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"The Invitation To The Voyage" - Eugene McGuinness

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THE INVITATION A

Un physique à la Robert Pattison (les filles diront en moins craquant) ou à la rigueur à la Paul Weller (leader des Jam puis du Style Council, depuis artiste solo), un prénom old school, un nom de famille qui fleure bon la bière, une voix bien british, Eugene McGuinness a tout ce qu'il faut pour qu'on sache du premier coup qu'il est citoyen de sa Royale Majesté Elizabeth II. Le bonhomme a lancé sa carrière vers 2007, il me semble, et en 2012, a sorti son quatrième opus, un album sorti sous une belle pochette bleu nuit et un titre qui laisse rêveur : The Invitation To The Voyage. Cinq singles seront tirés de cet album que Rock'n'Folk couronnera de la position de disque du mois au moment de sa sortie, mais qui n'a, malgré cela, aucune page Wikipédia, ni française ni (grosse honte pour ce coup-ci) anglophone. Il faut dire ce qui est, si McGuinness est bon, talentueux et si cet album est vraiment une réussite dans son genre, ce n'est cependant pas un artiste vendant à millions, et cet album, tout en ayant été super bien accueilli par la presse au moment de sa sortie (McGuinness vient de sortir un nouvel album - Chroma -, qui n'a pas été couronné de la même manière dans Rock'n'Folk, mais a quand même été bien noté), ne s'est pas vendu aussi bien que, disons, The Next Day de Bowie (qui ne date pas de 2012, je sais, mais de 2013) ou que le El Camino des Black Keys (qui, lui, date de 2011, mais a fait une bonne partie de sa course en 2012, il est en effet sorti en fin d'année 2011).

THE INVITATION B

Court (36 minutes, 10 titres, un album à l'ancienne), The Invitation To The Voyage est un disque que l'on pourrait comparer à du Miles Kane (le premier opus solo de Kane, Colour Of The Trap, notamment), artiste pour qui il a fait des premières parties de concerts, ou du Arctic Monkeys, signés, comme lui, sur Domino Records ; on connaît pire, comme référence, pas vrai ? S'ouvrant en fanfare sur un doublé gargantuesque de pop décomplexée (Harlequinade et Sugarplum), l'album aligne les petites balles comme peu, à l'heure actuelle, dans le rock, le font. Videogame est terrible, le morceau-titre est excellent, Shotgun (qui reprend la ligne de basse minimaliste et entêtante du Peter Gunn Theme) est génial, Japanese Cars est un final remarquable, Concrete Moon apporte un peu de douceur après Shotgun...le morceau est sans doute un peu trop chargé, en production, mais rien de grave. Thunderbolt remet les pendules à l'heure, la voix typiquement britonne d'Eugene, avec ce qu'il faut de morgue, de flegme, fait des merveilles. Le bonhomme, qui sait varier les influences (pop, rock, soul, blues, musique groovy et dansante ; certains passages de l'album font typiquement northern soul, cette soul faite en Angleterre), est certes jeune (né en 1985), mais il a sous le capot.

THE INVITATION C

The Invitation To The Voyage, sous sa belle et racée pochette, est donc un album remarquable, un des meilleurs de 2012 probablement. Production remarquable signée, en partie, par Dan Carey (artisan du son des Kills, de Franz Ferdinand...et du dernier McGuinness !), chansons géniales (Invitation To The Voyage, Shotgun, Harlequinade, Lion, Sugarplum...), interprétation excellente, durée pas trop longue, cet album est vraiment à découvrir !

Harlequinade

Sugarplum

Lion

Videogame

Shotgun

Concrete Moon

Thunderbolt

Invitation To The Voyage

Joshua

Japanese Cars


"Hemispheres" - Rush

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En 1977, Rush, groupe de rock canadien affilié au hard, puis au rock progressif, a sorti A Farewell To Kings, album remarquable qui fut mon premier du groupe, album recelant de grandes chansons telles Xanadu, Madrigal ou Closer To The Heart. On y trouvait aussi un morceau intituléCygnus X-1, Book I : The Voyage, longue pièce de 10 minutes achevant l'album. Dans la pochette, au niveau des paroles, à la toute fin des paroles du morceau se trouvait la mention to be continued..., qui laissait envisager une suite à cette longue pièce progressive. Les fans, à l'époque, durent attendre un an pour l'obtenir, cette suite, par le biais de l'album suivant, cet album, Hemispheres, sorti en 1978. Sous sa pochette qui peut faire penser à du Hipgnosis, mais n'en est pas un représentant, Hemispheres est en effet la suite directe de A Farewell To Kings en celà que le premier de ses morceaux n'est autre que Cygnus X-1, Book II : Hemispheres. Là où la première partie de cette suite progressive faisait 10 minutes, cette seconde et dernière partie en fait 18, et occupe l'intégralité de la première face de l'album (qui, en tout, dure 36 minutes) ! C'est la troisième fois, après Caress Of Steel et 2112, qu'un album studio de Rush propose un morceau occupant une face entière. Comme pour les deux autres morceaux-fleuves (The Fountain Of Lamneth, 2112), celui-ci est découpé, bien que tout soit sur une seule plage audio, en plusieurs sous-parties facilement repérables car les minutages sont précisés sur la pochette.

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Hemispheres, sinon, contient, sur sa seconde face, trois morceaux dont un de quasiment 10 minutes, instrumental, divisé lui aussi en plein de sous-parties (aux titres chelous !), l'ensemble tenant aussi sur une seule plage audio : La Villa Strangiato (sous-titré, assez amusant, An Exercice In Self-Indulgence). En revanche, pas de précisions sur les minutages des sous-parties, donc c'est remarquablement difficile de les repérer. Bref, malgré le long tracklisting en fin d'article, Hemispheres ne contient que quatre morceaux en tout ! Mais quels morceaux... C'est bien simple, Hemispheres est le meilleur album de Rush, du moins, pour moi. Si Fly By Night, le mésestimé (pas par moi !) Caress Of Steel, le très estimé (sans doute un chouia trop, pour moi, mais ça ne lui retire rien) 2112 et A Farewell To Kings assurent, Hemispheres est, selon moi, parfait. 4 morceaux, 4 chefs d'oeuvres. Certains passages de Cygnus X-1, Book II : Hemispheres, comme Armageddon (The Battle Of Heart And Mind) , sont purement jouissifs, La Villa Strangiato, entièrement instrumental, n'est pas que l'excercice d'autosatisfaction qu'il est selon le groupe et son sous-titre, mais un grand moment de progressif un peu expérimental, et très recherché, et les deux morceaux les plus courts, Circumstances (avec sa ligne de paroles en français, Plus ça change, plus c'est la même chose) et The Trees, sont excellents.

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Pour conclure, on tient donc, avec Hemispheres, un joyau de hard-rock à tendance progressif, ou alors un joyau de rock progressif quelque peu heavy, à vous de voir, mais, dans tous les cas, un joyau. L'album suivant sera lui aussi très bon, mais contrairement à pas mal de fans de Rush (ce que je ne suis pas, c'est un peu tôt pour me déclarer fan du groupe, mais j'aime vraiment beaucoup leur musique), je ne pense pas qu'il s'agisse de leur sommet ; l'album en question, c'est Permanent Waves (1980), qui sera abordé prochainement, et qui sera, du moins pour le moment, le dernier album de Rush sur le blog...avant que je ne me décide à me tourner vers Moving Pictures, Grace Under Pressure ou le live All The World's A Stage, notamment !

FACE A

Cygnus X-1, Book II : Hemispheres :

a) Prelude

b) Apollo (Bringer Of Wisdom)

c) Dionysus (Bringer Of Love)

d) Armageddon (The Battle Of Heart And Mind)

e) Cygnus (Bringer Of Balance)

f) The Sphere (A Kind Of Dream)

FACE B

Circumstances

The Trees

La Villa Strangiato (An Exercise In Self-Indulgence) :

a) Buenos Nochas, Mein Froinds !

b) To Sleep, Perchance To Dream...

c) Strangiato Theme

d) A Lerxst In Wonderland

e) Monsters !

f) The Ghost Of The Aragon

g) Danforth And Pape

h) The Waltz Of The Shreves

i) Never Turn Your Back On A Monster !

j) Monsters ! (Reprise)

k) Strangiato Theme (Reprise)

l) A Farewell To Things

"Forever And Ever Amen"- The Drums

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Exellente chanson de The Drums issue de leur premier album éponyme. Une remarquable chanson pop/rock et un tube pour le groupe!

"Permanent Waves" - Rush

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PERMANENT A

Pour le moment, cet article sera le dernier concernant Rush sur le blog ; nul doute que par la suite, d'autres suivent, mais il faudra attendre un peu ! En attendant, voici donc Rush, groupe canadien, à nouveau. Cet album, sorti en 1980, est leur septième opus studio, et leur huitième en tout, et il s'appelle Permanent Waves. Selon certains fans du groupe, c'est un de leurs meilleurs albums, parmi les meilleurs. C'est aussi un de leurs plus courts, il dure en effet tout juste 35 minutes, pour un total de 6 titres seulement, aucun n'atteint la durée, jusque là plutôt banale pour le groupe, de 10 minutes (en même temps, ici, le plus long morceau, Natural Science, divisé en trois sous-parties réunies sur une seule plage audio, dure 9, 15 minutes, donc on n'est pas loin de la dizaine de minutes quand même), et donc, aucun titre n'occupe à lui seul une face entière, contrairement à trois des précédents opus (Caress Of Steel, 2112, Hemispheres). Permanent Waves sera le premier opus du groupe à entrer dans le Top 5 américain pour les albums (il se classera quatrième), il sera donc un gros, gros succès commercial. Par ailleurs, ça sera le cinquième disque d'or du groupe. Si les fans sont nombreux à considérer cet album comme étant un de leurs meilleurs, c'est probablement parce que c'est un de leurs plus accessibles. Pour ma part, si j'aime bien cet album, je dois dire que, de tous les albums de Rush (six en tout, tous abordés ici), c'est celui qui m'a le moins branché, justement parce que très accessible, trop accessible, très formaté FM. La face A et la face B sont nettement différentes, la première étant assez proche de ce que le groupe avait auparavant fait, et la seconde, plus proche de ce que le groupe fera ensuite, apparemment. Bref, c'est un album de transition.

PERMANENT C

Alex Lifeson (guitare) ; Neil Peart (batterie) ; Geddy Lee (chant, basse, claviers)

Qu'on ne s'y trompe pas, cet album contient de très bonnes chansons, comme Jacob's Ladder, Natural Science ou Entre Nous (qui, malgré son titre en français, est entièrement chanté en anglais; Rush est canadien, certes, mais du Canada anglophone), soit environ 21 minutes sur les 35 de l'album. Une très bonne moyenne, plus de la moitié de Permanent Waves est d'un niveau au moins égal à celui des précédents opus. Et le reste (Freewill, The Spirit Of Radio, Different Strings) est certes un peu inférieur selon moi, mais je chipote quand même, c'est du bon boulot. Avec encore un peu plus de claviers que d'ordinaire, surtout la face B (la meilleure des deux, selon moi, malgré, justement, les claviers remplaçant progressivement les guitares). Compte tenu que Rush était un pur groupe de hard-rock sous influence Led Zeppelin/Black Sabbath/Deep Purple à la base (Fly By Night, Caress Of Steel), on peut dire qu'il existe carrément deux périodes différentes pour Rush, et bien que A Farewell To Kings et Hemispheres (1977/1978), très progressifs, soient deux albums que j'adore chez eux, je pense que je suis encore plus fan de leur première période, plus dure et heavy que progressive.

PERMANENT B

Ce Permanent Wavesà la pochette assez réussie (la femme est le modèle Paula Turnbull, la pochette reprend une photo prise en 1961 pendant le passage d'un cyclone, en la modifiant quelque peu, l'homme faisant des gestes avec son bras, au loin, étant le concepteur de la pochette !) est donc un bon cru de Rush, mais je ne le considère pas, contrairement à pas mal de fans, comme un magnum opus du groupe canadien. C'est vraiment un bon disque, rien à dire, aucune chanson n'est mauvaise, mais je ne sais pas, je n'arrive pas à totalement accrocher ici, ça me semble trop formaté, trop commercial, par rapport aux précédents opus, qui allaient plus loin dans le progressif (justement, quand on fait du progressif, il ne faut pas avoir peur d'aller trop loin, c'est le but, quelque part : à chaque fois qu'un groupe de progressif s'est laissé aller à faire du rock plus formaté, morceaux courts et plus pop, ça n'a jamais été concluant, voir Yes avec Tormato, Emerson, Lake & Palmer avec l'abominable Love Beach, Genesis avec ...And Then There Were Three... - trois albums de 1978, une des pires années pour le progressif, Hemispheres de Rush étant une exception). Ici, ce n'est, en fait, quasiment plus progressif. Même la pochette ne fait pas progressif, ça fait assez sage, propre sur soi... Permanent Waves est un bon opus, mais on trouve nettement meilleur chez Rush, malgré son incroyable succès commercial.  

FACE A

The Spirit Of Radio

Freewill

Jacob's Ladder

FACE B

Entre Nous

Different Strings

Natural Science :

a) Tide Pools

b) Hyperespace

c) Permanent Waves

"Monk's Dream" - Thelonious Monk

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Non, ce n'est pas un pseudonyme : Thelonious Monk, fameux pianiste de jazz, s'appelait bel et bien, réellement, sans déconner, franchement, pour de vrai, la vie d'qui tu veux, la vérité, Thelonious Monk. Autantle nom de famille, ça va, mais comme prénom, Thelonious, c'est, même pour un ricain, vraiment peu banal. Je pensais que c'était un pseudo, personnellement, avant de vérifier sur le Net et de constater que, ben, non. Fameux pianiste, sinon ; grand pianiste, même. Auteur de quelques albums absolument quintessentiels, comme Underground, Brilliant Corners, ou bien encore Straight, No Chaser. Un de ses plus fameux parmi les plus fameux restera à vie son premier opus sur le label Columbia (avant ça, Monk était sur Blue Note, Prestige et Riverside), sorti en 1963, enregistré en fin de l'année précédente, un album du nom de Monk's Dream. Oui, en effet, il s'agit de cet album, on ne peut décidément rien vous cacher. 47 minutes, voilà la durée de ce disque renfermant 8 titres, dont une bonne grosse partie, en fait quasiment tout, est absolument immense. C'est bien simple, Monk's Dream est un des intouchables du jazz. L'album a été enregistré avec Charlie Rouse au saxophone ténor, John Ore à la contrebasse, Frankie Dunlop à la batterie, et, donc, Thelonious Monk au piano. C'est le grand spécialiste Teo Macero, producteur notamment des albums de Miles Davis, qui officie à la production.

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Bright Mississippi, sur l'album, est le seul titre que Monk n'avait pas enregistré auparavant dans d'autres versions. Autrement, Monk's Dream ne renferme que des titres déjà joués, autrefois, alors qu'il était sur d'autres labels, par Thelonious. Bolivar Blues se trouvait déjà sur son album de 1957 Brilliant Corners, sous le titre de Ba-Lue Bolivar Ba-Lues-Are ; Five Spot Blues s'appelait autrefois Blues Five Spot quand il se trouvait sur l'album Misterioso de 1958 ; Bye-Ya, Sweet And Lovely, Monk's Dream, avaient déjàété enregistrés, 10 ans plus tôt, dans d'autres versions ; cet album de 1963 n'est donc pas rempli d'inédits, mais ça ne l'empêche pas d'être puissant, magnifique, et les versions de ces morceaux déjà connus (dans le milieu du jazz et l'univers de Thelonious Monk, un des jazzmen les plus atypiques, et pas seulement à cause de son nom et de ses chapeaux) sont probablement les meilleures existantes, concernant Monk. Monk qui reprend, ici, à la sauce jazz (et en instrumental), le fameux Just A Gigolo, morceau court (2,30 minutes) et franchement excellent, mais pas le sommet de l'album.

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On notera qu'entre les différentes éditions CD de cet album (Columbia Jazz Masterpieces ; Columbia/Legacy remastered edition de 2002), on trouve des variations pour les durées de certains morceaux, Bye-Ya, long de 6 minutes à la base, n'en dure plus que 5,25 sur la version 2002, avec son remastérisé. Difficile de savoir, comme le dit Wikipédia, si la version écourtée est une autre prise que la version de l'album original, touours est-il que la différence de minutage s'explique par un écourtement du passage situé avant le solo de piano, environ 35/40 secondes de moins. C'est regrettable, mais n n'y peut rien. Mis à part ça, cet album est un des fleurons du jazz, et désolé si j'en ai, je le sais, mal parlé, mais c'est assez difficile de parler d'un tel album ; comme Time Out, A Love Supreme ou The Shape Of Jazz To Come (de respectivement, Brubeck, Coltrane et Coleman), c'est un chef d'oeuvre qui se passe de mots, le plus souvent !

