Alors qu'AC/DC a publié, le mois dernier (début décembre), et donc l'année dernière (déjà ! oui, je chipote...), un nouvel album, Rock Or Bust, leur premier sans leur guitariste rythmique et co-auteur Malcolm Young (on sait tous ce qui lui arrive, démence précoce, c'est bien triste), il est temps de reparler du groupe australien quand ils étaient vraiment au plus haut. En 1978, le groupe a publié son album Powerage et est déjà placé très haut dans le coeur des hardos-de-tous-pays-unissez-vous. Leur tournée est démentielle, et sera immortalisée, plus tard dans la même année, par, passage obligé, alors, pour tout groupe de rock se respectant, un live. Là où d'autres groupes du même acabit (Kiss, Thin Lizzy, UFO, les plus anciens Deep Purple et Led Zeppelin) auraient ou ont sorti un double live pour commémorer l'évênement, AC/DC, eux, s'en tiennent à une seule galette, longue de quelques 52 minutes quand même. Sorti sous une pochette montrant Angus Young (guitare principale) sanguinolent, transpercé par sa guitare, avec un Bon Scott (chant) chantant derrière lui - et comme en train de lui enfoncer sa gratte dans le bide -, l'album s'appelle d'un titre poétique et charmant, qui sera réutilisé l'année suivante comme titre de chanson de l'album Highway To Hell (on replacera les points de suspension par des parenthèses) : If You Want Blood...You've Got It. L'album est important pour moi : ce fut mon premier AC/DC, mon tout-premier, offert en CD par un ami à qui on le lui avait offert et qui n'aimait pas trop lives, et n'était pas plus accro que ça à AC/DC et au hard-rock, préférant le rock pur et dur. Je ne ne connaissais alors AC/DC que de nom, et par le biais de deux chansons, Highway To Hell et Hells Bells, aucune des deux n'étant ici, évidemment, n'ayant pas encore étéécrites. Je savais aussi, à l'époque (je devais avoir 13 ans), que le groupe tournait toujours (l'année de mes 13 ans est l'année de Ballbreaker), qu'un de ses membres était habituellement fringué en écolier, qu'ils avaient eu un chanteur mort dans des circonstances rock'n'roll et que ce chanteur s'appelait Bon Scott, mais si vous m'aviez demandé le nom du guitariste, de l'autre guitariste (Malcolm), de leur bassiste (Cliff Williams) ou de leur batteur Phil j'engage un tueur à gages Rudd), ou bien le nom d'un de leurs albums, ou d'une de leurs chansons, j'aurais été incapable de vous satisfaire en ce sens. Vous vous seriez bien foutus de ma gueule.
Verso de pochette
Et puis, cet ami m'offre cet album, dont j'ignorais, au moment de le prendre (le CD, que j'ai toujours, je ne l'ai pas racheté en remastérisé) et de le remercier (l'ami), qu'il s'agissait d'un live. J'ouvre le boîtier, je déplie le mince livret, et je vois que c'est un live. OK. Ma première expérience AC/DCienne sera donc en public, il y à pire pour découvrir le groupe (il aurait très bien pu m'offrir Fly On The Wall ou Blow Up Your Video, cet ami). Le glisse le CD dans mon lecteur. 10 titres, 52 minutes, c'est plutôt correct. 'Play'. Clameurs de la foule, puis un riff qui déboule de nulle part, riff cyclique, paillard, brutal et incroyablement jouissif. Riff Raff. A l'époque, mon expérience du hard-rock se résumait à Queen (pas vraiment du hard-rock) et Scorpions, c'est tout. Quand, à 13 ans, on se prend ça dans la gueule, en version live qui plus est (autrement dit, en version plus musclée, viandarde, teigneuse que les pourtant déjà saignantes versions studio, que je découvrirai peu de temps après), on est sonné. La voix de Bon qui surgit, glapit les premières paroles de la chanson, See it on the