Là, je ne serai pas objectif.
Du tout, même.
Mais je vais d'abord mettre les choses au clair (de lune à Maubeuge ; oui, je sais, celle-là, elle sent bien la bière éventée parce qu'ouverte depuis le 10 mai 1996, mais j'y peux rien, ça me fait marrer) : je ne suis pas un sardouphile. Mais, de même que Leslie Barsonsec (qui, il y à presque deux mois, c'était le 9 avril dernier et il pleuvait sans doute quelque part en France à ce moment-là, a republié l'article consacréà la discographie commentée de Sardou, en rajoutant ses avis, passionnants, aux miens), sans être un fan du bonhomme, j'aime beaucoup une bonne période de sa carrière : les années 70 et 80. Tous deux, on ose le dire, et fuck les cons qui gueuleront comme quoi Sardouille-mes-couilles n'a rien à faire ici (qu'ils aillent voir sur le site Forces Parallèles : ils n'y parlent peut-être pas de Sardou, mais ils ont parlé de Dorothée, en revanche, et là, mais pardon...) : ce n'est pas parce que le bonhomme possède une réputation de connard de droite fascisant et qu'il n'a rien fait de potable, de buvable, depuis, disons, le mitan des années 90, qu'il faut balancer au feu l'essentiel de sa carrière qui, s'il (il : l'essentiel) est parfois teinté de polémique (des chansons aux sujets glissants, des paroles souvent mal prises car tirées de leur contexte ou de leur époque), n'en demeure pas moins digne d'éloges (de concierge ; ah, elle n'était pas drôle, celle-là ? Bon, je ne la referai plus). Le mec a quand même, derrière sa façade je rigolerai quand je verrai un car d'enfants bondé exploser devant moi, pas avant, a signé des trucs remarquables : Je Vole, En Chantant, Les Lac Du Connemara, Petit, Dix Ans Plus Tôt, Il Etait Là (Le Fauteuil), Je Ne Suis Pas Mort (Je Dors), 1965, L'An Mil, Vladimir Illitch, Afrique Adieu (plaisir coupable), Le France, J'Habite En France, Les Bals Populaires, Io Domenico, La Vieille, Les Villes De Grande Solitude, Verdun, etc... Jean Noubly, comme on dit.
De quoi faire un coffret 4 CD rempli jusqu'à la gueule, et à l'arrivée, on aurait quand même l'impression d'avoir oublié quelques morceaux sur la route.
Bref, j'aime bien 20 ou 25 ans de la carrière (nettement plus longue, le double) de Sardou. Que je n'ai jamais vu en live, mais dont j'ai vu quelques concerts live en vidéo (notamment le dernier, diffusé deux-trois fois, où il semble, au départ, tellement à plat qu'on a envie de lui dire qu'il a bien fait d'arrêter, avant de reprendre du poil de la bête au fil du show, et clairement ne voulant plus partir à la fin), et j'ai du entendre tous ses lives jusqu'à, disons...ah, je ne sais pas. Tous ou presque. Celui-ci est de 1989, c'est le seul article sur Sardou que je vais publier, personnellement (si Leslie veut en faire quelques uns par la suite, qui n'ont pas été faits ici, c'est open bar, et encore une fois, fuck les cons qui gueuleront sur la présence de ces articles), et c'est une réécriture, j'avais déjà fait cette chronique en 2012. Sans que ça attire du monde dans les commentaires, d'ailleurs, juste, il me semble, des remarques du style "faudrait consulter, car aborder du Sardou, franchement...". Mais j'oe le dire : ce live est ultra important pour moi. C'est le seul album de Sardou que je me suis payé en vinyle (double) et en CD (double), ayant par ailleurs dépensé 25 euros pour le CD d'occasion (pas réédité depuis sa sortie), et que je possédais déjà en cassette audio (version raccourcie du concert). Disons, en fait, que mes parents possédaient. Ils ont tous deux toujours bien aimé Sardou, pour ses chansons et pas pour le personnage. La cassette de la version digest de Bercy 89 (dans le tracklisting plus bas, j'indique avec une astérisque les morceaux qui ne s'y trouvent pas, ceux que l'on ne trouve que sur la version complète, quoi) passait souvent dans l'autoradio quand on partait en vacances, ou quand on...roulait, tiens. Avec le best-of Gold d'ABBA et une cassette du genre "les plus grands thèmes au synthétiseur", ainsi qu'une cassette sur des hits français des années 60 à 80. Mais le Sardou et le ABBA étaient les plus grands diffusés.