FACE A

Monk's Dream

Body And Soul

Bright Mississippi

Five Spot Blues

FACE B

Bolivar Blues

Just A Gigolo

Bye-Ya

Sweet And Lovely

"Born Under A Bad Sign" - Albert King

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BORN UNDER A

Un peu de blues, ça vous dit ? Celui-ci n'est pas n'importe quel album de blues, d'ailleurs : il a récolté une place au Grammy Hall Of Fame, une autre au Blues Foundation Hall Of Fame, le magazine américain Rolling Stone l'a foutu dans sa mythique liste des 500 meilleurs albums de tous les temps (OK, il est 499ème, soit avant-dernier, mais hey, il y est quand même !) ; la réédition 2002, par Stax Records, a même reçu, un an plus tard, un Blues Music Award en tant qu'album de blues historique le plus important de l'année ! Cet album, qui date de 1967, c'est le deuxième album du bluesman Albert King, une légende du genre (mort en décembre 1992). Cet album, il l'a sorti 5 ans après son premier, ce qui est remarquablement long, surtout pour l'époque. L'album s'appelle Born Under A Bad Sign, et il est sorti, sur le label Stax Records, sous une pochette picturale reprenant plusieurs emblèmes de la scoumoune : la tête de mort, l'as de pique, le chat noir, la plus mauvaise double aux dés, le vendredi 13... Contenant la fameuse chanson donnant son titre à l'album, chanson qui sera par la suite reprise notamment par Cream (dès l'année suivante, sur Wheels Of Fire) mais aussi par Blue Cheer ou Hendrix, c'est un album légendaire, pas très long (34 minutes, 11 morceaux), mais parfait dans son genre.

BORN UNDER B

Purement génial, l'album a été produit par Jim Stewart et enregistré avec des musiciens tout simplement tuants, des légendes du genre blues/soul : Booker T. Jones (orgue, piano), Donald 'Duck' Dunn (basse), Wayne Jackson (trompette), Steve Cropper (guitare rythmique), Isaac Hayes (piano), Al Jackson Jr (batterie), Andrew Love (saxophone ténor). Albert King, en plus du chant, tient la guitare principale. Born Under A Bad Sign s'ouvre sur la chanson du même nom, ce Born Under A Bad Sign tétanisant, hymne à la malchance absolue, Bad luck and trouble's my only friends/I've been down since the day I was ten, la chanson de la scoumoune, de la poisse, du chat noir, de l'abonnement aux emmerdes...une grande chanson au riff irrésistible. La chanson est co-signée Booker T. et Steve Cropper. On pourrait croire qu'un album s'ouvrant sur une telle tuerie ne pourrait, ensuite, que s'effondrer lentement, gentiment, mais non, de The Hunter (Led Zeppelin en reprendra une partie pour son How Many More Times) àThe Very Thought Of You en passant par Laundromat Blues, Oh, Pretty Woman (rien à voir avec la chanson de Roy Orbison) ou I Almost Lost My Mind, tout est terrible ici, du même niveau, des chansons parfois trop courtes, c'est le seul reproche à faire à l'album.

BORN UNDER C

Bref, amateurs de blues, surtout du bon vieux blues, réjouissez-vous si vous ne connaissez pas encore ce disque, car vous avez entre les mains un des fleurons les plus absolus du genre, une date, un chef d'oeuvre qui, malgré son âge (1967, quand même), n'a pas pris une ride au coin des yeux. Born Under A Bad Sign est un monument, une production parfaite, des chansons géniales, une interprétation éblouissante (aussi bien vocale qu'instrumentale) par des musiciens de folie, et pour couronner le tout, une pochette très sympa et efficace. Totalement recommandé aux fans du genre ! Voire même pour devenir un fan du genre !

FACE A

Born Under A Bad Sign

Crosscut Saw

Kansas City

Oh, Pretty Woman

Down Don't Bother Me

The Hunter

FACE B

I Almost Lost My Mind

Personal Manager

Laundromat Blues

As The Years Go Passing By

The Very Thought Of You

"DSU" Alex G

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dsu

 

À l'évidence, voici un album qui ne risque pas de rafler un prix aux grammy awards ou aux victoires de la musique. Et pourtant qu'est- ce qu'il le mériterai... C'est simple, pour moi, on tient là peut être un des cinq meilleurs disques de 2014, catégorie rock, et même pourquoi pas toutes catégories confondues. Cet album, c'est DSU, et son auteur répond au nom d'Alex G. Il s'agit de son troisième album, et sauf erreur de ma part, son premier à sortir dans les formats cd et vinyle, ses deux premiers albums (que je ne connais pas encore), n'étant disponibles qu'en version digital. Et en plus de ça, il avait déjà sorti, en version digital également, plusieurs chansons hors albums. Quand à Alex G, je tiens à dire deux choses sur cet artiste: Déjà, c'est une vraie galère pour trouver des articles ou des photos le concernant, vu qu'il semble avoir le même pseudonyme qu'une autre jeune chanteuse (et du coup c'est sur elle qu'on tombe si on tape alex g sur google), et bien sûr même si en cherchant bien on peut trouver des articles/sites à droite à gauche concernant l'album et/ou l'artiste (conseil: tapez sandy alex g), n'espérez pas en trouver un seul dans la langue de Molière (même si désormais ça n'est plus le cas ah ah!). Ensuite, le mec n'a que vingt-et- un an! Ça peut paraître anodin mais pour moi ça ne l'est pas: c'est, il me semble, la première fois que j'écoute un artiste plus jeune que moi (vingt- deux ans), et croyez- le ou non ça me fait vraiment bizarre! Enfin, après tout il fallait bien que ça m'arrive un jour ou l'autre... Maintenant que nous avons un peu parlé d'Alex G (et de moi accessoirement), penchons nous un peu sur cet album, à la pochette colorée: c'est un dessin représentant un joueur de football américain, qui court droit vers la personne regardant la pochette de cet album. Une manière de dire qu'on va être renversé par l'album, ou que ce dernier va marquer un bon gros Touchdown dans notre mémoire?

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L'album dure un peu moins de 38 minutes pour une quinzaines de morceaux. Vous l'aurez deviné, la plupart sont court: le plus long fait à peine plus de quatre minutes, et le plus court même pas 45 secondes. D'ailleurs, chose amusante, ces deux morceaux se suivent sur l'album. le reste des chansons dure en moyenne entre une minute et demie et trois minutes. Avec tout ça, vous ne serez certainement pas surpris si je vous dis que l'album est plutôt du style lo- fi. Mais attention, ne vous attendez pas non plus à un simple album de chansons pop/rock. Si dans sa globalité l'album possède une atmosphère assez mélancolique, dût en grande partie à la voix souvent calme et parfois un brin étherée d'Alex G, qui n'est pas sans rappeler celle d'Elliott Smith, l'album, donc, est assez inclassable. Attention ça n'est pas un album expérimental du type The Marble Index, ou Big Science, ni un gros What The Fuck à la Trout Mask Replica ou The Modern Dance. Non, ça reste un disque très facile d'accès. Mais si l'album peut être classé par défaut dans le rock alternatif ou le rock indépendant, on y trouve toute sortes de choses: un instrumental au piano (Tripper), des morceaux rock (After ur Gone, Axesteel), des ballades acoustiques (Serpent Is Lord, Hollow) ou électrique (Skipper), des morceaux plus pop (Rejoyce, Boy), et même un morceau à la limite du funk (Promise). Aucune chanson n'est à jeter, chacune dans son style est une petite perle. À la rigueur le riff de Icehead me fait un peu trop penser à celui de Venus In Furs du Velvet Underground, mais ça n'est pas bien grave, ça reste une exellente chanson, pas le sommet de l'album ni ma préférée mais il serai dommage de la virer pour si peu. Ça plus le fait que certaines chansons sont tout de même trop courtes, voilà tout ce que je peux reprocher à DSU, qui est donc mis à part ça, un album sublime.

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Rien que After Ur Gone nous met direct dans le bain: une introduction bizzare, bruitiste, puis un riff de guitare qui vous rentre en tête dès la première écoute. Une magnifique chanson, bien rock malgré la voix très douce encore une fois d'Alex G. Quand aux paroles des chansons ellles sont pour la plupart assez nostalgique, sans non plus tomber dans la grosse déprime. Disons qu'il s'en dégage un léger parfum de spleen, de mélancolie adolescente pourrait on dire. C'est le cas notamment dans Boy, le final de l'album ou dans Black Hair. Cette dernière est d'ailleurs, avec Sorry, et Hollow, peut être la chanson la plus sombre au niveau des paroles. Après, certaines chansons comme Harvey semblent avoir des paroles plus optimistes, et Promise quand à elle possède seulement sept ligne de texte, mais cela suffit amplement pour donner à la chanson un lourd sous entendu sexuel. Comme vous pouvez le constater, nous nous trouvons en face d'un album pas follement joyeux mais de làà le qualifier de "dépressif" il y a un pas que je ne franchirai pas. Par contre il y a un autre pas que j'ai franchis: celui d'acheter l'album -aïe! pas sur la tête!- je veux dire que c'est ma copine qui a franchis ce pas et qui m'a par la même occasion fait découvrir l'album et Alex G. Je ne vais pas encore qualifier l'album de chef d'oeuvre, vu qu'il me reste tout le reste de la discographie du bonhomme à découvrir, et j'attends de le voir en live pour savoir ce qu'il vaut réellement (rendez- vous fin février!), mais l'envie de le faire est bien là croyez moi! Bref je ne peux que vous conseiller très fortement cet album, pas facile à trouver en magasin, mais sur le net aucun problème et il est vendu le plus souvent à prix raisonnable. Alors qu'est ce que vous attendez??

face A

After Ur Gone

Serpent Is Lord

Harvey

Rejoyce

Black Hair 

Skipper

Axesteel

face B

Sorry

Promise 

Icehead

Hollow

Tripper

Boy

                                         

"Captured Live !" - Johnny Winter

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On ne va pas se mentir : on tient ici un grand album live. Vraiment. Et ce, malgré sa courte durée, 46 minutes, seulement 6 titres, c'est vraiment peu, surtout comparé aux autres grands albums live de rock (At Fillmore East du Allman Brothers Band, Made In Japan de Deep Purple, Frampton Comes Alive ! de Peter Frampton, Lotus de Santana, Live And Dangerous de Thin Lizzy...). Mais cet album, au même titre que le Live At Leeds des Who et le Live At The Star-Club de Jerry Lee Lewis, prouve qu'on peut être immense sans pour autant être d'une durée généreuse. Deuxième album live de Johnny Winter après le Live Johnny Winter And de 1971 (que j'aborderai ici prochainement, ainsi que d'autres opus, studio ceux-là, de Johnny Winter), lequel n'était pas plus long que lui, cet album date de 1976, a été enregistré durant plusieurs concerts de 1975 (des concerts faits en collaboration avec le groupe de son frangin Edgar, le Edgar Winter Group, mais ces derniers n'apparaissent pas ici ; un autre live, Together, sera fait en duo par les deux frangins, à la même époque), et il s'appelle Captured Live !, un titre bien dans le ton de l'album : sur ce disque, Johnny, le regretté Johnny (il est mort en juillet dernier), fait penser à une bête sauvage capturée et se débattant, sa guitare lui servant de griffes et de crocs. Il est, littéralement, bluffant d'énergie rock'n'roll sur cet album qu'il a produit lui-même. Au sujet de la production, il faut ici dire que, malheureusement, sans être d'une mauvaise qualité audio, ce live n'est pas le plus parfait, en terme de son : probable aussi que cela tient au fait que le CD ne propose pas de version remastérisée (une édition CD classique, toute conne, datant des années 90's, toujours commercialisée), car j'avoue ne jamais avoir écouté ce live dans sa forme vinyle originelle. Mais je ne me fais pas d'illusions : le son y est peut-être un peu meilleur, mais pas de beaucoup.

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Sinon, Johnny (chant, guitare, slide) est ici entouré de Randy Jo Hobbs (basse, choeurs), Floyd Radford (guitare) et Richard Hughes (batterie), et il livre, donc, un album de folie. Certes d'une qualité sonore correcte mais pas immense (encore une fois, il y à bien pire), certes trop court, certes puisant dans plusieurs concerts (San Diego Sports Arena, Oakland Coliseum, Swing Auditorium) plutôt que dans un seul, Captured Live ! n'en demeure pas moins une tuerie absolue, totale, aussi complète qu'une galette avec jambon, fromage et oeuf. Winter a puisé dans ses albums (quasiment tous les morceaux, ici, même les reprises et il y en à pas mal, sont issus de ses albums, sauf la reprise du It's All Over Now de Bobby Womack), il a surtout puisé dans ses racines : bien que féroce, Captured Live ! est un live de blues-rock. Du blues-rock furax, très électrique, certains diront qu'il ne faut pas chipoter et que ce live ne propose, en fin de compte, que du rock. Tout simplement. Mais attention, du grand art : s'ouvrant sur une reprise monumentale de Bony Moronie (un standard rock 50's), se propulsant ensuite avec un Roll With Me dantesque, l'album aligne les perles comme sur un collier de joaillerie : Rock & Roll People (écrite par John Lennon), la reprise démentielle, longue de 10 minutes, du Highway 61 Revisited de Dylan, le long (12 minutes ; à partir de la quatrième minute, c'est juste divin, hors de ce monde) et définitif Sweet Papa John qui achève le bouzin et l'auditeur, tympans en feu et amplis qui saignent...

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Non, vraiment, impossible de dire le contraire : Captured Live ! est un des plus grands albums live de tous les temps, un album immense, parfait dans son genre (oui, malgré la production), le meilleur live de Johnny Winter et un de ses meilleurs albums, point barre. Performance hallucinante, grands moments de guitare (un peu comme le live E.C. Was Here de Clapton, de 1976, qui est aussi court, avec autant de morceaux, mais ne possède pas la même réputation d'excellence ; pourtant, croyez-moi, dans le genre blues-rock, c'est du lourd, aussi !), cet album est tout simplement in-dis-pen-sa-ble, voilà, c'est dit ! Vous savez ce qu'il vous reste à faire !

FACE A

Bony Moronie

Roll With Me

Rock & Roll People

It's All Over Now

FACE B

Highway 61 Revisited

Sweet Papa John


Bonne à nez Dreux mit l'quinze !

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sans-titre

Désolé pour le jeu de mots pourri du titre, au passage...

"The Concert For Bangla Desh" - George Harrison & Friends

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Tout est parti d'un coup de fil. De plusieurs, en fait. Ceux de George Harrison à ses amis musiciens. Raison des nombreux appels ? Convaincre ses amis musiciens, et non des moindres, de participer à un projet unique, assez novateur pour l'époque : un concert à vocation humanitaire. Avant le Live Aid (et sa suite tardive Live 8), avant les Enfoirés, avant le Concert For The People Of Kampuchea (pour le Cambodge, 1979), avant les réunions type USA For Africa ou Chanteurs Sans Frontières, ou Sidaction, il y à eu ce concert, en 1971, en faveur du peuple bengali. C'est un fameux natif du Bangladesh (ou Bangla Desh, comme il est écrit sur la pochette de l'album), Ravi Shankar, ami personnel de George Harrison, qui sera le principal instigateur du projet, il demandera à Harrison de lui venir en aide pour sauver son peuple, en train de mourir, lentement, de la famine, de la misère, de la guerre civile. Harrison acceptera illico, sans réfléchir, et de toute façon, même après un temps de réflexion, sa réponse aurait été la même. Il passera le mois suivant, selon ses propres termes, au téléphone, appelant Eric Clapton, Billy Preston, Leon Russell, Bob Dylan, les musiciens de Badfinger, Klaus Voormann, Jesse Ed Davis, Jim Keltner, et les autres Beatles. De ces derniers, seul Ringo répondra par l'affirmative. Ni Lennon ni McCartney n'accepteront la proposition de George, qui aurait été de marquer le coup en reformant, éphémèrement, le groupe pour cette occasion unique et philantropique. Lennon refusera car se rendra compte que l'invitation ne comptait que pour lui, pas pour Yoko ; Macca, car trouvant qu'il était un peu trop tôt, encore, pour envisager une reformation, même éphémère.

