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"Layla And Other Assorted Love Songs" - Derek & The Dominoes

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On peut utiliser le mot 'anthologique', là ? Oui, on peut. En fait, on doit. Car ce disque de 1970, double à sa sortie et désormais simple CD de quand même 77 minutes (un morceau de plus, et il restait double !), est véritablement anthologique. Le fait qu'il n'ait pas très bien marchéà sa sortie, à cause d'une pochette assez moche, d'une absence de crédits des musiciens dessus (en tout cas, au recto), et au fait qu'il soit double et, donc, vendu cher, est une injure à la face du rock. Layla And Other Assorted Love Songs (un titre d'album à coucher dehors au milieu de l'autoroute un soir de fêtes) est un régal, sinon, un double album anthologique (il ne me semblait pas l'avoir encore dit, non ?) offrant le meilleur du meilleur d'Eric Clapton, car c'est de lui qu'il s'agit. Enfin, en partie, car ce disque est signé Derek & The Dominoes, un supergroupe fondé par Clapton en 1970 une fois l'expérience d'un autre supergroupe (Blind Faith, un album unique et grandiose en 1969) achevée dans la douleur. Et une fois une autre expérience de supergroupe (le Plastic Ono Band de Lennon, au cours d'un festival live organisé pour la paix mondiale, à Toronto, en 1969) achevée. Clapton participe, en 1970, à l'enregistrement du triple album All Things Must Pass de George Harrison (qui sortira à peu près en même temps que Layla..., en fin 1970), et au cours des sessions, fait la connaissance de quelques musiciens très talentueux avec qui, une fois l'enregistrement fini, il s'envolera pour Miami afin d'enregistrer, sous la houlette du légendaire ingénieur du son et producteur Tom Dowd (Cream, Allman Brothers Band...), ce double album. Les musiciens sont Bobby Whitlock (claviers), Jim Gordon (batterie) et Carl Radle (basse). Clapton est à la guitare et chante. Mais ce n'est pas tout.

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Ce n'est pas tout, car Clapton a eu la brillante idée d'engager Duane Allman, guitariste des Allman Brothers Band, pour le seconder à la gratte. C'est d'ailleurs difficile de dire qui joue quoi sur l'album, l'ambiance de franche émulation entre les deux guitaristes, le bouillant sudiste et le flegmatique britannique, ayant entraîné un jeu de miroirs, c'est à celui qui imitera le mieux le style guitaristique de l'autre. Malgré qu'il fut, à l'époque, en pleine addiction à l'héroïne, Clapton assure du feu de Dieu sur Layla And Other Assorted Love Songs, disque tout sauf gai qui fut inspiréà Clapton par sa difficile relation amoureuse avec Patti Boyd, la femme de son pote George Harrison (qui finira par quitter l'ex-Beatles pour vivre avec Clapton, mais ça ne durera pas éternellement entre les deux amoureux). Clapton s'inspirera d'un conte persan, Layla et Majoun, pour cet album sur l'amour éternel et difficile. L'album aligne 14 titres, reprises ou originaux, tout fantastiques, tous interprétés par Clapton exception faite du dernier morceau, Thorn Tree In The Garden, complainte sur un chien décédé et enterré sous un arbre, chantée par Bobby Whitlock, achevant étrangement l'album. Le morceau le moins bluffant est probablement It's Too Late, qui ouvre la dernière face, mais ce titre peu original est tout de même sympa.

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Sinon, l'album aligne les perles : Bell Bottom Blues, Nobody Knows You When You're Down And Out, I Looked Away, Keep On Growing, Tell The Truth, Why Does Love Got To Be So Sad ?, Little Wing (reprise ahurissante d'Hendrix, qui n'aura pas le temps de l'entendre : enregistrée avant sa mort, elle sort après), Key To The Highway (une reprise aussi, morceau le plus long avec quasiment 10 minutes), Anyday, Have You Ever Loved A Woman et, et, et... Layla. Rien que les 7 minutes de ce morceau, l'avant-dernier de l'album, sont légendaires. Si la version acoustique présente sur le mythique Unplugged que Clapton a fait en 1992 (et comprenant aussi une version de toute beauté de Nobody Knows You When You're Down And Out) est éternelle, l'originale, dont le riff sert aujourd'hui de jingle des publicités pour la marque de voitures Opel, l'est tout autant. Avec ce riff tétanisant en intro, ce chant allumé de Clapton, cette ambiance de feu grégeois... et cette seconde partie instrumentale, constituée d'un solo de guitare remarquable et surtout d'un solo de piano (composé par le...batteur, Jim Gordon !) à tomber. Layyyyyyyla...you got me on my knees...Layla est une chanson monumentale, une des plus grandes chansons de l'histoire du rock, et assurément la meilleure de Clapton, qui considère lui-même l'album comme son sommet. 

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Un disque majeur dont l'insuccès commercial sera pris comme un affront personnel par un Clapton alors accro à l'héro (il mettra quelques années à revenir au niveau, il faudra attendre 1974 et son excellentissime 461 Ocean Boulevard pour ça), il faut dire que sa pochette n'aidera pas, ce tableau étant peu attrayant... Au dos, des guitares, godasses et dominos, avec les crédits (titres et musiciens), à noter que le nom du supergroupe vient de la mauvaise prononciation d'un annonceur de club qui, au lieu de prononcer le nom correctement, dira Derek & The Dominoes. Or, à la base, Clapton voulait appeler son groupe Eric & The Dynamos (le but de ce groupe était de jouer sous un faux nom pour créer la surprise). A l'intérieur de la pochette, des photos du groupe en répétition à Miami, au studios Criteria. Les dessous de bras de Jim Gordon sont désormais légendaires (de belles marques de transpiration tout sauf glamour). Aussi légendaires que cet album définitivement grandiose, un double album comptant parmi les meilleurs au monde, un disque produit à la perfection (quel son ! Les guitares de Clapton n'auront jamais aussi bien sonné, idem pour celles d'Allman, qui sortira transcendé par cette expérience) par un Tom Dowd en état de grâce. Un album essentiel.

FACE A
I Looked Away
Bell Bottom Blues
Keep On Growing
Nobody Knows You When You're Down And Out
FACE B
I Am Yours
Anyday
Key To The Highway
FACE C
Tell The Truth
Why Does Love Got To Be So Sad ?
Have You Ever Loved A Woman
FACE D
Little Wing
It's Too Late
Layla
Thorn Tree In The Garden


"Wind And Wuthering" - Genesis

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 Pendant longtemps, ce disque sera celui de Genesis queje considérais comme le meilleur. Maintenant, je pense que The Lamb Lies Down On Broadway est supérieur, mais Wind And Wuthering reste toujous mon album studio préféré du groupe, et un de leurs meilleurs albums, clairement. Sorti en 1977, il est le huitième album studio de Genesis et leur neuvième album tout court (en comptant le live de 1973), et son titre est inspiré par le fameux roman d'Emily BrontëLes Hauts De Hurle-Vent. De même que les titres des deux instrumentaux'Unquiet Slumbers For The Sleepers... et ...In That Quiet Earth' : ensemble, ces deux titres de morceaux forment tout simplement la dernière phrase du roman ! A l'époque, Genesis est encore pleinement un groupe de rock progressif. Peter Gabriel a quitté l'aventure en 1975 juste après la tournée The Lamb Lies Down On Broadway (1977, année de sortie de Wind And Wuthering, est par ailleurs l'année de sortie de son premier opus solo, avec Solsbury Hill et Here Comes The Flood), et le groupe, durant une partie de 1975, cherchera en vain un nouveau chanteur, tout en demandant sans cesse à Phil Collins, leur batteur, de prendre cette place ; le batteur refuse, ne voulant pas prendre autant de place dans le groupe, la batterie lui va bien. Mais devant le peu de résultats concluants de la recherche de chanteur, il se voit obligé d'accepter, et tout en restant batteur (sauf en concert, ou, durant les passages chantés, un batteur vient le remplacer : Bill Bruford en 1976, Chester Thompson dès 1977, et jusqu'à la fin du groupe, et y compris pour la carrière solo de Collins). A Trick Of The Tail, le premier album avec Collins au chant, sort en 1976, le succès est au rendez-vous, public et critique (on attendait le groupe au coin du bois, faut dire), l'album est une pure merveille...

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On attendra donc la suite à cet A Trick Of The Tail ensoleillé (la pochette, jaune-orangée), et en 1977, le groupe enregistre sa suite, en Hollande, ce Wind And Wuthering ('Vent et Hurle-Vent') à la pochette venteuse, hivernale, aussi froide que celle du précédent album était chaude et estivale. Une magnifique pochette, cet arbre dans la brume qui, au dos (vois ci-dessus), se révèlera être constitué d'oiseaux faisant les branches. Une pochette simple (elle ne s'ouvre pas en gatefold, contrairement à celle du précédent opus, et du suivant), avec, à l'intérieur, un livret dépliant proposant les paroles (et, pour l'édition imprimée en France, la traduction des paroles, aussi. Des traductions parfois trop littérales, on gagne en sens ce que l'on perd en charme et en originalité). L'album aligne 9 titres, dont trois instrumentaux, pour 50 minutes, soit la durée du précédent opus (qui contenait 8 titres, lui). Niveau personnel, rien ne change : Collins au chant et à la batterie, Anthony Banks aux claviers, Steve Hackett à la guitare, Mike Rutherford à la basse et un peu à la guitare. Notons cependant qu'une fois la tournée de l'album achevée (le visuel plus bas est une affiche de concerts d'époque), Hackett partira, et ne reviendra pas. Sur scène, on le remplacera par Darryl Stuermer (carrière solo de Phil Collins aussi, comme Chester Thompson), qui secondera un Rutherford devenu, en studio, bassiste et guitariste lead. Maintenant qu'on a parlé du contexte, de la pochette et des zicos, parlons un peu de la musique. L'album s'ouvre sur Eleventh Earl Of Mar ('Le onzième Comte de Mar'), une chanson racontée par Collins à la manière d'une histoire racontée par un papa à son enfant avant qu'il ne s'endorme. Les refrains sont d'ailleurs sans équivoque, Daddy, you promised ! Une belle chanson, d'environ 7 minutes, baignée de claviers omniprésents, il faut dire que ce disque est un peu celui de Banks, qui, il est vrai, en fait parfois un peu trop dans la démonstration, mais c'est du rock progressif, en même temps. Ne vous plaignez pas, dans le genre, Keith Emerson, dans Emerson, Lake & Palmer, en fait nettement plus dans le registre du je suis le meilleur aux claviers, tenez, la preuve. One For The Vine, 10 minutes tout rond, est une chanson magistrale (sans doute le sommet de l'album) qui parle du même sujet que The Knife, ancienne chansn du groupe (1970) : un seigneur envoie ses hommes à la guerre, beaucoup, ils le savent, y mourront. Mais si The Knife est violente, agressive, martiale, One For The Vine est mélancolique, triste, douce. Sublime.

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Autre douceur, de 6 minutes environ, Your Own Special Way, chanson généralement critiquée chez les fans du groupe (surtout chez les premiers fans), car elle marque la première incursion de Collins dans la ballade, avant Follow You Follow Me, Misunderstanding ou In Too Deep. Une chanson certes douce, sentimentale, mais ça ne l'empêche pas d'être magnifique. La face A se finissait sur l'instrumental Wot Gorilla ? qui tend à prouver que ce disque est clairement celui de Banks : ses claviers sont, ici, très imposants ! Ce n'est pas le meilleur morceau de l'album, c'est même le moins grandiose, mais il est pas mal. Son titre étrange ('Quel gorille ?') est une allusion à Frank Zappa et Chester Thompson. Thompson a aussi joué pour Zappa, et notamment, en 1975, il joue sur l'album One Size Fits All, sur lequel il est crédité, par un Zappa ayant toujours manié l'humour absurde, 'gorilla victim' ('victime du gorille'), allusion à la chanson Inca Roads, sur l'album. Genesis, qui engage Thompson dès 1976/77 pour les seconder en live, pose donc amicalement la question à Zappa via ce titre de morceau : 'mais quel gorille ?'... Voilà-voilà... La face B s'ouvrait sur All In A Mouse's Night, chanson amusante sur la vie d'une souris et d'un chat qui lui court après, à la Tom & Jerry, une chanson qui aurait très bien pu être signée Gabriel tant elle respire son style. Je ne suis pas plus fan que ça de cette chanson un peu longue, mais qui, sinon, est pas mal du tout. Blood On The Rooftops, qui suit, est en revanche une pure merveille, douce-amère, mon morceau préféré de l'album et le second sommet de l'album derrière One For The Vine. L'intro hackettienne en diable est inoubliable, les refrains sont superbes, Collins assure du feu de Dieu... Après, on a les deux instrumentaux cités tout en haut d'article, 'Unquiet Slumbers For The Sleepers... et ...In That Quiet Earth', qui se suivent sans pause (et forment, avec la chanson finale Afterglow, une trilogie). La première partie, très courte (dans les 2 minutes), est à l'image de la pochette, venteuse, brumeuse, hivernale, on en tremble presque. La seconde, plus longue, s'ouvre sur une ruade de batterie, et c'est le déchaînement, imparable, grandiose, on trouve d'ailleurs ce titre, ainsi qu'Afterglow et Your Own Special Way, sur la triple compilation du groupe sortie il y à une dizaine d'années. Puis Afterglow, douceur chantée qui achève idéalement l'album, une prise de congé remarquable, une 'dernière lueur' (traduction du titre, en gros) de toute beauté qui sera souvent jouée live, à toutes les tournées, quasiment.