television everyday, heard it on the radio... Je bande. Je ne débanderai que 52 minutes plus tard, Rocker (qui reste le morceau qui me branche le moins ici, et j'apprendrai bien plus tard que la version live durait généralement bien plus longtemps que ces 3 petites minutes) achevé. Tout le disque (captéà l'Apollo Theatre de Glasgow, Ecosse, le 30 avril 1978, l'album est sorti en fin d'année) est un programme de démolition des oreilles, 10 chansons, autant de classiques (mais pour moi, lors de la première écoute, ces 10 chansons furent 10 découvertes ; je n'en connaissais strictement aucune, j'ignorais donc qu'il s'agissait de leurs 'tubes'), parmi lesquels un Let There Be Rock anthologique, un Bad Boy Boogie sensationnel (au cours duquel Angus se livrait à un strip-tease), un The Jack paillard au possible (Bon Scott énumérant les différentes maladies vénériennes chopées en tringlant), un Hell Ain't A Bad Place To Be qui s'ouvre sur un riff d'une puissance folle (le tout, accompagné de ruades de batterie bien brutales) et reste à jamais mon morceau préféré sur le live (et son enchaînement après Riff Raff est démentiel), un Rock'n'Roll Damnation tétanisant, Whole Lotta Rosie avec la foule scandant Annnn-gus !! Annn-gus !!...
If You Want Blood...You've Got It est une tuerie absolue qui aurait pu, et c'est bien le seul reproche à lui faire, être plus long encore. 52 minutes (quasiment 53, OK), c'est putainement trop court, malgré que rien, ici, ne soit à jeter. Il faudra attendre, par la suite, 1992 (...) pour que le groupe refasse un live, qui pour le coup sera double (il sortira aussi en une version simple qui, s'il avait été publiée à l'époque du vinyle, aurait été double sous ce format), et s'appellera d'un très con AC/DC Live. Un live remarquable malgré un beau défaut, les fade-out entre quasiment chaque morceau (ce qui tue quelque peu le charme, ça ne fait pas vraiment live à 100%), l'album étant un mélange de titres issus de plusieurs concerts de la tournée, et pas un seul et unique concert comme ce live de 1978. Le groupe sortira aussi un live en 2010 ou 2011 (je ne sais plus), Live At River Plate, très réussi, et ça sera tout (pour les albums, car il y à, sinon, des DVD musicaux). Mais leur meilleur live reste indéniablement If You Want Blood...You've Got It, malgré qu'il soit le moins généreux des trois lives officiels du groupe. Et malgré que sa qualité sonore, bien que géniale, soit, années 70 oblige, la moins percutante, puissante, des trois albums lives. Mais malgré cela, ça reste leur plus grand live, et aussi un des plus grands lives du rock et du hard-rock (il m'a fallu une écoute, une seule, et bien évidemment ce fut la première, pour m'en rendre compte, et à l'époque, je n'avais pas encore écoutéMade In Japan, The Allman Brothers Band At Fillmore East, Live And Dangerous, Live/Dead et Live After Death), lesquels sont eux aussi puissants, et même plus puissants encore. Cette première confrontation avec AC/DC a changé ma vie, on peut le dire : peu de temps après, au fil des deux-trois ans suivants, non seulement je me suis rué sur les albums du groupe et ai découvert, progressivement, leur musique, mais j'ai aussi, par le biais de mes écoutes, découvert Deep Purple, Led Zeppelin, Kiss, Thin Lizzy, UFO, Iron Maiden... Je ne peux qu'envier n'importe qui qui, un jour où l'autre de sa vie, quel que soit son âge, passera par de telles expériences musicales.
FACE A
Riff Raff
Hell Ain't A Bad Place To Be
Bad Boy Boogie
The Jack
Problem Child
FACE B
Whole Lotta Rosie
Rock'n'Roll Damnation
High Voltage
Let There Be Rock
Rocker