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Réédition CD du live

Le concert aura lieu le 1er août, au Madison Square Garden de New York. En fait de concert, il y en aura deux, le même jour : au concert prévu pour le soir, et qui aura bien lieu, sera rajouté, quelques heures plus tôt, un autre show, en début d'après-midi (le principe des matinee shows, aujourd'hui oublié, était alors en vogue). Les deux concerts seront filmés et enregistrés, et en milieu 1972 sortira le film. L'album, quant à lui, sortira en décembre 1971 aux USA, et janvier 1972 en Angleterre et Europe. On va parler de l'album plutôt que du film (qui existe en DVD, sorti en même temps que la réédition de l'album, il y à une douzaine d'années). The Concert For Bangla Desh sera le quatrième album de George Harrison (en comptant parmi eux Wonderwall Music et Electronic Sound, deux albums expérimentaux faits à la fin des années 60), son premier et unique album à se placer N°1 des charts, son premier album live, et son deuxième triple album (en format coffret) après All Things Must Pass. Lequel était son album précédent, Harrison a donc enquillé, à la suite, deux triple albums. On s'en doute, l'album était, dans son coffret de carton avec ses trois disques et son livret de 64 pages tout en couleurs (des photos du show, un texte sur la situation du Bangladesh), vendu à un prix nettement plus élevé qu'un album ordinaire, ce qui ne manquera pas de faire chier Harrison, qui aurait préféré que l'album soit vendu à un prix plus raisonnable. L'album a remporté un Grammy Award (album de l'année) en 1973. Tout allait donc bien pour l'album, Harrison et Shankar, mis à part qu'au final, des problèmes toucheront l'argent gagné, logiquement destinéà aller vers le Bangladesh, mais il y aura des soupçons de détournements, des retards, ce qui minera quelque peu Harrison, ternira sa joie, le rendra amer. Jamais plus il ne participera, n'organisera, de concert humanitaire, ayant retenu la leçon.

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Avec ses trois disques, on pourrait s'attendre à un album de deux heures ou plus, quelque chose d'imposant ; las, l'album n'est, au final, pas très long, il est même tellement court (100 minutes) que tout aurait, je pense, facilement pu tenir sur deux vinyles (il suffit de regarder la durée des deux CDs, 50 minutes maximum chacun ; le CD 1 contient les trois premières faces, et le CD 2, les trois dernières, plus un bonus-track). A ce titre, certaines des faces sont très très courtes, je pense à la quatrième, qui ne dure que 13 minutes, à la troisième, qui en dure environ 14, et à la sixième et dernière, qui ne crédite que...9 minutes de musique (en réalité, elle dure un peu plus, mais vraiment pas beaucoup plus, dison 11 minutes) ! On dira que si Harrison et Phil Spector (coproducteurs) ont fait cela, sorti l'album en triple disque, c'était pour le vendre plus cher, mais compte tenu qu'Harrison estimera le prix de vente du live beaucoup trop cher, ça ne tient pas la route. C'est plus, en fait, pour que le son soit de meilleure qualité, la musique se répand mieux sur de larges sillons plutôt que sur des sillons serrés à mort. N'empêche, c'est parfois limite du foutage de gueule, n'en déplaise à la qualité de la musique présente ici, et aux totalement respectables raisons de l'existence de cet album humanitaire. Dont la pochette est des plus cultes, et marque les esprits, malgré les rumeurs de bidouillage visuel (on aurait amaigri l'enfant) : un enfant nu, mince comme un clou, regard vide, affamé, devant une assiette désespérément vide... Une image qui choque, qui marque les esprits. Quand l'album sera réédité en CD (la réédition la plus récente), un visuel d'Harrison sera utiliséà la place, mais les deux sous-pochettes des CDs (le boîtier étant cartonné) reprendront, elles, ce visuel mythique et d'époque.

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L'album, donc, utilise le meilleur des deux concerts, et propose les morceaux selon l'ordre d'apparition. Le concert démarre par une Introduction d'environ 5 minutes, par Harrison et Ravi Shankar. Harrison, tout de blanc vêtu, et barbu, arrive, remercie les gens  d'être là, et leur annonce que la première partie du concert sera consacréà la musique indienne, du raga, par Ravi Shankar (sitar) et trois de ses amis musiciens : Alla Rakah (tabla), Ali Akbar Khan (sarod) Kamala Chakravarty (tamboura), juste créditée de son prénom. Applaudissements, et Harrison rappelle à la foule que la musique indienne demande de la concentration, du silence, que ce n'est pas aussi accessible que le rock ou la pop. Shankar arrive, lui aussi fait une petite introduction, demandant notamment, très chaleureusement, au public de ne pas fumer, et le morceau démarre. Long de 16,40 minutes, il occupe le reste de la face A, et s'appelle Bangla Dhun. Instrumental, c'est un morceau saisissant, prenant, même s'il vous faudra sans doute un peu de patience et d'écoute pour l'apprécier. C'est original, risqué même, d'ouvrir le live par ce morceau, l'intention d'Harrison de tout proposer dans l'ordre fera que, justement, il n'y aura pas d'autre emplacement pour ce Bangla Dhun. Pour certains, c'est un passage obligé, un quart d'heure à se fader en attendant la musique rock. Certains, j'imagine, ne devaient pas souvent écouter cette face A ! Pour d'autres, dont moi, c'est un des meilleurs moments du Concert For Bangla Desh. Un moment de magie orientale. Plein de mélancolie, de tristesse, Shankar et ses amis ayant évidemment à l'esprit la tragique situation du Bangladesh en interprétant ce morceau composé pour l'occasion. La face B marque le début de la seconde partie, et s'ouvre par Wah-Wah, un des extraits d'All Things Must Pass (en tout, il y en à quatre) interprétés ici. Avec sa foule de choristes (Claudia Lennear, Jo Green, Jeanie Greene, Don Preston, Don Nix, Dolores Hall) et ses musiciens en grande forme (Eric Clapton, Jim Keltner, Carl Radle...), Harrison livre, tout du long du concert, une prestation éblouissante. Cette version de ce très spectorien (normal, produit par Spector, qui a eu la main lourde sur une bonne partie d'All Things Must Pass !) morceau est remarquable. My Sweet Lord, autre extrait de All Things Must Pass (le morceau suivant aussi, d'ailleurs), suit, grand moment de douceur gospellienne, les choristes font un remarquable boulot. Awaiting On You All, morceau horriblement surchargé en effets spectoriens dans sa version studio (au point que c'est un des titres qui me plaisent le moins sur All Things Must Pass), semble ici plus sobre, ce qui n'est pas forcément le cas, mais le fait qu'il s'agisse d'une version live autorise mieux, dans un sens, ce côté pharaonique, surchargé. Très bonne version, je la préfère amplement à la studio. La face B s'achevait sur un morceau interprété (et composé, avant cela) par le claviériste Billy Preston. That's The Way God Planned It est issu d'un des albums solo de Preston (portant le même nom que la chanson) et est une petite merveille de soul/gospel, très bien interprétée, un peu naïve il est vrai, mais Preston chante avec son coeur.

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Dos du livret

La face C s'ouvrait sur It Don't Come Easy, morceau composé par Harrison pour son interprète, Ringo Starr. La chanson, sortie en single en avril 1971, marchera fort, et cette version live est très sympathique, en dépit d'un beau plantage de Ringo, qui a oublié une partie des paroles, et les chante en yaourt. Mais comme c'est Ringo, on lui pardonne. La chanson est ce qu'elle est, une belle chanson pop, pas un chef d'oeuvre (Ringo fera horriblement pire, il a aussi fait mieux : Photograph, autre chanson qu'Harrison lui a offerte, est supérieure, mais elle ne sera faite qu'en 1973). Beware Of Darkness, dernier extrait d'All Things Must Pass, suit. Sublime interprétation d'Harrison, qui cède la place, le temps d'un couplet, à celui qui, sur un de ses albums, a repris le morceau : Leon Russell. Le sudiste à la voix de canard et aux chapeaux chelous (pas ici, mais il faut voir son look durant la tournée Mad Dogs & Englishmen du regretté Joe Cocker, en 1970, tournée que Cocker a organisé avec Russell, responsable d'un duel d'égos dont Russell sortira gagnant, contrairement à Cocker), à la longue crinière blonde et au regard méprisant, pianiste et bassiste (ici pianiste), interprète magnifiquement sa partie, il faut le dire. Après, Harrison nous présente les musiciens (Band Introductions), on notera le final, où, après s'être demandé s'il n'avait oublié personne, s'exclamera : We've forgot Billy Preston ! Rires. While My Guitar Gently Weeps, qu'on ne présente plus, achève la face C, en grandeur. La D s'ouvre sur un long Medley de quasiment 10 minutes, signé Leon Russell, et entremêlant le Jumpin' Jack Flash des Rolling Stones et le Youngblood des Coasters. Pour certains fans de l'album (pas pour moi), c'est le pire passage du Concert For Bangla Desh, non pas parce que Russell chante mal, ou n'est pas en forme, mais parce que son égo surdimensionné (clairement, le bonhomme se prend pour la plus grande invention depuis la sucrette de régime) transforme ce medley basé sur le piano (il faut l'entendre jouer le riff de Jumpin' Jack Flash au piano !) en opéra sur la Grandeur de Leon. Suffit de regarder les photos dans le livret : postures de crâneur, regard méprisant et suffisant, tête haute et buste bombé, l'air de dire vous ne me valez pas, vous ne me méritez pas, mais comme je suis bon prince, je reste... En fait, le bonhomme en fait trop, durant Youngblood, il te vous te balance de ces phrases d'au moins 3 kilomètres 500 grammes de longueur, interminables, sans reprendre son souffle (ce qui s'entend des fois). Mais quelle énergie ! Russell, durant sa carrière, refera souvent ce medley (j'ai un live de lui, de 1973, qui était triple en vinyle et s'appelle Leon Live, sur lequel non seulement il reprend ces deux titres en medley, mais ce medley en dure 16 minutes !). Cette version pour le Concert For Bangla Desh est un bon moment, assez caricatural, très égotique, un peu long, mais difficile, aussi, de ne pas ressentir un peu d'admiration pour cette incroyable énergie rock'n'roll. Après, oui, ce n'est pas le meilleur moment de l'album, mais je ne suis absolument pas d'accord avec ceux qui trouvent que c'est le pire. A noter que le CD a sabré l'introduction parlée du morceau. La face D se terminait par le Here Comes The Sun d'Harrison, on ne le présente plus, ce morceau. Magnifique.

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Harrison, Dylan, Russell : Just Like A Woman

La face E est entièrement consacrée à celui qui, par le biais de ce concert humanitaire, refait une apparition publique, à la grande joie de la foule : Bob Dylan. En 1971, Dylan ne va pas super bien : Self Portrait, son double album de 1970, a été mal accueilli, sera un bide artistique. New Morning, son successeur de 1970 aussi, marchera mieux, sera mieux accueilli, mais pas de quoi péter sa braguette non plus. Vivant quelque peu en reclus, il ne faisait plus de concerts (et pour les albums, il faudra attendre Dylan, en 1973, atroce disque de chutes de studio de 1970, jamais sorti en CD, à la demande de Dylan). Aussi, quand il accepta de participer au concert, Harrison sera des plus contents. Et lui offre une vingtaine de minutes rien que pour lui, cinq morceaux. Tous des anciennes chansons de la période 1963/1966, rien de plus récent. On a A Hard Rain's A-Gonna Fall, It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry, Blowin' In The Wind (que Dylan n'avait pas chanté depuis 8 ans !), Mr. Tambourine Man et Just Like A Woman, cette dernière avec Harrison et Russell (ce dernier à la basse). Durant le concert de l'après-midi, Dylan interprètera Love Minus Zero/No Limit en lieu et place d'un autre titre (cette version live est en bonus-track en fin du second CD de la réédition). Ces morceaux sont excellemment interprétés, cette face E entière est une des meilleures de l'album. Chose amusante, le triple live The Last Waltz, du Band (1978) propose lui aussi, sur sa face E, quasiment que des morceaux chantés par Dylan. La face F, la dernière, est la plus courte, et entièrement d'Harrison : Something (qu'on ne présente plus, sublime) et Bangla Desh, morceau qu'Harrison sortira en single peu avant le concert. Cette chanson remarquable qui parle de la situation du Bangladesh et de l'appel à l'aide de Shankar vers Harrison (My friend came to me with sadness in his eyes...) est un des meilleurs moments de l'album, et une conclusion des plus évidentes, logiques. Elle donne envie de réécouter les 100 minutes de ce triple live anthologique dont le seul léger défaut réside dans la qualité sonore : très bonne, elle aurait sans aucun doute pu être encore meilleure que ça, et on se serait attendu à meilleur, rapport aux sillons élargis pour laisser respirer la musique dessus. Mais ceux qui estiment que c'est un des albums live sonnant le pire disent des conneries. OK, on trouve mieux en qualité sonore, mais il y à surtout bien pire, notamment pour l'époque. Pour finir, The Concert For Bangla Desh est un album magistral, culte, historique (le premier concert humanitaire de l'histoire du rock), proposant une foule de restations remarquables. Tout simplement essentiel, et surtout en vinyle. OK, écouter cet album en CD est plus pratique, mais une bonne partie du plaisir réside dans le fait de tenir dans ses mains ce lourd coffret de carton orangé, de retourner les disques, de feuilleter l'épais livret de photos, et puis, deux-trois introductions parlés ont été virées du CD... Non, jamais je ne me séparerai de mon vinyle !

FACE A

Introduction By George Harrison & Ravi Shankar

Bangla Dun

FACE B

Wah-Wah

My Sweet Lord

Awaiting On You All

That's The Way God Planned It

FACE C

It Don't Come Easy

Beware Of Darkness

Band Introduction

While My Guitar Gently Weeps

FACE D

Medley : Jumpin' Jack Flash/Youngblood

Here Comes The Sun

FACE E

A Hard Rain's A-Gonna Fall

It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry

Blowin' In The Wind

Mr. Tambourine Man

Just Like A Woman

FACE F

Something

Bangla Desh

"Pour Down Like Silver" - Richard & Linda Thompson

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PDLS

Richard Thompson, vous connaissez ? Non ? Pourtant, ce mec est considéré comme un des plus grands guitaristes britanniques de l'Histoire, aux côtés d'Eric Clapton, Jimmy Page et Jeff Beck. Alors, non, toujours pas ? Et Fairport Convention ? Groupe de folk-rock britannique fondé vers 1967, géré par, justement, Thompson. Le groupe a sorti plusieurs grands albums, comme leur premier éponyme (avec la chanteuse Judy Dyble, remplacée dès le second par Sandy Denny, qui restera dans le groupe jusqu'à sa mort en 1978), ou bien Full House, Liege And Lief, Babbacombe Lee, ou l'immense, l'irremplaçable Unhalfbricking en 1969. Thompson a quitté le groupe vers 1971, il a lancé sa carrière solo juste à ce moment, son premier opus, Henry The Human Frog, foirera, mais il en profitera pour s'unir avec une jeune femme du nom de Linda Peters, devenue Linda Thompson. Les deux compères, le couple, feront par la suite des albums ensemble, citons Hokey Pokey, et le grandiose I Wanna See The Bright Lights Tonight (avec le sublime The Calvary Cross). En 1975, le couple se convertit au soufisme, un courant de l'Islam. Ce qui explique leur dégaine sur la pochette de cet album, sorti en 1975 justement, le quatrième opus solo de Thompson et le troisième du couple : Pour Down Like Silver. Ils posent en turban et voile, Richard est barbu. Trois ans avant Cat Stevens devenu Yusuf Islam en 1978, un autre chanteur folk anglais changeait de religion. Evitons les amalgames : cet album n'est en rien prosélyte. Absolument pas. Le couple est devenu soufiste ? So what ? Malgré les thèmes de certaines chansons, malgré la pochette, cet album n'est pas propagandiste, il ne répand pas la bonne parole musulmane, à vrai dire, cette reconversion, on s'en contrefout ce que vous voulez contre ce que vous voulez. La musique est le plus important. 