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Hackett, Banks, Thompson, Rutherford, Collins : le groupe en 1977, formation des concerts

Wind And Wuthering (qui sera moyennement accueilli ; pas aussi bien accueilli que le précédent album, je veux dire, mais il ne sera pas non plus honni par la presse) est une merveille, donc, un des tous meilleurs albums de Genesis, et il faudra attendre Duke en 1980 pour que le groupe revienne à un aussi bon niveau (l'album de 1978, ...And Then There Were Three..., étant en effet médiocre). 9 morceaux dans l'ensemble remarquables, une excellente production, on a certes un peu trop de claviers de Banks par moments (c'est clairement son album), mais Wind And Wuthering reste une réussite. Titre d'album remarquable, pochette sublime, morceaux le plus souvent extraordinaires (Afterglow, One For The Vine, ...In That Quiet Earth', Blood On The Rooftops...), musiciens en forme, ce disque est vraiment à conseiller aux fans du groupe et de rock progressif de l'époque. La même année sortira le second live du groupe (et le premier officiellement reconnu par Genesis), le double Seconds Out, que je réaborderai ici bientôt, et qui concluera divinement bien la période vraiment progressive du groupe. Dès 1978, en effet, l'aspect pop de Genesis prendra vraiment le pas sur l'aspect progressif, au grand dam des premiers fans, au grand bonheur des nouveaux...

FACE A
Elevent Earl Of Mar
One For The Vine
Your Own Special Way
Wot Gorilla ?
FACE B
All In A Mouse's Night
Blood On The Rooftops
'Unquiet Slumbers For The Sleepers...
...In That Quiet Earth'
Afterglow

"Heart And Soul"- 22- 20's

"Frampton Comes Alive !" - Peter Frampton

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Faut-il encore présenter ce live ? Il a été un tel succès à sa sortie en 1976 que son auteur, Peter Frampton, sera reçu à la Maison-Blanche. Aaah, Peter Frampton... Guitariste et chanteur (acteur très occasionnel, aussi) britannique, blondinet bouclé, voix chevrotante et aiguë, ayant fait partie d'un des plus fameux groupe de hard rock britanniques de son époque, Humble Pie, avant de se lancer en solo en 1972, un an après avoir quitté le Pie après un double live quasiment anthologique (Performance - Rockin' The Fillmore). Le Pie devient dès lors la chose de l'autre guitariste et chanteur du groupe, Steve Marriott, dont la voix est elle aussi d'enfer (Jimmy Page pensait d'abord à Marriott avant d'engager Robert Plant, quand il a fondé Led Zeppelin). Frampton, au sein d'Humble Pie, a livré quelques chansons imparables comme Earth And Water Song (1970). En solo, dès Wind Of Change en 1972, il va signer de grandes choses, qui sont aujourd'hui peu connues, Frampton ayant, depuis les années 80, une réputation de merde qui, franchement, est scandaleuse : ce live, Frampton Comes Alive !, se vendra aussi bien que du pain dans une boulangerie, ce qui, déjà, peut suffire à agaçer ; il est très commercial FM, ce qui peut aussi agaçer ; Frampton fait usage intensif, parfois, de la talk-box (instrument branchéà un ampli de guitare, dans lequel on souffle pendant qu'on joue, et donnant l'impression que la guitare 'parle' ; la talk-box est devenue indissociable de Frampton) ; pire, deux ans plus tard, Frampton joue dans le film Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, avec aussi et surtout les Bee Gees, film atomiquement merdique qui provoquera quasiment la fin des Bee Gees et de Frampton. Et pour certains amoureux du rock, le pire sera atteint quand Frampton collaborera avec Johnny Hallyday, comme sur l'album Rock'n'Roll Attitude en 1985. Autant de bonnes (le film) et mauvaises (ce n'est pas parce que c'est commercial que c'est mauvais) raisons qui font qu'aujourd'hui, Frampton, c'est plus ça.

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Entre 1972 et 1976, Frampton va sortir quatre albums studio (Wind Of Change, Frampton's Camel, Somethin's Happening et Frampton) franchement bons, et tous bien représentés ici via ce double live de 1976, donc, enregistré en plusieurs endroits : Marin County Civic Center de San Rafael et Winterland Ballroom de San Francisco (en Californie tous deux) et Long Island Arena, à Commack et SUNY Plattsburgh, à Plattsburgh (état de New York tous deux). Long de 78 minutes dans sa version originale de 14 titres, l'album a été réédité en DeLuxe, en 2001, avec plusieurs bonus-tracks, et dure ainsi 95 minutes. Si cette version rallongée assure (Just The Time Of Year, Nowhere's Too Far For My Baby), rien que l'originale est à elle seule démentielle. Tenant le chant et la guitare (et la talk-box), Frampton est entouré de Bob Mayo (guitare rythmique, piano et divers claviers, choeurs), John Siomos (batterie) et Stanley Sheldon (basse, choeurs). L'album est produit par Peter Frampton, et possède un excellent son, bien rock et FM.

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Intérieur de pochette vinyle

L'album offre tous les classiques de Frampton en solo, rien n'est issu d'Humble Pie. Et ça démarre en fanfare avec Introduction/Somethin's Happening, morceau grandiose qui représente bien l'ensemble du live. Si vous ne connaissez pas encore Frampton Comes Alive ! et que vous aimez ce premier titre, vous aimerez tout le live. Doobie Wah, qui suit, est du même tonneau, et Show Me The Way, avec sa talk-box, est une chanson mythique (issue de Frampton), fait partie des chansons légendaires des années 70, impossible que vous ne la connaissiez pas, sauf si vous êtes trop jeune. It's A Plain Shame termine bien la face A, la B s'ouvre elle aussi très bien avec le délicat All I Want To Be (Is By Your Side), car ce live sait aussi se faire tendre. Il touche tout le monde, rockeurs et amateurs de douceurs (Baby, I Love Your Way, aussi de Frampton, aussi un gros, gros, gros tube). Wind Of Change et I Wanna Go To The Sun sandwichent d'ailleurs avec nervosité cette chanson calme et tubesque au possible.  La face C s'ouvre sur le court instrumental (1,23 minute !) Penny For Your Thoughts, qui s'enchaîne directement sur (I'll Give You) Money, très réussi, Shine On et une remarquable reprise du Jumpin' Jack Flash des Cailloux, issue du premier opus solo du bonhomme. La D ne contient que deux titres : les 7 minutes de Lines On My Face (situé bien plus haut dans le tracklisting dans la réédition DeLuxe 2001, d'ailleurs), morceau touchant et grandiose, et le quart d'heure (un tout petit peu moins, en fait : 14 minutes) rempli d'effets de talk-box de Do You Feel Like We Do, cheval de bataille absolu de Frampton en live, indéniablement LE morceau avec lequel il fallait achever l'affaire. C'est certes long, mais la vache ! Do you, do...feel like I do ?

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Pochette dépliée

On en redemande ? On le réécoute ! Ou on prend la réédition 2001, avec plusieurs titres supplémentaires vraiment bons. Mais comme je l'ai dit plus haut, dans l'ensemble, Frampton Comes Alive ! est déjà quintessentiel dans sa version de base, ces bonus-tracks ne sont là que pour en rajouter un peu, mais les fans avent déjà depuis des plombes que les 14 titres originaux se suffisent. Je terminerai ma chronique sur ce chef d'oeuvre en citant le film Wayne's World 2 (ce navet), dans lequel on parle rapidement de ce disque en ces termes (histoire d'insister lourdement sur la popularité de l'album en son temps et sur le fait qu'il soit ultra connu) : Oh, excuse moi, tu m'demandes si j'connais l'album Frampton Comes Alive ? Mais tout le monde a le disque Frampton Comes Alive. En banlieue on te le distribuait gratuitement. Tu trouves ça dans ta boite aux lettres avec un échantillon de lessive.

FACE A
Introduction/Somethin's Happening
Doobie Wah
Show Me The Way
It's A Plain Shame
FACE B
All I Want To Be (Is By Your Side)
Wind Of Change
Baby, I Love Your Way
I Wanna Go To The Sun
FACE C
Penny For Your Thoughts
(I'll Give You) Money
Shine On
Jumpin' Jack Flash
FACE D
Lines On My Face
Do You Feel Like We Do ?

"Thriller" - Michael Jackson

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Je vais être clair : ce disque a rythmé mon enfance et mon adolescence. Et pas que la mienne, je sais : c'est après tout l'album le plus vendu de tous les temps, plusieurs centaines de millions d'exemplaires, le compte est devenu assez difficile, voire impossible, à effectuer. On peut dire sans se tromper qu'à peu près tout le monde possède Thriller chez lui, que ce soit en vinyle, K7 ou CD, éditions d'époque ou rééditions collector. J'ai pour ma part le vinyle et une ancienne édition CD dont le livret dépliant commence à s'user franchement, mais je ne rachèterai le CD pour rien au monde (il faudrait vraiment que mon CD soit devenu rayé et inécoutable pour ça, et ce n'est heureusement pas le cas du tout). Ce fut d'ailleurs le premier CD que j'ai eu, je devais avoir dans les 9 ou 10 ans (en 1991/1992, donc). Pou revenir àThriller, disque sorti l'année de ma naissance, et à peu près à la période de ma naissance (je suis né en fin octobre 1982, l'album est sorti vers novembre, je crois), ces 42 minutes sont tout simplement anthologiques. C'est un disque hautement commercial, il suffit de voir le nombre de singles qui furent tirés de l'album, quasiment tout (seules Baby Be Mine et The Lady In My Life ne furent pas commercialisées en singles, je crois). L'album est sorti alors que Michael Jackson était déjà bien connu, mais pas encore une star absolue. Son précédent opus solo, Off The Wall en 1979, avait eu quelques succès (Rock With You, Don't Stop 'Til You Get Enough, She's Out Of My Life, la chanson-titre), mais rien de comparable avec ce que sera Thriller.

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Intérieur de pochette vinyle

Déjà apparemment obnubilé par l'envie de changer de couleur de peau (encore un ou deux ans, et il sera quasiment blanc, le Bambi), Michael a convoqué, avec l'aide de son pote le producteur Quincy Jones, des musiciens d'enfer, beaucoup ont déjà bossé sur Off The Wall, comme Greg Phillinganes ou certains membres du groupe de pop-rock Toto (tous les membres du groupe jouent sur Thriller, certaines titres comme Human Nature ont été composés par certains d'entre eux). Plus, on le sait, sur Beat It, Eddie Van Halen, de Van Halen, pour le solo de guitare (qui, à la base, devait arriver en final du morceau, mais Eddie convaincra Jackson et Quincy de le mettre au centre), le reste des parties de guitare étant signées Steve Lukather, guitariste de Toto. Un classique, ce Beat It, tout comme son clip (et les autres clips : Billie Jean, Thriller, surtout Thriller), mais des classiques, l'album, je l'ai dit, en a plein. Même sa pochette est culte, et pourtant, elle est sobre : Jackson, superbement et classement fringué de blanc, est allongé nonchalamment au sol (à l'intérieur de pochette, il y à un petit tigre sur sa jambe), nimbé de lumière. Belle écriture type néon pour le nom de l'album et de l'artiste. A l'intérieur, la sous-pochette blanche offre les paroles, avec deux illustrations plutôt moches, dessinées par Bambi, une représentant The Girl Is Mine (Jackson et Paul McCartney, qui co-interprète la chanson, se disputent une jeune femme qu'ils tirent chacun de leur côté, l'ensemble forte un coeur) et l'autre, Thriller (des monstres sortant d'une TV que Jackson et sa copine regardent). L'album s'ouvre sur un Wanna Be Startin' Somethin' anthologique qui sera samplé par Rhianna (Don't Stop The Music) et qui, de son côté, semble avoir outrancièrement pompé le Soul Makossa de Manu Dibango (Mama se mama sa mamakossa), ce qui ne l'empêche pas d'être un grand titre, vraiment. A noter l'allusion àBillie Jean dans les paroles, amusant ! Baby Be Mine, chanson très superficielle d'apparence, est une petite pépite certes gavée de claviers, mais vraiment charmante. The Girl Is Mine, en duo avec Macca (il y aura un autre duo, absent de tout album de Bambi, Say Say Say, moins glorieux), est une réussite, encore une fois, dont on ne se lasse pas malgré le grand nombre d'écoute. Deux hommes se disputent l'amour d'une femme. I'm a lover, not a fighter est devenu une phrase culte.