L'objet du délit
Bref, à force d'à force d'écouter, ce live, dans sa version écourtée (une cassette audio bien remplie, quand même : je ne suis pas sûr qu'un seul CD suffirait pour tout caser, surtout qu'en 1990, a moment de la sortie de ce live, les CDs étaient encore d'ancienne génération, 74 minutes max), Bercy 89 (première fois que Sardou se produisait dans ce qu'il faut désormais appeler l'Accor Hotel Arena, mais allez vous faire foutre avec votre faux nom à rallonge, je continuerai toujours de dire Bercy) est entré dans mon dique dur interne, à vie. Je le connais par coeur. La plantade monumentale (Tous les soirs...je vous jure, tous les soirs je me plante, et pas sur la même chanson, en plus...) sur Le Paraguay N'Est Plus Ce Qu'Il Etait, Sardou s'interrompant au premier refrain, faisant son petit speech d'excuse, et reprenant le morceau en entier, sans plantade. Je me suis toujours demandé s'il s'était vraiment planté, je pense que non, c'est histoire de rigoler un peu. Peut-être même faisait-il chaque soir un truc de ce genre, et sur un morceau différent, comme il le dit dans son petit speech. On le dirait pas comme ça, avec sa tronche d'éternel mais fais pas la gueule, Michel, mais il a de l'humour, le mec. Bon, on ne s'en rend pas compte ici, ses chansons les plus légères (souvent parmi ses plus anciennes) sont royalement absentes ici, la setlist faisant la part belle à son album le plus récent, de 1988, Le Successeur, dont 8 des 10 titres (et parmi eux, celui qui possède ce petit vrai/faux plantage) sont interprétés ici. Le morceau le plus ancien interprété ici est (et il était étonnamment absent de la version cassette) Les Lacs Du Connemara, que l'on ne présente plus. Et ce morceau date de 1981. Tout date des années 80 ici. Même le son, gros, puissant, Sardou ayant toujours adoré avoir un bon gros bordel sonore derrière lui, pas trop le genre de mec à sortir un unplugged.
Jamais édité en VHS (mais il fut filmé) en raison d'un désaccord au sujet des droits d'auteur concernant le dernier titre, Bercy 89 se termine, il faut en parler, par un morceau éléphantesque de 12 minutes et autant de secondes (qui se trouvait sur la cassette), Un Jour La Liberté, morceau jamais enregistré en studio et jamais rejoué par la suite. Un morceau sur la Révolution Française, les concerts de Bercy datant de l'année du bicentenaire, fallait marquer le coup. Le morceau, orchestral, avec plein de choristes, était accompagné d'une mise en scène théâtrale signée Robert Hossein. C'est le désaccord dont je viens de parler, sur les droits d'auteur, entre Sardou et Hossein, qui fait que jamais aucune VHS (et encore moins DVD...) n'a été fait sur ce concert, Sardou ne voulait pas sortir la VHS sans ce morceau final. Un morceau à part, très réussi. Le live, sinon, offre de vraies merveilles, comme une version absolument dantesque de L'An Mil, morceau de 1983 qui, gamin, dans cette version (je ne connaissais pas encore la version studio), m'impressionnait fortement. Ou bien Musulmanes, L'Acteur (qui ouvre le concert, sobrement), Vincent (sur Van Gogh), 1965 (autobiographique), Le Successeur... Bon, après, je dois dire que je n'ai jamais pu encadrer Attention Les Enfants...Danger, très consensuelle (et les passages parlés de la petite fille m'irritent pire qu'un buisson d'orties) et Les Hommes Qui Ne Dorment Jamais, et son accordéon. Mais c'est tout. Et plusieurs années plus tard, j'achète le double vinyle (version complète, deux disques tellement remplis que le son est un peu faible, ce qui est indiqué sur la pochette en excuses), en état impeccable, en brocante, découvrant pour la première fois l'intégralité du show, les morceaux absents de la cassette, comme Rouge, Afrique Adieu, Road Book...dans l'ensemble, du même niveau que ce qui avait été conservé sur la cassette. 10 ans plus tard, je me paie le CD, pour l'écouter en voiture. Et j'ai vraiment, mais alors VRAIMENT, failli foutre Bercy 89 dans ma 100 list faite en automne dernier, alors vous voyez bien à quel point j'aime ce live, et le défendrai toujours.
FACE A
L'Acteur
Chanteur De Jazz
Tous Les Bateaux S'Envolent
Dans Ma Mémoire Elle Etait Bleue
Dessins De Femme*
Road Book*
Le Paraguay N'Est Plus Ce Qu'Il Etait
FACE B
Rouge*
Les Hommes Qui Ne Dorment Jamais
Lettre A Ma Femme Pour Tout Lui Expliquer*
L'An Mil
La Même Eau Qui Coule
Minuit Moins Dix*
FACE C
Les Yeux D'Un Animal*
Afrique Adieu*
Attention Les Enfants...Danger
Les Bateaux Du Courrier*
1965
Elle En Aura Besoin Plus Tard
Vincent
FACE D
Le Successeur
Musulmanes
Les Lacs Du Connemara*
Un Jour La Liberté