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Verso de pochette

Et musicalement, pardon, mais les 40 minutes (et 8 titres) de cet album sont absolument magnifiques. Pour les fans, la période 1973/75, au cours de laquelle le duo fera I Wanna See The Bright Lights Tonight, Hokey Pokey et ce disque, est intouchable, parfaite, le summum de la carrière de Thompson. En effet. I Wanna See The Bright Lights Tonight, que j'aborderai ici un jour, est probablement le plus connu, le meilleur selon pas mal de monde. Mieux : tous les classements type discothèque idéale ne contiennent pas un disque solo du bonhomme, mais ceux qui en possèdent un, généralement, voire systématiquement, ont dans leur rang I Wanna See The Bright Lights Tonight. En ce qui me concerne, je pense que le meilleur album de Richard (& Linda) Thompson est plus ce Pour Down Like Silver tout simplement majestueux, n'en déplaise aux fans de l'autre album, lequel autre album est, il est vrai, juste parfait, magnifique, un régal de folk-rock à l'anglaise, un must-have-to-hear du genre, vraiment. Mais mon choix perso se porte sur ce disque de 1975. Sous sa pochette qui n'est pas sans rappeler celle du Sheik Yerbouti de Zappa (enfin, c'est plutôt l'inverse, le Zappa datant de 1979, soit quatre ans après !), une pochette qui peut quelque peu interloquer et même donner une fausse idée de l'album (je le répête une ultime fois, malgré le changement de croyance du couple et le fait qu'ils l'affichent sur la pochette, cet album ne fait pas de prosélytisme religieux, d'aucune sorte), se cachent 8 chansons qui sont autant de petits joyaux, surtout les deux plus longs titres, Night Comes In (8 minutes) et Dimming Of The Day/Dargal (7,15 minutes). Avec ces deux titres (le premier des deux, sur la réédition remastérisée de 2004, est proposé, en bonus-track, dans une version live de 12 minutes, captée à Oxford, sublimissime), on touche au sublime.

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Mais le reste est absolument magique quand même, Hard Luck Stories, Streets Of Paradise, The Poor Boy Is Taken Away... L'alchimie entre la voix de Linda et celle (et sa guitare) de Richard est totale, et les musiciens participant à l'album, dont certains de Fairport Convention (Dave Pegg : basse, Dave Mattacks : batterie, tous deux uniquement sur certains morceaux), sont remarquables, citons aussi : Pat Donaldson (basse), Timi Donald (batterie), Nick Jones et Aly Bain (violons)... Pour résumer, Pour Down Like Silver est : un des meilleurs albums de 1975 (rien que ça ! 1975, après tout, c'est Physical Graffiti, Tonight's The Night, Young Americans, Zuma, Desire...), un des meilleurs albums du duo (et selon moi, le meilleur, en fait), un des meilleurs albums de folk-rock britannique et même en général... Si avec ça, vous n'avez pas envie de le découvrir, je n'y comprend plus rien !!

FACE A

Streets Of Paradise

For Shame Of Doing Wrong

The Poor Boy Is Taken Away

Night Comes In

FACE B

Jet Plane In A Rocking Chair

Beat The Retreat

Hard Luck Stories

Dimming Of The Day/Dargal

"Johnny Winter" - Johnny Winter

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JW

Ah, que je l'aime, le Johnny... Non, pas ce Johnny. L'autre Johnny. Johnny Winter. Décidément, je ne peux pas dire le contraire, ce mec était un géant, surtout de la guitare, un bluesman furieux, et il a enregistré de ces albums... Qui n'a jamais entendu Second Winter, son deuxième opus, de 1969 (un double album avec trois faces de musique et une quatrième laissée vide, car Johnny avait enregistré, selon lui, trop de bons morceaux pour un disque simple, mais pas assez pour remplir un double album entier), ou Johnny Winter And, de 1970 (avec Rick Derringer), ou Captured Live ! de 1976, ou Still Alive And Well de 1973, Ou John Dawson Winter III de 1974...n'a rien entendu. Je veux dire, dans le registre du blues-rock. OK, Clapton est un grand, il n'a pas chopé son surnom affectueux de God pour rien ; OK, Stevie Ray Vaughan, parti trop tôt ; mais Winter, Winter...Non, vraiment, on en a perdu un bon, en juillet dernier, à l'annonce de sa mort, dans une chambre d'hôtel zurichoise, cause de décès peu établie, décès survenu quelques jours après une ultime prestation au cours d'un festival à Cahors, dans le Lot. On a été les derniers à en profiter, nous, les Frouzes. On a toujours aimé le blues, en même temps. Je me suis rendu compte récemment que mis à part trois albums (Second Winter, Still Alive And Well, Captured Live ! que j'ai réabordé récemment), je n'avais pas abordé beaucoup d'albums de Johnny Hiver. Je rattrape cette erreur illico, en abordant ici, pour la première fois, cet album sorti en 1969, autoproduit par Winter, sorti sous une pochette d'une sobrissime sobriété.

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Verso de pochette vinyle

On peut croire que c'est le premier album de Johnny, car il porte le nom de Johnny Winter, mais en réalité, Johnny avait, un peu avant, sorti un album du nom de The Progressive Blues Experiment, sur un autre label (Imperial Records), qui ne sortira l'album, dans un premier temps - en 1968 - qu'au Texas, Etat de naissance du bonhomme, avant de le ressortir par la suite au niveau national, international. Ce ne fut pas un succès, aussi bien en 1968 qu'après. Winter a signé sur Columbia, et a sorti ce disque éponyme, enregistré notamment avec son frangin Edgar (piano sur un titre ou deux), Tommy Shannon (basse) et 'Uncle' Joe Turner (batterie). On notera la présence du grand bluesman Willie Dixon sur un titre (Mean Mistreater), à la basse acoustique. Court (34 minutes, 9 titres), Johnny Winter est constitué en bonne partie de reprises : du B.B. King (Be Careful With A Fool), du Robert Johnson (référence obligée du blues, ici avec When You Got A Good Friend), du Sonny Boy Williamson (Good Morning Little Schoolgirl, morceau repris avant lui par les Stones), du Lightnin' Hopkins (Back Door Friend), du Henry Glover (I'll Drown In My Own Tears, popularisée par Ray Charles, reprise aussi par Joe Cocker sur son medley de blues du live Mad Dogs & Englishmen)... Winter se taille quand même le luxe de proposer, ici, trois morceaux composés par ses propres soins : le bluegrass acoustique Dallas, Leland Mississippi Blues, et le très rythmé et efficace morceau d'ouverture, I'm Yours And I'm Hers, assurément un des meilleurs morceaux de l'album. Sa voix, quelque peu redneck parfois, sera un peu plus assurée sur les albums suivants (rien que Second Winter, enregistré un peu plus tard dans la même année 1969, et avec les mêmes musiciens, sera un pas en avant indéniable : Memory Pain, Fast Life Rider...), mais il assure quand même bien de ce côté-là, ici. Guitaristiquement parlant, pardon, mais rien à dire, ce mec était vraiment, dans ce domaine, un grand, et sur ce premier 'vrai' album éponyme, on trouvera de tout, ou presque, et du beau, du bon, Dubonnet du lourd.

Johnny Winter - Live in Clearwater

Après, il faut quand même préciser que si ce Johnny Winteréponyme est remarquable, il n'est pas, pour autant, le sommet de la carrière de Winter : il est trop court, parfois un peu prévisible, on sent que Winter ne s'est pas totalement lâché ici. Prévu pour être enregistré en son quadraphonique (ce qui ne fut jamais fait, dommage), cet album, qui sera un beau succès, est certes une réussite dans le genre, et beaucoup d'artistes seraient fiers d'avoir dans leurs discographies un album au moins aussi réussi, mais Winter fera mieux par la suite, avec Second Winter, Johnny Winter And, Still Alive And Well, Saints & Sinners, j'en passe... Son ultime opus, Step Back de 2014, avec les participations de Dr. John, Clapton, Brian Setzer, Billy Gibbons, Leslie West, Joe Perry, Joe Bonamassa ou de Ben Harper, est excellent aussi ; en fait, une grande, grande partie de ses albums (certains faits avec son frangin Edgar : le live Together, par exemple, ou d'autres avec Rick Derringer, en musicien et/ou en producteur) est des plus recommandée. Et je ne parle pas de son boulot de producteur, il a notamment produit, pour Muddy Waters, une petite série d'albums pas piqués des vers, qui ont servi à relancer le vieux bluesman : Hard Again (immense, avec un Mannish Boy d'anthologie), I'm Ready, le moins percutant mais quand même très bon King Bee (qui sera le dernier album de Muddy, mort peu après)... Bref, Johnny Winter, l'Albinos (son frangin Edgar, toujours de ce monde et heureusement, en est un lui aussi ; les deux frangins, outre pour leurs qualités musicales, sont essentiellement connus pour cette particularité physique), était un grand, un Grand même (avec majuscule), et si vous ne le connaissez pas encore, qu'attendez-vous ? Rassurez-vous, d'autres albums de lui vont suivre ici (certains d'Edgar Winter aussi), d'autres preuves de son talent, s'il y avait encore besoin d'apporter des preuves au dossier...

FACE A

I'm Yours And I'm Hers

Be Careful With A Fool

Dallas

Mean Mistreater

FACE B

Leland Mississippi Blues

Good Morning Little Schoolgirl

When You Got A Good Friend

I'll Drown In My Own Tears

Back Door Friend

"Entrance" - Edgar Winter

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Dans la famille Winter, je demande le frangin, le jeune (deux ans de moins que son frangin plus connu que lui) : Edgar. Né avec la même particularité physique que son grand frère Johnny, Edgar Winter est, comme lui, un fou de musique : rock, blues, soul, jazz, bluegrass... Les deux frangins ont participé ensemble à Woodstock en août 1969, prestation absente du film et des deux albums de bande-son/compilation originaux parce qu'elle était trop longue. Chacun des deux frères a lancé sa carrière solo en 1969, Johnny avec Johnny Winter (abordé ce matin !), qui n'était pas son premier opus, mais fut son premier à sortir mondialement, et à connaître du succès (ce fut, sinon, son deuxième album en tout). Edgar avec cet album, son premier-premier pour le coup, un album du nom d'Entrance. On peut regarder les pochettes des deux albums, et constater : celle de Johnny est sur fond noir, et montre le bluesman de trois-quarts. Celle de l'album d'Edgar le montre, de face, sur fond blanc. Un peu antinomique. Mais, en même temps, même si les deux frangins se sont toujours bien entendu, ont souvent collaboré (en live, en studio), ont même commencé ensemble en duo, on ne peut trouver albums plus distincts l'un de l'autre que le premier opus de Johnny et le premier opus d'Edgar. Multi-instrumentiste de génie (claviers, saxophone, guitare...j'en passe), Edgar livre, avec cet Entrance au titre bien trouvé, un album résolument autre. Une sorte d'album à la Todd Rundgren (avec qui il collaborera souvent) à une époque où le même Rundgren n'avait pas encore vraiment commencé sa carrière solo (ou alors, discrètement).

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Verso vinyle

D'ailleurs, au sujet de Rundgren, il faut que je dise ici qu'une petite partie de la mélodie du premier morceau d'Entrance d'Edgar Winter (le morceau s'appelle aussi Entrance) ressemble assez à un des morceaux de l'album A Wizard/A True Star que Todd Rundgren fera en 1973 (et sur lequel joue Edgar, sur certains morceaux, mais Todd joue quasiment de tout sur ses albums) : Tic Tic Tic, It Wears Off pour être précis. Todd a indéniablement entendu Entrance, et a repris une partie de la mélodie du morceau-titre. Ce n'est pas vraiment du plagiat, Toddy-O ayant réussi à faire autre chose avec cette bribe de mélodie. Mais la première fois que j'ai écoutéEntrance, ça m'a sauté aux oreilles (je connaissais déjà l'album de Rundgren à ce moment, évidemment, sinon comment aurais-je pu me rendre compte de la similitude des mélodies ?). Entrance, sinon, est un disque bien difficile à décrire. Ce n'est pas du rock, mais une sorte de jazz-rock, parfois expérimental mais pas trop, assez étrange, allant dans tous les sens. Jouant essentiellement du saxo et des claviers, chantant aussi (une belle voix), Edgar livre ici un disque relativement long (48 minutes, 12 morceaux ; à noter que la réédition BGO de l'album, sortie en 2005 et proposant l'album en pack 2 CD avec l'album suivant d'Edgar - Edgar Winter's White Trash - , ne crédite pas le huitième titre, une reprise de Tobacco Road, alors qu'il est bel et bien le huitième titre de l'album ; et le premier de la seconde face ; sur le vinyle, ce n'est d'ailleurs pas clairement indiqué non plus, Tobacco Roadétant indiqué comme étant le titre de la seconde face), divisé en deux faces bien distinctes. La première, longue de 7 titres, porte même le sous-titre de Winter's Dream, et propose les morceaux sans aucune pause entre eux, une longue suite d'environ 23/24 minutes. Autant le dire, c'est parfois un peu lourd à digérer, cette première face étant la plus inclassable du lot, la plus jazzy/soul, assez éthérée des fois, assez zappaesque dans d'autres (toutes proportions gardées). Mais Entrance, le long Fire And Ice ou Back In The Blues sont d'excellents moments.

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Affiche promotionnelle

Je suis cependant bien plus amateur de la seconde face, avec notamment une remarquable reprise de Tobacco Road (un morceau de J.D. Loudermilk, standard du blues, qu'Edgar transcendera en live : sur Roadwork, le double live de 1972 fait avec son groupe Edgar Winter's White Trash, ce morceau occupe toute une face, avec 17 minutes hallucinantes au compteur ! Ici, il n'en dure que 4), Jimmy's Gospel ou A Different Game, sur lequel Edgar en fait cependant sans doute un petit peu trop, vocalement parlant. D'ailleurs, dans l'ensemble, Entrance en fait sans doute un petit peu trop, en tout : production assez imposante, interprétation vocale parfois un peu trop enthousiasmée, durée assez généreuse (quasiment 50 minutes), accumulation de genres (jazz, blues, soul, rock, expérimental, difficile de s'y retrouver), on sent qu'Edgar Winter a voulu tout donner d'un coup, l'air de dire je sais faire ça, et puis ça aussi, et même ça, j'aime ce genre de musique, et celui-là aussi, j'aime aussi ça, sans se retenir, sans vouloir en laisser un peu pour la suite. D'ailleurs, la suite sera assez différente : Edgar Winter's White Trash, son album suivant, en 1971 (premier des deux albums, l'autre étant le live Roadwork, fait avec son groupe, au sein duquel se trouvent le guitariste et chanteur Rick Derringer et le chanteur et saxophoniste Jerry LaCroix), sera totalement différent, un album de rock teinté de soul gospellienne (Save The Planet) et de funk, un disque très accessible enregistré par un groupe assez complet (avec Edgar, ils sont sept en tout, comme Chicago de la même époque, dont la musique est similaire, en plus jazzy que rock cependant). Pour en revenir àEntrance, ce premier album d'Edgar n'est donc pas parfait, mais il est cependant àécouter pour ce qu'il est, un petit OVNI musical, assez chargé, mais montrant cependant très bien qu'Edgar est aussi talentueux que son glorieux frangin (lequel, lui, s'est limitéà la guitare et au blues-rock), aussi digne d'intérêt. L'album déplaira peut-être à certains, j'avoue que la première écoute me fut difficile, ce n'est qu'au bout de plusieurs écoutes que j'ai commencéà apprécier le disque. Mais ce fourre-tout luxuriant est indéniablement un disque courageux, osé (c'est un premier album, après tout ; et sur la pochette, le regard quelque peu austère et suffisant d'Edgar veut bien dire ce qu'il veut dire : je suis fier de ce disque, et en effet, il l'est et a raison de l'être), certes pas très accessible parfois, mais on ne saurait mettre en doute le talent d'Edgar et sa volonté d'aller au-delà des carcans musicaux (l'album est autoproduit par ses soins, d'ailleurs). Même s'il se calmera par la suite, tout du long de sa carrière, plus accessible et sobre que cet Entrance vraiment à part.

FACE A (Winter's Dream)

Entrance

Where Have You Gone

Rise To Fall

Fire And Ice

Hung Up

Back In The Blues

Re-Entrance

FACE B

Tobacco Road

Jump Right Out

Peace Pipe

A Different Game

Jimmy's Gospel

"Johnny Winter And" - Johnny Winter

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Quel titre d'album étrange : And. Enfin, non, le titre exact est Johnny Winter And. Soit 'Johnny Winter Et'. Et qui ? Et Rick Derringer (guitare, chant sur certains titres), Randy Jo Hobbs (basse) et Randy Zehringer (batterie), alias Randy Z, alias le frangin de Derringer, dont le vrai nom est Richard Zehringer. Cet album sorti sous une belle pochette sobre en noir & blanc, représentant Winter et ses musikos, date de 1970, et est le troisième opus du Texan albinos, ou son quatrième si on comptabilise The Progressive Blues Experiment de 1968, sorti localement à l'époque. C'est un album absolument remarquable qui sera suivi, l'année suivante, d'un live, le premier de Winter, un live enregistré en 1970 et intituléLive Johnny Winter And. Parce qu'en fait, le titre de l'album est aussi celui du groupe que Winter créera, éphémèrement, pour le disque et la tournée qui s'en suivra. Long de 42 minutes, cet album interprété en partie par Winter et en partie par Derringer, et produit par les deux compères (qui continueront de collaborer ensemble, ainsi qu'avec Edgar, frangin de Johnny), est probablement un des meilleurs opus du guitariste, mais ce n'est pas le plus connu, Second Winter, Still Alive And Well et Captured Live !étant de loin les albums les plus mythiques du mec.