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Thriller, qui achève la face A, est une bombasse atomique qui donnera lieu, deux ans plus tard, à 15 minutes de vidéoclip anthologique signées John Landis, effets spéciaux du tonnerre, danse des zombies imparable (Jackson était un danseur hors pair, on le sait), rebondissements incessants (le final)... Du cinéma musical en 15 minutes. La chanson fait 9 minutes de moins, mais assure totalement, entre la porte qui grince de l'intro et le 'rap/slam' de Vincent Price dans son anthologique final (For no mere mortals can resist...the evil...of...the thriller... Aaaaaaah ahahahahahaha !!!! ah ah ah ahahaaaaaaha !!!), et la chanson, évidemment, qui serait anthologique même sans ces effets sonores qui la rendent encore plus culte. La face B s'ouvrait sur le cultissime Beat It et son ambiance baston de rue, puis Billie Jean (invention du moonwalk dans le clip), qui parle d'un procès en paternité qui fut fait à Jackson par une jeune femme qui affirmait qu'il était le père de son enfant. Il le clame, Billie Jean is not my lover, she's just a girl who says that I am the one, but the kid is not my son. Apparemment, à la surprise générale de l'équipe du studio, il aurait enregistré ses voix en une seule prise, ce fut la bonne. Quincy Jones aurait placé une piste d'ocarina quelque part, dans le mix, qui n'est pas évidente à entendre. Human Nature, chanson signée des gars de Toto (sans vouloir critiquer Toto, car j'aime bien ce groupe, ça se sent, ici), parle d'un robot et des sentiments humains. Sur scène, Jackson mimait un androïde, gestes saccadés. Une sublime chanson. Je suis en revanche un peu moins fan de P.Y.T. (Pretty Young Thing), sur laquelle Janet et LaToya, soeurs de Bambi, poussent des choeurs. La chanson me sort un peu par les yeux à force de l'écouter, c'est le point faible de Thriller selon moi, s'il y en à un. C'est quand même pas mal. Enfin, The Lady In My Life, merveille absolue, chanson la moins connue de l'album, une des plus belle, une de mes préférées.

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Sous-pochette

Dans l'ensemble, Thriller détonne totalement. A peu près à la même période, Prince sortira 1999, qui tentera (avec plus de moyens, quelque part : l'album était double) de concurrencer Thriller. Mais comment concurrencer pareil léviathan ? L'album sera LE disque de l'année 1983, tout le monde devait d'ailleurs en avoir un peu marre, courant de l'année, d'entendre sans arrêt les chansons de l'album à la radio, à la TV, chez les gens, dans les magasins... La rançon du succès. Si on excepte We Are The World en 1985 (avec Lionel Ritchie), Jackson ne fera quasiment plus rien jusqu'à 1987 et l'album Bad, et sera ensuite assez fainéant, niveau albums ; mais à chaque fois, malgré une belle baisse de niveau dès HIStory (double album à la fois best-of et album d'inédits, en 1995), ça sera un évênement, un album de Jackson. Malgré qu'Off The Wall, Bad et Dangerous (trop long, surproduit, mais de très grandes choses dessus) soient excellents et même mieux que ça encore, Thriller reste définitivement le sommet de cet artiste parti trop tôt, et qui a vraiment apporté beaucoup à la pop music de son époque. On peut critiquer le people (syndrôme de Peter Pan, soupçons de pédophilie, petite folie dans la tête, etc), mais l'artiste, du moins jusqu'à 1991, reste intouchable.

FACE A
Wanna Be Startin' Somethin'
Baby Be Mine
The Girl Is Mine
Thriller
FACE B
Beat It
Billie Jean
Human Nature
P.Y.T. (Pretty Young Thing)
The Lady In My Life


Mickael jackson Thriller video clip
envoyé par meeee37. - Regardez d'autres vidéos de musique.

"After Bathing At Baxter's" - Jefferson Airplane

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Un des disques majeurs d'une année majeure : 1967. 1967, quand même : Are You Experienced ?, Axis : Bold As LoveThe Doors, Strange Days, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, Magical Mystery Tour, Their Satanic Majesties' Request, Forever Changes, Mr. Fantasy, Disraeli Gears, The Velvet Underground & Nico, John Wesley Harding, Goodbye And Hello, The Piper At The Gates Of Dawn, Absolutely Free, Buffalo Springfield Again, et tant pis si j'en oublie... Il y en à un que pas mal de monde a oublié, comme le groupe l'ayant enregistré, et c'est dommage, et c'est After Bathing At Baxter's du Jefferson Airplane. Groupe de rock psychédélique de la West Coast américaine, aux côtés de Quicksilver Messenger Service, The Doors et Love, l'Airplane était un des groupes majeurs de son époque, grâce à plusieurs facteurs : une chanteuse charismatique (et un peu fêlée), Grace Slick ; des musiciens également assez représentatifs de leur époque (le guitariste Jorma Kaukonen, le bassiste Jack Casady) ; des chansons immortelles chez les hippies (White Rabbit, Somebody To Love, toutes deux issues de l'album Surrealistic Pillow de 1966 - mais sorti en 1967). Le groupe participera à Woodstock en 1969, au moment de la sortie de leur album le plus politisé, Volunteers (Eskimo Blue Day, Volunteers, une excellente reprise du Wooden Ships de Crosby, Stills & Nash). En 1967, peu après la sortie de Surrealistic Pillow, l'Airplane retourne en studio pour accoucher de sa suite, et de leur troisième album. Lequel est produit par Al Schmitt, et offre déjà quelques tensions au sein du groupe : Marty Balin (guitare rythmique, chant) voit ses compositions recalées (Things Are Better In The East), lui qui était derrière pas moins de 5 des 11 titres du précédent opus. C'est Paul Kantner, l'autre guitariste rythmique et chanteur occasionnel, qui a la part du lion des compositions.

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Intérieur de pochette

Dans l'ensemble, sous sa sublime pochette signée Ron Cobb, After Bathing At Baxter's offre 11 titres (pour 43 minutes, durée généreuse pour 1967), mais l'album a une particularité : il est surtout constitué de cinq suites de morceaux, toutes ont un nom, et contiennent deux titres sauf la première qui en a trois : Streetmasse, The War Is Over, Hymn To An Older Generation, How Suite Is Itet Schizoforest Love Suite. Rien que les titres de ces groupements de morceaux en disent long sur les consommations des membres du groupe : LSD, LSD et autres LSD ; les buvards, chez l'Airplane, ne servaient pas à effacer les taches d'encre ! Les titres des morceaux sont pas mal aussi : Wild Tyme (H), Spare Chaynge... L'album respire bon la folie, on sent une ambiance bien cintrée, propre à son époque débridée. Il n'y avait qu'à l'époque qu'on pouvait faire des singles aussi étranges que The Ballad Of You & Me & Pooneil, morceau ouvrant d'ailleurs l'album et suivi par le court (moins de 2 minutes, ce titre a été rajoutéà l'extrême minute au moment du mixage) instrumental A Small Package Of Value Will Come To You, Shortly, aussi cinglé que son titre à rallonge le laisse supposer. Young Girl Sunday Blues est plus traditionnel en guise de clôture de la première suite. Martha, chanté par Kantner essentiellement (avec qui Grace Slick aura une fille), ouvre la seconde suite, et est une bien belle chanson assez calme, douce ; à noter les vocalises étranges de Slick, tout de même (quand on sait que cette chanteuse se fera révéler après être montée sur scène seins-nus en suçotant une Chupa-Chups d'un air langoureux...). Wild Tyme (H) achève la seconde suite sur des airs bien débridés, sans doute trop (vocalement parlant). Je suis plus fan de la suite suivante, The Last Wall Of The Castle (de Kantner) et reJoyce (de Slick, chanson inspirée par le long roman Ulysse de James Joyce) étant deux grandes chansons méconnues. La face A de l'album, 7 titres sur 11, s'achevait sur ce titre étrange, ce reJoyce lugubre et weird, mais vraiment superbe.

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Pochette extérieure dépliée

La B commençait avec le très bon Watch Her Ride, mais c'est Spare Chaynge, instrumental, qui est la grosse viandasse de cette seconde partie : le morceau, une improvisation quasi-totale, dure en effet la bagatelle de 9,10 minutes ! Et si ce morceau est terriblement long, ça passe quand même très très bien à l'écoute. La dernière suite contient le très doorsien et rock Two Heads (de Slick) et le final, Won't You Try/Saturday Afternoon, que le groupe jouera à Woodstock (la version studio est fantastique ; hélas, la version live de Woodstock, présente sur Woodstock Two et sur le coffret Woodstock 40, est un peu mollassonne, comme l'ensemble de leur prestation, Volunteers et Eskimo Blue Day exceptés). L'album se finit agréablement sur cette chanson bien dans la norme hippie, ambiance n'oubliez pas que le mec à votre gauche est votre frère, don't get hung up about Easter, ce genre de trucs. Dans l'ensemble, bien qu'ayant un petit peu vieilli par moments, After Bathing At Baxter's reste un excellentissime album, et probablement le meilleur du groupe, même si Volunteers vaut vraiment le coup, et Surrealistic Pillow aussi.

FACE A
Streetmasse
The Ballad Of You & Me & Pooneil
A Small Package Of Value Will Come To You, Shortly
Young Girl Sunday Blues
The War Is Over
Martha
Wild Tyme (H)
Hymn To An Older Generation
The Last Wall Of The Castle
reJoyce
FACE B
How Suite Is It
Watch Her Ride
Spare Chaynge
Schizoforest Love Suite
Two Heads
Won't You Try/Saturday Afternoon

"The Notorious Byrd Brothers" - The Byrds

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Rien ne va plus chez les Oyseaux. Gene Clark est parti, grosso merdo viré par Roger McGuinn. David Crosby, lui, est quasiment sur le point de se faire virer. Et va partir, lui aussi. Il sera viré pendant les sessions de cet album, qui verra aussi partir le batteur Michael Clarke. Si Clarke partira de lui-même (apparemment énervé par les tensions), Crosby, lui, sera vraiment lourdé, ses chansons seront pour certaines refusées (la superbe Triad, qui parle d'un triangle amoureux, n'aura pas l'audace de plaire à McGuinn), d'autres utilisées pour l'album quand même. Mais sans que Crosby ne joue ou chante dessus. L'album ? C'est The Notorious Byrd Brothers, le cinquième opus studio des Byrds, ce groupe de folk-rock américain sous énorme influence Bob Dylan (au moins une reprise de Dylan par album, et le plus souvent, beaucoup plus qu'une). L'album, court comme tous les autres Byrds (28 minutes, 11 titres), date de 1968. A sa sortie, il fera parler de lui pour sa pochette hilarante qui ne fera cependant pas hurler Crosby de rire : on y voit les trois Byrds restants (Clarke était encore là pendant l'enregistrement et la pochette, il partira après), à savoir McGuinn, Clarke et le bassiste Chris Hillman, devant des fenêtres ouvertes, la quatrième fenêtre est occupée par un cheval, que Crosby (qui ne tardera pas à rejoindre Stephen Stills et Graham Nash) n'hésitera pas longtemps avant de deviner qu'il est censé le représenter. Comment, lui, Crosby, en canasson ? You cocksuckers asslickers sonofabitches... Et en plus, ces enculés utilisent ses chansons (Draft Morning, Tribal Gathering, Dolphin's Smile)...

the-byrds

Crosby (avec la chapka) ne tardera pas à partir

Considéré comme un grand cru des Byrds, The Notorious Byrd Brothers, en effet, en est un. Malgré une durée vraiment rikiki, l'album est une réussite de tous les instants, qui change, qui plus est, pas mal des précédents albums, très folkeux, du groupe. Une ou deux chansons font country (Old John Robertson), genre que les Byrds aborderont dès leur album suivant, Sweetheart Of The Rodeo (avec Gram Parsons), aussi de 1968. Mais on a aussi du psychédélique, du rock pur... Artificial Energy, qui ouvre le bal, détonne totalement avec ce que les Byrds avaient jusque là l'habitude de faire : cuivres en pagaille, chant étrange de McGuinn (qui estime lui-même avoir foiré ses voix sur la chanson). La dernière ligne de texte de la chanson restera longuement en mémoire : I'm in jail 'cause I killed the queen... La suite offrira aussi de grandes chansons, tel ce Draft Morning qui semble bien critiquer la guerre, Wasn't Born To Follow qui sera utilisé dans une remarquable scène d'Easy Rider, Tribal Gathering, Space Odyssey, Change Is Now, Natural Harmony (dont le titre semble ricocher sur celui d'Artificial Energy), Goin' Back... Bien que trop court, The Notorious Byrd Brothers s'impose vraiment comme une totale réussite de rock tendance psychédélique et folk, on peut juste regretter que Crosby ne soit plus de la partie, car il aurait apporté, sans aucun doute, plein de belles choses à l'album aussi (les trois chansons que j'ai citées plus haut et qu'il a écrites ou composées en partie sont parmi les meilleures de l'album). Présent en bonus-track CD, Triad est une preuve éclatante de ce que j'avance...

NOTORIOSBAC

Verso de pochette

Enfin bref, c'est comme ça, et dans l'ensemble, ceux qui estiment que ceci est le meilleur album des Byrds ont raison, même si j'aime encore plus Dr. Byrds & Mr. Hyde de 1969 (paradoxe, cependant : sur le disque de 1969, seul McGuinn reste du groupe original, ce qui ne fait plus très Byrds, quelque part). Mais avec sa série de chansons certes peu connues, mais ô combien attachantes (Dolphin's Smile, Wasn't Born To Follow et sa fameuse guitare carillonnante, emblématique des Byrds), The Notorious Byrd Brothers, sous sa pochette sarcastique, est un des meilleurs albums de 1968. Superbe, tout simplement. 28 minutes (quasiment 29 en fait) indépassables dans le genre.

