes tout de même (Only You, une power-ballad), et quatre dépassent les 6 minutes, dont un instrumental un peu jazz-rock, Jake To The Bone.
Jeff, Paich, Mike, Lukather
L'album offre un gros, gros tube : Don't Chain My Heart, qui squattait les radios du mon dentier à l'époque, et passe sans doute encore de temps en temps. Un morceau super efficace et bluesy interprété par Lukather (sur l'album, Paich ne fait que les choeurs), un régal et un des meilleurs d'un album aussi solide que, j'ai l'impression, franchement méconnu aujourd'hui, presque négligé. S'ouvrant sur un Gypsy Train efficace de presque 7 minutes, l'album aligne pourtant les merveilles : How Many Times, 2 Hearts, The Other Side, Wings Of Time (pure merveille absolue), et Kingdom Of Desire, 7 minutes à tomber, clairement le sommet de l'album et accessoirement ma chanson préférée, toutes périodes confondues, de Toto. Une montée en puissance remarquable. Bon, après, c'est vrai que tout n'est pas transcendant sur l'album : pour chipoter un peu, disons que Kick Down The Walls et She Knows The Devil font un peu putassiers. Et même si la grande majorité des 12 titres sont vraiment excellents, l'album est tout de même long, presque 70 minutes (seul Mindfields, le très inégal et moyen, médiocre même, album de 2000 qui marquera le retour de Bobby Kimball sera plus long). Mais malgré ces petits défauts, cet album est mon préféré du groupe avec Isolation (qui est mon préféré absolu du groupe, Kingdom Of Desire vient juste après), et si vous aimez Toto et le rock 90's assez nerveux, vous devriez apprécier, voire plus encore !
Gypsy Train
Don't Chain My Heart
Never Enough
How Many Times
2 Hearts
Wings Of Time
She Knows The Devil
The Other Side
Only You
Kick Down The Walls
Kingdom Of Desire
Jake To The Bone