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Verso pochette vinyle

Seul opus de Winter sans une seule reprise de standards de blues (j'ai bien dit : reprise de standards de blues, pas reprise tout court), sans un seul morceau de blues dessus, Johnny Winter And est un disque très rock, qui sera le dernier album studio de Winter pendant environ trois ans : il ne reviendra qu'en 1973 avec Still Alive And Well le bien-nommé, enregistré juste après une cure de désintoxication, Winter ayant été accro, et ça a miné sa santé (pendant cette période 1970/1973, il sortira le live cité plus haut en 1971, et participera, en 1971/1972, à des concerts de son frangin Edgar, on l'entend brièvement sur le live Roadwork du Edgar Winter's White Trash, groupe dans lequel officia Rick Derringer, en 1972). Composé en grande partie par Winter et Derringer, Johnny Winter And offre d'excellents moments de rock parfois teinté de hard-rock (restons relatifs, ce n'est pas du hard-rock pur et dur, c'est juste du rock assez musclé, parfois), comme le grandiose Rock And Roll, Hoochie Koo (par ailleurs sorti en single, ce morceau sera, sur le live Roadwork d'Edgar Winter, joué, par Johnny Winter), ou le lent, triste Am I Here ?, le fantastique Let The Music Play (ces deux morceaux sont interprétés par Derringer), le terrible Funky Music, les efficaces Guess I'll Go Away et Prodigal Son... Les morceaux sont dans l'ensemble courts, chacun étant dans la tranche 3,30 minutes. Sauf Funky Music, qui en dure quasiment 5, et No Time To Live, reprise du groupe Traffic, qui dure 4,35 minutes. C'est un album bien calibré, qui délivre bien la marchandise, tout ce qu'on attend d'un album de rock. Le live qui suivra, fait avec le groupe, ne proposera aucun titre de l'album, curieusement (avec 41 minutes et 6 titres, il est dramatiquement court, mais pas inintéressant du tout, j'en reparle ici bientôt), ce qui est dommage.

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Bref, Johnny Winter nous livre, avec cet opus de 1970, un régal de plus dans sa discographie vraiment enthousiasmante. On notera que le titre de l'album et du live qui s'en suivra sont tellement similaires (la mention 'Live' pour le live, mais sinon, c'est le même titre) qu'un néophyte s'y perdrait peut-être en n'y faisant pas gaffe. Pochette noire : album studio, et pochette colorée montrant Johnny et son groupe sur scène : album live. Les deux albums, sur un autre label que Columbia, furent d'ailleurs réédités en CD, en une édition double disque les proposant ensemble (le label BGO Records, britannique), mais on les trouve aussi séparément sur le label d'origine, Columbia Records. J'aurai, comme je l'ai dit plus haut, l'occasion, très bientôt, de parler du live, mais en attendant, et pour finir, ce Johnny Winter And studio est vraiment une claque de plus de la part du regretté (mort en juillet dernier) guitariste. Vous aimez Johnny Winter ? Vous aimez le rock teinté de blues ? Vous aimez le son de la guitare ? Vous aimez le rock 70's ? Ne cherchez plus, ce disque vous tend les bras, à moins que vous ne le connaissiez déjà !

FACE A

Guess I'll Go Away

Ain't That A Kindness

No Time To Live

Rock And Roll, Hoochie Koo

Am I Here ?

Look Up

FACE B

Prodigal Son

On The Limb

Let The Music Play

Nothing Left

Funky Music

"Unhalfbricking" - Fairport Convention

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Fairport Convention... Un groupe culte, aujourd'hui un peu oublié (comme les Américains du Jefferson Airplane, lesquels ne faisaient pas du tout le même style de musique, soit dit en passant, c'était juste pour l'exemple), britannique, les spécialistes de la folk-rock à tendance celtique. Le groupe a été fondé en 1967 et a accueilli en son sein, dès ses débuts, un guitariste du nom de Richard Thompson, assurément une des meilleures lames de la guitare au Royaume-Uni. Devant son nom à celui de la maison dans laquelle le groupe répétait à la base, et où, selon la légende, il aurait été crée (Fairport, à Muswell Hill, dans les quartiers nord de Londres, maison appartenant au père d'un des membres du groupe, le guitariste Simon Nicol), le groupe est constitué, donc, de Simon Nicol et Richard Thompson (guitares, plus un peu de chant pour le second), Ashley Hutchings (basse, un des deux membres fondateurs avec Nicol, Thompson est arrivé juste après), Martin Lamble à la batterie (il ne fut pas le batteur originel, mais il joue dès le premier album), et au chant, une jeune femme du nom de Judy Dyble, qui avait la charmante habitude de...tricoter, sur scène, pendant les passages instrumentaux ou les chansons interprétées par Thompson. Le premier album du groupe sort en 1968, il est éponyme et produit par Joe Boyd (Nick Drake). On y trouve de sublimes chansons (One Sure Thing, Chelsea Morning reprise à Joni Mitchell, Decameron). C'est le seul album du groupe avec Judy Dyble qui partira peu après, remplacée par Sandy Denny, et avec l'arrivée de cette nouvelle chanteuse, Fairport Convention trouve sa voie. Denny, morte connement en 1978 des suites d'un accident domestique (chute dans un escalier), restera en effet quasiment tout le reste de sa vie dans le groupe, elle en partira rapidement, pour revenir vers 1975. Elle est entrée dans l'Histoire du rock pour avoir été le seul artiste féminin à jouer sur un album de Led Zeppelin : en l'occurrence, chanter, la concernant. Elle chante en effet en duo avec Robert Plant sur la chanson The Battle Of Evermore, sur le quatrième album, sans nom, de Led Zeppelin, en 1971.

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Verso de pochette

En 1969, Fairport Convention sort trois albums : What We Did On Our Holidays, le premier, donc, avec Sandy Denny, un très bon album ; et cet Unhalfbricking, lequel est probablement, en concurrence avec le suivant (Liege & Lief, que j'aborderai ici bientôt et qui date de 1969 aussi), le sommet de la carrière des folkeux. Sorti sous une étonnante pochette montrant les parents de Sandy Denny posant devant leur maison (le but est de donner une atmosphère chaleureuse, conviviale et simple à l'ensemble : de ce côté-là, c'est effectivement réussi), avec le groupe en arrière-plan dans le jardin (au dos, le groupe, à table, en train de manger), et sous un titre encore plus étonnant (et qui ne veut rien dire : le groupe avait l'habitude de jouer à jeu de mots du nom de "Ghost", populaire en Angleterre, et consistant à créer des mots à partir de bribes d'autres mots), Unhalfbricking a été, dans certains pays, publié sous une autre pochette encore plus étrange, voir plus bas, représentant des...éléphants de cirque ! Je ne veux même pas chercher à savoir pourquoi... Bon, passons. Ce disque est important pour moi, car il fut mon premier Fairport Convention. Je ne suis pas un gros fan de ce groupe, je ne possède, en tout et pour tout, que cinq de ses albums (le premier, celui-ci, Liege & Lief, Full House et Babbacombe Lee), plus des albums solo de Richard Thompson (j'en ai abordé un récemment, Pour Down Like Silver), et comparé au nombre d'albums que ce groupe à la forte rotation a enregistré, c'est vraiment peu. Forte rotation, ça veut dire, évidemment, que le changement de personnel a très souvent eu lieu dans le groupe. Le temps d'une partie de 1976, par exemple, le groupe a accueilli un certain Dan Ar Braz (guitare). Certains changements ne furent pas parce que le musicien voulait partir ou n'était pas convaincant : la sortie d'Unhalfbricking a été endeuillée par un drame de la route, un accident mortel survenu au batteur du groupe, Martin Lamble - qui n'avait que 19 ans -, et à la petite amie de Richard Thompson, Jeannie Franklin, tous deux décédés dans le crash, les autres membres du groupe présents furent juste blessés (c'était de retour d'un concert à Birmingham). Ashley Hutchings dira, par la suite, ressentir de fortes émotions rien qu'à regarder le verso de pochette de l'album : la tenue qu'il porte dessus est celle qu'il avait au moment de l'accident, et qui finira tachée de sang...

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Pochette alternative

Unhalfbricking est un disque sorti dans un contexte difficile, le groupe parviendra à se remettre et accouchera d'un autre chef d'oeuvre, Liege & Lief (j'en reparlerai ici bientôt). J'ai cité les membres du groupe, citons aussi les invités sur l'album : Dave Swarbrick (violon, mandoline) qui fera officiellement partie du groupe dès l'album suivant ; Iain Matthews (choeurs sur un titre) ; Trevor Lucas (triangle sur un titre) ; Marc Ellington (choeurs sur un titre). L'album propoe 8 titres, pour un total de 39 minutes. Une réédition de l'album, récente, propose deux bonus-tracks, des reprises (Ballad Of Easy Rider des Byrds, Dear Landlord de Dylan), j'ignore ce qu'elles valent, mon édition CD, plus ancienne, ne les contenant pas. J'ai peu de doutes sur leur qualité, ceci dit. Concernant Dylan, d'ailleurs, trois des morceaux de l'album sont des reprises du Barde : Million Dollar Bash est une des très nombreuses chansons composées et enregistrées par Dylan et le Band durant les sessions de 1967 des Basement Tapes (à l'époque, sorties en pirate : The Great White Wonder ; sorties officiellement en 1975, et il y à un mois, en coffret intégral). Percy's Song est une des chansons que le Barde composa pour son album The Freewheelin' Bob Dylan mais ne conservera pas pour l'album (sauf erreur de ma part, dans le film Don't Look Back de 1967, film documentaire sur Dylan, on voit, dans une scène, Joan Baez chanter un passage de la chanson, au grand dam de Dylan, dans une chambre d'hôtel). Si Tu Dois Partir, enfin, est une reprise, en français, de If You Gotta Go, Go Now (datant des sessions de l'album Bringing It All Back Home). Les paroles en français furent faites par un groupe d'amis du groupe, francophones ou francophiles, au cours d'une soirée, et ce, afin de rendre le morceau plus original. Cette chanson sortira en single, et est l'OVNI musical de l'album, et une petite réussite amusante (bonne prononciation de Sandy et Richard). L'idée de reprendre ces chansons viendra au groupe suite à l'invitation de Dylan, qui leur proposa, en 1969, d'écouter des chansons des Basement Tapes, inédites. Cela fut apparemment très difficile de choisir quelles chansons reprendre, le groupe les ayant toutes adorées !

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Le reste de l'album est composé par le groupe, même si A Sailor's Life, longue pièce celtique de 11,20 minutes, est basé sur un air traditionnel. Assurément le sommet d'Unhalfbricking, c'est une chanson triste, mélancolique sur la difficile et périlleuse, fréquemment dramatique, d'un marin, sur l'attente de sa famille restée à terre. Le morceau démarre en chanson, une mélopée magnifiquement interprétée par une Sandy Denny des plus concernée, ambiance celtique assurée. La seconde moitié du morceau est une jam instrumentale où le violon de Swarbrick et les guitares de Thompson et Nicol tissent des entrelacs sonores absolument grandioses, c'est d'une beauté hors du temps, hors de ce monde. Indescriptible. Oui, c'est le sommet de l'album, et pas seulement parce que c'est le morceau le plus long de l'ensemble. Le reste de l'album est d'un niveau remarquable aussi, Cajun Woman est un petit régal faussement accessoire, une chanson enlevée, d'apparence basique, avec un violon (fiddle) énergique ; Genesis Hall (qui sera la face B du single Si Tu Dois Partir, lequel single sera le seul du groupe à entrer dans les charts, au passage) est une merveille qui ouvre sublimement l'album ; Autopsy est triste à pleurer, Sandy livre ici une prestation étouffante ; mais si on excepte A Sailor's Life, sa meilleure prestation vocale ici reste le classique Who Knows Where The Time Goes ?, qu'elle a écrite, une splendeur mélancolique, triste comme un jour sans Q, une chanson qui prend son temps (5,15 minutes) et pose une atmosphère quasiment palpable de mélancolie. S'il n'y avait A Sailor's Life sur l'album, cette chanson serait le sommet d'Unhalfbricking. Pour résumer, 8 chansons épatantes, reprises ou originales, une interprétation sublime, une production très réussie, une ambiance parfaite, et un packaging et titre étonnants pour aller avec : Unhalfbricking est clairement un des joyaux de la musique folk des années 60 à maintenant, un des meilleurs albums de folk anglais, un des meilleurs, si ce n'est le meilleur, album du groupe, juste devant le tout aussi abouti Liege & Lief. Essentiel.

FACE A

Genesis Hall

Si Tu Dois Partir

Autopsy

A Sailor's Life

FACE B

Cajun Woman

Who Knows Where The Time Goes ?

Percy's Song

Million Dollar Bash


"Edgar Winter's White Trash" - Edgar Winter's White Trash

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 Place maintenant à un tournant dans la carrière, alors relativement jeune (c'est son deuxième album), d'Edgar Winter. L'autre jour, j'ai abordé ici Entrance, son premier album, un disque vraiment bon, mais très étrange, inclassable mélange entre rock, jazz et soul, assez expérimental parfois, et pas des plus faciles d'accès. Un album imparfait, un peu too much, mais qui a le mérite d'être original et aventureux. Peu de temps après, Edgar changera complètement d'horizon : le petit frère (pas plus jeune de beaucoup, seulement de deux ans) de Johnny, claviériste et saxophoniste, recrutera six musiciens afin de fonder un groupe, qu'il baptisera Edgar Winter's White Trash. Leur premier album, et par ailleurs, donc, le deuxième album d'Edgar en tout, sortira en 1971, il est éponyme. Voici donc Edgar Winter's White Trash. Le groupe est constitué d'Edgar, donc (chant, saxophone, claviers), de Rick Derringer (guitare, chant, choeurs), Jerry LaCroix (chant, saxophone), Bobby Ramirez (batterie), George Sheck (basse), Mike McClellan (trompette) et Jon Smith (saxophone). Participent aussi à l'album le guitariste Floyd Radford et Johnny Winter (guitare aussi). L'album est produit par Rick Derringer, et sera un gros succès commercial. Peu après la sortie du disque, le White Trash se lance en concerts, et il en résultera un double live du nom de Roadwork, en 1972 (auquel Johnny Winter participe), puis, après ce live qui, lui aussi, marchera fort, Edgar splitte son groupe pour en fonder un autre, The Edgar Winter Group, avec lequel il connaîtra encore une fois un beau succès (They Only Come Out At Night, en 1973, avec Free Ride et l'instrumental Frankenstein). Mais revenons à ce premier (et unique enregistré en studio) des deux opus de White Trash (l'autre a été abordé ici récemment, au fait).

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Verso de pochette

Comment le définir ? C'est un savant mélange entre rock parfois hard et bluesy, soul, funk et gospel (beaucoup de choeurs), sorti sous une pochette représentant le groupe dans une rue enneigée (la photo a clairement été colorisée  après avoir été prise en noir & blanc, un peu comme celle du The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars de Bowie), avec, au dos, parmi les crédits, un poème signée d'une certaine Patti Smith, la future rockeuse de Horses et Radio Ethiopia, alors rock-critic et poétesse, et amie de tout un aréopage de musiciens rock issus de la scène East Coast : Todd Rundgren, Rick Derringer, Blue Öyster Cult... Edgar Winter, lui, comme son frangin (logique), vient du Texas, ce qui se ressent quand on écoute les albums de Johnny, mais pas du tout quand on écoute ceux d'Edgar. Le bonhomme, qui a signé, avec le Louisianais Jerry LaCroix, une bonne partie des morceaux de l'album (certains, trois pour être précis, ont été composés par Edgar seul, un seul morceau, I've Got News For You, est une reprise, de Ray Alfred), ne se restreint pas du tout au blues, contrairement à son regretté frère. Qui joue de la guitare sur la reprise citée plus haut, d'ailleurs, apparemment la seule participation de Johnny àEdgar Winter's White Trash. Sinon, tout ce que l'on entend sur cet album de 43 minutes est franchement réjouissant, que cela soit du pur rock assez musclé (Give It Everything You Got, Keep Playin' That Rock'n'Roll, I've Got News For You), de la ballade (Fly Away, Dying To Live) ou de la soul (Save The Planet, qui peut sembler caricaturale, mais est en même temps très efficace, et le sera encore plus sur Roadwork ; le seul morceau de l'album présent sur le live). A noter que Let's Get It On n'est pas une reprise de Marvin Gaye, pour une raison très simple : la chanson homonyme de Gaye ne sera faite que deux ans plus tard !