FACE A
Artificial Energy
Goin' Back
Natural Harmony
Draft Morning
Wasn't Born To Follow
Get To You
FACE B
Change Is Now
Old John Robertson
Tribal Gathering
Dolphin's Smile
Space Odyssey

"At San Quentin" - Johnny Cash

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 La country, c'est lassant, à la longue. Boum-tchik-boum-tchik-boum-tchik-boum... Mais ça a donné de grandes chansons, et de grands albums : les deux premiers (et uniques) albums solo de Gram Parsons (GP et Grievous Angel), Stardust et Shotgun Willie de Willie Nelson... et deux lives remarquables de Johnny Cash, sortis en 1968 et 1969, deux lives carcéraux, car enregistrés au cours de shows que Cash avait donnés dans des prisons californiennes : At Folsom Prison pour le premier live, et At San Quentin, le plus fameux des deux (mais de peu) pour le second. Ce live, quoi. Il date de 1969, donc, contenait 10 titres à l'époque en vinyle, et les rééditions CD en contiennent beaucoup plus (8 bonus-tracks au minimum pour une édition remastérisée en un seul CD, et une édition collector 2 CD contenant tout le show, y compris ce qui n'était pas chanté par Cash ; mais par sa femme June Carter, ou par Carl Perkins qui participe au live...). 36 minutes environ en vinyle, et la version CD que je possède, celle qui fait 18 titres en tout, dure quasiment une heure. Une heure de bonheur, malgré une ou deux chansons moyennes et trop religieuses (situées en fin de programme ; comme He Turned The Water Into Wine ou The Old Account Was Settled Long Ago) qui me font vraiment préférer la version originale. N'empêche que dans les bonus-tracks, on a des pépites : Ring Of Fire (une de ces chansons religieuses dont je viens de parler, d'accord, mais celle-ci est bonne), Big River, I Still Miss Someone...

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Mais les meilleures chansons sont les 10 de l'album original, un album ayant la particularité d'avoir des bip ! de censure de temps en temps, contrairement au CD, qui ne les possède heureusement plus. La raison ? On était encore assez bien-pensant et cul-serré en 1969, malgré Woodstock et son Fish Cheer de Country Joe McDonald, et Johnny Cash, alias l'Homme en Noir, ne mâchait pas ses mots, et disait ce qu'il avait envie de dire. Ce live a été filmé pour la TV britannique, la chaîne Granada. Au début d'un des morceaux, on entend Cash dire, d'une voix assez énervée mais essayant de rester courtoise, On m'a dit, c'est pour la TV, alors tu te positionnes là, et là, et là, et tu chantes ça, et ça, et ça... Putain, les mecs, ça me fout les boules ! Moi, je suis là pour chanter ce que VOUS, vous voulez que je chante ! Applaudissements très nourris, cris de joie, des taulards qui oublient un peu leur morne quotidien (dans la salle, le réfectoire de la taule, il y avait des courtes peines, des perpète, des tueurs, violeurs, drogués, sans doute des condamnés à mort, aussi, qui sait). Une photo de Cash sera légendaire (ci-dessous), le montrant faire un gros doigt d'honneur à la caméra, qui se trouvait dans son périmètre et l'empêchait de voir son public et de bien se déplacer sur scène. Ambiance. Entre ça et les matons armés dans les miradors, et l'assemblée de prisonniers, pensionnaires de la plus dure prison américaine (californienne, en tout cas)... A noter que dans le clip plus bas, un extrait du show d'époque, on voit Cash, avant de chanter San Quentin pour la seconde fois (car il la chante deux fois, cette chanson, mais j'y reviendrai), boire un coup dans une tasse d'apparence dégueulasse, une timbale de prison. Il fait style de choper un truc dedans, le jette au sol, le piétine (sous-entendu, cette prison est dégueulasse), sous les applaudissements jubilatoires de la foule qui sent que le mec est avec eux.

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Dégage ta putain de caméra de là où t'auras un examen proctologique gratuit !

L'album, en vinyle, s'ouvrait sur une chanson située, sinon, bien plus loin dans le programme original, une reprise du Wanted Man de Bob Dylan. Cash a choisi pas mal de chansons de circonstances : trois d'entre elles, sur le vinyle, parlent de taule, on peut aussi rajouter I Don't Know Where I'M Bound, un des bonus-tracks. Wanted Man est une excellente chanson qui ouvre super bien le bal, la suite n'est pas en reste, on comprend aisément, à l'écoute d'At San Quentin, que ce live, sous sa sublime pochette bleutée (Cash en contre-jour, pris sous un spot - au dos, plusieurs photos du show), sera un des best-sellers les plus imposants de 1969 et la plus grosse vente d'albums de Johnny Cash, et sans doute même de la country en général. Wreck Of The Old 97 est une très bonne chanson, mais c'est la suivante qui met tout le monde d'accord : I Walk The Line. Chanson tellement anthologique, chez l'Homme en Noir, que le film biographique qui lui a été consacré, avec Joaquin Phoenix (excellent film), porte ce titre (sans le 'I'). L'accueil du public carcéral (les taulards, en tout cas, car les matons, à mon avis, passaient plus leur temps, durant le show, à surveiller tout ce gentil monde qu'à savourer les chansons) confine au délire. On annoncerait une amnistie qu'ils seraient à peine plus heureux encore. On passe àDarlin' Companion, chantée en duo avec June, sa femme, une chanson qui me branche moins, mais qui est très bonne. Enfin, la face A se finissait sur Starkville City Jail, chanson assez courte, mais c'est assez long sur le disque, étant donné que Cash, assez bavard sur cecoup, parle et parle pas mal avant de l'entonner ; en tout, 6 minutes et des poussières, chanson comprise ! Une excellente chanson de circonstance.

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Verso de pochette

La face B est encore plus réussie, et s'ouvre sur une chanson composée la veille par Cash, en l'honneur de ce futur concert : San Quentin. Chanson tétanisante, chantée d'une voix blanche de colère, sur cette terrible prison. Paroles dévastatrices qui ont du faire grincer des dents les matons et le personnel administratif de la zonzon, et qui font littéralement jubiler les taulards qui adorent entendre la prison en prendre pour son grade. San Quentin, I hate every inch of you... La chanson est interprétée ici pour la première fois, Cash ne sait pas quel sera son accueil, on le sent fébrile... L'accueil est tellement dithyrambique qu'on lui demande de la rechanter, et Cash ne se fait pas prier, Here's again, San Quentin, just for you. On a donc deux fois la même chanson à la suite sur le live. Rajout de paroles : San Quentin, may you burn and rot in Hell... Hurlements de joie et d'hystérie. Après cette double alve anthologique, A Boy Named Sue, chanson hilarante sur un jeune homme que ses parents, on ne sait pourquoi, ont affublé d'un prénom féminin, surgit, à la liesse générale, les taulards sont apparemment très heureux d'entendre cette chanson. Puis (There'll Be) Peace In The Valley, unique chanson religieuse à se trouver sur l'album original, une chanson avec moult choeurs de la Cash Carter Family. Pas mal, un peu sirupeux. Aucune comparaison possible avec le morceau final, Folsom Prison Blues, anthologique (I shot down a man in Reno, just to watch him die), que le public ordonne quasiment à Cash de chanter, mais rassurez-vous, les tueurs, il l'aurait chantée même sans injonction de votre part, rangez les brosses à dent aiguisées... A noter que sur la réédition CD 18-titres, ce morceau est crédité comme étant un bonus-track CD, ce qui est faux : il se trouve bel et bien sur le vinyle.

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At San Quentin est un live grandiose, anthologique, une collection de chansons indémodables interprétées par un Johnny Cash au cordeau. Les musiciens qui l'accompagnent sont excellents, l'ambiance est prenante (tendue par moments, réjouie dans d'autres ; quand Cash chante ses chansons carcérales, et surtout San Quentin, c'est limite si le public n'est pas au bord de l'émeute, pas contre le chanteur, mais contre la prison ; à côté, A Boy Named Sue les montre hilares et détendus), le son est excellent, le choix des titres est parfait (les bonus-tracks sont bons, mais pas autant que les 10 titres de base ; on voit bien que les meilleurs morceaux ont été sélectionnés pour l'album original). A l'arrivée, un disque majeur, un best-seller mondial qui sera une des plus grosses ventes de 1969, avec Tommy des Who, l'éponyme de Blind Faith, Abbey Road des Beatles et les deux premiers Led Zeppelin. Oui, clairement, anthologique. A noter, en final, que le précédent live zonzonier de Cash, At Folsom Prison de 1968, est lui aussi recommandé, très recommandé, même. L'ambiance y est même encore plus tendue parfois, et on a moins de chansons religieuses. Mine de rien, je lui préfère le plus court (en vinyle) At San Quentin.

FACE A
Wanted Man
Wreck Of The Old 97
I Walk The Line
Darlin' Companion
Starkville City Jail
FACE B
San Quentin
San Quentin (Reprise)
A Boy Named Sue
(There'll Be) Peace In The Valley
Folsom Prison Blues


"Tommy" - The Who

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 Il lui faudra attendre l'adaptation cinématographique de Ken Russell (grand film, bien que chargé visuellement parlant) pour commencer à piger quelque chose à l'histoire. Sacré John Entwisle, va ! Le bassiste des Who avait en effet le plus grand mal à assimiler cette histoire abracadabrantesque (il est vrai) imaginée par son collègue guitariste Pete Townshend, ce Tommy pharaonique, généralement cité comme étant le premier opéra-rock de l'histoire. C'est un peu vite oublier S.F. Sorrow des Pretty Things, datant de 1968, soit un an avant Tommy, mais l'Histoire retiendra l'album des Who, qui est, en plus, double (plus en CD : il dure 75 minutes). L'album était vendu avec un beau livret des paroles (et illustrations), comme à l'opéra, et la pochette vinyle était ouvrante et à triple volet (à l'intérieur, des chandeliers au mur, une main vers eux, et, sur un volet, des sortes de vitraux d'église avec, aussi, une main ; à l'extérieur, une grille circulaire avec des nuages et oiseaux dessinés dessus, et, en petit, dans le côté'dos de pochette', un gant clouté qui crêve le décor ; une réédition ultérieure de l'album proposera des photos des membres du groupe dans la grille, mais ils sont absents de l'édition originale), l'album était proposé, comme certains autres doubles albums (Electric Ladyland, Frampton Comes Alive !, Songs In The Key Of Life... la triple compilation Woodstock de 1970 aussi) avec la face D au dos de la face A et la face C au dos de la face B, autrement dit, en disposition idéale pour une platine vinyle avec changement automatique de disques, mais peu pratique quand on possède une platine sans ce dispositif.

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Pochette extérieure dépliée

Tommy est un disque dont l'idée germera comme une grippe dans la tête à Gris Pif 1er (Pete Townshend, je veux dire) une fois les albums A Quick One et Sell Out achevés. Déjà, on sentait les prémisses àTommy dans ces disques parfois progressifs (une longue pièce musicale assez conceptuelle, des morceaux imbriqués les uns dans les autres...), mais on sentait aussi que Townshend pouvait faire plus fort encore. Avec ce disque censé paraître, à la base, vers Noël 1968, mais qui sortira au milieu 1969, Townshend a fait fort. L'action se passe apparemment à la fin des années 10. Le Capitaine Walker, de la Royal Air Force (RAF), est papa, depuis peu, d'un fils (A son ! A son ! A son !), qui s'appelle Tommy, mais, hélas, il ne le connaîtra pas, il est porté disparu en mission. Mme Walker prend un amant. Mais Walker est vivant, il revient, en 1921, et c'est pour découvrir sa femme avec un homme. Le couple adultérin tue le mari revenu, sous les yeux de Tommy, très jeune, qui, sous le choc et les injonctions du couple (You didn't hear, you didn't see, you won't say nothing, never in your life...), devient sourd, aveugle et muet, piégé dans son corps. Rien n'y fait, ni un charlatan (The Hawker (Eyesight To The Blind), chanson remarquable et une reprise), ni une prostituée droguée (The Acid Queen) n'y feront quelque chose. Tommy est harcelé par son cruel Cousin Kevin qui l'enferme dehors en pleine froidure, lui met des clous sur sa chaise... Noël (Christmas) ne signifie rien pour lui (And Tommy doesn't know what day it is)... Son oncle Ernie, bien pédophile sur les bords, le tripatouille à outrance (Fiddle About)... Mais, consolation, il devient, on ne sait comment (il a grandi, depuis), champion de flipper (Pinball Wizard). Un médecin parvient à soigner Tommy, en faisant briser un miroir pendant qu'il se tenait devant, et Tommy, soudain, est guéri, il voit, entend, parle. Il revit. Il monte une sorte de secte d'adorateurs de sa petite personne et du flipper, crée un grand camp de vacances à son nom...

