En 1975, ZZ Top marque encore une fois un grand coup avec Fandango !, album qui malgré sa structure quelque peu hésitante (une face live et une face studio, ce qui rend le tout assez frustrant, surtout que l'ensemble dure à peine 33 minutes), est une vraie, une belle, une grande, une grosse, une totale réussite. Quatre albums et quatre merveilles, c'est peu dire que ce groupe, qui fut un de mes premiers gros coups de coeur autrefois (mais j'aimais surtout, à l'époque, leurs albums plus tardifs, des années 80, albums qu'aujourd'hui je...mais on attendra que j'en reparle dans le cycle pour dire ce que j'en pense vraiment, désormais !), a super bien démarré sa carrière. En 1976, sans plus de précision de date, le groupe enregistre son cinquième album, qui sort en fin novembre sous une pochette absolument sublime, une peinture d'aspect un peu naïf représentant un buffle dans la prairie du Texas, avec cactus, arroyos, montagnes, la totale. Une pochette qui, en vinyle, édition originale (que j'ai, la la la la la), est en triptyque. Chaque pan montre une photo individuelle d'un des membres du groupe, on a une photo collective aussi. L'albu s'appelle Tejas, nom (qui se prononce 'térrass' et pas 'téjasse') qui a donné Texas et qui est un mot en langage Caddo, un idiome native american. Le mot 'tejas' signifie 'amis' dans ce langage.
Quand j'ai découvert, z'autrefois, les albums du Top, ce disque-là, je voulais l'écouter rien que pour sa pochette, que je trouvais (c'est toujours le cas) sublime. Je me disais un album avec une si belle pochette ne peut pas être raté. Raté, Tejas ne l'est pas, mais je dois dire que je n'avais pas autant kiffé ma race devant ce disque (court comme il se doit : 34 minutes, formatage typiquement zizitopien) que je l'aurais pensé. Je fus un peu déçu par ce cinquième opus, certaines chansons ne me plaisaient pas du tout du tout (She's A Heartbreaker, Snappy Kakkie - qui, il faut le dire, est un petit peu une bizarrerie qui annonce certains morceaux du futur El Loco - et Enjoy And Get It On), et avec le temps qui passe, je ne suis toujours pas un défenseur de ces trois morceaux, surtout les deux premiers cités. Et puis, de même que je l'avais dit dans la chronique de Rio Grande Mud, il y à le fameux et infâme problème du remixage effectuéà la fin des années 80, remixage fait pour le CD et qui, jusqu'en 2013 environ (et à l'époque de ma découverte de ZZ Top, c'était à la toute fin des années 90...), sera la seule manière d'écouter les anciens d'albums du groupe en CD. Un remixage qui annihile la chaleureuse sonorité des pressages vinyle - rééditions ultérieures d'avant le CD incluses -, on a l'impression d'entendre un tambour de machine à laver en entendant le son de batterie, c'est épouvantable. Tous les albums du groupe ont été victimes de ce remixage, mais pour certains, comme Tejas, ce fut plus difficile que pour d'autres.
En réécoutant, des années plus tard, ce disque en vinyle, ce fut une sorte de révélation (j'exagère un peu, mais pas tant que ça). La production originelle, enfin ! Le son rond, chaud, moite, envoûtant du vinyle ! Le CD a fini au feu. No regret. Et l'album ? Plus varié que les précédents, il sera suivi d'une tournée au cours de laquelle, il me semble, le groupe construira un décor de vraie prairie du Texas, avec de vrais animaux sur scène. Et après cette tournée, prendra deux ans de pause, ne revenant qu'en 1979 avec Degüello, mais j'en reparlerai dans deux jours. Tejas offre du très bon, même de l'exceptionnel avec El Diablo, l'histoire, vraie ou inventée je ne sais pas, d'un hors-la-loi mexicain qui, on s'en doute, finira sa vie ailleurs que dans son lit, chanson bluesy avec une basse à tomber ; Asleep In The Desert, instrumental à tomber par terre (quelle guitare !) ; Arrested For Driving While Blind, hilarante (petit conseil du groupe : ne pas conduire quand on a trop picolé ; ah bon ? Première fois que j'en entends parler, gniark gniark gniark) ; Pan Am Highway Blues ; Ten Dollar Man... It's Only Love et son intro géniale... Moins immédiatement accrocheur que les précédents, sans doute moins immense aussi (mais tout de même...), Tejas est encore une fois un excellent cru des Barbudos, qui sont vraiment dans leur Âge d'Or.
FACE A
It's Only Love
Arrested For Driving While Blind
El Diablo
Snappy Kakkie
Enjoy And Get It On
FACE B
Ten Dollar Man
Pan Am Highway Blues
Avalon Hideway
She's A Heartbreaker
Asleep In The Desert