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Ce premier opus du White Trash est donc une réussite, un excellent petit album de rock, un disque peu connu, ce qui est dommage, mais ça lui confère aussi un statut un peu culte. Combien de personnes connaissent ce disque et le live qui s'en suivra ? Beaucoup, évidemment, mais par rapport à ceux qui connaissent les albums des, disons, Who, Stones ou Led Zeppelin, bien peu. Histoire de rattraper un retard, je ne peux donc que conseiller aux personnes ne connaissant pas encore le boulot d'Edgar Winter de se pencher sur cet album et le live qui suit, dont le seul défaut (le live) est de ne pas durer très longtemps, malgré qu'il soit double en vinyle (plus en CD) : 66 minutes. Pour en revenir àEdgar Winter's White Trash, cet album offre tout ce qu'un amateur de rock peut espérer d'une bonne production du genre : de l'énergie à en revendre, une excellente production, d'excellentes chansons, une ambiance du feu de Dieu, l'envie de remettre le couvert une fois le disque achevé. En plus, la durée de l'album est tout ce qu'il y à de correcte (pour moi, un album studio, sous le format vinyle, possède une durée parfaite si elle est entre 38 et 46 minutes ; en-dessous, c'est souvent trop peu, et au-delà, c'est souvent trop ; pour un album studio sorti directement en CD, 50 à 55 minutes, c'est l'idéal, et pour un live sorti en vinyle, s'il ne contient qu'un seul disque, c'est trop peu, même si la musique y est de grande qualité). Voici donc un album méconnu et à découvrir !

FACE A

Give It Everything You Got

Fly Away

Where Would I Be

Let's Get It On

I've Got News For You

FACE B

Save The Planet

Dying To Live

Keep Playin' That Rock'n'Roll

You Were My Light

Good Morning Music

Yes : la discographie

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Logo_Yes

Aaah, ça faisait longtemps que je n'avais pas fait un article résumant une discographie (officielle, hors compilations) d'un groupe, ici ! En l'occurrence, voici celle d'un des plus fameux groupes de rock progressif : Yes. Comme d'habitude, albums studio et lives officiels uniquement, dans l'ordre, avec un petit avis personnel à chaque fois !

Yes_-_YesYes (1969) : Constitué alors de Jon Anderson (chant), Bill Bruford (batterie), Tony Kaye (claviers), Chris Squire (basse) et Peter Banks (guitare), Yes sort son premier opus en 1969, donc. Comprenant une reprise des Beatles (Every Little Thing, pas la chanson la plus connue du groupe, un choix étonnant ! On y entend le riff de Day Tripperà un moment donné...), cet album ne brille pas par sa réussite, c'est même un des moins recommandés du groupe. Si la suite de la carrière de Oui avait été aussi bonne que ce premier opus, le groupe n'aurait pas été loin, c'est moi qui vous le dit...

 

d92f16f8924772b3317502f811a_prevTime And A Word (1970) : Les fans estiment ce disque encore pire que Yes. Je le trouve, personnellement, un tantinet meilleur, mais ça ne veut pas non plus dire que c'est du grand art. Aucun grand morceau ne surnage ici, Time And A Word n'arrive vraiment pas à la cheville des albums suivants, c'est du sous-rock progressif à peine digne d'être écouté, à moins d'être un grand fan du groupe, du genre de ceux qui pardonnent tout.

da0d120936c1de98ddcfc561a51_prevThe Yes Album (1971) : Banks se barre, remplacé par Steve Howe, qui restera jusqu'au bout. The Yes Album marque les vrais débuts de Yes, le titre de l'album en est, quelque part, un indice, une preuve. Seulement 6 titres, beaucoup d'entre eux font partie des classiques absolus du groupe, Perpetual Change, I've Seen All Good People, Yours Is No Disgrace, Starship Trooper. Quasiment 42 minutes parfaites, les deux morceaux restants, A Venture et The Clap, sont certes moins aboutis, mais loin d'être inintéressants. Oui, au final, cet album est un des joyaux du groupe. Mais le meilleur reste à venir.

b4e26a57d62c62c9f31d64a7c28_prevFragile (1971) : Kaye se barre, Rick Wakeman arrive. Il n'est encore quasiment qu'un invité ici, il sera officialisé juste après. Autre nouveauté, la pochette, signée Roger Dean, qui signera une grosse partie des suivantes, toutes dans  le même style, un régal. Boosté par un single absent de l'album (une reprise du America de Simon & Garfunkel), Fragile est une réussite qui propose en partie des morceaux collectifs (les plus longs : le grandiose et prenant Heart Of The Sunrise, Roundabout, South Side Of The Sky, et Long Distance Runaround, nettement plus court), et en partie des pièces solo composées chacune par un des cinq membres du groupe. Si la pièce du guitariste Howe (Mood For A Day) et celle du bassiste Squire (The Fish (Schindleria Praematurus) qui sera souvent, en live, précédé de Long Distance Runaround) sont remarquables, le reste est moins convaincant, mais la brièveté de ces morceaux (35 secondes pour le Five Per Cent For Nothing de Bruford, le batteur, et moins de deux minutes pour celles de Wakeman - Cans And Brahms - et d'Anderson - We Have Heaven) empêche l'album d'être inégal, heureusement. Un remarquable album, l'Âge d'Or démarre, pour Yes.

0c06264f78a2bd9ca46cba67956_prevClose To The Edge (1972) : Le sommet. Seulement 3 morceaux (dont, forcément, un occupant une face entière : le morceau-titre, 18 minutes), seulement 37 minutes, mais quel chef d'oeuvre ! Rien à dire de négatif ici, Close To The Edge est parfait de bout en bout, trois immenses morceaux : une épopée en plusieurs parties sur la face A, une chanson à prédominance acoustique (And You And I) et un rock bien nerveux (Siberian Khatru) sur la B, trois monuments qui seront très souvent joués sur scène. On notera la beauté de la pochette de Roger Dean, aussi bien le recto/verso (sobre, verte, sans motifs) que l'intérieur (sublime décor que je vous laisse découvrir en farfouillant sur le Net ou en achetant l'album). Un disque tout simplement essentiel.

e6f2270e4c0e76e4398f769f00d_prevYesSongs (1973) : Un triple live, le premier live du groupe par ailleurs. Depuis double CD, YesSongs ne contient, malgré ses trois galettes originelles, que 13 titres (dont une ouverture reprenant L'Oiseau De Feu de Stravinsky, et un morceau constitué d'extraits de l'album The Six Wives Of Henry VIII de Rick Wakeman, une petite pub perso du claviériste, il a bien raison), parmi eux l'intégralité de Close To The Edge. Le seul reproche à faire ici : la qualité sonore, sans être pourrie, est quand même vraiment mince, un peu comme le premier live (de la même année) de Genesis. Bill Bruford joue encore dessus au moment de l'enregistrement (1972) des morceaux, mais au moment de la sortie de l'album, il est déjà parti pour rejoindre King Crimson, et est remplacé par Alan White (connu notamment pour avoir joué sur certains albums solo de John Lennon). Un live essentiel à tout fan de rock progressif. Triple pochette belle à tomber. Rien que pour elle, il faut l'avoir en vinyle.

2cb278dd843566818ba0e608944_prevTales From Topographic Oceans (1973) : Pour certains, le sommet du groupe ; pour d'autre, un pensumépouvantable qui marque le début de la fin, et caricaturise totalement le genre. Faut dire qu'ils ont fait fort, Rick Wakeman lui-même, pourtant peu avare en claviers, en longs soli, etc, dire ne plus supporter de jouer ce disque en live, et partira peu après la tournée. C'est un double album, toujours en CD (il dure dans les 82 minutes), ne comprenant que quatre morceaux allant chacun entre 18 minutes pour le plus court, et 21 pour le plus long. Composé par Anderson et Howe (les paroles, nombreuses, par Anderson), Tales From Topographic Oceans, que j'adore mais n'écoute pas souvent (il est épuisant), aurait été imaginé en totalité d'après une note de bas de page d'un livre sur l'hindouïsme que lisait Anderson. Les quatre longs morceaux/faces sont des mouvements, des cycles. On y trouve de grands moments (la dernière face, Ritual - Nous Sommes Du Soleil, qui n'est pas interprété en français, sauf une ligne, malgré son titre, est un chef d'oeuvre), mais après, il est vrai que c'est long, et bien que j'adore cet album (pochette magnifique), je peux comprendre ceux qui estiment que c'est limite une caricature de ce que le rock progressif peut être dans ses pires moments : long, chargé, prétentieux, complexe... Ce disque a ses fans et ses détracteurs, acharnés dans les deux cas. Vous savez de quel côté je me trouve !

21116ca6bb25b87e0d0386812ce_prevRelayer (1974) : Rick Wakeman en ayant eu assez rapidement classe de jouer, soir après soir, les quatre longs morceaux de Tales From Topographic Oceans (album qu'il n'a jamais vraiment aimé, de plus), il s'en va après la tournée. Yes engage à sa place un Suisse, Patrick Moraz, qui ne restera que le temps d'un album et d'une tournée. L'album s'appelle Relayer, et il est généralement considéré comme un des plus réussis du groupe, et en effet, malgré qu'il soit parfois ardu (The Gates Of Delirium, long morceau de 20 minutes occupant toute la face A, est assez recherché, quasiment jazzy parfois, expérimental dans d'autres ; sa section finale, Soon, est à tomber par terre). Et malgré les vocalises énervantes et ridicules d'Anderson sur le final de Sound Chaser (Cha cha cha ! Cha cha !), qui font bien rire les fans. Pochette sublime du fidèle Dean, seulement trois morceaux, mais que du lourd, cet album est effectivement un des tout meilleurs.

Yes-Going-for-the-One-Cover-Going For The One (1977) : Trois ans d'absence. Il faudra ce temps pour convaincre Wakeman de revenir. A l'arrivée, Going For The One, sorti en pleine année punk, pas la plus recommandée pour un disque de rock progressif, surtout de Yes. Mais le succès sera au rendez-vous, en dépit d'un visuel franchement épouvantable (ce n'est pas Roger Dean qui a signé la pochette, ça se voit) ne donnant pas envie d'écouter le disque à l'intérieur (à noter que malgré que l'album ne soit que simple, la pochette est triple ! Un luxe inoui...). De grandes chansons, comme la chanson-titre, Turn Of The Century, et surtout l'immense Awaken, 15 minutes au Paradis. Pas le sommet du groupe, mais ceux qui l'estiment raté se gourent. J'admets cependant avoir mis du temps à l'aimer, mais maintenant, c'est le cas !

d3b78bd97c67f81184c0514663a_prevTormato (1978) : Aïe. Après une telle série d'albums (de 1971 à 1977), il fallait bien que ça arrive un jour. Tormato date de 1978, une des pires, si ce n'est la pire année du rock progressif (année de sortie d'un des plus mauvais Genesis, d'un des plus mauvais Emerson, Lake & Palmer...et d'un des pires Yes, donc. Il paraît que le titre de l'album aurait été changé après que Rick Wakeman ait jeté, sur les épreuves de la pochette, des tomates pour indiquer son ressenti à son sujet. Les tomates furent conservées, le titre de l'album (qui, à la base, était Yes Tor) changé en conséquence ! Mis à part ça, pas grand chose à se carrer ici, Don't Kill The Whale et On The Silent Wings Of Freedom sont bonnes, mais dans l'ensemble, on s'emmerde assez royalement ici. Pas le pire de Yes (par la suite, rassurez-vous, ils arriveront à faire pire), mais clairement pas un bon album.

YesshowsYesshows (1980) : Double live de la tournée Tormato, Jon Anderson quittera le groupe peu après. Moins pharaonique que YesSongs, avec une meilleure qualité sonore, mais moins mythique, Yesshows est un très bon live, sorti sous une pochette signée Roger Dean, et on y trouve, notamment, un Ritual magnifique (qui fut coupé en deux, rapport à sa durée de, si je ne m'abuse, 28 minutes en tout). On notera aussi les 22 minutes de The Gates Of Delirium, un Time And A Wordétonnant, et Going For The One. Un seul morceau issu de Tormato, Don't Kill The Whale...

b9693e59315e762b461a47c23e9_prevDrama (1980) : Le mal-aimé. Parce que Jon Anderson n'est plus là, remplacé par Trevor Horn (un ancien des Buggles, vous vous souvenez de leur tube de 1979 Video Killed The Radio Star). Rick Wakeman non plus n'est plus là, remplacé par Geoff Downes (un ancien des...Buggles, aussi, tiens). Drama, sous sa pochette plutôt moyenne (je trouve les animaux horriblement mal dessinés, par rapport au décor, qui, lui, tient la route) et sa courte durée (37 minutes, 6 titres), n'est pour autant pas un mauvais cru, il est nettement supérieur àTormato et à pas mal des albums suivants. Rarement représenté en live, voire même jamais, car Jon Anderson, dès son retour (pour l'album suivant), refusera d'en chanter le moindre morceau, c'est un opus qui contient de très bonnes choses, comme Machine Messiah, Tempus Fugit, Into The Lens... J'aime beaucoup ce disque qui, dans l'ensemble, tout en étant réhabilité avec le temps, demeure par trop méconnu et mésestimé.

77d1ce2835c1d228e334407e9fb_prev90125 (1983) : L'album du hit absolu de Yes, Owner Of A Lonely Heart. Devant son nom à son numéro de catalogue, 90125 marque le retour de Jon Anderson au chant. Chose amusante, le chanteur l'ayant remplacé le temps d'un album, Trevor Horn, est ici à la production ! Outre le gros tube qui reste toujours aussi agréable à l'écoute malgré son côté très new-wave, l'album offre aussi Changes, Hearts, City Of Love, chansons plutôt correctes. Mais l'album n'en demeure pas moins inégal, plus de la new-wave vaguement progressive que du rock progressif pur et dur, c'est calibré FM dans l'ensemble, ça se laisse écouter, mais il vaut mieux éviter de penser aux premiers albums quand on l'écoute... A noter que Steve Howe est parti, remplacé par Trevor Rabin, et que Tony Kaye, claviériste des débuts, fait son retour à la place de Wakeman-la-bougeotte.

220px-9012LiveCoverALBUM9012Live : The Solos (1985) : Comme son nom l'indique, cet album est live, et il est issu de la tournée de 90125. Ultra-court (34 minutes), c'est en fait une sorte de mini-album proposant des solos des différents membres du groupe à l'époque (Trevor Rabin, Tony Kaye, Chris Squire, Jon Anderson, Alan White) plus des morceaux collectifs, captés live (Hold On, Changes). La version CD 2009, japonaise, rajoute plusieurs morceaux et, donc, de la durée à ce live franchement pas réjouissant, à oublier à moins d'être un grand fan.

Yes-BigGenerator-1987-600x600Big Generator (1987) : Un peu comme 90125... en pire, ou en meilleur, c'est selon. Les fans estiment généralement que ce disque est une chiure ahurissante de nullité, un truc de merde, le pire opus du groupe. J'avoue adorer bien comme il faut Love Will Find A Way, et bien aimer le morceau-titre et Shoot High Aim Low, mais dans l'ensemble, Big Generator (le visuel ci-contre est celui du CD ; pour le vinyle, les couleurs étaient vert pâle au lieu du jaune, et lettrage en bleu) est effectivement un des moins bons albums de Yes. Beaucoup trop calibré FM/New-wave pour plaire aux fans de la première heure.