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Pochette intérieure dépliée

On le sent, Pete Townshend devait abuser de LSD et d'herbes rendant con, en 1968. Niveau concept, Tommy est un disque totalement loufoque et invraisemblable, Ken Russell en chiera des comtoises à l'adapter au cinéma, l'histoire sera un tantinet différente (et passera un peu mieux la rampe avec l'image). On qualifiera le disque, parfois, de malsain (allusions à la pédophilie dans Fiddle About, violences faites aux enfants dans 1921 et Cousin Kevin, Christmas aussi, à la rigueur, car c'est cruel, de voir un enfant souffrir autant, dans sa bulle, à Noël, et la scène où Tommy est envoyé chez une pute camée (The Acid Queen) pour qu'elle lui ouvre l'esprit et fasse de lui un homme, alors qu'il est encore mineur, c'est douteux aussi), souvent de trop délirant. Musicalement, c'est chargé aussi, cuivres, claviers, choeurs, arrangements, c'est du bon gros gâteau d'anniversaire avec plusieurs couches, crême, chocolat, fruits confits, génoise, coulis, meringue, chantilly, stop ou encore ? Après, il y à de grands moments indéniables sur ce kouign-amann : We're Not Gonna Take It !, qui achève l'album, est indémodable, notamment avec ce passage final immortaliséà Woodstock, See me, feel me, touch me, heal me et Listening to you..., ou bien encore Pinball Wizard (Sure plays a mean pinball !!), Christmas, Amazing Journey/Sparks, Sally Simpson, Welcome, The Acid Queen, Cousin Kevin et ces deux instrumentaux géants, Overture (5 minutes et des poussières en intro d'album, avec un peu de chant, en parlé, quand même) et Underture (10 minutes ; morceau le plus long ; en final du premier vinyle). Après, il est vrai qu'on a plein de petits morceaux qui ne servent qu'à faire avancer une intrigue tarabiscotée, et qui, musicalement parlant, ne valent pas tripette : Do You Think It's Alright ?There's A Doctor, It's A Boy !, Smash The Mirror !, Miracle Cure (énorme : ce morceau dure 12 secondes à capella, en barbershop choir !), Tommy's Holiday Camp. On peut aussi se demander si I'm Free sert à quelque chose, vu que Sensation parle de la même chose... A noter que John Entwisle chante Cousin Kevin, que le batteur Keith Moon chante sur Fiddle About et Tommy's Holiday Camp, et que Pete Townshend chante sur Overture, The Acid Queen, There's A Doctor, Miracle Cure et 1921.

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Que dire, donc, en final, sur Tommy ? Certes, ce disque est chargé, pompeux, il ne vieillit pas toujours très bien, les traits sont gros, l'histoire est invraisemblable... Par la suite, les Who feront un autre opéra-rock, qui marchera moins fort mais est meilleur, Quadrophenia (1973, double aussi, et toujours en CD, celui-là, mais de peu), et dont l'histoire sera plus soutenue. Mais il y à aussi du bon, voire du très bon sur ce disque culte (ce mot concerne parfaitement Tommy), totalement associé aux Who depuis sa sortie en 1969. Il paraît même que certaines personnes pensaient que Tommy était le nom du groupe ! A l'arrivée, un disque pas parfait mais cependant essentiel, ce qui peut sembler paradoxal, mais c'est aussi le cas de The Wall de Pink Floyd ou du Double Blanc des Beatles. Un fan de rock se doit d'avoir Tommy chez lui, c'est aussi simple que ça. Après, à ne pas écouter trop souvent, car gaffe à l'indigestion...

FACE A
Overture
It's A Boy !
1921
Amazing Journey
Sparks
The Hawker (Eyesight To The Blind)
FACE B
Christmas
Cousin Kevin
The Acid Queen
Underture
FACE C
Do You Think It's Alright ?
Fidde About
Pinball Wizard
There's A Doctor
Got To The Mirror !
Tommy Can You Hear Me ?
Smash The Mirror !
Sensation
FACE D
Miracle Cure
Sally Simpson
I'm Free
Welcome
Tommy's Holiday Camp
We're Not Gonna Take It !

"Roxy Music" - Roxy Music

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L'idée de Bryan Ferry était simple : fonder un groupe de rock et devenir hype. Pour ce fils de mineur gallois n'ayant pas connu la prospérité dans son enfance et adolescence, gagner sa vie avec sa passion semblait quelque chose de foutrement important. En plus de vouer une bonne grosse passion au rock (on le sent fan d'Elvis Presley, notamment), Ferry adore le cinéma, il décide donc d'appeler son futur groupe, quand il existera, Roxy, en hommage à ce nom qui, souvent, est utilisé pour appeler les salles de cinéma. Bryan recrute à tout va, il fait la connaissance de Brian Eno, qui tiendra des claviers (Ferry aussi) et les bidouillages électroniques ; d'Andy Mackay, saxophoniste qui impose aussi son instrument fétiche, peu usité, le hautbois ; de Paul Thompson, batteur ; de Graham Simpson, bassiste (qui, cependant, ne durera pas longtemps : dès le deuxième album, il ne sera plus là) ; et de Phil Manzanera, guitariste, qui ne sera pourtant pas le premier choix de Ferry, mais le premier guitariste choisi (David O'List) n'ayant pas convaincu, il reviendra rapidement vers Manzanera. Roxy est né. Ne manque plus qu'un manager, un producteur, une maison de disques, et le tour est joué. En attendant ça, le groupe répête, compose ses chansons (Ferry compose tout sur le premier album ; par la suite, ça sera plus démocratique)... et change de nom. Roxy était déjà, en effet, le nom d'un groupe de rock, groupe certes peu connu, et sans doute plus actif, mais ce groupe a existé, donc il faut changer. Ferry, agacé, rajoute un Music à la suite, ne voulant pas abandonner son idée de faire un groupe de rock en allusion au cinéma. Roxy Music est né.

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Pour le producteur, ça se fait assez facilement, tout compte fait : ayant, en 1970, vainement postulé auprès d'E.G. Records (maison de disques, hébergée par Islands, qui signait King Crimson) pour remplacer Greg Lake au sein de King Crimson (Robert Fripp refuse, mais ne lui ferme pas la porte au nez non plus, il le dirigera vers son agent, David Enthoven, d'E.G. Records), Ferry trouve en la personne de Pete Sinfield, ancien parolier de Crimso parti de son propre chef en 1971 un producteur idéal. Le groupe signe chez E.G., donc. L'album est assez rapidement enregistré, le groupe ayant auparavant bien rôdé ses titres. Il y aura 9 titres sur l'album, pour environ 42 minutes. Aux USA, un dixième titre est rajouté (sur les rééditions CD, aussi), Virginia Plain, morceau de 3 minutes situé dans ce cas entre les troisième et quatrième titres, et qui, sinon, sortira en single et marchera très fort. Sans titre (Roxy Music), l'album sort sous une pochette glamour, la première et pas la dernière pour le groupe, représentant une charmante jeune femme du nom de Kari-Ann Moller (il semblerait que c'était une ex à Keith Richards ou à un autre Stones), en tenue froufroutante et minimaliste, outrancièrement maquillée, sur un lit. Rien que la pochette donne le ton, on sent que ce groupe ne sera pas comme les autres. A l'intérieur de la pochette ouvrante, six photos individuelles des membres, avec des coupes de cheveux ou tenues parfois très décalées (les lunettes yeux de mouche de Manzanera, le look d'Eno...), Graham Simpson et Andy Mackay sont ceux qui s'en sortent le mieux. Simpson fait même un peu celui qui n'a rien à foutre là et qui ne le sait que trop bien (sa basse est pourtant excellente). On a aussi les crédits, forcément, et un curieux texte dont on se demande ce qu'il vient faire là (pour occuper de la place ?)...

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La pochette intérieure (je n'ai pas trouvé de photo de l'ensemble, mais deux photos séparées, des deux volets)

Considéré comme un grand disque, ce qu'il est, Roxy Music est un des meilleurs albums du groupe, et un des meilleurs premiers albums qui soient. Il est même considéré, à sa sortie en 1972, comme le meilleur premier album qui soit, et comme l'album de l'année, alors que l'année 1972 n'en était qu'à sa moitié. L'album... Il faut dire qu'il assure des tonnes, ce premier opus ! Il s'ouvre sur une chanson grandiose, Re-Make/Re-Model, chanson s'ouvrant sur un drone bourdonnant, bruit de foule, de conversations cacophoniques, puis, rupture, et une ligne de piano entêtante surgit. Batterie, guitare étrange, et la voix toute aussi étrange de Ferry : I tried but I couldn't find a way/Looking back, all I did was look away ('J'ai essayé, mais je n'y suis pas arrivé/En y réfléchissant bien, je me suis dit : laisse tomber')... C'est vrai que sa voix est étrange, il paraît qu'à la sortie de l'album, des gens sont retournés au magasin de disques avec leur exemplaire, persuadés que le disque était voilé, défectueux, comment une voix masculine peut-elle sonner ainsi ? Le morceau, déclaration d'amour de Ferry à une charmante CPL593H (une voiture), offre un fameux passage instrumental permettant à chaque membre de briller d'un petit solo : Simpson nous refait le riff du Day Tripper des Beatles, Mackay, au saxophone, nous joue un petit air bien connu, Manzanera fait gicler ses notes à la Fripp, Thompson fait des ruades de batterie, Ferry et Eno bidouillent leurs claviers (Eno, surtout, pour les bidouillages ; sur scène, il n'apparait pas toujours, restant dans l'ombre, à peaufiner ses effets). Un tel morceau pour ouvrir le bal, c'est inespéré. La suite est parfois encore meilleure, je pense àLadytron, chanson immense s'ouvrant sur un délire futuristique d'Eno et le hautbois de Mackay (ambiance futuristico-médiévale). Quand la voix de Ferry déboule (You've got me, girl, in a runaround, runaround, you've got me get around town), c'est des frissons partout, des cheveux aux ongles. Un solo de hautbois d'enfer (qui a dit qu'un jour on oserait utiliser les termes 'solo', 'hautbois' et 'd'enfer' dans la même phrase ?), des giclées guitaristiques maniaques, une ambiance chevaleresque, ce morceau est immense. If There Is Something, 6,30 minutes, qui suit, démarre bizarrement, comme un pastiche de chanson des années 50, et je dois dire que le morceau se poursuit nettement mieux qu'il ne démarre, mais arrivéà sa deuxième partie, plus lente et sombre, c'est divin. Divin. La face A se finissait sur le chelou et magistral 2 H.B., chanson en hommage à Humphrey Bogart (le titre signifie : "To H(umphrey) B(ogart)" en abréviation), avec ses claviers vaporeux et bizarres d'Eno et ses allusions aux films de Bogey (la mélodie d'As Time Goes By, fameuse chanson du film Casablanca, est rapidement utilisée, ainsi que certaines tournures de phrases telles Here's looking at you, kid, issue du même film). Une étrange mais remarquable fin de face. Précisons que Virginia Plain, sur le CD et la version américaine, se situe juste avant 2 H.B., donc, et est une chanson démentielle et férocement glam : Baby Jane's in Acapulco, we are flyin' down to Riooooooo...

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Premier plan : Manzanera, Ferry et Eno. Second plan, Mackay, je ne sais pas qui (un bassiste remplaçant Simpson) et Thompson. Roxy Music en 1973, avant qu'Eno ne parte

La face B s'ouvre sur le morceau le plus cintré de l'ensemble : The Bob (Medley), comme son nom l'indique, est en plusieurs parties. Le titre signifie probablement Battle Of Britain. Le morceau est à la fois médiéval par moments (le hautbois d'Andy Mackay) et totalement futuriste, grâce aux effets sonores de Brian Eno. Le chant de Ferry est assez souvent énergique, à la limite de l'hystérie, de la rupture. On note quand même un passage plus reposant et léger, mais ce morceau, dans l'ensemble, est assez cintré tout de même. Pas mon préféré, mais il ouvre la face B avec originalité. Chance Meeting, qui suit, morceau trop court (3 minutes), a ma préférence ici. On a ici du pur Roxy Music comme on en aura par la suite avec des morceaux tels qu'In Every Dream Home A Heartache, A Song For Europe ou Bitter-Sweet : un peu oppressant, tout en étant magnifique. Une ambiance étrange, lourde de sens, un chant maniaco-dépressif de la part d'un Ferry en retenue, des ambiances bizarres (la guitare de Manzanera, toujours ; les bidouillages d'Eno, toujours ; les claviers de Ferry et Eno, toujours). Le morceau se finit en promesses que sa courte durée ne tient pas totalement, hélas. Il reste un des meilleurs de l'album, mais un des moins connus, il me semble. Would You Believe ? est plus pop, et même totalement débridé, une sorte de If There Is Something en plus court, un tout petit peu moins impressionnant, mais c'est du grand art, encore une fois. Sea Breezes, 7 minutes, suit, et du hautbois de Mackay au chant reposant de Ferry (et ces claviers...), c'est aussi beau que regarder les vagues se briser. Le morceau n'est pas toujours aussi reposant, il est long (7 minutes, donc, le plus long de l'album), mais sa longueur n'est pas un mal, c'est une des plus belles réussites de ce premier album. Bitters End (2 minutes), en revanche, final de l'album, est amusant, avec son ambiance un peu prise de congés, mais il m'a toujours déçu, je le trouve un peu fadasse, surtout après Sea Breezes. Une conclusion un peu amère, c'est d'ailleurs la traduction littérale de son titre ! Enfin, le morceau étant ultra court, je l'écoute toujours sans le zapper.

