On le sait, Peter Gabriel a quitté Genesis en 1975, juste à la fin de la tournée mondiale de promotion de leur mythique double album conceptuel The Lamb Lies Down On Broadway (sorti en 1974). Gabriel se sentait à l'étroit, avait envie d'autre chose, de nouveaux horizons (de ce fait, dès son premier album solo, en 1977, il ne se gênera pas pour expérimenter quelques trucs, puis passera rapidement à la world music dès 1980 et son troisième opus solo). Son départ sera pris avec philosophie par le groupe, aucune rancoeur, pas de colère, juste de la tristesse. C'est Phil Collins, batteur dans le groupe depuis 1971, qui prendra le relais du chant (déjà, à deux reprises, il avait chanté sur les albums : For Absent Friends en 1971, More Fool Me en 1974, plus des choeurs), ce qu'il ne voulait pas au départ, mais acceptera finalement une fois que des essais de chanteurs se soient avérés décevants (précisons que Peter Gabriel souhaitait lui-même que Collins le remplace, les deux hommes resteront toujours amis, le sont toujours ; le groupe de la Grande Epoque 1971/1974 se reformera d'ailleurs en 1982 pour un concert unique au Milton Keynes Bowl, en Angleterre, existant en bootleg). Le premier opus de Genesis avec Phil Collins en tant que chanteur sortira en 1976, A Trick Of The Tail (un des sommets du groupe et du rock progressif). Le groupe, dès 1978, passera progressivement à de la pop formatée FM, Phil Collins en profite pour se lancer en solo en 1981, le succès, on le sait, aussi bien pour lui que pour Genesis, sera de plus en plus important (au grand dam des fans de la première heure, qui n'apprécieront pas le virage pop FM et les tubes du style Turn It On Again et Invisible Touch).
Mais en 1975, durant la tournée The Lamb Lies Down On Broadway, le chanteur, le gérant, c'est Pete' Gab'. Il existe une foule de bootlegs (personnellement, j'en ai onze !) sur la tournée, mais, hélas, rien n'a été proposé officiellement (ou alors, dans un coffret d'archives, mais je n'en suis pas sûr), ni audio, ni vidéo. C'est d'autant plus dommage que durant les concerts (où le double album était joué en entier, dans l'ordre, avec des rappels, parfois, proposant de plus anciennes chansons, généralement, comme ici, The Musical Box), le groupe proposait un show du tonnerre de Zeus, avec décors et costumes (et effets de lumière) sublimes. Ce bootleg propose un des concerts américains de la tournée, et date du 11 janvier 1975. Le concert a été donné, ce soir-là, à Lakeland (dans la salle du Civic Center Concert Hall), en Floride, et de ce fait, il s'appelle Broadway Everglades (les Everglades sont une chaîne montagneuse floridienne). 27 titres en tout (respectivement 12 et 15, selon les disques), 2 CDs, pour un total avoisinant les 115 minutes. Si j'ai choisi ce bootleg plutôt qu'un autre (au choix, il y à Cambrai 1975, Colmar de la même année, Toronto 1974, Francfort 1975, Phoenix 1975...), c'est non seulement parce que l'on y trouve tout The Lamb Lies Down On Broadway plus le rappel (certains bootleg, peu fréquents mais il y en à, n'ont pas le rappel, ou alors un ou deux titres, et parfois plus, manquent), qui plus est, dans une très bonne interprétation, mais en plus, le son est très bon, ce qui, hélas, mais c'est la dure loi des enregistrements pirates, n'est pas toujours le cas (Colmar 1975 - durant la fameuse Foire aux Vins - est un bon show, mais le son n'est...pas terrible !). Ici, à Lakeland, on a tout le mythique double album-concept, plus The Musical Box en rappel (la tournée 1974/75 sera la dernière fois que le groupe jouera tout le morceau en live, ensuite, ça ne sera plus que le segment final ; sauf pour le concert de reformation de 1982), plus les deux parties de l'histoire narrée dans l'album (Rael's Story, ces deux segments de narration par Gabriel se trouvent toujours situés aux mêmes moments dans le concert : avant Back In N.Y.C. et avant Lilywhite Lilith), plus un Interlude avant The Lamia.
Genesis en 1975, pendant la tournée, une des dernières photos du groupe avec Peter Gabriel, qui avait sans doute déjà décidé de partir
On ne va pas revenir sur le niveau global de The Lamb Lies Down On Broadway. Ce double album, qui fut mon premier Genesis, et que j'ai commencé par détester avant de, progressivement, l'aimer puis, maintenant, l'adorer (mais il ne sera jamais mon chouchou du groupe, ni pour la période Gabriel, ni en général : pour la première période, c'est Foxtrot, et en général, c'est Wind And Wuthering), est un cas à part. Racontant une histoire très tarabiscotée (la lecture du long texte situé dans l'intérieur de pochette vinyle ou dans le livret CD, bien qu'il faille bien comprendre l'anglais pour ça, est des plus conseillée), cet album est certes riche en grands moments (The Lamia en est selon moi le plus beau, mais it, In The Cage, la chanson-titre, The Carpet Crawlers, The Chamber Of 32 Doors, The Waiting Room, Anyway, Fly On A Windshield ou In The Rapids ne sont pas à négliger), mais on y dénombre aussi des passages à vide, des bouche-trous (peu nombreux, et ça ne gâche pas l'album, même si on peut dire que la dernière face est, en globalité, plus faible que les autres). Enregistré avec l'aide de Brian Eno ce qui se ressent sur The Waiting Room, Silent Sorrow In Empty Boats, Hairless Heart, Ravine, bref, les instrumentaux), l'album possède un son très violent (progressif, aussi, d'accord), et est vraiment particulier, entre l'histoire tordue et la musique qui part dans tous les sens, il faut s'accrocher pour l'apprécier. Sur scène, ça devait vraiment être quelque chose à voir, entre le look protopunk de Gabriel (qui interprète Rael, jeune délinquant new-yorkais d'origine portoricaine) et ses différents costumes (le plus fameux : Rael en Slipperman) et les décors (pendant The Lamia, ça devait être sublime), c'est vraiment dommage que seules des bribes de vidéos de qualité médiocre et des photos éparses soient les témoins de cette tournée gigantesque. Il reste les bootlegs, et parmi eux, Broadway Everglades est un bon, très bon exemple. Je ne sais pas si c'est le meilleur des bootlegs de la tournée, ou juste un bon cru et sans plus, mais je l'aime beaucoup (j'aime aussi beaucoup celui de Toronto 1974), et si vous voulez entendre un autre The Lamb Lies Down On Broadway, c'est un bon choix. En plus, on a The Musical Box en rappel, alors...
CD 1
The Lamb Lies Down On Broadway
Fly On A Windshield
Broadway Melody Of 1974
Cuckoo Cocoon
In The Cage
The Grand Parade Of Lifeless Packaging
Rael's Story, Part 1
Back In N.Y.C.
Hairless Heart
Counting Out Time
The Carpet Crawlers
The Chamber Of 32 Doors
CD 2
Rael's Story, Part 2
Lilywhite Lilith
The Waiting Room
Anyway
Here Comes The Supernatural Anaesthetist
Interlude
The Lamia
Silent Sorrow In Empty Boats
The Colony Of Slippermen (Arrival/A Visit To The Doktor/Raven)
Ravine
The Light Dies Down On Broadway
Riding The Scree
In The Rapids
it
The Musical Box