220px-AndersonBrufordHoweAnderson Bruford Wakeman Howe (1989) : Je me suis posé la question : faut-il le mettre dans la liste ? Après tout, officiellement, cet album n'est pas un disque de Yes. Il s'agit d'un disque fait par quatre membres de Yes, Jon Anderson, Bill Bruford, Rick Wakeman et Steve Howe, avec la participation du bassiste Tony Levin (qui n'a jamais fait partie de Yes, mais fut membre de King Crimson, comme Bruford). Pour des raisons légales, le quatuor n'a pas eu le droit d'utiliser le nom du groupe, et c'est donc sous leur quadruple appellation qu'ils sortirent ce disque, ainsi qu'un live en 1993 (enregistré en 1989). Cet album est dans l'ensemble correct, mais on ne peut vraiment pas le qualifier de meilleur album de Yes. Enfin, de Yes...non, ce n'est pas du Yes, mais vous m'avez compris, c'est presque du Yes (remplacez Levin par Chris Squire, et vous avez le line-up de l'Âge d'Or 1971/1973) ! Une petite heure de rock progressivo-symphonique qui se laisse écouter. La production a pris un coup, cependant.

220px-Yes_-_UnionUnion (1991) : Comme son nom l'indique, Union marque le retour du Yes qu'on connaît, Anderson, Howe, Wakeman, Squire et Bruford (Alan White joue aussi sur certains titres). On notera que les musiciens remplaçants des précédents albums, Rabin, Kaye, jouent aussi sur certains titres, un beau bordel. Long (plus d'une heure), cet album est, musicalement parlant, un beau petit bordel aussi, trop long, chargé, les morceaux ne sont pas terriblement longs (en tout, il y en à 14), mais il y en à trop, ce disque souffre de ce syndrôme qui touchera le rock dans les années 90, dès l'avènement du CD : le remplissage. Et encore, ça aurait pu être pire, mais Union aurait été meilleur avec une durée bien plus restreinte.

220px-AnEveningofYesMusicPlus1993An Evening Of Yes Music Plus (1993) : 130 minutes de live capté en 1989 en Californie, sorti en 1993, par le quatuor Anderson Bruford Wakeman Howe, lesquels, pour des raisons légales, n'avaient pas le droit de s'appeler Yes. C'est le deuxième album du Yes officieux après leur éponyme de 1989, qui n'était pas honteux, mais clairement pas d'un niveau ahurissant. Ce live, qui propose aussi bien des morceaux de l'album de 1989 que des titres de Yes, se laisse écouter, mais ce n'est pas le meilleur live de Yes (car quoi qu'on en dise, c'est quand même quatre membres de Yes qui jouent ici, dont leur chanteur, et leur guitariste mythique, plus leur claviériste le plus connu, et leur premier batteur, donc, c'est quasiment Yes). Ni le pire, OK. Cependant, vu que le groupe d'origine s'est reformé deux ans plus tôt (Union), ça semble obsolète, ce live du Yes officieux, qui sort après...

Yes_Talk_coverTalk (1994) : Au secours, abattez-les, faites quelque chose... Talk est un des pires albums de Yes. Plus court que le précédent (il dure quand même 55 minutes, avec seulement 9 titres, dont cinq dépassent les 6 minutes et un, parmi eux, en fait quasiment 12), sorti sous la pire pochette du groupe devant celles de 1983/1987, il marque le retour de la formation 1983/87, Rabin, Anderson, Kaye, Squire et White, l'album Union n'aura finalement servi à rien ? Je ne conseille ce disque qu'aux grands fans malades, complétistes acharnés. Ce que je ne suis pas, faut pas déconner.

220px-Keys96Keys To Ascension (1996) : Le retour de Howe et Wakeman, enfin. Keys To Ascension est un double album de quasiment deux heures, à la fois live et studio. La partie live (intégralité du premier disque et les deux premiers titres du second, qui contient seulement quatre morceaux) est très efficace, on y trouve de bonnes versions de Siberian Khatru, Starship Trooper, Awaken et du America de Simon & Garfunkel. La partie studio ne contient que deux titres, dont un de quasiment 20 minutes, et elle totalise une demi-heure en tout, c'est la portion congrue, mais ce n'est pas mauvais pour autant : That, That Is (le plus long des deux) est assez boursouflé mais contient de bons passages, mais Be The One est nettement supérieur. Pas mal, le meilleur album de Yes depuis Drama, même s'il n'est pas comparable.

220px-KeystoAscension2slipcaseKeys To Ascension 2 (1997) : Dernier album de Yes avec Wakeman... Encore un album à la fois live et studio, et double, ce qui est dans un sens logique vu son titre : c'est la suite du précédent opus, sorti l'année précédente. Moins réussi, moins convaincant, mais pas honteux, Keys To Ascension 2 contient de bons moments dans sa partie live : Close To The Edge, And You And I, Turn Of The Century. La partie live est entièrement contenue dans le premier disque, et la partie studio, dans le second. La partie studio est donc, ici, plus importante que sur le précédent opus. Hélas, elle est aussi moins convaincante, malgré un bon (et long : quasiment 19 minutes) Mind Drive en entrée de jeu. Un peu dispensable, sauf pour sa partie live.

220px-YesBBC1Something's Coming : The BBC Recordings 1969-1970 (1997) : Une double compilation de morceaux captés à la BBC pendant les premiers passages du groupe, en 1969/1970. Les anciens morceaux, du premier album essentiellement (No Opportunity Necessary, No Experience Needed). Si ce n'est pour le document (on y entend Peter Banks, guitariste, qui sera viré peu après les derniers passages BBC présents ici), ce n'est pas des plus recommandés. Chaque artiste ou groupe a fait de même (Led Zeppelin, Bowie...), sortir des bandes BBC, certains de ces albums assurent (les deux exemples), mais celui de Yes, franchement, est assez médiocre.

220px-Open_Your_EyesOpen Your Eyes (1997) : 74 minutes (dont un titre de quasiment 24 minutes en final : The Solution, raté) ! Le groupe prend pleinement conscience, ici, des capacités du CD, et ce, à notre plus grand malheur, Open Your Eyesétant vraiment un ratage malgré la chanson-titre, correcte. Arrivée du claviériste Billy Sherwood. Seule chose de valable à dire au sujet de cet album...Je passe...

220px-Yes_The_LadderThe Ladder (1999) : C'est un peu meilleur ; un peu seulement. Plus court mais atteignant quand même une heure (si je précise les durées, ce n'est pas pour rien : le groupe ne fera quasiment jamais dans la demi-mesure, ce qui était parfois une qualité, mais deviendra, rapidement, une tare), The Ladder, sous sa pochette signée Roger Dean, est produit par Bruce Fairbairn, lequel aura la mauvaise idée de mourir durant les sessions (pas un jour où le groupe enregistrait, et dans le studio, non, mais durant la période où l'album était encore en chantier). L'album lui est dédié. L'album contient un hommage à...Bob Marley (The Messenger) ! Un album un peu moyen, mais le groupe a fait et fera pire.

220px-House_of_YesHouse Of Yes : Live From The House Of Blues (2000) : Un live de la tournée The Ladder. Double, il propose aussi bien des anciens morceaux (Perpetual Change, Awaken, Roundabout, Owner Of A Lonely Heart) que des morceaux du nouvel album (Homeworld (The Ladder) ou Lightning Strikes). Enregistréà la House Of Blues, à Las Vegas, c'est un live plutôt moyen, pour ne pas dire médiocre...

220px-Yes_-_MagnificationMagnification (2001) : Très bien accueilli à sa sortie, Magnification est un opus assez correct, sans doute leur meilleur album studio depuis Drama si on y réfléchit bien, même si Drama lui est quand même supérieur (disons le meilleur depuis 90125). Aucun claviériste ici (Alan White, le batteur, joue un peu des claviers, Chris Squire, le bassiste, aussi), et unique album officiel du groupe avec seulement quatre membres. Une heure de musique qui renferme de bons moments, comme In The Presence Of, Magnification, Can You Imagine ou Dreamtime. Le groupe a fait mieux, mais ça reste vraiment potable.

TsongasYesSongs From Tsongas (2005) : Sorti en DVD (par la suite en Blu-Ray) et en CD, ce live capté au Tsongas Arena de Lowell, dans le Massachusetts, est triple dans sa version CD. Issu de la tournée américaine marquant les 35 ans du groupe, on y trouve de très bonnes versions de Roundabout, South Side Of The Sky, And You And I, Turn Of The Century, Ritual et Starship Trooper. La reprise des Beatles issue du premier album, Every Little Thing, est présente aussi ! On notera le retour de Rick Wakeman (revenu en 2002, en fait). Un très très bon live, leur meilleur depuis Yesshows.

220px-WordLiveYesThe World Is Live (2005) : Un box-set entièrement live proposant d'excellents moments du groupe pendant une période généreuse allant de 1970 à 1988. On a donc ainsi, notamment, durant les quasiment 4 heures de musique, un Sound Chaser capté en 1976, un I've Seen All Good People de 1971, Heart Of The Sunrise en 1978... Un peu trop long (ne pas tout écouter d'une traite), mais l'idée était bonne.

220px-YesMontreauxLive At Montreux 2003 (2007) : Celui-là, je ne le connais pas, j'ignore donc sa qualité. Double live (sorti aussi en version simple, apparemment) capté au cours du Festival Jazz de Montreux, en 2003. Présence de Long Distance Runaround/The Fish (Schindleria Praematurus), de Magnification, Awaken, Don't Kill The Whale, In The Presence Of, And You And I, un assez bon tracklisting donc.

YesSymphonicLiveSymphonic Live (2009) : Wakeman ne joue pas dessus, non pas parce qu'il a refusé de participer à cette expérience symphonique (entre nous, ça aurait été une raison valable, car Symphonic Live n'est pas terrible) mais pour des problèmes de calendrier, il avait un agenda chargé. C'est un certain Tom Brislin qui le remplace. Un double live (double CD ou double DVD) qui contient de bons moments, mais ne changera pas le monde, ni votre manière de voir le groupe : ceux qui détestent n'auront aucune chance de changer d'avis, et les fans ne se mettront pas à détester Yes non plus après l'écoute.

thUnion Live (2011) : Double CD (et il existe aussi en une édition simple DVD) capté en 1991 durant la tournée de l'album Union. Autant le dire, je ne le connais pas non plus, celui-là, mais l'envie n'est pas extraordinairement forte de combler cette lacune...

220px-Fly_from_HereFly From Here (2011) : Jon Anderson absent de l'album, remplacé par le très bon Benoît David (un Canadien). Ca me troue le cul une deuxième fois de le dire, mais ça y est, on le tient, le meilleur opus de Yes depuis Drama (1980), et du même niveau que lui, pas seulement d'un niveau à peu près égal ! Fly From Here est même probablement un chouïa meilleur, vous dire ! De plus, avec seulement 47 minutes (et 11 titres dans l'ensemble courts, le plus long n'atteignant pas sept minutes), c'est un disque sobre, discret même. La pochette est signée Roger Dean, une peinture commencée en 1970, restée inachevée, qu'il a terminée assez rapidement, mais le résultat est plus que correcte. Ce disque est indéniablement le seul totalement recommandé en 30 ans, concernant Yes, et rien que ça, c'est déjà immense.

220px-Int-lflIn The Present : Live From Lyon (2011) : Unique album live de Yes sans le chanteur Jon Anderson, remplacé, sur Fly From Here dont ce live captéà Lyon est issu de la tournée, par Benoît David. Premier album live de Yes sur lequel on entend des extraits de Drama (sur lequel Jon Anderson aussi n'était pas, ce qui explique que par la suite, aucun morceau de l'album ne fut joué, Anderson ne voulait pas chanter des morceaux qui n'avaient pas étéécrits par ses soins), comme Tempus Fugit et Machine Messiah. Un live très correct.

Heaven_and_Earth_Yes_DeanHeaven & Earth (2014) : Nul à chier, malgré le retour espéré, attendu et, donc, survenu, de Jon Anderson (bien que son remplaçant sur Fly From Here assurait bien). Retour de Geoff Downes aux claviers pour cet Heaven & Earth qui ne vaut que pour sa pochette signée Dean, vous dire...allez, on oublie.

Like_It_IsLike It Is : Live At The Bristol Hippodrome (2014) : Sorti il y à quelques mois, ce double live propose tout Going For The One dans l'ordre pour le premier disque, et tout The Yes Album dans l'ordre, pour le second, rien d'autre. Qualité sonore correcte, mais interprétation sans aucune âme, on s'emmerde impérialement ici. A fuir.

"Live Johnny Winter And" - Johnny Winter

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LJWA

En 1970, Johnny Winter sort un album du nom de Johnny Winter And, un remarquable album de blues-rock enregistré avec, notamment, Rick Derringer (guitare, chant sur certains titres). Le nom du disque sera aussi celui du groupe (le reste des musiciens est Randy Jo Hobbs à la basse, et le frangin de Derringer, Randy Z, à la batterie, lequel, cependant, ne participera apparemment pas à la tournée, remplacé par Bobby Caldwell), qui tournera pendant l'année 1970. Un an après, en 1971 donc, Winter sort un live, son premier, un live enregistré durant la tournée de Johnny Winter And, un live enregistré au cours de deux shows : un donné au Fillmore East (New York) et un autre donné au Pirate's World, à Dania (Floride). Par la suite, le guitariste Texan sortira, en 2010, un album live proposant un autre concert donné au Fillmore East pendant la tournée (Live At The Fillmore East 10/3/70). Mais en attendant, il faut nous attarder sur ce live, qui s'appelle Live Johnny Winter And. Un titre quasiment identique à celui de l'album studio, donc, si ce n'est le mot 'Live'. D'où, parfois, sans doute, quelque confusion sur le Net, quand on recherche des infos sur un de ces deux albums ! Cet album est donc le premier opus live de Johnny Hiver, et loin d'être son dernier (en ne comptant que les officiels, il doit y en avoir 7 ou 8). C'est un live possédant des qualités et des défauts. Principales qualités : le son est, franchement, excellent, Winter est en forme, et il livre une prestation à la hauteur des attentes.

JohnnyWinter1969

Principal défaut : l'album ne dure que 40 minutes, il est donc épouvantablement court (surtout qu'à l'époque, la mode des double albums live était déjà lancée, 1971 étant l'année de sortie du At Fillmore East du Allman Brothers Band...et du quadruple live de Chicago At Carnegie Hall !)...et il ne contient aucun titre de l'album studio Johnny Winter And. Contrairement au live sorti en 2010, qui dure 66 minutes et contient un titre de Johnny Winter And. Bon. Ce live sorti en 1971 est donc épouvantablement court, ce qui est, toujours, une profonde frustration (enfin, à moins que le live en question soit raté, mais ce n'est vraiment pas le cas ici). OK, comme je l'ai déjà dit ici en abordant le live suivant de Johnny Winter (Captured Live ! de 1976, immense, et lui aussi court : 46 minutes), il existe quand même des albums live mythiques tout en étant très courts, comme le Live At Leeds des Who (36 minutes dans sa version d'époque, qui reste probablement la meilleure malgré les nombreux rajouts ultérieurs en CD), Live At The Star-Club de Jerry Lee Lewis (37 minutes), At San Quentin de Johnny Cash (dans les 39 minutes dans sa version vinyle, là aussi la meilleure malgré les nombreux et très bons rajouts du CD) ou bien encore Get Yer Ya-Ya's Out ! des Rolling Stones (dans les 46 minutes à la base, là aussi, on a rajouté des morceaux sur une édition collector, mais rien ne vaut l'original). Et quand un live est raté (par exemple le Still Life : American Concert 1981 des Stones, 40 minutes), ce n'est pas plus mal qu'il soit court. Live Johnny Winter And est, lui, je l'ai dit, tout sauf raté. Prestation remarquable du Texan, qui ouvre le bal par un Good Morning Little Schoolgirl puissant, avant de passer àIt's My Own Fault (morceau que Winter avait enregistré sur The Progressive Blues Experiment, son premier album solo, sorti localement - au Texas - en 1968 avant de ressortir, de manière plus étendue, l'année suivante), morceau long ici de 12 minutes, qui pouvait en durer le double (le live au Fillmore East de 1970, sorti en 2010, en contient une version de 22 minutes). Assurément le grand moment du live. Son morceau le plus long. Jumpin' Jack Flash, reprise des Stons évidemment, achève la face A avec efficacité.