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Photo issue des sessions de For Your Pleasure, le second album (1973)

A l'arrivée, Roxy Music en impose totalement avec ce premier opus éponyme qui a sa place parmi les meilleurs du rock et du glam-rock. 1972 est l'année du glam, d'ailleurs, entre Transformer de Lou Reed, The Slider de T-Rex, All The Young Dudes de Mott The Hoople, The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars de David Bowie et ce disque, sans oublier Elton John qui fait vraiment parler de lui, ainsi qu'Alice Cooper. Roxy Music livrera d'autres grands disques : For Your Pleasure (1973), dernier opus avec Eno, est pour moi encore plus efficace encore ; Stranded (1973 aussi) l'est un chouia moins, mais offre de grands moments ; Country Life (1974) est grandiose ; Siren (1975) est le moins fort, mais, pareil, offre de grands moments. Après, OK, ça se gâte, même si Avalon, en 1982, dernier album du groupe, est un classique de pop racée bien dans son époque. Mais pour les puristes, Roxy Music, c'est les années 70, et ce premier opus éponyme est vraiment un des essentiels les plus absolus de son époque et dans son genre. Indispensable.

FACE A
Re-Make/Re-Model
Ladytron
If There Is Something
2 H.B.
FACE B
The Bob (Medley)
Chance Meeting
Would You Believe ?
Sea Breezes
Bitters End

"Song 2"- Blur

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Un tube de Blur issu de leur album éponyme de 1997. Efficace!

"Creep"- Radiohead

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Premier tube de Radiohead, la chanson qui leur a permis de percer. Exellent!

"On Stage" - Rainbow

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Toto, I've a feeling we're not in Kansas anymore. We must be over the rainbow, rainbow, rainbow, rainbow... Et boum, le riff de la mort qui surgit. Kill The King. Ritchie Blackmore à la guitare, Ronnie James Dio au chant, Cozy Powell à la batterie, Tony Carey aux claviers, Jimmy Bain à la basse. Rainbow, groupe de hard-rock britannique, fondé en 1974 par Blackmore une fois l'aventure Deep Purple finie pour lui (une fois l'album Stormbringer des Deep enregistré). Le premier album du groupe, Ritchie Blackmore's Rainbow, sort en 1975, quatre des six titres du live que j'aborde aujourd'hui en font partie, dont une reprise efficace du Still I'm Sad des Yardbirds. Un an plus tard, Rising défonce tout, 33 minutes (et 6 titres) grandioses, dont le remarquable Stargazer, chanson qui a elle seule semble être la principale référence de pas mal de groupes de metal orchestral type Nightwish ou Within Temptation. Et encore un an plus tard, 1977 donc, le premier live de Rainbow, et leur unique live sorti durant leur existence d'ailleurs : On Stage. Un disque double en vinyle, mais tout tient sur un seul CD, et comment ! Il faut dire qu'On Stage est on ne peut plus court, bien que double live : 63 minutes. Pour 6 titres, comme je l'ai dit plus haut. Double live, avec deux titres occupant à eux seuls une face entière, 15,30 minutes pour l'un, 13 minutes pour l'autre. Ce qui est paradoxal, c'est que les deux autres faces, qui offrent deux titres chacune, sont plus longues que les faces ne proposant qu'un seul morceau ! L'album est produit par Martin Birch, et propose des titres enregistrés en concerts nippons et allemands, pendant la tournée promotionnelle de Rising. Pourtant, de Rising, on ne trouve ici qu'un seul titre, Starstruck, lequel est inclus dans un Medley : Man On The Silver Mountain/Blues/Starstruck de 11 minutes. Quant àKill The King, il était alors inédit en album, il se retrouvera en version studio sur Long Live Rock'n'Roll en 1978, qui sera le dernier album de Rainbow avec Dio avant qu'il ne rejoigne Black Sabbath.

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Verso de pochette

Malgré une prise de son qui fleure bon son 1977, On Stage est un live franchement exceptionnel. Qu'on se le dise, ce live fait même partie des classiques du live de hard-rock aux côtés de Made In Japan, If You Want Blood...You've Got It, Unleashed In The East, The Song Remains The SameHow The West Was Won, On Your Feet Or On Your Knees, Tokyo Tapes, World Wide LiveAlive !, Live And Dangerous, Live After Death et Strangers In The Night. Excusez du peu, mais on a ici du lourd ! En même temps, on parle de Rainbow, là : Blackmore, Dio, Powell... La set-list n'est pas énorme en terme de quantité, seulement 6 titres dont un medley, mais la version d'un quart d'heure de Catch The Rainbow (morceau issu du premier opus du groupe, comme la reprise de Still I'm Sad, comme Sixteenth Century Greensleeves et Man On The Silver Mountain aussi) est démentielle, et les 13 minutes (toute la face C) de Mistreated, morceau de Deep Purple à la base (Burn), assurent leur race de pute. Ronnie James Dio chante comme s'il devait mourir demain, comme si plus rien n'avait d'importance, chante, oui, il chante. Blackmore fait son Blackmore, autrement dit, parfois expansif, parfois minimaliste, toujours avec sa fameuse expression promis, si jamais je meurs demain, je sourirai avant, et la section rythmique Bain/Powell est dévastatrice. Les claviers de Carey ? Pas envahissants.

3029870541_5ef7be409c_zIntérieur de pochette vinyle

Alors oui, c'est vrai que seulement 63 minutes, c'est atrocement court, et c'est vrai que seulement 6 titres, même si l'un d'eux est en fait triple (le medley), c'est atrocement peu, mais On Stage, tel qu'il est, détonne totalement. Et puis, sachez qu'en 2012 est sorti une version DeLuxe, réédition de l'album avec un second CD offrant 6 bonus-tracks, parmi lesquels Do You Close Your Eyes dans une version de 10,30 minutes (la version studio de ce morceau vient de Rising) et des prises alternatives live de 5 autres des titres originaux d'On Stage. Le CD de bonus-tracks dure plus longtemps (70 minutes environ, je ne le possède pas) que le CD du double vinyle original ! Mais sinon, vous avez sûrement pigé que l'album original, bien que trop court, est suffisant, il envoie le bois comme on aime, et c'est déjà le principal !

FACE A

Kill The King

Medley : Man On The Silver Mountain/Blues/Starstruck

FACE B

Catch The Rainbow

FACE C

Mistreated

FACE D

Sixteenth Century Greensleeves

Still I'm Sad

"Revolver" - The Beatles

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 Ca faisait longtemps. Longtemps que je n'avais pas abordé un disque des Beatles ici. Et j'ai décidé d'aborder un desplusrespectés et réussis, un authentique sommet, 35 minutes (et très peu de secondes) de pur bonheur : Revolver. Ce disque est sorti en 1966 sous une pochette signée Klaus Voormann, ami bassiste du groupe, qui s'est inspiré du style graphique d'Aubrey Beardsley (fameux dessinateur britannique du XIXème siècle, Humple Pie ont utilisé un de ses dessins pour leur album sans titre de 1970). Le titre de l'album est un jeu de mots entre l'arme à feu et le principe de lecture d'un disque, la rotation (to revolve : tourner sur soi-même). De même que le précédent album, Rubber Soul de 1965, était un jeu de mots entre 'Rubber sole' ('semelle de caoutchouc') et 'soul'. De même, aussi, que le précédent album, le nom du groupe n'apparait pas sur la pochette, juste le titre. Titre qui n'était pas Revolver, à la base, mais Abracadabra, et il y à eu aussi, comme propositions des divers membres du groupe, Four Sides Of The Eternal Triangle, Magical Circles, Beatles On Safari, Pendulum ou bien encore After Geography. Revolver mit tout le monde d'accord. Au moment de l'enregistrement de ce disque, ça y est, les Beatles ont décidé de ne plus monter sur scène. Leurs derniers concerts datent de 1965, et si on excepte le fameux concert de 1969 donné sur le toît d'Apple Records à Londres, ils ne rejoueront plus en live ensemble. La raison ? Une certaine lassitude, une envie de se reposer (leurs concerts étaient exténuants ; une rumeur dit sans doute vrai, qui tend à prouver l'absence royale d'album live du groupe par le simple fait qu'il était impossible d'enregistrer un concert sans avoir les bandes parasitées par les hurlements hystériques des fans en délire), et aussi le fait que la musique du groupe devient plus complexe d'album en album, et surtout à partir de Revolver : difficile à refaire sur scène.

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Dommage, car Revolver regorge de titres qui, en concert, auraient été magiques. Magiques comme ils le sont en album. Les 14 titres de ce disque court sont tous absolument essentiels, tout au plus peut-on dire de Yellow Submarine, fameuse chanson interprétée par Ringo (et avec l'aide, aux choeurs, du chanteur folk Donovan, c'est apparemment lui qui chante les lignes Skies of blue, Sea of green, In a yellow submarine, la grosse voix bizarre qui répond à celle de Ringo), qu'elle a étéécoutée trop souvent et est un petit peu lassante (et encore, je chipote), et qu'elle est, sinon, la moins forte du lot, et le fait qu'elle soit chantée par Ringo (mais écrite par Lennon/Macca) n'y est pour rien. Sinon, et même pour cette chanson, Revolver est un sommet de rock psychédélique, du pur, du vrai. On dit souvent que Rubber Soul est le premier album de l'ère psyché du groupe, mais je pense plutôt que c'est Revolver. Les chansons témoignent : Eleanor Rigby, pépite de 2 minutes belle à en crever, sur une femme seule qui ramasse le riz par terre dans l'église une fois le mariage fini, et sur d'autres gens esseulés, est une merveille rythmée par des arrangements de cordes à tomber par terre ; Tomorrow Never Knows, de Lennon, avec son ambiance fumes un peu, t'auras l'air moins con, est un modèle de psychédélisme à l'anglaise ; Love You To, d'Harrison, Hare Krishna à mort ; Taxman, du même Georgie Boy (il a du pot, sa chanson ouvre l'album !), avec sa guitare remarquable et ses choeurs à la Batman Theme ; I'm Only Sleeping, par un Lennon qui se la joue endormi ; Doctor Robert, sur un médecin qui came ses patiens pour les gonfler à bloc ; Good Day Sunshine, qui est resplendissante ; Got To Get You Into My Life, de Macca, que Johnny osera, le salaud, reprendre en français (Je veux te graver dans ma vie, allez, ta gueule, Johnny), très soul avec ces cuivres ; et toujours de Macca, l'immense et délicat For No One avec ses arrangements de clavicorde. Faudrait tout citer.

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Dos de pochette vinyle

Tuerie absolue, je vous dit, par un groupe qui découvrait les cames (Dylan les a initiés au pétard, Owsley 'The Bear' Stanley leur fournira du LSD...) et en fait bien profiter ses auditeurs ici, tant on sent que Revolver a été composé, enregistré sous l'influence de paradis illicites. L'album est parfait, on a une foule de classiques, ces Here, There And Everywhere, Love You To, Tomorrow Never Knows, Eleanor Rigby, Taxman, Got To Get You Into My Life, For No One, She Said She Said... Yellow Submarine... Anthologique album beaucoup trop court malgré ses 14 titres, Revolver fait partie des intouchables beatlesiens les plus absolus avec l'ensemble des quatre albums studio qui suivront (de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club BandàAbbey Road, je ne compte donc pas la bande-son de Yellow Submarine dedans, même si l'album est sorti avant Abbey Road). Pour moi, clairement, et même si Rubber Soul est grandiose, l'Âge d'Or du groupe démarre là, en 1966, avec ce disque, leur septième album en quatre ans d'existence (ça aussi, même si c'est l'époque qui voulait ça, ça force le respect). In-dis-pen-sa-ble. Vous ne l'avez pas ? Partez illico à la FNAC avant de lire la suite et fin de cette phrase et de cette chronique (et ensuite, revenez lire la fin, OK ?) !! Vous l'avez ? Allumez votre chaîne hi-fi et foutez-le dedans, il ne devrait d'ailleurs jamais en partir...

