Bon, je pense que je peux vous proposer encore un petit peu de Hawkwind. Le groupe britannique, on l'a vu récemment, a réussi, avec Quark, Strangeness And Charm, en 1977, à rattraper l'erreur de casting du précédent opus, le très fadasse (pléonasme) Astounding Sounds, Amazing Music de 1976 qui possède certes une belle pochette et un titre efficace en allusion à la littérature de SF, mais n'en demeure pas moins un ratage, un disque faiblard. Comme en plus c'était leur premier album suite au licenciement de Lemmy (bassiste) qui, de son côté, rongeant son frein, fondera Motörhead, c'est peu dire que les fans, et sans doute les professionnels de la profession, diront, à l'époque, ah, z'auraient pas du le lourder, leur Hun, parce que sans lui, Hawkwind, c'est vraiment pas pareil. Oui, c'est vrai. Mais bon, l'opus de 1977 va quand même permettre au groupe de remonter un peu la pente. Pas un triomphe absolu, ce Quark, Strangeness And Charm, mais vraiment un bon album de space-rock progressif. On attendra le successeur avec impatience. Mais le groupe, à l'issue de la tournée promotionnelle américaine, est dans un état absolument calamiteux : au bord de l'implosion. Ne restent plus que Robert Calvert (parolier, chanteur sur certains titres), Dave Brock (guitare, chant sur certains titres, certains claviers, membre fondateur) et Simon King (batterie) du groupe.
Ils engagent Harvey Bainbridge (basse) et Steve Swindells (claviers), et un autre batteur, Martin Griffin, remplacera King sur certains titres. C'est un Hawkwind un peu différent, pas vraiment Hawkwind, qui enregistre, en été 1978, cet album qui sort en octobre de la même année, sous une pochette que je ne commenterai pas (c'est moi ou Robert Calvert, car c'est lui sur la photo, semble se savonner avec un néon ?). Et sous un autre nom que Hawkwind, car les autres membres du groupe, absents ici (Simon House, au violon, est crédité comme invité), contesteront aux autres le droit d'utiliser le nom (notons au passage qu'en janvier 1978, le groupe enregistrera des morceaux qui ne sortiront qu'en 1979). Donc, le disque sort sous le nom de Hawklords. Il s'appelle 25 Years On, mais le groupe, après que 25 000 exemplaires aient été pressés, décidera de le sortir sous le nom de Hawklords, avant, pour les rééditions ultérieures, de reprendre le titre initial. 25 Years On, donc. Disque court (34 minutes), 25 Years On détonne totalement dans la discographie du groupe, et il n'est pas très rare d'en lire, disons, du mal. Autant le dire, à la base, avant d'écouter ce disque, j'étais persuadé qu'il s'agirait d'une merde digne de figurer dans les ratages musicaux du blog. A l'arrivée, quelle n'a pas été ma surprise de constater le niveau de cet album méconnu et OVNIesque : pas un niveau à faire péter les braguettes d'un ado boutonneux et nerveux, mais, franchement, du bon boulot, surtout compte tenu des circonstances...et du style musical de l'album.
Car on oublie le rock progressif, le space-rock, le hard-rock, s'il vous plaît. Sous sa pochette noir & blanc au lettrage rose fluo, 25 Years On est un disque de new-wave. Hé oui. Bon, j'ai envie de dire que la pochette, avec son graphisme, semblait l'annoncer, mais il valait mieux le dire quand même. Sorti en une des pires années pour le rock expérimental et progressif (il n'y à guère que pour le hard-rock et la new-wave alors naissante - Talking Heads, Simple Minds, Devo, PiL, Magazine... - que 1978 sera une bonne année, malgré des surprises telles que les albums de Patti Smith, Lou Reed ou Bruce Springsteen), cet album offre du très bon : Psi Power, 25 Years, The Age Of The Micro Man, morceau assez sombre contrairement à l'essentiel de l'album, plutôt sans prise de tête. C'est Calvert, poète sud-africain quelque peu allumé (il avait de légers soucis de bipolarité qui entraînera quelques soucis) qui chante sur l'album, il chante bien. Clairement, Calvert a fait de Hawkwind (car même si ce n'est pas sous ce nom qu'est sorti l'album, il s'agit vraiment de Hawkwind, peu importe si certains ne voulaient pas que l'album sorte sous ce nom) sa chose. Après un album de rock progressif très réussi, on a ici de la new-wave également d'un très bon niveau. Mais le groupe ne continuera pas dans cette voie...on peut le regretter, ou au contraire, en être soulagé, j'avoue hésiter entre les deux : tout en trouvant ce disque très bon, je pense quand même que ce n'est pas le style qui convient le mieux à ce groupe, et j'imagine ce que Lemmy devait en penser, s'il a écouté l'album à l'époque ! Lui était déjà dans son Motörhead...
FACE A
Psi Power
Free Fall
Automoton
25 Years
FACE B
Flying Doctor
The Only Ones
(Only) The Dead Dreams Of The Cold War Kid
The Age Of The Micro Man