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La face B s'ouvre sur un medley de rock'n'roll étonnamment court malgré qu'il propose trois morceaux (dont deux de Jerry Lee Lewis, et un de Little Richard entre les deux) : il ne dure que 6,45 minutes. On y entend des versions ramassées, courtes et nerveuses, de Great Balls Of Fire, Long Tall Sally et Whole Lotta Shakin' Goin' On, et le moins que l'on puisse dire, c'est que Johnny et son And envoient le bois. Mean Town Blues (9 minutes), morceau signé Winter (le seul pour le live à ne pas être une reprise, et un morceau issu de The Progressive Blues Experiment), est un autre grand moment de folie bluesy, immense. Inévitablement, l'album s'achève ensuite (il ne contient, en effet, que 6 titres, comme Captured Live !, c'est une autre source de frustration) sur un Johnny B. Goode allumé, cette reprise du standard absolu de Chuck Berry est un grand moment qui donne fortement envie de remettre le couvert. Live Johnny Winter And est donc un remarquable document live d'une des meilleures périodes de Johnny Winter. Lequel commence alors à connaître des problèmes liés à la drogue : entre 1970 et 1973, mis à part des concerts (en 1971/1972 avec le White Trash de son frangin Edgar, il collaborera rapidement, le temps d'une ou deux chansons, aux concerts), Winter ne fera plus rien, il fera même une cure de désintoxication vers fin 1972, et reviendra en forme, en 1973, avec le bien-nommé Still Alive And Well, qui le montrera de retour en forme (un de ses meilleurs albums, sorti sous une pochette assez ridicule). Pour fans de blues-rock, ce live est recommandé.

FACE A

Good Morning Little Schoolgirl

It's My Own Fault

Jumpin' Jack Flash

FACE B

Rock And Roll Medley :

a) Great Balls Of Fire

b) Long Tall Sally

c) Whole Lotta Shakin' Goin' On

Mean Town Blues

Johnny B. Goode

"Rubber Soul" - The Beatles

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Âme de caoutchouc (ou Âme de capote, pour les pervers d'entre vous qui auront remarqué que le mot, en anglais, est à double sens), tel est le très étonnant, très étrange titre de cet album (un jeu de mots avec 'rubber sole', 'semelle de caoutchouc'). Un album des Beatles, est-il nécessaire de le préciser, et leur sixième album britannique, pour être plus précis. Sorti en 1965, Rubber Soul fait partie de ces albums au sujet desquels tout ou presque a été dit. De la pochette volontairement déformée, aux accents assez psychédéliques à ses 14 chansons, parmi lesquelles de grands classiques, en passant par les différents thèmes abordés, sans oublier la rencontre, avant l'enregistrement de l'album, que le groupe fera avec Bob Dylan, qui les initiera au cannabis (il ne faut pas retenir de cette rencontre que ce petit détail, ceci dit), on a vraiment à peu près tout dit sur Rubber Soul. 35 minutes (quasiment 36 en fait) remarquables, cultissimes, essentielles à tout Beatlemaniaque qui se respecte (et ça se respecte, un Beatlemaniaque !), à tout fan de rock qui se respecte. Comme je l'avait dit en final de ma précédente (2009, soit, pour le blog, la Préhistoire) chronique sur l'album, chronique désormais défunte car celle-ci la remplace, c'est un album qu'il faut à tout prix avoir chez soi si on veut posséder une discothèque respectable. Pas de crédibilité rock sans un exemplaire, vinyle ou CD, de ce disque chez soi. Inutile de dire que la réédition 2009 de l'album (année de sortie des éditions remastérisées des albums du groupe, les anciennes éditions CD de 1987/88 sont désormais à mettre au feu) est celle à avoir : si vous ne possédez que l'ancienne, prenez la nouvelle, on sent vraiment la différence !

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Il a des raisons d'en être fier...

Bon, Rubber Soul est un classique de la mort qui tue, tout le monde est d'accord là-dessus. C'est à peu près après avoir entendu cet album que Brian Wilson, leader des Beach Boys, décidera, musicalement traumatisé, de se sortir les doigts du fion, de cesser les petites chansonnettes sympatoches (mais n'allant pas très loin) sur le surf et les filles de Californie et de se lancer dans son projet pharaonique, faire le plus grand disque de pop de tous les temps, album qui sortira en 1966 et s'appelle Pet Sounds. Paul McCartney, encore aujourd'hui, clame son amour pour ce disque qu'il aurait, selon ses dires, aimé avoir fait, mais non, raté, ce sont les Beach Boys qui en sont les auteurs. La même année, les Beatles font Revolver, mais frapperont fort dès l'année suivante avec le mythique Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, et en entendant cet album, pour le coup, Brian Wilson pétera une durite et son projet suivant, Smile, sera abandonné avec perte et fracas, après moult avanies et délires. Tout ceci, dans un sens, découle de Rubber Soul. Un des albums les plus importants des Beatles d'avant 1967 (après 1967, il sont tous importants, enfin, sauf la bande-son de Yellow Submarine), avec Please Please Me (parce que le premier) et A Hard Day's Night (parce que le premier entièrement constitué de chansons signées du groupe). Celui-ci, de 1965 (année, aussi, de sortie de l'album Help !, bande-son du film du même nom ; leur album précédent), ne ressemble à aucun de leurs précédents opus. C'est à partir de cette année 1965 que, définitivement, ça y est, les Beatles entrent dans la cour des très grands (et cessent de faire des concerts, leurs chansons devenant difficiles, voire impossibles à jouer live, rapport aux arrangements, aux multiples instruments utilisés...).

Beatles - Rubber Soul 1966 BACK

Verso de pochette vinyle

14 titres, et j'ai limite envie de dire 14 chefs d'oeuvre. Sans doute pas, en fait, car l'album contient une ou deux chansons légèrement moins époustouflantes que le reste (Run For Your Life, What Goes On chantée par Ringo), mais sinon, pardon : Drive My Car, en entrée de jeu, est une petite tuerie de rock, un riff excellentissime, un Macca en forme, voix éraillée, un refrain mythique, qu'on retient illico... Le morceau suivant est du pur...Dylan, Norwegian Wood (This Bird Has Flown), il s'agit indéniablement d'une des plus grandes chansons jamais interprétées par Lennon, Beatles et carrière solo réunies. Le seul reproche réside dans la durée rikiki (largement moins de 3 minutes) de la chanson, mais sinon, ce titre assez folk (inspiré par le Barde, qui, de son côté, passe, lui, à l'électrique) est un sommet. La suite est ahurissante, Michelle (avec ses paroles un peu en français, un tube chez nous), Nowhere Man, I'm Looking Through You, Girl, If I Needed Someone (une des meilleures chansons d'Harrison, qu'il ne se gênera pas de reprendre en live) et le dévastateur et mélancolique In My Life, une splendeur totale, absolue, qui sera reprise notamment par Johnny Cash (sur son sensationnel American Recordings IV : The Man Comes Around en 2004). Mais "splendeur totale, absolue" est une expression qui correspond bien à l'ensemble de l'album, oui, malgré deux chansons moins percutantes que le reste. Rubber Soul est un sommet, qui va tout changer pour les Beatles (qui, au dos de pochette, posent sur diverses photos, Harrison en fermier, Macca clope au bec, Lennon dans des fourrés...). L'album suivant en sera un prolongement des plus logiques, Revolverétant un condensé de psychédélisme et d'aventure musicale comme on n'en entendra au final que rarement en 1966, sous sa pochette dessinée (pour le groupe, une première) signée de leur grand pote de Hambourg Klaus Voormann. Je dois dire tout à fait sincèrement qu'entre les deux albums, c'est clairement vers Revolver que mon coeur balance, je le préfère amplement àRubber Soul, pour lequel j'ai eu, longtemps, du mal (je ne l'ai jamais détesté, mais j'ai mis du temps à vraiment l'aimer). Mais je ne pense pas qu'on puisse se dire fan des Beatles, et fan de rock, sans connaître et apprécier cet album mythique, essentiel et, surtout, important, une collection de chansons parfois délicates (Girl, Norwegian Wood (This Bird Has Flown), Michelle), parfois énergiques (Think For Yourself, Drive My Car), parfois pop (The Word, What Goes On, Nowhere Man), parfois complexes (You Won't See Me, I'm Looking Through You), toujours passionnantes, oui, même les deux moins grandioses du lot. Clairement un chef d'oeuvre. Bref, Rubber Soul est un album des Beatles.

FACE A

Drive My Car

Norwegian Wood (This Bird Has Flown)

You Won't See Me

Nowhere Man

Think For Yourself

The Word

Michelle

FACE B

What Goes On

Girl

I'm Looking Through You

In My Life

Wait

If I Needed Someone

Run For Your Life

"Planet Waves" - Bob Dylan & The Band

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La grosse honte : je me suis rendu compte, après tout ce temps, que depuis la création du blog (2009), je n'avais toujours pas - toujours pas ! - abordé cet album. Mis à part pour en parler rapidement dans le long article résumant la discographie de Bob Dylan (je n'y était pas tendre avec l'album, d'ailleurs). Je rattrape désormais cette épouvantable erreur. Cet album s'appelle Planet Waves, et il date de 1974. C'est un album qui ne compte pas parmi les plus connus du Barde, il ne fait pas partie de ceux que l'on conseille, généralement, aux néophytes, pour découvrir l'artiste. A sa sortie, il fut correctement accueilli dans l'ensemble, mais par rapport aux classiques tels Blonde On Blonde ou Blood On The Tracks (ce dernier n'était pas encore enregistréà l'époque, ce sera son album studio suivant), ce ne fut pas pareil ; l'album sera, en gros, accueilli avec condescendance, amicalement, mais avec un peu de tiédeur. Pourtant, ce disque mérite amplement la découverte. Ou la redécouverte, ce qui fut le cas, en ce qui me concerne. Car je dois ici dire la raison probable qui a fait que je n'ai jamais abordéPlanet Waves ici : sans doute parce que, pendant longtemps, je suis resté indifférent à cet album. Mes premières écoutes, il y à de cela une dizaine d'années environ, furent sans saveur, je n'arrivais pas à m'intéresser à l'album, je ne le détestais pas, mais pire, je m'en foutais, royalement, impérialement, présidentialement. Mis à part une chanson, Forever Young, laquelle est d'ailleurs le hit, le classique, de l'opus. Et puis, j'ai cessé de l'écouter pendant, disons, un sacré bail ; et puis, un jour, alors que je me réécoutais quelques Dylan, mes yeux se sont posés sur la tranche du CD de l'album, et je me suis dit qu'il serait bon de retenter le coup, si ça se trouve ça sera un coup dans l'eau, mais sait-on jamais. Ce fut une révélation, hormis pour un titre que, décidément, je n'aimerai jamais (la seconde version, car il y en à deux sur le disque, de Forever Young). Du coup, voilà, je l'aborde, maintenant que ça fait bien un an et demi que j'ai changé d'avis (et cette fois-ci, pour de bon) à son sujet. Ce que vous pouvez lire au sujet de l'album sur l'article sur la discographie de Dylan est donc, maintenant, erroné.

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Dos de pochette vinyle (pour le CD, le code de couleurs a été inversé)

Un truc que j'ai mis longtemps à tilter, c'est que cet album (et le double live qui suivra dans l'année, mais fut enregistré avant les sessions de l'album, Before The Flood, fait avec le Band) n'est pas sorti sur le label Columbia (contrairement à la réédition CD actuelle, et même chose pour le live), mais sur Asylum Records. Pourquoi ? Chaipas. Mais Dylan avait, fin 1973, quitté Columbia Records, la firme de Clive Davis, la firme qui l'avait signéà ses débuts et est la plus ancienne de toutes les maisons de disques américaines, pour Asylum, la firme de David Geffen. Plusieurs possibilités : a) Dylan voulait changer d'air, découvrir de nouveaux horizons, et a essayé ailleurs (il reviendra, dès la fin 1974, chez Columbia, pour ne plus jamais en partir, ceci étant) ; b) Dylan, mécontent de la manière dont Columbia a sorti, sans son accord, un album du nom de Dylan, en 1973, constitué de chutes de studio des sessions 1970 de Self Portrait et New Morning, partira ailleurs en représailles (à noter que l'album Dylan, épouvantablement mauvais, insauvable, n'est jamais sorti en CD de manière officielle, Dylan s'y refusant, et il a bien raison) ; c) Columbia a peut-être fait quelques réprimandes à Dylan pour avoir sorti un double album artistiquement et commercialement foiré (Self Portrait) et pour ne pas avoir fait grand chose depuis lors, mis à part un New Morningà peine moyen, une bande-son de film - Pat Garrett & Billy The Kid - correcte mais tout sauf dylanienne, et un best-of, et ces remarques, si elles ont eu lieu, ne lui auraient pas plu, dont départ ; ou bien, la plus probable de ces hypothèses, d) David Geffen, patron d'Asylum Records (la firme ayant signé les Eagles, notamment, et ayant offert à Gene Clark, ex-Byrds alors dans la dèche, la possibilité de faire un disque, qui sera No Other, chef d'oeuvre absolu ayant malheureusement bidé), aurait fait une offre très intéressante à Dylan, ce dernier l'a acceptée, voilà tout. Donc, Planet Waves est sorti sur Asylum, et le live Before The Flood qui suivra le sera aussi. Les deux albums ont été faits avec The Band, fameux groupe de folk-rock canadien (sauf le batteur, Levon Helm, américain) qui accompagna Dylan autrefois, sur scène, au milieu des 60's. Et qui, en 1967, enregistrèrent, avec Dylan, une enculade de chansons fok-rock, un écrin à futures reprises par d'autres artistes, les fameuses Basement Tapes (sorties en pirate en 1968, officiellement en 1975, sans parler du coffret de l'intégrale, sorti le mois dernier). Before The Flood fut le live représentatif de la tournée conjointe organisée par Dylan et The Band (tournée faite en janvier/février 1974). Planet Waves, lui, est sorti en janvier (le live sortira en juin), mais a été enregistré en fin d'année 1973, c'est indéniablement pendant les sessions que Dylan et le Band auront l'idée de tourner ensemble (au cours des concerts, le Band interprétera certaines de leurs chansons, comme Up On Cripple Creek ; sur Planet Waves, ils ne sont que musiciens, aucun des membres ne chante).

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Sous son horrible pochette (sur laquelle, au recto, est écrit deux mentions en plus du titre : Moonglow, qui est sans doute le sous-titre de l'album, en tout cas, aucune autre explication ne circule, et Cast-iron songs and torch ballads, qui est probablement la façon dont Dylan voyait son album), Planet Waves est un album qui se laisse découvrir. Connu essentiellement pour Forever Young (magnifique chanson qui est aussi présente dans une version plus courte et enlevée, totalement inférieure ; à noter que la version principale ferme la face A et que l'autre version ouvre la B, on a donc les deux versions à la suite), l'album renferme une série de chansons vraiment admirables : Wedding Song est une des plus belles chansons que le Barde a jamais enregistrées, Dirge est, elle, une des plus cinglantes et sinistres qui soient (une réussite absolue), Going, Going, Gone est sensationnelle, Tough Mama est limite très pop/rock, Something There Is About You est sublime, Hazel aussi, toutes, en fait (sauf, si vous avez bien suivi, la seconde version de Forever Young). Premier vrai disque de Dylan depuis New Morning en 1970 (Dylan, de 1973, ne compte pas car Bob Dylan ne l'a pas approuvé, et il est constitué de chutes de studio ; Pat Garrett & Billy The Kid Soundtrack  de 1973 aussi, car c'est une bande-son, pas un 'vrai' album), l'album sera globalement bien accueilli, du style c'est toujours mieux que ce qu'il nous a offert depuis 1970, mais on estimera aussi qu'il aurait pu faire mieux, et que la collaboration avec le Band marche mieux en live. Avec le temps, Planet Waves sera bien réhabilité, pas mal de fans le placent parmi leurs favoris, une sorte de disque méconnu, pas oublié mais pas loin, qu'ils savourent seuls, presque sans en parler, un album culte. Dans le courant de 1974, Dylan reviendra chez Columbia, commencera les sessions de l'album Blood On The Tracks (1974/1975), qui sera un triomphe, son meilleur album depuis Blonde On Blonde (1966). Planet Waves, incartade signée chez Asylum (ce qui n'empêchera pas Columbia de le rééditer par la suite, comme Before The Flood, en mettant leur dignité de côté pour le coup), disque de collaboration avec le Band sorti sous une pochette ratée et indescriptible, plongera lentement dans un petit oubli, le succès monstrueux de l'album suivant, et de Desire (1975), ayant tout recouvert. A celles et ceux qui ne connaissent pas encore ce disque, je ne peux que vous encourager à rattraper le retard : ces 41 minutes sont vraiment parmi ce que Dylan a fait de mieux dans les annéées 70 et en général.

FACE A

On A Night Like This

Going, Going, Gone

Tough Mama

Hazel

Something There Is About You

Forever Young

FACE B

Forever Young (alt. version)

Dirge

You Angel You

Never Say Goodbye

Wedding Song

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