FACE A
Taxman
Eleanor Rigby
I'm Only Sleeping
Love You To
Here, There And Everywhere
Yellow Submarine
She Said She Said
FACE B
Good Day Sunshine
And Your Bird Can Sing
For No One
Doctor Robert
I Want To Tell You
Got To Get You Into My Life
Tomorrow Never Knows

"There's One In Every Crowd" - Eric Clapton

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Sorti en 1975, There's One In Every Crowd est le troisième album solo d'Eric Clapton. Son titre est une allusion caustique et humoristique au fameux surnom donnéà Clapton par ses fans, et ce, depuis le milieu des années 60 quand il était au sein des Yardbirds, puis du John Mayall Band : God (Dieu). Clapton est un dieu de la guitare ? Mais, selon lui, un dieu, il y en à dans chaque foule (traduction du titre)... Une affiche publicitaire servant à promouvoir l'album montrera plusieurs personnes, d'âges différents, une ancienne photo, et parmi elles, apparemment, se trouverait un jeune Eric Clapton. Sinon, l'album, 40 minutes pour 10 titres, et sorti sous une pochette amusante (un chien), est sorti après le remarquable et cartonneur 461 Ocean Boulevard (1974, album de la renaissance pour un Clapton qui, de 1970 à 1973, fut dans un état assez déplorable, drug-addict), mais n'aura hélas pas le même retentissement. En 1974/1975, Clapton a réussi à mettre derrière lui ses soucis d'héroïne, il ne se drogue plus. En revanche, il est devenu un tantinet alcoolo sur les bords... Le début des années 70, jusqu'à 1977 en fait (et l'album Slowhand), sera duraille. There's One In Every Crowd a été enregistré avec ses musiciens de l'époque : Carl Radle (basse), George Terry (guitare), Jamie Oldaker (batterie, percussions), Yvonne Elliman (choeurs), Dick Sims (orgue, claviers), Marcy Levy (choeurs), et Clapton au chant et à la guitare (et dobro), évidemment. Quelques mois après ce disque (sorti en mars 1975), sortira un live (en août), E.C. Was Here, enregistré avant, issu de la tournée de 461 Ocean Boulevard, et dont le succès sera moyen aussi (un live ne contenant aucun titre issu de l'album du retour au succès... mais pas mal de blues).

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L'album sera un succès moyen (je reparle de There's One In Every Crowd, hein), mais contient de très bonnes chansons, comme cette reprise reggae de Swing Low, Sweet Chariot, air traditionnel bien connu. Une reprise un peu reggae qui détonne et qui interroge, on n'écoute pas un disque de Clapton pour entendre du reggae, mais c'est quand même pas mal. Néanmoins, Opposites, Little Rachel, We've Been Told (Jesus Is Coming Soon) ou High sont plus réussis et classiques quand même. L'album a été enregistréà la Jamaïque, ce qui explique évidemment les ambiances un peu reggae de certains titres (de plus, une reprise du I Shot The Sheriff de Bob Marley & The Wailers, issue de 461 Ocean Boulevard, avait cartonné en 1974). L'album n'est pas aussi apprécié des fans de God que ne l'est, justement, 461 Ocean Boulevard, ou Slowhand, ou l'Unplugged admirable des années 90, ou que le grandiose (son meilleur album selon lui-même) Layla And Other Assorted Love Songs de son supergroupe Derek & The Dominoes (1970), ou que l'album éponyme et unique de son autre supergroupe Blind Faith (1969). L'album contient un ou deux titres un peu faiblards, comme Pretty Blue Eyes et Don't Blame Me.

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Néanmoins, le Clapton cuvée années 70 est tout sauf à négliger, contrairement aux années 80 qui ne seront pas facile-facile (August, très raté). Une très bonne production et quelques chansons vraiment réussies, une ambiance similaire à461 Ocean Boulevard, font de ce There's One In Every Crowd un bon cru d'Eric Clapton, sans être non plus une incontestable réussite majeure du guitariste. Je pense que l'album aurait pu avoir plus de succès à sa sortie, et qu'il mérite vraiment une meilleure réputation que celle qu'il se trimbale (album mineur, pérode difficile, peu de classiques voire même aucun vrai classique dessus) depuis sa sortie en 1975. Bref, si vous aimez Clapton, tôt ou tard, vous devrez passer par ce disque qui, vraiment, est pas mal du tout, même s'il y à mieux chez God. Et, non, clairement, il n'y en à pas un dans chaque foule ; mais quel humble, cet Eric !!!

FACE A

We've Been Told (Jesus Is Coming Soon)

Swing Low, Sweet Chariot

Little Rachel

Don't Blame Me

The Sky Is Crying

FACE B

Singin' The Blues

Better Make It Through Today

Pretty Blue Eyes

High

Opposites


"Ritchie Blackmore's Rainbow" - Rainbow

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En 1974, Ritchie Blackmore, le bouillant guitar-hero, claque la porte de Deep Purple, après l'enregistrement du fadasse (mais contenant quand même quelques bonnes chansons) Stormbringer. Alors que le Pourpre va difficilement se remettre du départ de Blackmore (qui reste indissociable du groupe ; les fans auront du mal à s'en remettre aussi, de son départ), engageant le pourtant très bon Tommy Bolin à la place, Blackmore fonde son propre groupe, qu'il baptise humblement Ritchie Blackmore's Rainbow (puis Rainbow), et qui sort, en 1975, un premier album éponyme. Ritchie Blackmore's Rainbow, donc, produit par Blackmore, Martin Birch (ingé-son pour Deep Purple, Fleetwood Mac et, par la suite, Iron Maiden) et par le chanteur du groupe, un certain Ronnie James Dio, échappé d'Elf (un petit groupe de hard-rock dont tous les membres jouent sur ce premier album), et qui, par la suite, incorporera Black Sabbath au départ d'Ozzy Osbourne, avant de fonder son groupe (Dio) dans les années 80. Ce Dio (chanteur sur le fameux Love Is All du Butterfly Ball & Grasshopper Feast conçu par le bassiste de Deep Purple Roger Glover, qui rejoindra Rainbow dans les années 80) est petit de taille, mais pas de voix. Sa voix, putain ! Décédé en 2010, ce mec possédait une voix anthologique, qui monte très haut. Niveau musiciens, Blackmore (guitare) est donc entouré des membres d'Elf : Dio (chant), donc, mais aussi Craig Ruber (basse), Gary Driscoll (batterie) et Mickey Lee Soule (claviers). Une fois ce premier disque sorti, il virera tout le monde, Dio excepté.

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Dos de pochette vinyle

Ritchie Blackmore's Rainbow, court (37 minutes ; le disque suivant, Rising, est encore plus court, avec 33 minutes), offre 9 titres, et parmi ces 9 titres, pas moins de quatre se retrouveront deux ans plus tard sur le double live On Stage : Still I'm Sad (formidable reprise des Yardbirds), Sixteenth Century Greensleeves (unique chanson dont les paroles sont sur la pochette), Catch The Rainbow (longue ici ce 6,35 minutes, elle fera un quart d'heure et une face entière sur le live) et Man On The Silver Mountain (partie intégrante d'un Medley sur le live). Tous sont remarquables, mais l'album offre aussi The Temple Of The KingBlack Sheep Of The Family, Snake Charmer, If You Don't Like Rock'n'Roll... Sans être le sommet de Rainbow, ce premier opus sorti sous une très belle pochette de circonstance (un arc-en-ciel déployé sur l'ensemble de la pochette ouvrante, avec un beau château en haut dans les nuages ; ce château sera légèrement visible sur la pochette de Rising, le second album, et premier sorti sous le nom de groupe raccourci, un simple Rainbow) est un excellent premier opus, et un très bon petit disque de pur hard-rock des années 70.

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Néanmoins, Rainbow fera mieux avec Rising et Long Live Rock'n'Roll (1978, dernier opus avec Dio), sans oublier On Stage de 1977 et deux très bons albums avec le chanteur Joe Lynn Turner en 1981/1982, Difficult To Cure et Straight Between The Eyes, deux albums plus pop, commerciaux, hard-FM, moins puristes, mais tout de même très bons, même s'ils vieillissent un peu moins bien que les premiers albums avec Ronnie James Dio. Mais ce premier opus est vraiment bon, il offre de grandes chansons, et permet d'augurer de bien des futurs plaisirs avec ce nouveau groupe de Blackmore, un groupe pas aussi connu et anthologique que Deep Purple, mais qui mérite totalement l'écoute et la découverte. Excellent, vraiment !

FACE A

Man On The Silver Mountain

Self Portrait

Black Sheep Of The Family

Catch The Rainbow

FACE B

Snake Charmer

The Temple Of The King

If You Don't Like Rock'n'Roll

Sixteenth Century Greensleeves

Still I'm Sad

"2000 nuits" Téléphone

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Une chanson de Téléphone composéepar Louis Bertignac et issue de leur troisième album Au coeur de la nuit. Exellent titre!

"Magical Mystery Tour (EP)" - The Beatles

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Oui, je sais, ce disque a déjàété abordé sur le blog. Mais c'était essentiellement la version américaine, celle existant en CD, celle sortie, à la base, en 1967, en 33-tours, que j'avais abordé. Ici, c'est pour parler de la version originale britannique (de la même année), qui n'était pas un album long format (ou LP en abréviation) mais un mini-album (ou EP), et même un double EP de 6 titres. L'ensemble de ces 6 titres furent placés sur la face A de la version américaine, tandis que sa face B était constituée de cinq chansons sorties en singles, et là pour meubler. L'album, c'est Magical Mystery Tour, le groupe, c'est les Beatles. Mais si, vous savez bien, les Beatles, ce petit groupe de merde n'ayant jamais réussi à percer dans le monde du rock, et dont on n'a plus aucune nouvelle, ce groupe dont on ne parvient jamais à se souvenir du moindre membre, de la moindre chanson... Evidemment, tout ceci, les deux dernières phrases, c'était de l'humour. Je le précise, car certains sont tellement cons, qu'ils pourraient tout prendre au pied de la lettre. Evidemment qu'on sait tous qui étaient les Beatles. Quand même, Stairway To Heaven, Jumpin' Jack Flash, Surfin' U.S.A. ou Life On Mars ?, c'est pas donnéà tout le monde d'avoir autant de classiques à son répertoire !! Bon, redevenons sérieux... Certains vont se demander l'intérêt d'aborder le double EP original alors que ses six chansons (pardon : cinq chansons et un instrumental ! hum...) se trouvent toutes sur la face A de la version LP américaine, laquelle est la seule à exister en CD (le double EP a été réédité en vinyle, tout comme les autres albums du groupe l'ont été aussi, récemment), et laquelle propose, en plus, cinq autres morceaux, pour 36 minutes ; alors que le double EP fait dans les 18/19 minutes ?

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Verso de pochette

La réponse à cette passionnante question existentielle (fallait-il aborder le double EP quand le LP l'a déjàété ?) est : oui. Et non. Oui, pour le plaisir d'aborder ici un de mes grands albums de super-méga-ultra-chevet, et non, car, en effet, excepté le plaisir d'aborder ce double EP ici, l'intérêt est limité, on va reparler des mêmes chansons, après tout. Mais j'ai décidé de l'aborder quand même, et si ça ne vous plaît pas, filez rouler une pelle à Deparrrrrrdieu dans sa nouvelle datcha (et si vous ne savez pas ce qu'est une datcha, je ne peux plus rien pour vous). Magical Mystery Tour est un film des Beatles, à la base. Un TVfilm (réédité en DVD très récemment) assez court, une cinquantaine de minutes, réalisé par le groupe lui-même, dans des conditions proches de l'amateurisme, et avec quelques acteurs de seconde zone (Victor Spinetti, Ivor Cutler, lequel est musicien à la base...) et pas mal de figurants (et le groupe, fatalement). Le TVfilm a été diffusé en 1967 sur la BBC, et sera un bide commercial absolu, le film sera défonçé par la critique, les spectateurs bouderont le bouzin, le film sera incompris, pourtant, l'époque voulait que ce genre de projet soit bien apprécié : on est en pleine période psychédélique (1967 est clairement l'année psyché), et le TVfilm est bien chargé dans ce sens. En fait, c'est un film expérimental (Spielberg affirmera que dans les campus américains, le TVfilm était très populaire et apprécié, essentiellement des étudiants en cinéma), ce qui est toujours difficile à décrire et à défendre : on aime ou on déteste, en gros, et tout le monde n'est pas fanatique d'expérimental... Mais le pire, pour le groupe, en 1967, c'est le fait que le TVfilm ait été diffusé en noir & blanc, tuant ainsi dans l'oeuf pas mal des effets visuels, car, bien entendu, le TVfilm n'a pas été tourné en noir & blanc, mais en belles couleurs bien criantes. Pourquoi cette diffusion en n&b ? C'était les limites télévisuelles de l'époque, la BBC diffusait ainsi, fallait s'y plier. On imagine Magical Mystery Tour en n&b. Et on comprend pourquoi il n'a pas marché !

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Le noir & blanc arrive ! Nooon, on est foutus !!!

Heureusement, l'album de la bande-son, lui, a marché. Il est sorti sous deux versions, donc : la version originale britannique, et la version américaine, qui ne sera pas commercialisée en Angleterre (en Europe, même, je pense ; en tout cas, en Angleterre, ça, c'est certain) avant 1976. L'album original est publié sur le label Parlophone (hébergé par EMI), qui diffusait les albums des Beatles avant qu'ils ne créent Apple (qu'EMI hébergera aussi). La version américaine, c'était sur Capitol (qui diffusait les versions américaines des albums du groupe, qui, parfois, différaient des versions originales : pochettes, ordres des titres, et même changements de morceaux). En 1976, quand la version LP sera publiée en Angleterre, elle le sera sur Apple, de même que les rééditions du double EP. Je possède une édition 1967 du double EP, estampillée SMMT-1 (S pour Stéréo, l'album ayant aussi étéédité en mono juste avant, et MMT pour le titre de l'album), éditée par Parlophone, bref, une édition originale de 1967. Le logo Apple y est dessiné sur l'intérieur de pochette, car le groupe venait juste de le créer, mais il n'était pas encore leur label, juste un logo. Il faudra attendre des singles, plus tard dans 1967, pour que le groupe publie réellement sur Apple Records. Pour voir le logo Apple sur le double EP, voir ci-dessous, et notez que le logo de base est un peu différent (déjà, il est en noir & blanc). Reparlons de l'album. La version américaine offrait, sur sa face B, cinq chansons sorties, en Angleterre, en faces A et B de singles, et absentes de la bande-son du TVfilm. De même que les albums des bandes-sons de A Hard Day's Night et Help ! (dont les faces B sont aussi constituées de chansons indépendantes des films), ces chansons, remarquables (Penny Lane, Strawberry Fields Forever...), ne se trouvent pas dans le TVfilm, même si des bribes de Hello, Goodbye sont entendues dans le final du générique de fin (mais vraiment à la fin).

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Intérieur de pochette (rabat du second vinyle) du double EP

La version britannique, elle, plus courte donc (même pas 20 minutes), ne contient que des morceaux qui furent composés pour le film, et utilisés dedans. On a tout, ici. Cinq chansons et un instrumental. Trois morceaux par vinyle 45-tours. Dans une double pochette avec un livret agrafé dedans, livret contenant plein de photos couleurs et n&b du film, ainsi qu'un comic-strip reprenant le scénario original (à noter qu'au final, pour des raisons de timing, de budget, de contraintes diverses, le TVfilm ne reprend pas totalement le script imaginé, il y à des différences ; pour être franc, l'histoire du TVfilm, telle qu'elle apparait dans le projet fini, est moins percutante que le script prévu au départ), et, au centre, une double page imprimée en jaune, avec les paroles des chansons. A noter que la version américaine possède un ordre différent pour les morceaux, ayant utilisé comme ordre celui de l'apparition des paroles sur la double page (l'instrumental a été laisséà la suite de The Fool On The Hill), alors que sur le double EP, les chansons n'apparaissent pas dans le même ordre. L'ordre de la face A de la version U.S. est Magical Mystery Tour, The Fool On The Hill, Flying, Blue Jay Way, Your Mother Should Know et I Am The Walrus. L'ordre anglais est différent, et est le vrai, l'original. Ca peut sembler bizarre que l'album se finisse sur Blue Jay Way (de George Harrison), mais ça a été conçu comme tel ! Ce morceau occupe d'ailleurs toute la dernière face, et cette dernière face est la plus courte de toutes, dans les 3,45 minutes. La plus longue est, je crois, la première, qui totalise dans les 5 minutes, enfin, un chouia moins...y'à photo avec la seconde, qui, avec seulement I Am The Walrus, fait 4,35 minutes ! La troisième aussi fait dans ces eaux-là...

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Une page du livret (reproduit dans la réédition CD 2009)

Mythique, ce disque est parfait du début à la fin. Oui, c'est du psychédélique, et, donc, il faut aimer les ambiances barrées, les paroles délirantes (I Am The Walrus...). Dans la période psychédélique des Beatles, qui est aussi majeure que la période bleue chez Picasso, ce disque est le magnum opus, devant Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (sorti la même année, quelques mois avant) et Revolver (1966), et il sera d'ailleurs le point d'orgue, le final, la conclusion. L'album suivant sera le Double Blanc, en 1968, lequel est bien plus sobre, dans un sens, malgré sa propension à se répandre sur ses 95 minutes. Le seul défaut de la cuirasse de Magical Mystery Tour est sa pochette, qui est d'un ridicule assommant : les Beatles, sur un fond bleu étoilé (la version américaine de la pochette est entourée d'un cadre orangé nuageux avec, par-dessus, les titres des morceaux, l'épitomé de la mocheté, et qui sera parodiée par les Stones pour leur Their Satanic Majesties' Request : le même cadre, couleur différente), déguisés en animaux (morse, oiseau, hippopotame, lapin), tels qu'ils apparaissent, dans le TVfilm, pendant I Am The Walrus. Cette pochette (ainsi que son verso) et le TVfilm regorgent d'allusions à la fameuse rumeur sur la prétendue mort de Paul McCartney, qui serait survenue en 1965. Je ne vais pas revenir dessus, allez voir sur des sites web, je trouve cette rumeur, personnellement, totalement débile (mais bien rigolote). Musicalement, l'album est une merveille : Magical Mystery Tour (que Gérard Klein réutilisera, comme le concept dubus qui emmène faire un voyage initiatique, pour générique de son ancienne émission Va Savoir), Your Mother Should Know gentiment kitsch et rétro, I Am The Walrus et ses délirantes paroles (GOO GOO GOO JOOB !), The Fool On The Hill qui est probablement la plus belle de l'album, Flying (instrumental bien planant et psyché, le morceau le moins fortiche de l'ensemble, mais c'est très bon) qui donne envie de fumer sa moquette pour voir si on ressentira les mêmes effets, et Blue Jay Way, d'Harrison, assez sombre (la mélodie... J'adore le son du violon sur ce titre), dont le titre est celui d'un quartier des hauteurs de Los Angeles, et qui parle d'Harrison attendant ses amis, tard dans la nuit (Please, don't be long, or I may be asleep), qui se sont apparemment perdus en chemin. Les paroles ne sont pas aussi sombres et étranges que la mélodie, qui, elle, suffit à faire de cette chanson l'OVNI principal de l'album (et une de mes préférées de l'album, aussi). Pour finir, j'ajouterai que, bien que possédant la version américaine (le LP de 11 titres), c'est cette version double EP britannique que j'écoute quand je veux me faire Magical Mystery Tour. C'est court, 20 minutes en tout en comptant le changement de face et l'essuyage des sillons avant l'écoute (recommandé pour conserver le disque en bon état, le mien est dans un état irréprochable), et même si les cinq morceaux de la face B de la version américaine sont grandioses, je trouve que Magical Mystery Tour se suffit à lui-même dans sa version EP. Enfin, l'un dans l'autre, que vous préfériez la version anglaise ou américaine, ce double EP est un objet de collection et un indispensable pour tout beatlemaniaque se respectant !

FACE A

Magical Mystery Tour

Your Mother Should Know

FACE B

I Am The Walrus

FACE C

The Fool On The Hill

Flying

FACE D

Blue Jay Way

"Seconds Out" - Genesis

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C'est le second live de Genesis (ce qui explique son titre), mais leur premier live officiellement reconnu, étant donné que Genesis Live (1973), leur premier live, n'avait pas été officiellement accepté par le groupe. Il possédait une qualité sonore assez moyenne, proche du bootleg de bonne qualité, et était franchement frustrant avec ses 47 petites minutes (pour 5 titres). Mais Genesis Live reste essentiel pour tout fan de Genesis, car c'est le seul album live officiel de la période Peter Gabriel. En 1977, le groupe sort son deuxième live, double, lui (et toujours en CD, vu que chacun de ses deux disques fait la bagatelle de 47/48 minutes !), et possédant une qualité sonore nettement plus convaincante. En fait, elle est tellement bonne, cette qualité sonore, que Seconds Out (tel est le titre de ce live) a toujours eu une réputation un peu bizarre : on n'a pas hésitéà dire que l'album avait été refait en studio (c'est vraisemblablement le cas, mais ce n'est clairement pas le seul live de rock concerné par des retouches en studio), voire même, hérésie, qu'il était en fait un disque enregistré en studio avec des effets live par-dessus, pour faire croire à un live ! C'est évidemment faux, Seconds Out est bel et bien un live (enregistréà Paris, d'ailleurs), mais c'est vrai qu'il y à probablement eu une ou deux retouches en studio, pour affiner le son, refaire un truc...

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Vinyle (pochette intérieure et sous-pochettes)

Dans un sens, on s'en contrefout le tortillon, car tel qu'il est, Seconds Out est une vraie réussite, et le meilleur live de la Genèse. Et un des meilleurs lives de rock progressif avec YesSongs (de Yes), Welcome Back, My Friends, To The Show That Never Ends - Ladies And Gentlemen (Emerson, Lake & Palmer) et le coffret (depuis deux doubles CD) The Great Deceiver : Live 1973/74 de King Crimson. Et, accessoirement, un  très grand live de rock, tout simplement. Seconds Out est sorti en 1977, et propose des extraits de concerts de la tournée Wind And Wuthering (album de 1977 qui sera le dernier avec le guitariste Steve Hackett, il partira après la tournée, et, donc, est sur le live), dont seul un titre, Afterglow, est joué sur le live. On a un ou deux extraits de concert de 1976, avec Bill Bruford à la batterie (rappelons que Phil Collins, batteur du groupe depuis 1971 et chanteur depuis 1976, se faisait supplanter à la batterie sur scène, ne pouvant chanter en frontman et jouer de son instrument en même temps ; il tenait quand même la batterie sur des passages instrumentaux), mais Bruford se fera rapidement remplacer par Chester Thompson, qui joue sur l'essentiel de Seconds Out. On peut entendre Bruford sur The Cinema Show. Le live offre 12 titres (8 sur le premier disque ; 4 par face ; et 4 sur le second disque ; dont la face C occupée en totalité par un Supper's Ready de 24 minutes), et parmi ces 12 titres, quatre sont issus d'A Trick Of The Tail (1976), premier opus de Genesis avec Collins au chant, premier album sorti depuis le départ de Peter Gabriel.

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Le majeur reproche à faire à ce live, c'est qu'il ne soit pas plus long (il dure quand même 95 minutes, voire un chouia plus - 96 ? 97 ? - mais un disque vinyle de plus n'aurait pas été de refus, on aurait eu plus de morceaux, et sans doute plus de titres de Wind And Wuthering ; en fait, placer sur un troisième disque les morceaux live de 1976 (One For The Vine, The Fountain Of Salmacis, it/Watcher Of The Skies) présents sur la face D de l'édition américaine de Three Sides Live (1982) en lieu et place des morceaux studio de l'édition originale anglaise aurait été bien, même s'il aurait fallu réorganiser les faces, car le dernier disque aurait été, sinon, beaucoup trop court). Sinon, il assure, même si c'est dommage que l'intro manque sur Firth Of Fifth, qui démarre directement sur sa partie vocale ; et même si c'est dommage, aussi, que The Musical Box ne soit ici présent que parle biais de sa section finale (c'est d'ailleurs précisé entre parenthèses) et ne soit pas joué en intégralité. Supper's Ready est ici plus long d'une minute que la version studio, ce qui n'est pas la mort, une minute de plus ou de moins, on ne s'en rend pas compte ; si on peut préférer la version originale parce que chantée par Gabriel (qui fait passer plus de choses avec sa voix), Phil Collins ne se démerde vraiment pas mal du tout ici, il assure, même, et rien que pour les parties Lover's Leap(intro du morceau) Willow Farmet Apocalypse In 9/8 (et ce duel de batterie inouï), cette version est admirable ; et même du même niveau que l'originale, si, si !

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On ne le sent pas, à regarder cette photo, mais Hackett partira bientôt...

Le reste du live ? Si Robbery, Assault And Battery n'a jamais été mon morceau préféré de A Trick Of The Tail et du live, il est très bon, mais Squonk, The Carpet Crawlers, Afterglow, Dance On A Volcano, le final Los Endos, The Lamb Lies Down OnBroadway, The Cinema Show sont immenses. I Know What I Like (In Your Wardrobe), au cours duquel on imagine Collins faire sa fameuse danse - et au cours duquel il chantonne des passages de I Love Paris In The Springtime, rappelons que l'essentiel du live est parisien - et Firth Of Fifth sont également immenses. Et The Musical Box aussi, malgré qu'il soit trop court. Dans l'ensemble, Seconds Out est un grand live, le meilleur du groupe, il offre d'immenses moments, et malgré un son un peu trop propre parfois, et le fait qu'il y aurait pu y avoir encore plus de morceaux (j'aurais adoré un triple album, ce qui aurait placé ce live au même niveau, en terme de durée, que les lives de Yes et d'Emerson, Lake & Palmer cités plus haut, qui sont triples en vinyle), il reste un extraordinaire document live de ce qu'était Genesis à l'époque. Un an plus tard à peine, une fois Steve Hackett parti (et remplacé, en live, par Darryl Stuermer), le groupe passera à un son plus pop et FM, ce qui occasionnera quelques albums très réussis (Duke, Invisible Touch), mais aussi un changement de style qui ne plaira pas aux premiers fans. Historiquement, le Genesis progressif s'arrête ici, avec ce Seconds Out majeur.

FACE A
Squonk
Carpet Crawlers
Robbery, Assault And Battery
Afterglow
FACE B
Firth Of Fifth
I Know What I Like (In Your Wardrobe)
The Lamb Lies Down On Broadway
The Musical Box (closing section)
FACE C
Supper's Ready
FACE D
The Cinema Show
Dance On A Volcano
Los Endos

"Sur un trapèze"- Alain Bashung

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Sublime chanson issue de Bleu Pétrole, ultime album de bashung avant qu'il ne rende l'âme en 2009: Sur un trapèze!

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